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 Le syndrome du Titanic

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MessageSujet: Le syndrome du Titanic   Le syndrome du Titanic Icon_minitimeMer 30 Sep - 7:23

« Le syndrome du Titanic »

Par Pierre Rabhi le lundi 28 septembre 2009, 16:11

J'ai eu l'avantage, sur invitation de son auteur, d'assister à l'une des toutes premières projections du film "le Syndrome du Titanic" de mon ami Nicolas Hulot, assisté de Jean-Albert Lièvre pour la réalisation. Avec un titre pareil, nous ne sommes plus dans le registre auquel Nicolas nous a habitué : à savoir donner à connaître, à comprendre et à admirer les splendeurs de la planète qui nous héberge ainsi que les singularités des peuples, leur culture et traditions, etc. Cette fois, l'option est résolument anthropologique, mais dans ce qu'elle a de tragique.
Mon impression, "à chaud" comme on dit, n'a d'autre prétention que d'être ce qu'elle est, celle d'un écologiste et humaniste, profondément convaincu de l'extrême urgence de donner une réponse à la problématique qui détermine irrévocablement la suite de l'histoire du genre humain. J'ai d'emblée été touché par le ton sensible, authentique, qui accompagnera, jusqu'au bout du film, des images implacables.
Le véritable Nicolas Hulot, celui que la médiatisation voile plus qu'elle ne le révèle, celui dont la conscience, en dépit de toutes les interprétations et les considérations, s'est véritablement dévouée à la cause de la vie, celui qui m'est devenu cher, est bien présent.
Le film permet, une fois de plus, de comprendre cette sorte de traquenard, imputable à elle-même, dans lequel notre espèce s'enlise et se débat. La notion d'espèce ou de "phénomène humain" prend en l'occurrence un relief pathétique qui le circonscrit étrangement au sein d'un vaste réel qui semble tranquille et comme indifférent à notre sort. Il nous réduit à une sorte d'épiphénomène sans importance.
La souffrance provoquée par nos comportements semble, à côté des attributs positifs, être une composante majeure dans un destin collectif singulier. Faute d'explication rationnelle pour élucider cet état des choses, la raison est acculée à admettre la fatalité, voire la malédiction, comme principe irrévocable. Et si nous n'y prenions garde, nous validerions le vieille croyance selon laquelle l'humanité serait sous l'emprise de puissantes entités maléfiques contre lesquelles elle est totalement impuissante sans l'intervention divine. Comme le mystère reste entier, la question reste également ouverte et chacun peut ainsi se donner la réponse qui lui convient. Il reste aussi qu'un nombre en croissance continue d'êtres humains n'adviennent au monde que pour y subir tous les supplices leur vie durant jusqu'à ce que la mort compatissante les soustraie à l'enfer terrestre. Des enfants naissent non pour vivre mais pour entrer en agonie, faute des biens vitaux pourtant surabondants mais qui leur sont confisqués. Comment admettre tous ces arbitraires qui blessent la raison et le cœur ?
L'hypothèse de la fatalité, comme celle des entités maléfiques, est commode et les rassasiés proclament même que nous vivons une époque passionnante... Tout cela à l'avantage de nous permettre toutes les digressions et dédouane la gouvernance du monde de sa responsabilité à l'égard des êtres humains qu'elle est sensée protéger du malheur engendré par l'homme contre l'humain. Évidemment, il manque à l'intendance du monde des politiciens aux âmes fortes profondément imbues de leur magistère, et non de leur personne et de leur pouvoir infantile...
Plus que toute autre époque, la nôtre requiert des visionnaires et des responsables matures en ces temps de séismes géopolitiques sans précédent où la violence multiforme, des champs de bataille à la loi du marché, conduit à l'évidence, si rien n'est fait, au naufrage généralisé. Expliquer les mécanismes du désastre est facile : les bibliothèques regorgent de doctes analyses et considérations, les thèses et antithèses prolifèrent, les médias ne sont pas en reste et cette pléthore de constats, plus que nous donner la force et la détermination nécessaire pour agir, met en évidence notre impuissance à agir. Probablement paralysés par l'ensorcellement qu'exercent sur nous nos prouesses technologiques non contrôlées, notre capacité à servir la mort par nos puissances de feu, nous négligeons le bien suprême que représente la vie. Pire encore nous génocidons par anticipation les générations déjà présentent parmi nous et qui dans la morosité du monde nous font offrande de leur confiance en nous et dans la vie.
Expliquer les causes de toutes ces défaillances est difficile car elles sont à débusquer au cœur même de l'être humain. Un être humain qui a fait allégeance à la puissance du lucre, lui donnant les pleins pouvoirs sur la nature et le destin du genre humain. Cette allégeance au lucre détruit la planète, opprime et sacrifie les humains.
Entre réquisitoire et plaidoyer, le film, sans manichéisme, expose des faits cruels que nous sommes invités à regarder au-delà des sempiternels "états des lieux de la planète qui va mal" et qui par excès, banalisent la problématique. Notre dignité, si nous sommes vraiment vivants, est en cause et nous invite, sans culpabilité, à l'indignation constructive et non à l'apitoiement outrageant pour ceux, de plus en plus nombreux, que ni la fatalité, ni le diable, mais l'égoïsme, la méchanceté et l'indifférence, ont mis du mauvais côté la barrière. Et ce ne sont pas des grandes proclamations morales ou des réunions compassionnelles internationales qu'il faut attendre la résolution des problématiques les plus décisives pour l'avenir, mais de l'avènement d'un humanisme qui abolirait un humanitaire compensatoire. C'est sur cette logique du pompier-pyromane normalisée que repose le vivre ensemble.
La planète Terre, vaisseau cosmique et oasis dans un désert sidéral hors de toute mesure, issue du miracle des conjonctions les plus improbables, est en feu. Elle est le théâtre d'incessantes mutineries et cingle vers le néant. Elle est menacée de naufrage, mais reste insubmersible par la force prodigieuse de ce qui l'a fait advenir. Seuls les passagers risquent de périr de leurs propres transgressions.
Cependant, il est encore, pour peu de temps, possible d'éviter la banquise faite de notre ignorance. Dans cette tourmente il serait injuste d'oublier le nombre toujours croissant de consciences qui œuvrent avec détermination, conviction et ferveur pour éviter le naufrage.
Je fais partie de ces naïfs qui s'obstinent à croire que la puissance infinie de l'amour est la plus apte à changer le monde. "Le Syndrome du Titanic", au-delà de la tragédie qu'il évoque, nous invite également à prendre conscience de cette évidence.

