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 Acidification et coraux

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MessageSujet: Acidification et coraux   Acidification et coraux Icon_minitimeSam 12 Juil - 8:10

L'acidification des océans menace dangereusement les coraux

Reuters

Comme une dent plongée dans un verre de Cola, les récifs de corail, les homards et autres espèces d'organismes calcaires pourraient disparaître à moyen terme en raison de l'acidification des océans causée par le réchauffement climatique.

Le dioxyde de carbone relâché dans l'atmosphère par l'activité humaine ne contribue pas seulement au réchauffement climatique. Il accélère ce que les scientifiques appellent "l'acidification des océans" dans la mesure ou 25% des excès de CO2 sont absorbés par les eaux.

La menace pesant aujourd'hui sur les crustacés et les récifs de corail, qui doivent déjà résister au réchauffement des eaux, est alarmante, ont prévenu des scientifiques réunis en conférence cette semaine à Fort Lauderdale, en Floride.

"Le seuil (critique) pour les coraux pourrait être approché d'ici le milieu du siècle lorsqu'ils en arriveront au point de ne plus être en mesure de se reproduire plus vite que leur rythme de disparition", a déclaré Chris Langdon, professeur associé à l'Ecole de Rosenstiel de science marine et atmosphérique de Miami.

"Ce ne sera pas instantané. Ils ne vont disparaître cette année. Cela pourrait prendre 50 ou 100 ans."

Les scientifiques n'ont réalisé que récemment que le réchauffement climatique réduisait le pH des océans en raison d'une réaction chimique de l'eau avec le CO2.

Le pH, qui mesure l'alcalinité de l'eau, est considéré comme neutre pour la valeur étalon de 7. Depuis des milliers d'années, le pH des océans et de 8,2 mais, depuis la révolution industrielle au début du 19e siècle, il a baissé de 0,1 point.

"DRAMATIQUE"

Le Panel intergouvernemental sur le changement climatique des Nations unies prédit une baisse du pH des océans à 7,8 d'ici la fin du siècle et certains scientifiques s'inquiètent d'une baisse plus importante encore.

D'après une récente étude menée dans des eaux au large de l'Italie, les organismes calcaires comme le corail ne pourront exister dans des conditions ou les valeurs du pH descendraient sous le seuil de 7,6, affirme Maoz Fine, de l'Institut universitaire de la science marine d'Israël.

"Cela revient à jeter une dent dans un verre de Coca", a déclaré Fine à la presse lors de la conférence de Fort Lauderdale. "C'est vraiment dramatique, c'est évident. Il ne faut pas être un expert pour le constater."

Certains coraux deviennent souples comme des anémones à mesure que leurs enveloppes se dissout dans les eaux acides, ce qui les rend davantage vulnérables aux prédateurs, a-t-il ajouté.

Le scientifique Simon Donner de l'université de Colombie britannique estime qu'il est déjà bien trop tard pour éviter un réchauffement climatique.

Mais, dit-il, il est encore temps de réfléchir à une manière d'aider les récifs de corail à s'adapter à ce changement climatique pour prolonger leur espérance de vie de 40 à 60 ans et espérer que, d'ici là, une baisse des émissions de gaz nocifs commencera à se faire ressentir.

"Le climat est comme un gros bateau. Dans notre cas, le bateau est le Titanic et il se dirige vers l'iceberg. Il est presque impossible pour nous d'éviter l'iceberg", a-t-il prévenu.

"Tout ce que nous pouvons faire, c'est freiner, ralentir le bateau et ensuite faire tout ce que nous pouvons - en espérant que le corail nous aidera - pour faire bouger l'iceberg un petit peu."

Version française Clément Dossin

http://www.lexpress.fr:80/actualite/depeches/infojour/reuters.asp?id=74826
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MessageSujet: Acidification des océans : les chercheurs s'inquiètent   Acidification et coraux Icon_minitimeVen 10 Oct - 15:08

Des scientifiques réunis à Monaco alertent les politiques sur le phénomène provoqué par le réchauffement climatique.

Les chercheurs réunis pour le plus important colloque jamais consacré à l’acidification des océans qui s’est achevé jeudi à Monaco, ont dressé un tableau assez sombre de ce phénomène provoqué par le réchauffement climatique.
«Les répercussions écologiques et économiques de l’acidification de l’océan qui dépendront de la réaction de l’écosystème, pourraient être considérables», souligne une synthèse des conclusions de ce symposium auquel participaient plus de 250 chercheurs du monde entier.

L’acidification des océans est provoquée par l’absorption dans la mer du CO2 produit par les activités humaines, à raison de 22 millions de tonnes par jour. Il en résulte une formation d’acide carbonique ayant pour effet de diminuer la quantité de minéraux nécessaires au développement d’un certain nombre d’organismes marins.
Si les chercheurs soulignent que la connaissance des effets de l’acidification des océans sur les écosystèmes demeure partielle, ils insistent sur un certain nombre de risques.

Un bouleversement durable des réseaux trophiques marins pourraient entraîner «d’importants bouleversements dans les stocks de poissons commerciaux», selon le document de synthèse.
Une diminution du taux de calcification aura pour effet de ralentir la croissance des récifs coralliens et les rendra plus fragiles alors que cette ressource «rapporte plusieurs milliards de dollars par an grâce au tourisme».

A terme, la capacité d’absorption du CO2 de l’océan pourrait se réduire, augmentant le dioxyde de carbone dans l’atmosphère, selon les chercheurs.
«Une communication extrêmement intéressante nous a également montré que les eaux acides qui sont en profondeur commencent à remonter sur la côte nord-ouest du Pacifique, celle de l’Alaska, du Canada, du nord des Etats-Unis, et arrivent comme ça sur la zone côtière. Ce sont des eaux corrosives, c’est une vraie surprise», a dit lors d’une conférence de presse Jean-Pierre Gattuso, chercheur au laboratoire d’Océanographie de Villefranche-sur-mer (Alpes-Maritimes) qui coordonne un projet de recherche européen sur le sujet.

