Il n' y avait pas foule au carrefour consacré aux"migrations: solidarité en crise?" Et pourtant, l'actualité du sujet est évidente, depuis les printemps arabes. Plusieurs intervenants, hautement qualifiés sur la question, sont intervenus, dont Chris Nash, qui s'occupe de l'aide aux réfugiés, Geneviève Jacques, de la ligue des droits de l'homme, et Olivier Beer du haut commissariat aux réfugiés. Les trois ont mis en évidence, d'une part l'accélération du nombre de réfugiés, notamment liée aux migrants des pays arabes en Révolution, mais d'autre part aussi la faible implication des Européens pour leur venir en aide.
Que se soit pour secourir les migrants qui s'embarquent sur des bateaux peu sûrs et n'arrivent pas à rejoindre la rive européenne de la Méditerranée - Chris Nash rappelle que beaucoup sont morts, parce qu'ils n'ont pas été secourus lors de leur naufrage, alors que c'était possible - ou qu'il s'agisse d'organiser leur accueil dans des pays tiers- la politique italienne de Berlusconi a été particulièrement montrée du doigt.
Mais ce qui semble plus inadmissible, voire scandaleux, c'est que les Européens n'ont pas pris le problème dans sa vraie dimension. Pour eux, il s'est davantage agi de protéger la forteresse Europe de ces mouvements migratoires, plutôt que de les organiser dans la dignité des hommes concernés. La "solidarité"a été la grande absente de ces mouvements. Les pays se sont laissés berner par la crainte de mouvements massifs vers l'Europe, alors que l'essentiel de ces mouvements se faisait dans le sens Sud-Sud: Geneviève Jacques cite l'exemple des Libyens: 800 000 ont quitté leur pays, 96% d'entre eux sont allés en Tunisie ou en Egypte, et seuls 4% vers l'Europe. Pour elle, on est loin du fantasme de certains Européens d'un exode biblique !!
Olivier Beer va plus loin encore dans sa critique de nos politiques: ce sont les droits fondamentaux de l'homme qui sont bafoués, droits inscrits dans la déclaration universelle des doits de l'homme: et de citer: art 14: droit d'asile; art 25 droit à la dignité et autres. Tous ces droits n'ont pas été appliqués, les gourvernements européens n'ont pas mis en place de vrais plans d'action pour protéger ces hommes qui, s'ils retournaient dans leur pays, risquaient l'emprisonnement ou la mort.
Il y a urgence à réagir pour permettre l'accueil décent des réfugiés, pour qu'ils puissent reconstruire leur vie. Mais pour cela, outre des plans d'action gouvernementaux avec des budgets, il faudrait aussi sensibliser les populations à ces problèmes et cela passe aussi par l'éducation et l'enseignement des droits de l'homme à l'école, ce qui-hélas- n'est pas toujours fait.
Le débat s'est poursuivi encore avec d'autres intervenants, qui sans doute- mais je n'y étais plus- ont dû aller dans le même sens.