Pierre Rabhi, mardi 22 septembre 2009


Dernière édition par Admin le Mer 7 Oct - 5:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Un constat terrifiant pour l'humanité   Le syndrome du Titanic Icon_minitimeMar 6 Oct - 15:15

Un constat terrifiant pour l'humanité

Jean-Albert Lièvre signe avec Nicolas Hulot Le syndrome du Titanic. "Un message d'amour", dit-il pourtant.

Comment est née l’idée du film?
Voilà vingt-cinq ans que je voyage à travers le monde, surtout pour réaliser des documentaires sur la nature. J’ai emmagasiné des tas d’images, vu beaucoup de choses évoluer, fait des rencontres inoubliables… Avec Nicolas, on a échangé nos souvenirs communs et, dès 2005, on a décidé de mettre en chantier un film qui serait un tableau de l’humanité aujourd’hui sur Terre, un miroir tendu aux hommes pour se regarder. Je me suis occupé de la partie artistique, cinématographique et poétique, Nicolas du côté politique à travers le commentaire qui jalonne le film.

On a le sentiment que la logistique a été énorme…
Deux équipes ont travaillé simultanément dans une vingtaine de pays pendant quarante-huit semaines. Au début, j’en avais prévu vingt-sept… Comme on savait que Yann Arthus-Bertrand tournait Home, on a décidé de limiter les prises de vue aériennes, ce qui a permis d’économiser pas mal d’argent. Comme on tournait essentiellement dans des mégapoles, il était facile de louer du matériel sur place. On travaillait souvent sans autorisation, on s’est parfois fait confisquer nos images, mais on n’a jamais eu de gros pépins. Même à Lagos, la ville la plus violente du monde, où il est normalement impossible de filmer. On a tourné en tout plus de trois cents heures pour n’en garder au final qu’une heure et demie. Des séquences entières au Caire et en Chine ont disparu, mais j’espère les remettre dans le DVD et dans une possible série télévisée.

Vous dressez un bilan terrible de notre humanité, mais vous ne donnez pas de solutions pour y remédier.
Notre film est un message d’amour adressé à l’être humain pour l’inciter à se ressaisir, à réfléchir, à être plus généreux, à partager. Et surtout à faire un autre choix de vie. L’homme se met en grave danger et il est le seul à pouvoir trouver la solution pour s’en sortir.

Votre film arrive dans un contexte de crise aiguë. Un hasard?
On la sentait venir. Le Syndrome du Titanic se situe au carrefour des crises écologiques, économiques et sociales. Tout le système est à revoir: il faut penser à long terme, être en harmonie avec les grands cycles de la nature. C’est déjà en route: qui imaginait il y a cinq ans que les paradis fiscaux disparaîtraient? Que les grandes banques développeraient le microcrédit? L’homme a une faculté d’adaptation unique que d’autres animaux n’ont pas. Les mentalités peuvent changer, c’est le but de l’évolution et j’espère que le film y contribuera.
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