Les chercheurs concluent en appelant «les responsables politiques mondiaux» à soutenir le travail de recherche sur l’acidification des océans afin de «réduire les incertitudes et faire des projections utiles dans les domaines écologiques et économiques».
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MessageSujet: L’acidification des océans de plus en plus préoccupante pour les écosystèmes marins   Acidification et coraux Icon_minitimeLun 1 Juin - 14:04

La tendance à l’acidification des océans, liée au changement climatique et à l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone dans le monde, est un phénomène de plus en plus préoccupant d’après les académies nationales de science de dix-sept pays.



Le changement climatique rend les océans de plus en plus acides, ce processus d’acidification étant susceptible de menacer toutes les créatures aquatiques allant des coraux aux palourdes, et étant également probablement irréversible pendant au moins des milliers d’années, d’après ce que des académies nationales de science ont déclaré lundi.



Dix-sept académies nationales de science du monde entier ont ainsi recommandé aux gouvernements, qui sont réunis actuellement à Bonn pour des négociations sur le climat du 1er au 12 juin, de prendre davantage en compte les risques que fait peser le changement climatique sur les océans dans le nouveau traité des Nations Unies de lutte contre le réchauffement climatique qui devrait être conclu à Copenhague en décembre prochain.



« Pour éviter que les écosystèmes des océans subissent des dégâts substantiels, des réductions importantes et rapides de nos émissions de dioxyde de carbone d’au moins 50% d’ici 2050, sont nécessaires » indique les académies dans une déclaration commune, ajoutant qu’après 2050, les objectifs devront être bien plus importants.



D’ici 2060, les taux d’acidification de 80% des mers de l’Arctique seraient trop corrosifs pour les palourdes



Les académies ont déclaré que des quantités de plus en plus importantes de dioxyde de carbone (le principal gaz à effet de serre émis essentiellement par la consommation des carburants fossiles par les êtres humains) étaient absorbées par les océans, provoquant une acidification de l’eau. A cause de cela, les créatures aquatiques ont plus de mal à construire des parties protectrices sur leur corps (telles que des carapaces).



Ce changement perturbe en effet la composition chimique de l’océan et « attaque les blocs de construction nécessaires pour de nombreux organismes marins, tels que les coraux et les coquillages, pour produire leur squelettes, leurs coquilles et d’autres structures dures de leur corps » indiquent les académies.



D’après certaines prévisions, d’ici 2060, les taux d’acidification de 80% des mers de l’Arctique seraient trop corrosifs pour les palourdes, qui sont un élément essentiel de la chaîne alimentaire.



Et « les récifs de corail pourraient se dissoudre dans le monde entier » ajoute le communiqué, si les taux atmosphériques de dioxyde de carbone passent de 387 parts par million (ppm) à 550 ppm. Les coraux sont également essentiels pour de nombreuses espèces de poissons, qui vivent dans ces structures naturelles.



« Ces changements dans la composition chimique des océans sont irréversibles pour plusieurs milliers d’années, et les conséquences biologiques de ce phénomène pourraient durer bien plus longtemps encore » préviennent les académies.



Cet avertissement a été publié par le Groupe Inter-Académie, représentant les académies de science de pays allant de l’Albanie au Zimbabwe, et comprenant également celles d’Australie, de Grande-Bretagne, de la France, du Japon et des Etats-Unis.



Martin Rees, président de la Royal Society, l’académie de science de Grande-Bretagne a déclaré que ce phénomène d’acidification des océans pourrait constituer une « catastrophe sous-marine ».



« Les effets seront visibles dans le monde entier, menaçant la sécurité alimentaire, réduisant les protections côtières et affectant les économies locales qui pourraient être moins capables de le tolérer à ce moment-là » a-t-il déclaré.



Le communiqué des académies indique que, si les taux actuels d’émissions de dioxyde de carbone persistent jusqu’à 2050, les modèles informatiques indiquent que « les océans seront plus acides qu’ils ne l’ont jamais été depuis des dizaines de millions d’années ».



Le communiqué recommande également des mesures pour réduire les autres facteurs de pression qui pèsent sur les océans, tels que la pollution et la pêche excessive.



Sandra BESSON - 01/06/2009



Source : http://www.actualites-news-environnement.com/20635-ocean-acidification.html
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MessageSujet: Acidification toujours   Acidification et coraux Icon_minitimeMer 9 Sep - 5:40

Outre le réchauffement climatique, les émissions de gaz carbonique sont à l'origine d'un autre phénomène moins connu mais tout aussi sérieux et inquiétant : l'acidification des océans. Des chercheurs du Laboratoire d'océanographie de Villefranche (LOV) (CNRS / UPMC) viennent de montrer que des organismes marins clés tels que les coraux profonds et les ptéropodes (escargots planctoniques) seront profondément affectés par ce phénomène dans les années à venir. Deux études paraissent dans la revue Biogeosciences.

Depuis 1800, le tiers des émissions de CO2 liées aux activités humaines a été absorbée par les océans, ce qui équivaut chaque année à 1 tonne de CO2 par personne. Cette absorption massive a permis de réduire les changements climatiques mais elle entraîne également un bouleversement de la chimie de l'eau de mer.

Le CO2 absorbé provoque en effet une acidification des océans et au rythme des émissions actuelles, on estime que le pH diminuera de 0,4 unités d'ici 2100. Ceci correspond à un triplement de l'acidité moyenne des océans, ce qui est une première dans ces derniers 20 millions d'années.

L'équipe du LOV, dirigé par Jean-Pierre Gattuso, a étudié l'impact d'une telle diminution de pH sur des organismes calcificateurs. Les ptéropodes (escargots marins nageurs) et les coraux profonds vivent dans des zones qui seront parmi les premières à être frappées par l'acidification des océans, alors que leur rôle au sein de leurs écosystèmes est essentiel.

