Insectes, oiseaux, reptiles, poissons ou mammifères ainsi que de nombreuses espèces végétales, acculés par la montée du mercure, se réfugient sur des hauteurs et sous des latitudes plus clémentes.
La migration climatique de milliers d'espèces animales et végétales s'effectue à un rythme beaucoup plus rapide que le suggéraient les études antérieures, selon une méta-analyse compilée par des biologistes anglais et taïwanais.
Les scientifiques ont épluché les données d'une trentaine de publications scientifiques traitant de l'impact du changement climatique sur la faune et la flore, à partir de résultats collectés depuis les années 1960 ou 1970. Le panorama ainsi dressé reste certes parcellaire, puisqu'il repose sur des observations effectuées principalement en Europe et en Amérique du Nord et secondairement en Chili, en Malaisie et sur l'île marion d'Afrique du sud. Malgré ces limites, les conclusions des chercheurs n'en sont pas moins saisissantes.
Elles révèlent qu'en moyenne, bêtes et plantes se sont déplacées vers des latitudes plus fraîches à la vitesse de 16,9 kilomètres par décennie et, lorsqu'elles n'ont pas changé d'aire géographique, elles ont alors grimpé vers des biotopes plus élevés. De plus, ces mouvements ne se fait pas avec le même rythme. Si les libellules, papillons, ou cloportes poussent des pointes de 70 à plus de 100 km par décennie, certains scorpions, acariens ou oiseaux n'affichent que quelques kilomètres au compteur.
Selon Chris Thomas, professeur à l'université de York, la mobilité forcée des espèces, qu'elle soit horizontale ou verticale, "est en cours depuis les quarante dernières années et le processus va s'amplifier au moins sur le reste de ce siècle". L'intérêt de cette nouvelle étude est non seulement d'avoir dressé une cartographie à grande échelle de cette délocalisation, mais aussi d'avoir établi un lien direct avec la hausse des températures.
Pour s'en assurer, les chercheurs ont calculé les modifications d'aire de répartition qu'exigeait, pour retrouver des conditions de vie identiques, la variation des températures relevée dans chaque zone géographique. Les chiffres concordent avec les trajets moyens effectivement parcourus par les animaux et les végétaux.
"Ce travail montre que c'est le réchauffement global qui est la cause du déplacement des espèces vers les pôles et vers des étages supérieurs", note I-Ching-Cheng, l'un des auteurs de l'étude. A terme, le réchauffement, même s'il ouvre de nouveaux espaces où peuvent s'acclimater certains animaux ou végétaux, "représente un risque sérieux d'extinction pour au moins 10 % des espèces mondiales", préviennent les chercheurs. "Il y aura des gagnants et beaucoup de perdants", pense Chris Thomas.
Pour l'heure, la dégradation des milieux naturels constitue la plus forte menace pour une faune et une flore déboussolées.