La fonte du pergélisol accélère le réchauffement climatique
Par Sandra BESSON
La fonte rapide du pergélisol accélère considérablement le processus de réchauffement climatique dans la mesure où de grandes quantités de gaz à effet de serre stockés dans les sols gelés sont alors relâchées dans l’atmosphère.
La quantité de dioxyde de carbone emprisonné dans les sols gelés dans l’Hémisphère Nord est deux fois plus importante que ce qu’annonçaient les estimations précédentes et une fonte rapide des glaces pourrait accélérer le réchauffement climatique de manière considérable, d’après ce qu’indique une étude publiée mercredi.
De grandes parties du nord de la Russie, du Canada, des pays du Nord, et de l’Alaska aux Etats-Unis sont recouvertes d’une épaisse couche de sols gelés près de la surface, appelés pergélisol (ce terme désigne un sous-sol gelé en permanence, au moins pendant deux an).
Le réchauffement climatique a déjà provoqué une fonte rapide du pergélisol dans certaines régions du monde, qui a libéré de grandes quantités de gaz à effet de serre puissants et dangereux tels que le dioxyde de carbone et le méthane.
Les prévisions montrent que presque tout le pergélisol proche de la surface disparaîtra d’ici la fin du siècle, conduisant au rejet de gaz à effet de serre
Alors que le monde se réchauffe de plus en plus, une plus grande quantité de ces gaz à effet de serre devrait être relâchée et pourrait ainsi accélérer encore la situation avec un point de non retour lors duquel de grands volumes de gaz seraient rejetés dans l’atmosphère, faisant augmenter très rapidement et irrémédiablement les températures mondiales, d’après ce que les scientifiques ont indiqué.
« De grandes quantités de dioxyde de carbone stockées dans les sols gelés dans des latitudes élevées sont de plus en plus vulnérables à l’exposition à l’atmosphère » a déclaré Pep Canadell, directeur exécutif du programme Global Carbon Project de l’Organisation de Recherche Industrielle et Scientifique du Commonwealth.
« La recherche montre que la quantité de dioxyde de carbone stockée dans les sols entourant le Pôle Nord a été largement sous-estimée ».
L’étude a été publiée dans le dernier numéro du magazine Global Biogeochemical Cycle.
Pep Canadell a déclaré qu’une étude de quatre ans basée sur les dernières recherches réalisées sur le pergélisol, sur les données provenant de nouveaux projets de forage ainsi que sur la publication de données inédites jusqu’alors de l’Académie de Sciences de la Russie, avait conduit à réévaluer les taux de dioxyde de carbone présents dans les sols de ces régions.
« Les prévisions montrent que presque tout le pergélisol proche de la surface disparaîtra d’ici la fin du siècle, exposant de grandes réserves de dioxyde de carbone à la décomposition et conduisant au rejet de gaz à effet de serre » a déclaré Pep Canadell.
Le scientifique a ajouté que si seulement 10% du pergélisol fondait, cela pourrait conduire au rejet de 80 parts par million d’équivalent dioxyde de carbone dans l’atmosphère, ce qui provoquerait une augmentation de 0,7°C des températures mondiales.
D’après le Groupe Intergouvernemental d’Experts des Nations Unies sur l’Evolution du Climat (GIEC), les températures moyennes ont déjà augmenté d’environ 0,7°C depuis la fin du 19ème siècle et devraient augmenter encore de 1,8 à 4°C d’ici 2100.
Les scientifiques disent qu’un réchauffement rapide de la planète provoquera des tempêtes plus intenses ainsi que des sécheresses, une augmentation du niveau des mers et une fonte des calottes glaciaires.
Pep Canadell a ajouté que lors d’un voyage récent en Chine du nord, les scientifiques avaient découvert que le pergélisol était loin d’avoir disparu au cours des vingt dernières années à son extrémité sud. Les habitants locaux lui avaient dit que le pergélisol atteignait auparavant 20 centimètres au dessous de la surface et qu’il mesurait désormais plusieurs mètres.
Le scientifique indique par ailleurs que les modèles climatiques montrent que le réchauffement climatique pourrait entraîner un processus irréversible de fonte. Par exemple, la chaleur générée par l’activité microbienne accrue dans le sol pourrait conduire à des émissions soutenues et sur le long terme de dioxyde de carbone et de méthane.
De plus, les lacs qui se forment au fur et à mesure que le pergélisol fond pousseront la chaleur dans les couches plus profondes et ramènera à la surface le méthane stocké très en profondeur.
Source :
http://www.actualites-news-environnement.com/20965-pergelisol-rechauffement-climatique.html