Le ptéropode Limacina helicina joue un rôle important dans la chaîne alimentaire et le fonctionnement de l'écosystème marin Arctique. Sa coquille calcaire constitue une protection vitale.

Or, l'étude menée au LOV montre que cet escargot construit sa coquille à une vitesse 30 % plus faible lorsqu'il est maintenu dans une eau de mer ayant les caractéristiques attendues en 2100. Une diminution encore plus forte (50 %) a été mesurée chez le corail d'eaux froides Lophelia pertusa.

Alors que les récifs coralliens tropicaux sont formés par un grand nombre d'espèces, les communautés coralliennes d'eaux froides sont élaborées par une ou deux espèces de coraux mais abritent un grand nombre d'autres espèces. Une diminution de la croissance des coraux constructeurs par l'acidification des océans peut donc menacer l'existence même de ces édifices.

Ces premiers résultats publiés soulèvent de grandes inquiétudes sur le futur des ptéropodes, des coraux profonds et des organismes qui dépendent d'eux pour leur nutrition ou pour leur habitat. Les programmes de recherches tels que EPOCA, coordonné par le CNRS, développent de nouvelles études sur d'autres organismes et écosystèmes marins.

Ils réalisent des expériences de longue durée et étudient l'impact conjoint de l'acidification des océans et d'autres paramètres qui seront également modifiés dans les prochaines décennies, comme la température et la concentration de sels nutritifs.

L'acidification des océans ne peut être contrôlée qu'en limitant les concentrations futures de CO2 dans l'atmosphère. Des négociations visant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (COP 15) sont en cours et devraient être finalisées à Copenhague en décembre prochain.

Ces négociations devront prendre en compte, non seulement le bilan radiatif de la planète, mais aussi le caractère acide du CO2 qui, une fois absorbé dans l'océan, aura des répercussions qui pourraient être dramatiques sur de nombreux organismes et écosystèmes marins.
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MessageSujet: Apprendre à respirer sous l'eau   Acidification et coraux Icon_minitimeJeu 31 Déc - 12:58

Apprendre à respirer sous l’eau

Se battre pour sauver la nature, mise à mal par l’homme, n’est pas inutile. Mais l’heure est aussi venue d’apprendre à vivre dans les conditions climatiques que nous avons créées, pour apprivoiser le futur..


Hardy Reef, Queensland – 19 °44’ S, 149° 12’ E
Profondeur : 10-13 mètres, juin 2008
Ici, sur le Hardy Reef, dans la lumière douce réfractée à dix mètres sous la surface de la mer de Corail, la scène est un mélange un peu mystique de calme et d’agitation frénétique. Une circulation aquatique intense se déploie constamment, dessinant des essaims, des lignes, des tangentes nettes et des taches de teintes électriques mouvantes, le tout sur un fond de couleurs encore plus criardes et tout aussi animé. Le récif corallien est une forêt verticale de branches et de fouillis déclinant des centaines de nuances fluorescentes, des tortillons fractals rouge feu associés à des volutes vert tilleul et à de délicats replis dorés.

“Il est excusable de s’enthousiasmer pour le nombre infini d’êtres vivants dont fourmille la mer des tropiques, si prodigue de vie”, écrivait en 1836 Charles Darwin depuis le pont du Beagle. Certes, Charlie, mais toi tu ne disposais même pas du matériel de plongée qui t’aurait permis de descendre aux premières loges pour voir ce spectacle prodigieux. Les innombrables habitants du récif ont tissé un réseau remarquablement symbiotique, grâce auquel cette Babel aquatique se développe en circuit plus ou moins fermé depuis des millénaires. Les hermaphrodites et les transsexuels sont ici légion. La plupart des polypes coralliens du récif s’accouplent une fois par an, tous en même temps, libérant en parfaite synchronisation avec le cycle lunaire un immense nuage d’ovules et de sperme. Les individus de certaines espèces de poissons-perroquets, dont les écailles feraient pâlir la palette d’un Matisse, naissent femelles, puis changent de sexe en quatre étapes, dans une parade de couleurs de plus en plus vives, pour finir en apothéose et arborer la livrée époustouflante du “supermâle”. Des poissons-demoiselles entretiennent des jardins permanents d’algues et pourchassent les intrus comme des chiens de garde enragés ; des chirurgiens bleus ont appris à envahir ces jardins par bancs entiers. On croirait contempler le cosmos sous un ciel étoilé, à ceci près que planètes et constellations sont ici très littéralement à portée de main et tourbillonnent sous nos yeux. Notre chef de plongée me tire de ma transe. C’est une spécialiste reconnue de biologie marine. Elle vient de remonter d’un lit de corail déployé dans les profondeurs, juste au-dessous de nous, tenant dans la main une rare surprise : elle lève la main, puis l’ouvre comme pour libérer un oiseau, et je vois un platode qui, par sa forme et sa taille, ressemble étrangement à un bout de ruban adhésif. L’extraordinaire microcosme du récif se tortille et danse entre nous au gré du courant. J’ai lu quelque part que des chercheurs qui avaient analysé un bloc de 3 kilogrammes de corail mort issu de la Grande Barrière avaient trouvé pas moins de 1 300 vers plats représentant une centaine d’espèces vivant dans son labyrinthe de cavités et de replis.

Je regarde le platode descendre vers le fond corallien trépidant d’activité et j’essaie de replacer mentalement ce petit récif en forme de haricot dans son vaste cadre : une chaîne de 3 650 autres récifs, fourmillante de vie, qui commence à quelques centaines de kilomètres au sud de l’endroit où nous nous trouvons et s’étire tout le long de la côte nord-est de l’Australie et au-delà, sur quelque 1 800 kilomètres. C’est la Grande Barrière de corail, le plus grand écosystème vivant du monde.

