LE KRILL MENACE PAR LA SURPECHE ET LE RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE

LE KRILL MENACE PAR LA SURPECHE ET LE RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE
Postée le 13/10/2010 à 13h45


Le krill est une petite crevette translucide dont se nourrissent des centaines d’espèces marines, dont les baleines et les manchots. Elle est a beau être l’une des espèces les plus abondantes de la planète la question de sa survie se doit aujourd’hui d’être posée.

Maillon essentiel de la chaîne alimentaire – il est en effet la nourriture de base des baleines, des manchots, des phoques et de nombreuses autres espèces marines et aviaires, le krill mesure en moyenne six centimètres, pèse deux grammes et se nourrit de phytoplancton (plancton végétal). Il en existerait quatre-vingt espèces différentes et les scientifiques estiment qu’il y aurait environ cinq cents millions de tonnes de krill dans l’océan Austral. Ceux-ci se déplacent en « essaims » et leur poids total équivaudrait à deux fois celui de tous les humains vivants (!) Ces chiffres donnent à penser que ces petits crustacés se comptent à l’infini mais certains experts ont fait part de leurs inquiétudes.

Les pêcheurs se sont en effet intéressés ces dernières années à la pêche industrielle de cette fragile créature, et d’après l’Antarctic Krill Conservation Project (AKCP) la demande a fortement augmenté, d’où une surexploitation dans les criques et certaines eaux territoriales. A l’heure actuelle la demande serait même plus importante que l’offre. Le krill étant notamment utilisé comme aliment dans le cadre de l’aquaculture ou comme base pour des compléments alimentaires. Si l’on en croit le Fishing News International cette année marque par ailleurs un tournant dans l’exploitation de la petite crevette, de nombreux pays dont la Norvège (premier pêcheur de krills de la planète), se concentrant sur cette pêche de masse.

Les pêcheurs norvégiens devraient ainsi pouvoir capturer jusqu’à deux cent cinquante tonnes de krills par jour, une quantité que les scientifiques jugent beaucoup trop élevée. L’hypothèse d’un épuisement des stocks à long terme leur semble bien réelle. Celle-ci affecterait l’ensemble de l’écosystème austral et est d’autant plus plausible que le krill est également menacé par le réchauffement climatique.

Le réchauffement climatique menace la population de krills

Rappelons que l’Antarctique a connu une augmentation significative (et préoccupante) de ses températures ces trois dernières décennies, laquelle a entraîné une fonte partielle des glaciers. Or le krill vit essentiellement sous la glace et se nourrit d’algues en hiver et au printemps et sa reproduction dépend du niveau de la glace dans la mer. Elle est ainsi beaucoup moins importante lorsque les hivers sont moins froids.

Le comportement alimentaire du krill pourrait aussi aider à réduire le changement climatique, des recherches récentes ayant démontré que la crevette peut séquestrer du dioxyde de carbone en consommant du phytoplancton et en relachant des matières carbonées dans les profondeurs de l’océan. Le CO2 ainsi « transféré » au fonds des océans pourrait représenter selon une étude citée par l’AKCP un volume équivalent aux émissions de 35 millions de véhicules chaque année…

Certains experts estiment que la population du krill a déjà diminué d’environ 80% à cause de la hausse des températures. L’AKCP invite donc les Etats membres de la Convention sur la conservation de la flore marine de l’Antarctique (CCAMLR) à veiller à ce que l’écosystème marin antarctique soit préservé. De fait l’expansion de la pêche du krill pourrait être davantage encadrée et son rôle crucial dans la biodiversité marine officiellement reconnu. Pour atteindre ses objectifs, les Etats membres de la CCAMLR devront certainement envisager la création de zones protégées afin de limiter au mieux une pêche de moins en moins contrôlée ces dernières années. Dans le cas du krill aussi mieux vaut prévenir que guérir.