Tollé contre Rocard, qui proposait de supprimer la dissuasion nucléaire
20 juin 2012 à 15:04
La gauche comme la droite se sont dressées contre cette suggestion. Seuls les écologistes ont approuvé l'ancien Premier ministre.
La proposition de Michel Rocard de supprimer la force de dissuasion nucléaire française a été rejetée à droite comme à gauche mercredi, seuls les écologistes se félicitant des déclarations de l’ancien Premier ministre socialiste.
«La dissuasion est un élément déterminant de notre sécurité. C’est le cas depuis qu’elle a été créée par le général de Gaulle et elle est maintenue dans ses deux composantes parce que c’est notre assurance vie», a déclaré sur RTL le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian, pour qui l'«on ne fait pas d'économies sur son assurance vie».
Selon Le Drian, la dissuasion nucléaire donne aussi à la France «le poids politique nécessaire» pour parler comme elle doit parler.
Durant la campagne électorale, François Hollande s’est engagé à maintenir les deux composantes, sous-marine et aéroportée, de la dissuasion française.
Mardi sur BFMTV, Michel Rocard avait proposé de «supprimer la force de dissuasion nucléaire, 16 milliards d’euros par an qui ne servent absolument à rien». Le coût de la dissuasion française est en fait estimé à quelque 16 milliards d’euros sur cinq ans, le budget total de la défense s'élevant à 31,5 milliards pour 2012.
«Bienvenue au club», s’est exclamé le député EELV Noël Mamère, à l’adresse de Michel Rocard. Abandonner la dissuasion nucléaire serait, selon lui, «non seulement faire des économies, mais permettrait d’accélérer la sortie du nucléaire civil qui n’est que le prolongement du nucléaire militaire».
Condamnation en revanche de l’ancien ministre des Affaires étrangères Alain Juppé (UMP), pour qui les propos de Michel Rocard sont «irresponsables». «Ce serait une très, très grave erreur stratégique que de baisser la garde de la défense française aujourd’hui», a-t-il déclaré sur Europe 1, en évoquant notamment l’incertitude autour de la crise du nucléaire iranien.
Pour le député socialiste Claude Bartolone, candidat à la présidence de l’Assemblée nationale, interrogé sur RTL, «dans un monde aussi instable, s’il n’y a pas un renforcement de l’Europe en ce qui concerne la défense», l’abandon de la dissuasion nucléaire «serait une fausse piste».
Et pour l’UMP Christian Jacob, réélu mercredi à la présidence du groupe UMP à l’Assemblée, sur i-télé, «ce qui fait que la France pèse sur la scène internationale, c’est qu’elle a la force de dissuasion».