une galaxie observée telle qu'elle était 500 millions d'années seulement après le Big Bang.

Ce matin la revue Nature publie un article qui fera date dans l'histoire de l'astrophysique. Il relate la découverte, avec le télescope spatial Hubble (Nasa/Esa) d'une galaxie observée telle qu'elle était 500 millions d'années seulement après le Big Bang.

C'est à dire, il y a 13,2 milliards d'années (et autant d'années lumière de la Terre) à l'époque où l'Univers avait 4% de son âge actuel.

Il s'agit donc véritablement de la toute première enfance des galaxies, à une époque où les étoiles se formaient à un rythme encore très lent relativement au véritable "babyboum" stellaire qui allait survenir 200 millions d'années après.

Le saut en arrière dans le temps opéré par le Hubble space telescope est important, puisque le dernier record de détection de galaxies très jeunes par Hubble remontait à 780 millions d'années après le Big Bang.

Voir ici une note qui relatait cette découverte, en janvier 2010. Il existait par ailleurs des observations à 600 millions d'années, détectée par le Hubble mais dont la distance précise avait été mesurée par le Very Large Telescope de l'Observatoire européen austral (ESO) en 2009.

C'est la caméra à grand champ du Hubble, installée lors de la dernière visite des astronautes avec une navette spatiale et 30 fois plus sensible que l'ancienne à cette longueur d'onde, qui a réalisé cette détection acrobatique, aux limites extrême de ses capacités.

La galaxie est également aux limites des télescopes terrestres les plus puissants, il sera donc difficile de confirmer la distance par des observations spectroscopiques.

La détection provient d'une analyse très fouillée du "champ ultra lointain" (HUDF) réalisé dans l'infrarouge vers la fin de l'été en 2009 Infographie Hubble univers et 2010.

Cette galaxie n'est en effet observable qu'à l'extrêmité du spectre infrarouge à laquelle la caméra du Hubble est sensible.

Comme elle n'est pas détectée aux longueurs d'ondes plus courtes, les astrophysiciens interprêtent ce décalage vers le rouge comme l'effet de l'expansion de l'Univers et donc une mesure de distance pour l'objet émetteur, la galaxie.

L'analyse de cette lumière très faible permet pourtant d'estimer un taux de formation stellaire dans cette proto-galaxie.

Or, ce taux semble lui aussi faible, surtout en comparaison avec le rythme de formation de nouvelles étoiles dans les galaxies tout juste un peu moins jeunes.

Entre 500 et 650 millions d'années, ce rythme est multiplié par dix. Puis par 20 à 780 millions d'années.

Si ces observations sont confirmées, les astrophysiciens auraient donc mis le télescope sur la toute première phase "d'allumage" des galaxies, lorsqu'elles rodaient leur moteur à fabriquer des étoiles.

Puis, les plus grosses de ces étoiles ont fabriqué des éléments chimiques de plus en plus lourds, par fusion thermonucléaire, qui ont été dispersés lors de leur explosion en supernovae.

Et c'est ainsi que les éléments chimiques nécessaires à la formation de planètes rocheuses et à la vie ont été disséminés dans l'espace.

Le grand livre de l'histoire du cosmos depuis 13,7 milliards d'années s'enrichit donc d'un nouveau chapitre.

Il est encore à l'état d'ébauche mais les télescopes futurs - le successeur du Hubble, le James Webb Telescope (Nasa/Esa) dont le lancement est prévu pour 2014 et les géants terrestres comme l'Extrêmement grand télescope de l'ESO de 42 mètres de diamètre - permettront de le préciser.