PARIS - L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a lancé lundi un appel urgent pour un développement rapide des technologies de captage et de stockage du CO2 encore expérimentales, estimant qu'elles pourraient avoir un rôle primordial pour sauvegarder le climat.
Le captage et le stockage de dioxyde de carbone (CSC, ou CCS en anglais) est l'une des solutions les plus prometteuses pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) responsables du réchauffement climatique, a souligné Nobuo Tanaka, directeur exécutif de l'AIE à Paris.
"Les émissions de CO2 vont augmenter de 130% d'ici à 2050 si de nouvelles politiques de l'énergie ne sont pas mises en place", a-t-il indiqué devant la presse à l'occasion de la publication de l'étude "Captage et stockage de CO2: technologie clé pour réduire les émissions de carbone".
Or, selon le Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (Giec) une telle évolution provoquerait une hausse des températures de 4 à 7 degrés, avec de graves conséquences pour l'environnement.
Les experts estiment qu'il faudrait diminuer de moitié les émissions de CO2 liées à l'énergie d'ici à 2050 afin de limiter les augmentations de température à 3 degrés.
Et selon l'AIE, le CSC pourrait contribuer à près de 20% de cette diminution.
Le CSC consiste à récupérer et à acheminer le carbone émis par des centrales au charbon ou d'autres installations industrielles polluantes vers un lieu d'entreposage souterrain, un ancien gisement de gaz naturel par exemple.
La place ne manque pas: selon l'AIE, il y a de quoi stocker environ 100 années d'émissions de carbone dans les sites actuellement identifiés à travers le monde (failles géologiques, anciens gisements d'hydrocarbures, anciennes mines de sel...)
Mais il faut faire vite pour prouver l'efficacité de cette technologie, "les dix prochaines années seront essentielles", a estimé M. Tanaka.
Au sommet d'Hokkaido en 2008, les pays du G8 ont annoncé que 20 projets de démonstration de CSC à grande échelle devraient être lancés d'ici à 2010, pour un déploiement commercial d'ici à 2020, a-t-il rappelé.
Mais l'étude de l'AIE montre que les niveaux actuels d'investissements "sont loins de ceux attendus pour ces objectifs" alors que 20 milliards de dollars américains seraient nécessaires à court terme pour la phase de démonstration.
"Il est temps d'agir", a lancé M. Tanaka.
L'AIE suggère de renforcer la coopération internationale avec des "feuilles de route" globales pour le développement de la technologie du CSC afin "d'optimiser les efforts et d'éviter les doublons".
Elle recommande également des efforts de communication afin de sensibiliser l'opinion publique, qui a tendance à être défavorable au développement massif de cette technologie, craignant notamment des remontées brutales de gaz carbonique ainsi enfouis.
http://www.romandie.com/ats/news/081020125406.byxamtpo.asp