Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a exhorté jeudi les nations arctiques à s'entendre sur un accord d'exploitation des ressources minérales de la région polaire.
Le Canada, la Russie, la Norvège, les Etats-Unis et le Danemark - via le Groenland - se disputent les réserves de pétrole, de gaz et de métaux précieux dont le recul de la banquise rend l'exploitation aujourd'hui plus facilement envisageable.
"L'Arctique est traversé aujourd'hui de sérieux intérêts politiques et économiques", a reconnu Vladimir Poutine, qui s'exprimait lors d'un forum organisé à Moscou sur l'avenir de cette région polaire.
"Mais il ne fait aucun doute à mes yeux que ces problèmes, y compris celui du plateau continental, pourront être réglés dans un esprit de partenariat", a-t-il ajouté.
La Convention des Nations unies sur le droit de la mer fixe à 200 milles nautiques (360 km) la zone économique exclusive qu'un Etat côtier contrôle le long de son littoral.
Mais la Russie en veut davantage, affirmant que le fond marin arctique est une extension de son plateau continental sibérien.
Signe qu'une "bataille de l'Arctique" pourrait commencer, la Russie a envoyé à l'été 2007 un petit bathyscaphe planter son drapeau sur le fond de l'océan Arctique, par une profondeur de 4.261 mètres, à l'aplomb du pôle Nord.
"PRÉVISIONS ALARMISTES"
Les autorités russes avaient affirmé que cette expédition ne visait pas à formuler une revendication territoriale russe mais à démontrer que son plateau continental allait jusqu'au pôle Nord.
Les autres nations arctiques avaient redouté, elles, que Moscou ne soit prêt à défendre ses revendications par la force.
Jeudi, Vladimir Poutine a balayé ces craintes: "Nous sommes malheureusement confrontés à des prévisions alarmistes sur une bataille de l'Arctique qui serait en gestation. Nous, nous suivons la situation et nos projections sont responsables", a-t-il dit.
"Les déclarations émanant de la Russie, du Canada et d'autres pays dans les années 2007-2008 concernant la nécessité d'une présence militaire accrue dans l'Arctique ne semblent plus d'actualité", confirme Dmitri Trenin, analyste du Fonds Carnegie pour la paix internationale à Moscou.
Reste que l'Arctique est un enjeu économique de première importance pour la Russie, qui estime que les réserves de pétrole et de gaz y sont deux fois plus importantes que les réserves prouvées d'Arabie saoudite.
Selon Alexander Bedritski, conseiller au Kremlin, l'Arctique ne représente que 1,5% de la population de la Russie mais compte pour 11% de son PIB et 22% de ses exportations.
Et Moscou s'apprête à investir d'ici 2039 plus de 310 milliards de dollars dans des projets d'exploration de son plateau continental.
Le vice-ministre des Ressources naturelles, Igor Maïdanov, a précisé jeudi que l'essentiel de cette somme concernerait l'Arctique.
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Source :
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