A l’échelle mondiale, les récifs coralliens n’occupent que 0,17 % de la surface des océans, mais ils abritent près d’un quart de la vie marine qu’abritent ces mêmes océans. Ces récifs sont intégralement issus d’une symbiose aussi parfaite que fragile entre les polypes du corail – animaux qui bâtissent ces extraordinaires structures aux allures végétales – et une souche particulière d’algues appelées les zooxanthelles. C’est un équilibre très précaire, dont dépend la survie du moindre de ces poissons aux livrées magnifiques et de chacun de ces vers aux teintes vertigineuses. Au cours de notre histoire géologique connue, les récifs ont disparu entièrement ou presque à cinq reprises, laissant les coraux dériver pendant des millions d’années au gré des courants océaniques, jusqu’à ce qu’ils retrouvent leurs conditions climatiques de prédilection. Eh oui, Charlie, désolé, il y a un rebondissement que tu ne pouvais pas voir venir : l’eau est aujourd’hui trop chaude et a absorbé beaucoup trop de dioxyde de carbone. Son pH a diminué, passant de 8,2 à 8,1 environ. Ça n’a l’air de rien, mais ça peut pourtant suffire pour marquer le début d’une invraisemblable fin.

Melbourne, Victoria – 37° 49’ S, 144° 57’ E
Café Patio, Newquay Promenade
Deux agresseurs, tous deux créés par le changement climatique, menacent le récif et plus généralement les océans. Le moins dangereux est le réchauffement de l’eau, qui rend toxiques les algues unicellulaires dont dépend la survie des coraux, obligeant le corail soit à les expulser et probablement à en mourir – phénomène que l’on appelle le blanchissement corallien –, soit à les assimiler et à en mourir à coup sûr.

Selon le Dr Veron, surnommé Charlie et considéré comme l’un des meilleurs si ce n’est le meilleur spécialiste mondial des coraux, les pires épisodes de blanchissement auxquels nous avons assisté jusqu’à présent deviendront monnaie courante d’ici à 2030. A l’horizon 2050, “les seuls coraux encore vivants seront ceux qui se seront réfugiés sur les versants extérieurs profonds des récifs.” Et pourtant, la menace la plus dangereuse est l’acidification de l’océan – due à la dissolution du dioxyde de carbone dans l’eau de mer, qui forme de l’acide carbonique, un acide faible. C’est la frontière du changement climatique à laquelle la science s’intéresse de plus en plus, à l’heure où il constitue une menace croissante pour les écosystèmes marins et les ressources alimentaires et économiques humaines. Quel que soit le monde que nous parviendrons, si nous avons assez de chance et d’audace, à arracher aux mâchoires de ce climat en pleine mutation, quelque équilibre que nous puissions espérer atteindre, ce ne sera plus celui que nous connaissions. Le mot qui vient à l’esprit pour désigner l’ère dans laquelle nous sommes entrés est “anthropocène”, c’est-à-dire “façonné par la main de l’homme”. Un article de journal m’a poussé à approfondir mes recherches autour de deux informations scientifiques qui avaient brièvement émergé en 2008 pour aussitôt disparaître, englouties par le raz-de-marée médiatique sur l’éclatement des bulles immobilières et les faillites bancaires : la première était un bref rapport d’activité publié en août et signé par quatorze des plus grands océanographes du monde, sous le titre Déclaration d’Honolulu sur l’acidification de l’Océan et la gestion des récifs. Dans ce texte, ils relevaient l’arrivée imminente de niveaux d’acidité jamais vus depuis “des dizaines de millions d’années” et susceptibles de “compromettre la viabilité à long terme des écosystèmes des récifs coralliens”. L’autre article avait été publié en février 2008 dans les pages de GSA Today, revue de l’Association géologique d’Amérique. Sous le titre “Vivons-nous maintenant à l’anthropocène ?” Il était cosigné par vingt et un membres de la Commission de stratigraphie de l’Association de géologie de Londres, organisme britannique chargé de nommer et de dater les époques géologiques. “Nous disposons désormais de suffisamment de preuves de changements stratigraphiques importants (achevés ou imminents) pour reconnaître l’anthropocène – qui est actuellement une métaphore parlante mais encore officieuse des changements environnementaux planétaires – en tant que nouvelle époque géologique que nous devrions envisager d’officialiser au niveau des conférences internationales.” Ce qui revient à dire que l’idée selon laquelle l’humanité a définitivement et fondamentalement modifié la planète n’est plus un artifice rhétorique, ni même une quelconque hyperbole militante, mais une nouvelle réalité scientifique.

Je ne veux surtout pas faire monter la sauce. Mais comment pourrait-on sous-estimer la disparition probable des écosystèmes les plus féconds et l’aube possible d’une nouvelle ère géologique ? S’il s’agissait d’un récit traditionnel sur l’environnement, dans la veine d’un Thoreau, nous en serions maintenant au chapitre des lamentations. La tragédie est évidente, sa portée énorme, et ce que nous sommes en train de perdre dépasse l’entendement. Mais nous entendons déjà assez de lamentations. Plus qu’il ne nous en faut.

Le mouvement écologiste s’est donné pour objectif de trouver un endroit d’éternelle harmonie avec la Nature – idéalement assez vierge pour être digne de la majuscule que les romantiques donnaient au mot. La Terre a prospéré dans un magnifique équilibre, et les esprits éclairés ont cherché à définir la place de l’homme en son sein. Or, si cet équilibre est définitivement modifié et se métamorphose comme jamais auparavant, quel sens pourrons-nous encore donner au mot “harmonie” ? Quel sens peut-il avoir lorsque, de plus, nous savons que ce nouvel ordre a été en grande partie façonné par l’homme ? Que peut raisonnablement être un effort de conservation à l’ère anthropocène ? Qu’est-ce qu’être humain dans un ordre écologique créé par l’homme ? Je n’ai aucune réponse catégorique à ces questions. Nous en sommes encore aux balbutiements, pris dans les turbulences atmosphériques, et tous les nouveaux régimes sont désormais nécessairement provisoires. Mais je pense savoir par où nous devrions commencer. Nous avons besoin d’un nouveau type d’histoire, d’un nouveau modèle pour notre philosophie écologique – un modèle qui reconnaisse aussi bien ce que nous avons perdu que les limites émergentes de ce qui peut être sauvé, et qui évite la pleurnicherie. Pour reprendre la terminologie du linguiste George Lakoff, nous devons d’abord changer le cadre.

