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 Le pape Benoît XVI n’est pas tombé du ciel

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MessageSujet: Le pape Benoît XVI n’est pas tombé du ciel   Le pape Benoît XVI n’est pas tombé du ciel Icon_minitimeLun 13 Avr - 17:37

Le pape Benoît XVI n’est pas tombé du ciel
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Karim Mahmoud-Vintam président de l’association Nous sommes aussi l’Eglise, affiliée à la Fédération réseau des parvis, responsable éditorial des éditions du Temps présent, enseignant de géopolitique à l’institut d’études politiques de Lyon.

Bien au-delà d’une mouvance généralement et paresseusement qualifiée de contestataire, un nombre croissant de chrétiens s’interrogent sur la pertinence de leur affiliation à l’Eglise catholique. A vrai dire, la plupart ne s’étaient jamais posé la question : ils étaient catholiques comme ils sont français (ou béninois, peu importe !), par héritage ou par convention, sinon par hasard. A travers ses propos littéralement planants (sur la contraception et le sida) et ses actions de réconciliation unilatérale (ces pauvres intégristes n’avaient apparemment rien demandé…), sans même parler de l’affaire de Ratisbonne jadis ou de Recife naguère, Benoît XVI leur offre avec une insistance pour le moins singulière les raisons de s’interroger.

Faut-il pour autant quitter le navire, bruyamment ou sur la pointe des pieds ? Imaginerait-on renoncer à sa nationalité pour cause de désaccord, même radical, avec le pouvoir du moment ?

Sans doute est-il plus essentiel que jamais de dire que le pape, quel qu’il soit, ne saurait parler au nom de tous les catholiques quand il quitte son rôle de garant de l’unité de l’Eglise pour s’aventurer dans l’énonciation d’une loi naturelle introuvable dans les textes comme dans les faits ; quand il déserte son rôle de gardien du dogme pour affirmer comme vraies et intangibles des constructions théologiques conjoncturelles et précaires qui font débat parmi les théologiens eux-mêmes ; quand il abandonne son rôle de pasteur pour endosser la robe du monarque de droit divin, sourd aux préoccupations réelles de ses fidèles, hermétique à l’idée même d’entrer dans un dialogue bienveillant - ce qui ne signifie pas complaisant - avec les femmes et les hommes de son temps. Sans doute est-il plus essentiel que jamais de dire - et de faire entendre - que nous sommes (aussi) l’Eglise, et qu’en dehors des points précédemment évoqués, nulle autorité n’a le droit de parler en notre nom, de brader au passage la crédibilité de notre foi aux yeux des non-catholiques.

Une autre question agite nombre de chrétiens de confession catholique : faut-il réclamer la démission de Benoît XVI ? Là encore, on aurait tort de croire qu’il ne s’agit que de groupuscules contestataires - à moins de considérer comme tel un Alain Juppé qui affirmait récemment que «ce pape commence à poser un vrai problème» ! Laissons de côté la légitimité d’une telle revendication pour interroger son opportunité. D’abord, la crise que traverse l’Eglise ne date pas de l’élection de Benoît XVI. Sans remonter à Théodose, c’est sous le pontificat de Jean Paul II que fut mené le détricotage méthodique des acquis du concile Vatican II - qui marqua une tentative inédite d’ouverture de l’Eglise aux préoccupations de son temps. C’est sous son pontificat que fut menée la répression - orchestrée déjà par un certain Joseph Ratzinger - des théologiens qui entendaient interroger librement la foi chrétienne (Tissa Balasuriya au Sri Lanka, Hans Küng en Allemagne, Ivone Gebara au Brésil), et l’on aurait tort de croire que seuls les théologiens dits «de la libération» étaient dans la ligne de mire car ce fut toute l’intelligence de l’Eglise qui fut contrainte à la censure - ou pire, à l’autocensure - au service d’une restauration doctrinale et idéologique d’ampleur. C’est sous le pontificat de Jean Paul II enfin qu’eût lieu la reprise en main méthodique des Eglises nationales (limogeage en France de Jacques Gaillot nommé évêque de Partenia, diocèse du désert algérien disparu au VIIe siècle ; affaire d’Innsbruck en Autriche en 1995, qui suscita la Requête du peuple de Dieu signée en quelques mois par plus de 500 000 personnes en Autriche et en Allemagne ; nomination d’évêques latino-américains ou africains signalés pour leur docilité à l’égard de l’institution comme des pouvoirs en place) et le soutien sans faille à des mouvements dont le but affiché n’est pas le service de la société mais son noyautage et sa domination (Opus Dei, Légionnaires du Christ, Communion et libération…). Benoît XVI n’est donc pas tombé du ciel, et les problèmes actuels dépassent largement sa seule personne. Demander sa démission ? Soit, mais pour quel successeur, après trente années de créations de cardinaux électeurs majoritairement acquis aux thèses et orientations vaticanes actuelles ?

La sortie de crise est ailleurs. La porte est étroite et le chantier monumental. Mais il est aussi extraordinairement stimulant, l’essentiel n’étant pas d’arriver à une Eglise parfaite mais de cheminer en direction d’une Eglise au service d’une humanité plus libre, plus juste, plus humaine. Il appartient à chaque chrétien de construire non pas une autre Eglise, mais une Eglise autre, moins pyramidale et cléricale et plus horizontale et laïque ; engagée aux côtés de ceux qui souffrent partout où ils se trouvent plutôt que confite devant les autels et les bénitiers ; soucieuse de revenir aux Evangiles, pour interroger encore et toujours le texte et se laisser interroger par lui ; une Eglise plurielle où toutes les sensibilités religieuses puissent s’exprimer (car il serait contradictoire de renverser un carcan dogmatique pour lui en substituer un autre) ; une Eglise rassemblement de communautés diverses, dont la communion est garantie par le collège des évêques en général et l’évêque de Rome en particulier, cheminant en pensée et en action avec tous les hommes, quelle que soit leur religion - si tant est qu’ils en aient une ! Une telle métamorphose déconcertera ou rebutera plus d’un fidèle habitué à recevoir religieusement, d’en haut, le réconfort de ce qu’il faut faire, penser, croire.
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