Les « ex » de l’Eglise :
les dessous d’un tabou
Par Golias
Le sujet est tabou... Et les études menées à ce sujet ne sont pas toutes fiables. La tendance est plutôt à minimiser un phénomène massif autour de 10.000 départs en France (plus de 135.000 à l’échelle de la planète ces 40 dernières années) alors que ce chiffre est très largement en dessous de la réalité comme le montre l’étude qui suit. La très grande majorité de ces départs est silencieuse, un silence lourd de souffrances et d’incompréhensions dans les communautés chrétiennes... Une histoire encore occultée dans l’église de France. Le dossier publié ci-après sur ce sujet sensible lève un véritable tabou encore très vivace dans l’église de France.
L’Eglise catholique aménage régulièrement la notion de pratiquants « réguliers » : il fut un temps où pour bénéficier du label, il fallait la présence à la messe tous les dimanches aujourd’hui une messe par mois suffit… Tout est fait aussi pour minimiser la crise des vocations sacerdotales et religieuses. Avant Vatican II l’Eglise se contenterait de dire que les décès étaient comblés par le nombre d’ordinations chaque année… Il y avait bien quelques « défroqués » mais leur nombre aussi était rangé dans les décès.
Dans son livre, Pourquoi je pars ? (Desclée, 1969, p. 82) Gérard Bonnet rapporte le propos d’un éminent ecclésiastique parlant des départs de prêtres et de religieux dans les années 60 : « Il y a un certain pourcentage de déchets et de pertes. Ce pourcentage n’est guère plus élevé aujourd’hui qu’il ne l’était hier, même si on en fait davantage état. Tu fais partie de ce déchet inévitable. N’en fait pas une histoire. Accepte-le et rentre dans le rang. »
Les départs ne faisaient alors que commencer ; l’hémorragie va s’intensifier, mais combien de « partis » ? Cette recherche tente une nouvelle méthode pour parvenir à identifier ce séisme qui traumatise encore l’Eglise de France. Des explications viendront bientôt, mais à ceux qui en attribuent la cause au Concile Vatican II, nous posons la question : pourquoi les jeunes ont boudé et continuent de bouder le sacerdoce et la vie religieuse aujourd’hui encore après Jean Paul II et sous Benoît XVI ? Pourquoi les congrégations ne recrutent qu’à l’étranger ? Pourquoi ceux qui sont encore prêtres, religieux et religieuses ont pu rester sinon parce que leur statut de « restés » s’est beaucoup amélioré, précisément à cause de Vatican II…
Pour l’heure comment atteindre le nombre des partis ? On les dit autour de 10 000 ? Nous arrivons au chiffre de 60 000 ex-prêtres, ex religieux et religieuses…
Celles et ceux qui, après s’être engagés dans le ministère presbytéral ou la vie religieuse, ont fait le choix d’une autre vie, font l’objet de la part de l’Eglise, de leur entourage et de la société en générale, d’un vocabulaire négatif. Julien Potel, prêtre de la Mission de France (décédé en 2007) pourtant peu suspect d’un tel regard, considérait que les termes généraux les plus souvent employés : rupture d’engagements, départ, abandon, le fait d’avoir quitté, ne comporteraient pas de jugement de valeur de la part des utilisateurs.
Découvrez l’ensemble de ce dossier dans Golias Magazine n°145