Le poids d’une histoire ne provient pas exclusivement de la somme de ses détails, mais est aussi – et peut-être surtout – fonction de sa structure, de la façon dont les points et les archétypes de son intrigue cadrent avec les textes fondateurs (classiques, bibliques, du triomphalisme libéral, ce que vous voudrez…), profondément gravés dans notre conscience collective. Une lamentation est par définition nostalgique, pessimiste, défaitiste. Elle se fonde sur une perte que l’on présume irréversible. Les récits d’aventures, en revanche – récits héroïques de victoires contre des obstacles insurmontables, dans des sphères encore inexplorées –, constituent les outils du mythe transformateur. Ce dont nous avons besoin, c’est d’un nouveau mythe de la frontière.

Nous allons vers l’inconnu, un endroit certainement dangereux mais peut-être aussi doté d’une beauté inattendue. Le terrain nous sera, au moins en partie, étranger. Sa logique et ses règles seront régies par des inversions et d’apparentes perversions de l’ordre naturel que nous avons toujours connues. Certains des outils dont nous aurons besoin pour traverser sans encombre ce nouveau paysage peuvent à première vue nous paraître peu familiers, encombrants, peu pratiques. Peut-être ne comprendrons-nous leur nécessité vitale qu’une fois que nous aurons plongé dans cette mer tumultueuse. Mais nous apprendrons à prospérer. A éprouver de l’ivresse au lieu de nous angoisser et de nous plaindre. Nous apprendrons à respirer sous l’eau.

Glenogle, Colombie-Britannique – 51° 18’ N, 116° 49’ O
Autoroute transcanadienne, vers l’est, août 2008
En termes de mythe et de présence physique, les montagnes Rocheuses sont l’équivalent canadien de la Grande Barrière de corail, et elles plongent ma petite Honda dans l’ombre lorsque, sortant de Golden, je file vers l’est en direction de la frontière de l’Alberta. Droit devant moi se dresse un mur impressionnant de roche, hérissé de squelettes de sapins couleur rouille. Sur cette montagne, la dévastation a l’air totale ; le versant tout entier est revêtu d’un étrange tapis rouge orangé. Au virage suivant, l’immense manteau vert de la forêt est défiguré par ces mêmes taches de rouille pathologique, comme s’il avait été frappé par quelque éruption cutanée. Je me souviens d’avoir emprunté ce même tronçon d’autoroute il y a cinq ans. Le vert des sapins était omniprésent et éternel, assourdi seulement par la neige. Le dendroctone du pin, que le froid hivernal ne suffit plus à décimer, s’est si rapidement et si catastrophiquement engouffré dans la brèche de l’anthropocène que ses ravages ont une dimension presque monumentale. A regarder trop longtemps le résultat, on en serait comme paralysé. On pourrait se dire que, sauf à composer une nouvelle complainte, il ne reste vraiment plus grand-chose à faire. Mieux vaut donc ne pas s’y attarder. Mais, si vous n’êtes toujours pas convaincu, regardez juste assez longtemps pour admettre que ce n’est pas un problème de préservation régionale.

Juste avant la frontière de l’Alberta, j’aperçois un exemple particulièrement éloquent de cette dégradation : une formation rocheuse appelée le schiste de Burgess. Découvert en 1909 près de la base du mont Burgess et fouillé par un certain Walcott, chercheur à la Smithsonian Institution, cet affleurement contenait les restes fossilisés de 65 000 espèces animales et végétales, et devait devenir l’exemple le plus extraordinaire que l’on ait jamais découvert de la diversité des organismes qui se développaient sur la Terre il y a 530 à 540 millions d’années.

La mer tropicale qui se trouvait sur le territoire de l’Alberta a accueilli pendant des millions d’années de nombreux autres récifs, construits à cette époque non par des polypes coralliens, mais par des algues. Il y en avait un en particulier, sous le sol de la ville de Leduc, au beau milieu de la prairie, où la roche poreuse du récif de la fin de la période dévonienne a piégé les restes d’un époustouflant foisonnement de vie dans une atmosphère carbonée, il y a environ 400 millions d’années. Ces restes ont ensuite été lentement écrasés en flaques d’épaisse vase noire enterrée à 1 500 mètres de profondeur. C’est là, en février 1947, qu’une plate-forme de forage a atteint le plus gros gisement jamais exploité au Canada. Cinq ans plus tard, on extrayait chaque jour 137 000 barils de pétrole brut des ossuaires liquéfiés de l’ancien récif. Depuis lors, la prospection des gisements fossiles dévoniens constitue le fer de lance de l’économie de l’Alberta.

Airlie Beach, Queensland – 20° 16’ S, 148° 43’ E
Profondeur : environ 4 mètres, juillet 2008
Aujourd’hui, près d’un quart du dioxyde de carbone émis chaque année par l’humanité est absorbé par les mers, où il forme de l’acide carbonique et abaisse le pH des océans, réduisant la quantité de carbone ionisé qui permet aux algues de se fixer aux squelettes coralliens pour former de solides récifs de calcaire. A en croire le Dr Veron, ce phénomène ne fait que nous rapprocher un peu plus du précipice de la sixième extinction de masse. “Je n’essaie pas de convaincre quiconque de sauver la Grande Barrière de corail, parce que je pense que c’est une cause perdue, explique Charlie Veron. Ce que je dis, c’est : observons la Grande Barrière de corail. Voulons-nous que le reste de cette planète finisse de la même façon ?” Pourtant, à mon sens, le détail qui propose d’ancrer l’action écologique de l’anthropocène dans un nouveau cadre plus résistant n’est pas l’étendard du récif proprement dit, mais le matériel qui a permis à Veron de respirer librement quand il y évoluait : le scaphandre autonome.

