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 Ours des Pyrénées

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MessageSujet: Ours des Pyrénées   Ours des Pyrénées Icon_minitimeJeu 5 Nov - 5:58

Cannelle 5 ans déjà !

Le FIEP reçu par la Secrétaire d’Etat

A la veille du 5ème anniversaire de la mort de Cannelle tuée par un chasseur le 1er novembre 2004, Chantal JOUANNO a reçu, le 26 octobre 2009, le président du FIEP Groupe ours Pyrénées, Gérard Caussimont, en compagnie de sa directrice de cabinet et du directeur général de la nature. Le Président du FIEP a insisté sur :

- La nécessité absolue et vitale de ne plus attendre pour reprendre le plan de restauration de l’ours dans les Pyrénées, notamment dans le Béarn, pour rompre « la spirale de la mort » vu que l’ours est en train de disparaître sous nos yeux. Selon le FIEP, le lâcher d’ours devrait se faire très graduellement (1-2 ours/an), en fonction des besoins, de façon très pragmatique, sans médiatisation, en n’hésitant pas à retirer tout ours à comportement problématique avéré.

Après 3 ans d’un moratoire de fait (2006-2009), deux ans de concertation encore prolongée cet automne, il faut une nouvelle impulsion du Plan comprenant le soutien de la population d’ours qui est aujourd’hui au même niveau que les ours autochtones, dans les années 80, avec le résultat final qu’on connaît.

- Le besoin de prendre des mesures connues pour protéger les sites vitaux des ours, leur vie contre des tirs au cours de battue aux sangliers, cause de mortalité importante de l’espèce.

- La nécessité de renforcer le « bonus écologique » lié à l’élevage en zone à ours et à la sécurisation des troupeaux, à la valorisation des produits et des services locaux avec l’image de l’ours.

- Le suivi des ours devrait être généralisé avec les méthodes qui ont fait leurs preuves dans les Pyrénées occidentales françaises et espagnoles : suivi indirect, recherche de femelles suitées, photo automatique, génétique, utilisation saisonnière de l’habitat. Ceci afin d’éviter le manque d’informations, après une 1ère phase de suivi radio télémétrique, « au cul de l’ours » pour vérifier son intégration au milieu.

La secrétaire d’état et les membres de son cabinet ont affirmé au président du FIEP les grandes orientations indiquées aux médias il y a quelques jours en précisant que des décisions seraient prises avant la fin 2009. Le « moratoire » 2006-2009 prendrait fin, le plan serait continué avec des lâchers quand il faudra pour éviter la disparition. La décision d’où, quand, comment n’est pas encore prise car la secrétaire d’Etat veut terminer une série de consultations en cours. La volonté est de banaliser la gestion de cette espèce, avec moins de médiatisation pour les renforcements. La secrétaire d’état a bien perçu l’extrême urgence de remplacer les femelles tuées en Béarn afin d’éviter la dispersion des mâles encore présents ce qui reviendrait à la disparition du noyau occidental franco-espagnol et hypothèquerait l’avenir d’une population viable dans le massif. La secrétaire d’état a affirmé aussi sa volonté de s’appuyer localement sur les gens favorables à l’ours et à tout projet de soutien au pastoralisme de montagne et aux activités de développement durable.

Ces déclarations laisseraient penser que le Secrétariat d’état à l’Ecologie va peut être sortir d’une «hibernation» de trois ans sur le thème de la conservation de l’ours brun. Le FIEP attend des actes concrets, par exemple remplacer Cannelle et Claude, c’est-à-dire appliquer le 2ème contrat de charte de l’IPHB et tenir les engagements pris par les divers partenaires à l’époque. En attendant, les plaintes auprès de la Commission européenne et du secrétariat de la Convention de Berne suivent leur cours.


Dernière édition par Admin le Sam 2 Jan - 7:53, édité 1 fois
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MessageSujet: Le psychodrame Français des Ours   Ours des Pyrénées Icon_minitimeJeu 31 Déc - 19:47

Faut-il lâcher d'autres ours ?
Pyrénées. Le plan de réintroduction s'achève au 31 décembre. Les associations estiment que le contrat n'est pas rempli.
L'essentiel des sommes affectées au plan ours vont au pastoralisme, élevage et fourniture des chiens patous, etc. Photo DDM, D.B.
L'essentiel des sommes affectées au plan ours vont au pastoralisme, élevage et fourniture des chiens patous, etc. Photo DDM, D.B.

Un enterrement de première classe pour le plantigrade ? C'est ce que craignent les associations écologistes, ne voyant toujours rien sortir du fameux groupe Ours, qui a remis son rapport à la ministre au début du mois de septembre. « Or, avertit Alain Reynes, de Pays de l'Ours-Adet, au 1er janvier 2010, la France n'aura plus de plan de conservation de l'ours brun. Et ce serait tout de même un drôle de paradoxe dans la mesure où 2 010 a été déclarée par l'ONU, année internationale de la biodiversité ! »

En France, deux espèces de mammifères sont classées comme en voie d'extinction. Une chauve-souris et… l'ours brun. Les associations se mobilisent. Pas seulement l'Adet, mais aussi le WWF ou Ferus. Elles se sont rendues le 17 novembre dernier à Bruxelles. Le but de la manœuvre était de sensibiliser les responsables européens sur le sort de leur bête fétiche.

Mais elles sont allées plus loin. Les associations ont déposé plainte contre la France, qui a signé toutes sortes de conventions et d'accords internationaux, qui la mettent dans l'obligation de protéger l'animal et surtout d'éviter son extinction. Or, selon les défenseurs de l'ours, celui-ci est condamné s'il ne reçoit pas à brève échéance, un apport de sang neuf. Ils plaident donc pour un nouveau programme de réintroduction.

Mais dans le même temps, les opposants à l'ours sont sur le pied de guerre. Ils ont été très mobilisés l'an passé, et même si en 2009, l'ours a été particulièrement raisonnable en croquant trois fois moins de brebis, ils continuent de marquer leur opposition, en boudant ostensiblement le groupe ours. A la rentrée, on a même entendu parler de chasseurs qui auraient abattu deux spécimens. Et le fait est que l'on est sans nouvelle de Boutxy depuis plusieurs mois, ce qui semble correspondre aux confidences des chasseurs. Quant à l'enquête, elle s'est enlisée dans les profondeurs des forêts ariégeoises. Dans ce contexte très tendu, Chantal Jouanno, la secrétaire d'État à l'Écologie, s'empresse de ne surtout rien dire, et surtout rien faire. