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 la nouvelle idéologie encense les «gagnants» et méprise les «perdants»

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MessageSujet: la nouvelle idéologie encense les «gagnants» et méprise les «perdants»   la nouvelle idéologie encense les «gagnants» et méprise les «perdants» Icon_minitimeVen 11 Juil - 6:18

Les nouveaux dirigeants sont les «gagnants» de la finance

Par Samir Amin, économiste et président du World Forum for Alternatives. Dans le monde capitaliste, les discours idéologiques se modifient. Les «gagnants» sont désormais encensés, au détriment des «perdants», méprisés... et la connivence est une force absolue.



Samir Amin - DR La nouvelle classe dirigeante se compte sur les doigts de quelques mains, guère plus. De surcroît une bonne proportion de celle ci est constituée de nouveaux venus qui se sont imposés plus par le succès de leurs opérations financières (notamment en bourse) que par leur contribution aux percées technologiques propres à notre époque. Leur ascension ultra rapide fait contraste avec celle de leurs prédécesseurs, qui s'étalait sur de nombreuses décennies. Le foisonnement de l'apparition de «nouvelles pousses» (start up en anglais) présente également une caractéristique nouvelle – l'instabilité extrême entraînant l'échec de pratiquement tous ces ambitieux naïfs, en dépit de la rhétorique élogieuse inconsidérée développée à leur endroit.

Transformation de l'idéologie capitaliste
La centralisation des pouvoirs est encore plus marquée que la concentration des capitaux, au niveau des firmes de production comme à celui des conglomérats de contrôle financier. Cette centralisation renforce l'interpénétration des pouvoirs économiques et politiques. Encore une fois non que cette interpénétration soit chose nouvelle. Après tout la nature de classe du pouvoir – fut-il démocratique – signifie que la classe politique dirigeante est au service du capital. Inversement la fortune capitaliste a toujours invité certains hommes du pouvoir à en partager les bénéfices. Mais, semble-t-il, cette interpénétration tend à devenir quasi homogénéisation, ce qui est nouveau, et trouve son expression dans les transformations du discours idéologique.
L'idéologie «traditionnelle» du capitalisme plaçait l'accent sur les vertus de la propriété en général, en particulier de la petite – en fait moyenne ou moyenne grande – considérée par sa stabilité comme porteuse de progrès technologique et social. En contrepoint la nouvelle idéologie encense les «gagnants» et méprise les «perdants» sans autre considération. La rhétorique dominante propose en trompe l'œil l'image de succès pour renvoyer les échecs à des circonstances personnelles et par là même évacuer la responsabilité du système social. Doit-on faire observer ici que cette idéologie qui évoque une sorte de «darwinisme social» (la référence à Darwin étant en fait inappropriée) est proche de celle qui règle les rapports à l'intérieur d'une association de malfaiteurs ? Car le «gagnant» a ici presque toujours raison, même lorsque les moyens qu'il a mis en œuvre, s'ils ne tombent pas sous le coup de la loi pénale, frisent l'illégal et en tout cas ignorent les valeurs morales communes.
Ceci traduit la connivence entre le monde des affaires et les institutions chargées de l'audit et de la «notation», tout comme la complicité au moins tacite des pouvoirs publics. La rhétorique concernant la transparence n'est, à la lumière de cette réalité, qu'un médiocre discours de propagande.

Le modèle américain responsable ?
Les spécificités du mode de financement des entreprises aux États-Unis, c'est à dire comme on sait le recours au marché financier (émissions en bourse d'actions et d'obligations) préféré au soutien des banques et/ou de l'État (par le canal d'institutions publiques spécialisées), sont, dit-on, à l'origine de cette conjonction. C'est partiellement vrai. Car il reste que les modèles allemand et japonais qui privilégient l'intégration financière banques/entreprises ou celui de la France assis sur les interventions des institutions financières d'État, n'ont pas préservé les systèmes européens en question des dérapages en cours allant dans le même sens.
S'il en est ainsi c'est parce que la raison fondamentale des évolutions en question réside dans le niveau élevé de centralisation du capital, sans commune mesure avec ce qu'il était il y a trois décennies. La «connivence» entre le pouvoir «économique» et le pouvoir «politique» qui fusionnent pour devenir le pouvoir tout court renvoie à ce que Marx et Braudel ont dit du capitalisme : qu'il n'est pas réductible au «marché» (comme le répète ad nauseam le discours dominant), mais au contraire s'identifie dans les pouvoirs «au-dessus du marché» (les oligopoles, l'État). Que cette connivence aujourd'hui, dans le «nouveau capitalisme», soit d'une force équivalente à ce qu'elle était aux débuts du capitalisme (dans la République de Venise administrée comme une société anonyme des plus riches marchands, ou à l'époque «colbertiste» et «élizabethienne» des Monarchies absolues), après avoir été fortement atténuée aux XIXe et XXe siècles, témoigne seulement que le système est bien devenu obsolète, entré dans la phase de sénilité.

( in Marianne 2)


Dernière édition par Admin le Ven 11 Juil - 6:22, édité 2 fois
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MessageSujet: La logique de l'accumulation   la nouvelle idéologie encense les «gagnants» et méprise les «perdants» Icon_minitimeVen 11 Juil - 6:21

La logique de l'accumulation est celle de la concentration et de la centralisation croissantes du capital. La concurrence, dont l'idéologie du système vante les vertus réelles mais tout également imaginaires, opère toujours ; mais elle n'est plus que la concurrence entre un nombre de plus en plus restreint d'oligopoles. Elle n'est ni la concurrence «parfaite», ni la «transparence» qui n'ont jamais existé et dont le capitalisme réellement existant s'éloigne toujours davantage au fur et à mesure de son développement. Or nous sommes parvenus à un niveau de centralisation des pouvoirs de domination du capital tel que les formes d'existence et d'organisation de la bourgeoisie telles qu'on les a connues jusqu'ici sont abolies.

Les capitalistes, nouvelle classe dirigeante
La bourgeoisie était constituée de familles bourgeoises stables. D'une génération à l'autre les héritiers perpétuaient une certaine spécialisation dans les activités de leurs entreprises. La bourgeoisie construisait et se construisait dans la longue durée. Cette stabilité favorisait la confiance dans les «valeurs bourgeoises», leur rayonnement dans la société toute entière. Dans une très large mesure, la bourgeoisie, classe dominante, était acceptée comme telle. Pour les services qu'elle rendait, elle paraissait mériter son accès aux privilèges de l'aisance ou de la richesse. Elle paraissait aussi largement nationale, sensible aux intérêts de la nation, quels qu'aient été les ambiguïtés et les limites de ce concept manipulable et manipulé.
La nouvelle classe dirigeante, celle du capitalisme contemporain tel qu'il paraît émerger de l'évolution des trente dernières années, sort brutalement de cette tradition. Le scandale d'Enron et quelques autres du même type ont sans doute contribué à révéler la nature de la transformation. Non que la fraude ait été une pratique sans précédant, bien sûr. Ce qui est beaucoup plus grave – et nouveau – c'est que la logique dominante des options de gestion du «nouveau» capitalisme produit nécessairement la recherche maximale de l'opacité, de la tromperie, voire de la falsification systématique des informations. Les uns qualifient les transformations en question de financiarisation, les autres de déploiement d'un actionnariat actif rétablissant pleinement les droits de la propriété (voire d'un actionnariat populaire). Ces qualifications laudatives, qui d'une certaine manière légitiment le changement, omettent de rappeler comme il le faudrait que l'aspect majeur de la transformation concerne le degré de concentration du capital et de centralisation du pouvoir qui lui est attaché.

«Self made men»
Sans doute la grande concentration du capital n'est-elle pas chose nouvelle. Dès la fin du XIXe siècle ce que Hilferding, Hobson et Lénine qualifieront de capitalisme des monopoles est une réalité. Sans doute cette concentration a-t-elle été – depuis – toujours en avance aux États-Unis sur les autres pays du capitalisme central. La formation de la très grande firme, devenant transnationale, est amorcée aux États-Unis avant la seconde guerre mondiale et se déploie triomphalement après ; l'Europe suit. Sans doute également l'idéologie étatsunienne du «self made man» (les Rockefeller, Ford et autres) tranche-t-elle avec le conservatisme familial dominant en Europe. Comme également le culte de la concurrence «vraie», quand bien même n'existerait-elle pas ; ce qui explique les lois «anti-trusts» précoces – dès 1890 ! Mais par delà ces différences réelles dans les cultures politiques concernées, la même transformation dans la forme d'existence de la nouvelle classe dirigeante du capitalisme caractérise aussi bien l'Europe que les États-Unis.

( in Marianne2)
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MessageSujet: L’argent du Nord sauvera le… Nord !   la nouvelle idéologie encense les «gagnants» et méprise les «perdants» Icon_minitimeDim 30 Nov - 9:41

(Paris) - Louis Michel est un homme en colère. Le commissaire européen, homme politique belge, en charge du développement et de l’aide humanitaire au sein de la Commission de l’UE ne mâche pas ses mots. Le milliard d’euros, prévu par l’Europe pour pallier une éventuelle baisse de revenus des agriculteurs de l’Union, ne sera en fait pas utilisé pour le monde paysan, car les matières agricoles ont flambées depuis plusieurs mois.

La commision, et son président Manuel Barroso en tête, propose alors d’utiliser cet argent pour sauver les récoltes 2008 et provisionner celles de 2009 des pays du Sud les plus mal lotis. Sinon, si ce milliard d’euros n’est pas utilisé, il repartirait dans les caisses des Etats membres de l’Union.

Et comme la générosité est plus facile à énoncer qu’à être appliquée réellement, certains Etats membres bloquent cette initiative. Pire : ce sont des pays comme l’Allemagne, loin d’être les plus pauvres de l’Union, qui se font les avocats du blocage. “Argutie technique voire institutionnelle”, fulmine le commissaire européen.

“Ce n’est pas l’impossible qui désespère, mais le possible non atteint”, précise Louis Michel, qui lutte contre l’image du commissaire neutre et simplement représentatif d’une politique consensuelle.

D’ailleurs, sa profession de foi est assez claire…

“Cette assertion, je la fais mienne. (…) Ce qui est vraiment insupportable, c’est que les besoins de base ne soient pas assouvis pour un grand nombre de personnes. C’est que nous manquions parfois à notre élémentaire devoir d’humanité. C’est que nous évitions de faire ce qu’il nous est possible de faire.

La question du développement est plus criante aujourd’hui que jamais. En Afrique sub-saharienne et en Asie du sud, plus de 40% de la population vit toujours sous le seuil de pauvreté. A travers le monde, 200 millions d’enfants souffrent de manière chronique de malnutrition. Les principales maladies contagieuses, comme le sida, la malaria et la tuberculose, font des ravages parmi la population pauvre des pays en développement.

Face à ce constat, la priorité est et reste la lutte contre la pauvreté et le développement durable. La politique de développement de l’Union est fondée sur le principe d’un développement soutenable, équitable, qui implique aussi un volet social et humain. La promotion des droits de l’homme, de la démocratie, des principes de bonne gouvernance en fait partie intégrante. En matière d’aide d’urgence, notre approche est basée sur les besoins élémentaires. Une attention particulière est accordée aux crises oubliées, aux enfants et à l’accès à l’eau. L’exercice d’une telle solidarité doit être vue comme un challenge politique majeur. En tant que commissaire européen en charge du développement, les maîtres mots de mon action seront l’ambition et l’innovation. Les Objectifs du Millénaire pour le Développement adoptés en septembre 2000 sont atteignables.

Il est possible d’éradiquer l’extrême pauvreté en une génération.

Il est possible d’améliorer sensiblement le niveau d’accès aux services sociaux de base.

Il est possible de stopper l’expansion du sida, de la tuberculose et de la malaria.

Il est possible d’inverser le processus de déforestation.

Tout cela peut être fait. Et si c’est possible, alors nous devons le faire.
Ceci n’est pas un rêve. Je vous invite à y croire, vous aussi.”


Source + Vidéo : http://africamix.blog.lemonde.fr/2008/11/25/largent-du-nord-sauvera-le-nord/
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