Veron est le premier taxinomiste des coraux qui ait réalisé une recherche approfondie sur le terrain, c’est-à-dire sous l’eau. Tout le corpus de connaissances sur la nature des récifs coralliens était jusqu’alors fondé sur l’étude en laboratoire de spécimens de corail. Le travail que Veron a effectué en plongée a permis d’écarter très rapidement toute une série de théories fallacieuses. Nous ne saurions tout simplement pas comment le récif fonctionne en tant que système vivant et nous ne connaîtrions pas la nature des problèmes qu’il traverse si Charlie Veron n’avait pas appris à respirer sous l’eau.

L’histoire de la plongée est une sorte d’histoire fantôme de l’âge industriel, une histoire parallèle, qui a plus ou moins débuté avec le séjour de Henry Thoreau à l’étang de Walden – un rejet délibéré et de principe de la société industrielle dans son ensemble. Le mouvement écologiste actuel se réclame de Thoreau et affirme avec force son préjugé anti-industriel. Pour une bonne cause, sans aucun doute. Dans pratiquement toutes les crises environnementales, depuis le pillage des biotopes jusqu’aux oiseaux empoisonnés au DDT, en passant par les émissions de gaz à effet de serre étouffant les coraux, l’industrie moderne, qui phagocyte des ressources et recrache des déchets, est responsable. Toutefois, si l’objectif de cette écologie dans la lignée de Thoreau était d’arrêter cette industrie rapace, l’acidification des océans est le test décisif de l’échec du mouvement. Après plus d’un siècle de militantisme, les merveilles naturelles de la Terre n’ont jamais été aussi près de disparaître.

Alors, si nous suivions l’exemple d’un autre prophète du xixe siècle, un écrivain qui avait vu venir un monde stupéfiant de climatisation, de voyages spatiaux, d’hélicoptères et d’exploration sans entraves du royaume sous-marin ? Jules Verne publia Vingt Mille Lieues sous les mers en 1870, seize ans à peine après le journal de Thoreau à Walden. Dans cet ouvrage et dans d’autres contes fantastiques, il imaginait un monde scintillant de merveilles rendues possibles par la science moderne et ses corollaires industriels. Ce faisant, il créa le genre littéraire de la science-fiction. Or le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui ressemble davantage à un roman de Jules Verne qu’à une forêt primaire à la Thoreau. Une conscience écologique de l’anthropocène, née du constat évident que le monde naturel constitue désormais tout autant un produit de l’intervention humaine que les sous-marins et les machines volantes, serait par conséquent plus proche de l’écrivain français que de l’américain. Elle pourrait se fonder sur une idée commune à presque toute la science-fiction : celle que notre avenir sera nécessairement très, très différent du présent et d’un passé pastoral idéalisé, certainement beaucoup plus artificiel et pourtant lumineux dans les constellations de possibles qu’il aura à offrir.

On assiste en effet à l’apparition d’un nouveau courant de pensée futuriste inspiré par cet aspect de la science-fiction, qui est la dernière “littérature d’idées” car elle seule laisse suffisamment de place aux conjectures sur les possibilités infinies que crée la technologie moderne. Depuis quelques années, les adeptes de Jules Verne ont fusionné avec certaines branches de l’environnementalisme post-thoraldien – des branches ancrées essentiellement dans les espaces urbains, qui s’intéressent autant à l’urbanisme et aux économies d’énergie qu’aux baleines et aux forêts tropicales. Dans cette pollinisation croisée, nous avons commencé à voir s’échafauder un nouveau cadre.

“L’écologie ascétique est l’antithèse simpliste du consumérisme du xxe siècle”, assure l’auteur futuriste Bruce Sterling. “Tout comme le new age est un écho mystique de l’esprit judéo-chrétien, l’écologie ascétique se contente de modifier la polarité de la culture dominante, sans la remettre véritablement en question. Elle ne fait ni ne dit rien de fondamentalement nouveau. De plus, elle n’est pas pratique et ne représente pas une alternative viable pour une vie meilleure.” Désavouant ces ascètes thoraldiens, Sterling plaide pour un nouveau cadre bâti sur la base de la “durabilité”, défini dans ses grandes lignes comme ce qui “réussit à naviguer dans l’espace et le temps”. Comme certaines machines étonnantes de Jules Verne, peut-être. Ou comme n’importe quel plongeur sur n’importe quel vieux récif, respirant naturellement sous l’eau.

Cela évoque en moi cette fatigue euphorique extrême que j’ai toujours éprouvée après une plongée – une sorte de triomphe tranquille, un sentiment d’émerveillement d’être allé si loin de la norme quotidienne et d’en être revenu sans incident, régénéré, pour voir le monde avec des yeux nouveaux. Lors de cette plongée en eau profonde, par exemple, dans le sud de la Thaïlande : nous étions quatre, trois étudiants et notre instructeur. A un moment donné, l’instructeur nous a enfin entraînés vers l’entrée d’une grotte de coraux plongée dans l’ombre, fermée par une espèce de grillage impénétrable de poissons dorés de 3 centimètres. Je devais apprendre par la suite que ces petits poissons s’appellent des athériniformes. Le rideau chatoyant qu’ils formaient à l’entrée de la grotte s’écarta devant moi, comme s’ils réagissaient à quelque commande infrarouge automatique, l’immense banc tourbillonnant épousant parfaitement la forme de mon corps pour me laisser passer. Il y en avait sans doute des milliers. Pendant un moment éphémère qui me parut éternel, je ne faisais plus qu’un avec eux. Ils m’enveloppaient entièrement, comme une deuxième peau de poissons frétillants séparés de moi par quelques centimètres d’eau de mer, sans qu’un seul vienne frôler mon battement de palmes. Enveloppé de néoprène, lesté par une bouteille d’acier, à dix mètres sous le premier réservoir d’air frais – en équilibre dans une position, qui, quelques décennies plus tôt, défiait encore toute expérience humaine –, je savourai un instant de communion avec la nature plus intense que jamais, et plus transcendante que je n’aurais pu l’espérer.

