Une diversité insoupçonnée du plancton marin à la base de la photosynthèse océanique
Le 23 Juillet 2009
Parmi les plus petites des micro-algues qui appartiennent au groupe dit des haptophytes , une formidable diversité vient d'être mise en évidence dans les océans. Les chercheurs des laboratoires de biologie marine de Roscoff et d'océanographie de Villefranche sur Mer (UPMC/CNRS), en collaboration avec les universités de Rutgers (Etats-Unis) et d'Ottawa (Canada), ont montré que ces micro-organismes photosynthétiques, extrêmement diversifiés et abondants, comptent parmi les plus importants producteurs de matière organique océanique. Leurs travaux viennent d'être publiés en ligne dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).
Les océans de la planète sont responsables de plus de la moitié de la production mondiale de matière organique grâce à l'activité de photosynthèse du phytoplancton (ou plancton végétal) marin. En effet, ces micro-organismes en suspension dans l'eau de mer interviennent dans le cycle du carbone en produisant de la matière grâce à la lumière du soleil. A la base de cette photosynthèse océanique, une nouvelle biodiversité est révélée par les chercheurs des stations marines de Roscoff et de Villefranche sur Mer (UPMC/CNRS).
Ces chercheurs ont résolu un paradoxe important en océanographie : l'omniprésence dans l'eau de mer d'un pigment photosynthétique (le 19'-hexanoyloxyfucoxanthin) dont la diversité des organismes porteurs restait insoupçonnée. Grâce à des protocoles génétiques originaux, ils ont identifié une multitude de micro-organismes portant ce pigment : des protistes du groupe des haptophytes. Les protistes sont des organismes unicellulaires eucaryotes (avec un noyau) dispersés dans l'ensemble de la diversité du vivant. Ni bactérie, ni virus, ni plante, ni animal à proprement parlé, ils présentent une grande plasticité tant anatomique que physiologique. Les haptophytes forment une des lignées les plus anciennes de protistes. D'après les calculs, dans quelques litres d'eau de mer tropicale il y aurait plus de 1 000 espèces génétiques différentes de ces haptophytes d'une taille de 2 à 8 microns (ou millièmes de millimètres). Un bilan quantitatif de l'importance de leur pigment à l'échelle globale et au cours de l'année 2000 suggère que la biomasse de ces organismes serait jusqu'à deux fois plus importante que celle des cyanobactéries ou des diatomées, deux groupes de phytoplancton considérés classiquement comme les champions de la photosynthèse dans les océans. Le succès de ces petites haptophytes pourrait résider dans le fait qu'en plus de se nourrir de lumière via la photosynthèse, elles mangent des proies bactériennes, de la matière organique ou des pico-protistes (protistes d'une taille de l'ordre de 1 à 2 microns) et complémenteraient ainsi leur régime alimentaire tout en se diversifiant.
Identifier la richesse et le fonctionnement de la biodiversité du plancton océanique est indispensable à la compréhension des régulations climatiques par le vivant. Dans ce contexte, les études sur les protistes marins font l'objet de nouveaux programmes de recherche coordonnés par les chercheurs CNRS de Roscoff, tels que BioMarKs (Biodiversity of Marine euKaryotes) sur les côtés européennes, ou Tara-Oceans, l'expédition scientifique autour du globe à bord du voilier Tara.
Source :http://www2.cnrs.fr/presse/communique/1644.htm