Tous les étés, l'administration ordonne la fermeture de plans d'eau ouverts à la baignade pour cause de présence importante de cyanobactéries, dont certaines sont toxiques. Cette année ne fait pas exception.
La cyanobactérie - ou algue bleue, mais en fait elle peut être d'une autre couleur - est l'un des plus anciens organismes vivants, microscopiques. Certaines espèces produisent des substances extrêmement toxiques pour les animaux et pour l'homme.
Ces toxines agissent sur le système nerveux, le foie, les reins, les intestins, la peau. « Elles sont mutagènes donc cancérigènes », explique Philippe Combrouze, ingénieur en hydrobiologie, qui procède aux analyses d'échantillons de nos plans d'eau.
Entre 0 et 20.000 cellules par millilitre, ça va. Entre 20.000 et 100.000, il y a obligation d'informer. A 100.000 et au-delà, on ferme.
Justement, onze plans d'eau sont aujourd'hui fermés en Limousin : cinq en Corrèze (Le Coiroux à Aubazine, Vendahaut à Lapleau, Pont Aubert à Soursac, Le Ponty à Ussel, Feyt à Servières-le-Château), quatre en Creuse (Auzances, La Roussille à Châtelus-Malvaleix, Le Cheix à La Souterraine, Méouze à Saint-Oradoux-de-Chirouze), deux en Haute-Vienne (à Saint-Mathieu et à Flavignac). A noter que celui de Bussière-Galant a rouvert aujourd'hui.
C'est l'excès de phosphore couplé à la chaleur et aux orages qui provoquent la prolifération des cyanobactéries. Ce phosphore provient des eaux résiduelles (via les déjections humaines, les détergents, les déchets et additifs alimentaires), de l'agriculture (produits chimiques), « et de certains appâts utilisés en bien trop grand nombre par les pêcheurs », selon Philippe Combrouze.
Ce dernier estime que le problème est sérieux « et qu'on commence à peine à en mesurer les effets. Il y a 25 ans, trois plans d'eau posaient problème en Limousin. Aujourd'hui, c'est 70 % d'entre eux. En outre, des cyanobactéries passent dans le système d'eau potable ».
D'autres sont plus mesurés : « La fermeture est surtout un principe de précaution. Toutes les cyanobactéries ne libèrent pas des toxines », explique Dominique François, ingénieur du génie sanitaire à l'Agence Régionale de Santé, autorité qui commande les mesures et prend la décision de fermeture.
Des traitements existent. « Mais il faudrait surtout modifier nos comportements », plaide Philippe Combrouze.