Lyon : le cardinal Barbarin interdit une cérémonie pénitentielle à l’occasion de Noël
Par Christian Terras
Alors que le cardinal Barbarin soutient l’initiative en faveur des mal logés prise à l’occasion de Noël par le père Bernard Devert, fondateur d’Habitat et Humanisme, le même primat des Gaules vient de faire interdire (mardi dernier) une cérémonie pénitentielle en l’église du Saint Nom de Jésus à Lyon tenue par les Dominicains.
L’église était pleine pour cette cérémonie annoncée dans le bulletin paroissial depuis plusieurs jours. Or, le prêtre (dominicain) célébrant annonça quelque peu gêné, juste après les prières d’entrée usage, qu’il n’ y aurait pas de célébration du pardon collective ; bref, pas de cérémonie pénitentielle, comme cela était pourtant prévu au départ. Et d’ indiquer, un peu ému, manifestement contrarié, que le cardinal Barbarin s’y opposait. En conséquence de quoi, poursuivit le célébrant, quatre prêtres sont à la disposition des fidèles pour leur confession individuelle. Un certain nombre de paroissiens sont alors partis sur le champ, très mécontents, et même en colère.
Toutefois, le comble de l’indécence dans cette affaire réside dans le fait que le père Xavier à l’origine de cette cérémonie pénitentielle, est décédé la semaine précédente, suite à une longue maladie. Son enterrement a eu lieu samedi dernier ; enterrement où était présent le cardinal Barbarin. Ce dernier aurait-il attendu le Retour au Père du Père Xavier pour se livrer au redressement longtemps envisagé et souhaité ? Toujours est-il que la coïncidence des événements donne un sentiment d’indécence. Ce qui explique l’indignation de nombreux chrétiens face à attitude perçue comme fort peu chrétienne. Celle non d’un pasteur mais d’un gardien du Temple.
Un contre-témoignage en ce temps de Noël où l’Église catholique peine à faire passer le message de la Bonne Nouvelle et préfère brocarder le monde qui aurait oublié son référentiel chrétien. Et l’Église catholique façon Philippe Barbarin ? Une fois n’est pas coutume, le cardinal a perdu une nouvelle occasion de se taire et semble avoir oublié qu’avec l’événement de la Nativité, le Temple c’est désormais le prochain, l’autre. Les mal logés bien sûr, mais aussi ceux et celles qui se sentent de plus en plus exclus au sein de la communion-Eglise par des décisions autoritaires et sans doute fondamentalistes.
On peut imaginer que le cardinal ait reçu des consignes de Rome. Qu’il ne veuille pas déplaire au Vatican ! L’occasion de rappeler que le ministère épiscopal est d’abord au service de l’Évangile avant d’être l’exécution servile d’une discipline ecclésiastique. Comment oublier d’ailleurs que la pratique de la réconciliation a connu elle-même au fil de vingt siècles de christianisme une évolution, des développements. Bref, une histoire. Que des érudits aussi avertis que Cyrille Vogel ont su retracer avec compétence. Et brio. Vouloir trancher trop vite entre le permis et le défendu relève alors d’une faiblesse d’analyse et de réflexion, autant que d’une pusillanimité pastorale.
Décidément, le diocèse de Lyon s’éloigne de en plus de sa grande tradition de l’intelligence de la foi. Confondue avec des compréhensions datées et discutables de cette dernière. Et des disciplines périmées ou en tout cas contestables.
Son Éminence aurait-elle oublié que la première loi canonique est le bien pastoral des fidèles ?
Au secours Irénée !