Depuis cent cinquante ans, un objectif fondamental de l’environnementalisme de l’ère industrielle a été de transmettre une notion d’émerveillement et de respect pour le monde naturel – proche de cette quiétude romantique que Thoreau avait découverte après des mois dans les bois – à ceux qui l’auraient perdue ou ne l’auraient pas encore trouvée. Pour élever la conscience collective, modifier et enfin inverser définitivement notre conception de la place de l’homme dans la hiérarchie naturelle en ne cherchant plus la domination, mais au contraire la réhabilitation, la préservation, l’harmonie. Si j’en crois mon expérience, respirer sous l’eau peut correspondre à une version fulgurante et immédiate de cette union mystique. Le terme même d’anthropocène part du principe d’un changement définitif et catégorique de l’équilibre de la Terre. Les militants écologistes et les chantres de la durabilité sont ceux que j’ai entendus décrier le plus vigoureusement son usage, car ils craignent qu’il ne fasse qu’ouvrir la boîte de Pandore la plus redoutable du placard industriel : ce que l’on appelle la “géo-ingénierie”.

Manipulation délibérée et à grande échelle du climat de la planète, la géo-ingénierie est, à n’en pas douter, une école de pensée extraordinairement arrogante. Elle se fonde sur la logique pernicieuse qui veut que, pour réagir aux éléments permettant d’affirmer que l’activité humaine a irrévocablement bouleversé la biosphère, il conviendrait d’accentuer ces bouleversements selon des méthodes beaucoup plus délibérées et à plus grande échelle. Si les craintes que suscite la géo-ingénierie sont fondées – les Docteurs Folamour de ce monde prenant prétexte d’un changement climatique irréversible –, la boîte de Pandore est déjà grande ouverte.

Pour s’en convaincre, on peut lire un article du numéro de mars-avril 2009 de la revue Foreign Affairs, paru sous le titre : “L’option géo-ingénierie : un dernier recours contre le réchauffement planétaire ?” La stratégie de géo-ingénierie la plus faisable et la plus rentable, expliquent les auteurs, serait de “lancer des matériaux réfléchissants dans la haute stratosphère” pour reproduire volontairement l’éruption de 1991 du Pinatubo, qui avait libéré des panaches de particules de dioxyde de soufre assez épais pour réduire pendant quelque temps la température moyenne de toute la planète de 0,5 °C. Comme le relèvent les auteurs, il est relativement simple, d’un point de vue technique, d’utiliser “des avions, des canons de marine ou des ballons géants volant à haute altitude” pour créer un écran solaire à l’échelle planétaire. La question est de savoir si cela serait véritablement utile. Soulignons qu’avec “l’option géo-ingénierie”, c’était la première fois que la revue Foreign Affairs faisait référence à l’acidification des océans. Les auteurs s’empressent en effet de préciser qu’aucun projet existant de géo-ingénierie ne pourrait ralentir le processus d’acidification, car le simple fait de cacher le Soleil ne saurait réduire la quantité de dioxyde de carbone présente dans l’atmosphère et absorbée par la mer.

Jules Verne reconnaîtrait probablement ce terrain – et plus encore son confrère H.G. Wells, qui fonda la science-fiction et imagina une apocalypse martienne. Peut-être qu’aucune nouvelle grande vision de l’ambition humaine ne peut totalement échapper aux nuages noirs. Celle de la géo-ingénierie jettera nécessairement un voile d’obscurité sur la pensée optimiste de l’anthropocène. Je suis pourtant convaincu que le jeu en vaut la chandelle.
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MessageSujet: l'acidification des océans se fait à une vitesse sans précédent depuis 65 millions d’années   Acidification et coraux Icon_minitimeMar 23 Fév - 16:44

De nouvelles simulations indiquent que l'acidification des océans se fait à une vitesse sans précédent depuis 65 millions d’années. Selon des chercheurs anglais, la vitesse de cette variation environnementale met à mal les capacités d’adaptation du plancton océanique.

Pour simuler l'acidification future des océans, les chercheurs de l'Université de Bristol se sont basés sur le modèle Genie-1 et les comparaisons entre le taux actuel d’acidification et ceux enregistrées il y a 55 millions d’années, lors du passage Paléocène-Eocène.

A cette époque eut lieu la plus importante et la plus rapide perturbation climatique de l’ère géologique moderne qui a débuté avec l’extinction des dinosaures. La planète s’est réchauffée brusquement (+ 5 à 6°C en quelques dizaines de milliers d’années) et de nombreux changements dans les circulations atmosphériques et océaniques se sont produits. Cet événement appelé Maximum thermique du Paléocène-Eocène (PETM) s’est accompagné de l’extinction de nombreux groupes, notamment au sein de la faune benthique.

La comparaison des taux de carbonates de cet événement, enregistrés dans les sédiments, avec l’évolution actuelle de ces taux a permis d’alimenter le modèle du système terrestre Genie-1 (Grid ENabled Integrated Earth) et d’estimer les changements environnementaux induits par l’acidification future des océans.

Rappelons que l’absorption par les océans d’un quart des émissions de CO2 se traduit par une modification du cycle géochimique des carbonates. L’augmentation du CO2 dissous dans les océans entraîne l’augmentation des espèces acides qui font baisser le pH océanique. Ainsi, les émissions de dioxyde de carbone provoquent une acidification des océans.

« Les expériences de laboratoire peuvent nous dire comment les organismes marins réagissent, explique Daniela Schmidt, co-auteur de l’étude parue dans la revue Nature Geoscience. Mais ces expériences ne peuvent nous dire si les organismes marins seront capables de s’adapter à l’acidification des océans par la migration ou l’évolution. »

« Par conséquent, ajoute-t-elle, une grande attention s’est concentrée récemment sur les acidifications connues des océans et les réactions biologiques présentes dans les enregistrements géologiques. Plusieurs types de preuves géologiques – l’extension d’organismes des eaux chaudes vers les pôles et la dissolution des sédiments carbonatés du plancher océanique nous disent qu’il y a eu simultanément un réchauffement extrême et une acidification à cette époque – ont laissé les traces d’un rejet massif de gaz à effet de serre. »

Une menace acide plane sur les écosystèmes océaniques

Les simulations obtenues prédisent un rythme d’acidification sans précédent, supérieur même au passage Paléocène-Eocène. Or les expériences ont prouvé que si le pH continue à baisser, cela entraînera une dissolution des carbonates des squelettes et exosquelettes (coquille, carapace). La diminution de croissance, le nanisme, la baisse d’activité et l’augmentation du taux de mortalité des organismes marins affecteront l’ensemble des écosystèmes.

Selon Andy Ridgwell, lui aussi co-auteur de l’étude, cette pression environnementale risque fort d’être fatale aux organismes benthiques. « Contrairement au plancton, qui vit en surface dans un habitat ouvert aux variations, les organismes des fonds océaniques se sont adaptés à des conditions beaucoup plus stables. Un changement géochimique important et rapide de leur environnement pourrait rendre leur survie précaire. [...] L’extinction généralisée dans ces fonds océaniques durant le réchauffement par effet de serre et l’acidification des océans du passage Paléocène-Eocène nous indique que des extinctions similaires dans le futur sont possibles. »

Pour autant, il n’est pas dit que le plancton marin soit mieux loti. Malgré son adaptabilité qui l’a sûrement aidé à traverser la crise de la fin du Paléocène, l’ampleur des variations environnementales de la surface océanique prédites par les simulations risque d’être un défi. Or le plancton, qui constitue le premier maillon de la chaîne alimentaire, est à la base des écosystèmes marins. Sa disparition serait donc dramatique.


Par Grégoire Macqueron - Source : futura-sciences.com
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MessageSujet: GB: une expédition lancée en mars pour étudier l'acidification des océans   Acidification et coraux Icon_minitimeDim 28 Fév - 6:39

GB: une expédition lancée en mars pour étudier l'acidification des océans

LONDRES - L'explorateur britannique Pen Hadow a présenté jeudi sa prochaine expédition, qui l'emmènera début mars sur l'océan Arctique à la tête d'une équipe de scientifiques internationaux, pour étudier le phénomène d'acidification des océans.

Pour les besoins de la "Catlin Arctic Survey 2010", des explorateurs polaires, océanographes et biologistes marins vont travailler de concert pour mieux comprendre les conséquences de la hausse des émissions de dioxyde de carbone sur les océans, et ses effets sur la biodiversité et les récifs coralliens.

L'acidité des océans a augmenté de 30% depuis les débuts de la révolution industrielle. Si les émissions de CO2 dues à l'activité humaine continuent sur la tendance actuelle, l'acidité sera multipliée par trois d'ici 2100, estiment les experts.

Une légère baisse du pH de l'eau, synonyme d'acidification, provoque une moindre fixation du calcium par les coquillages, qui s'en trouvent fragilisés. Ce phénomène affecte la croissance des récifs coralliens, accentue l'érosion côtière, réduit l'habitat des espèces marines et limite la biodiversité.

Le CO2 étant plus aisément absorbé dans les eaux froides, les scientifiques considèrent que les océans polaires en ressentiront plus facilement les effets. Selon eux, même si la concentration en CO2 cessait immédiatement d'augmenter, il faudrait des milliers d'années avant que le pH des océans ne retrouve son niveau pré-industriel.

"Nous savons que la disparition de la calotte glaciaire et les potentiels impacts de l'acidité font partie du problème de changement climatique que connaissent les océans", a expliqué Pen Hadow, lors d'une conférence de presse.

"Comme il est largement considéré comme le baromètre du changement climatique global, il est important de mieux comprendre ce qui se passe", a-t-il ajouté.

Les océans, qui représentent 97% des réserves en eau de la planète, hébergent près de 50% des espèces connues, et jouent un rôle dans le cycle de vie de 80% des créatures marines ou terrestres.

L'équipe menée par Pen Hadow établira une base sur l'île Ellef Ringnes dans la province du Nunavut, au nord du canada, à 1.200 km environ du Pôle Nord. Des scientifiques représentant notamment le Laboratoire marin de Plymouth, au Royaume-Uni, et le Laboratoire d'océanographie de Villefranche, en France, y effectueront prélèvements d'eau et tests divers.

Un second groupe d'explorateurs et scientifiques quittera la base pour un voyage de 500 km vers le Nord, censé durer 55 jours par des températures pouvant atteindre les -45°, pour effectuer d'autres séries d'analyses.

En 2009, Pen Hadow avait mené une expédition à ski de 73 jours vers le Pôle Nord s'étant donné pour tâche de mesurer l'épaisseur de la glace de mer pour contribuer à l'étude du réchauffement climatique.

Les données prélevées avaient permis d'établir que la calotte polaire arctique aura complètement disparu en été "dans 20 à 30 ans", mais que d'ici à peine une dizaine d'années l'Arctique sera considéré comme une voie maritime sûre.
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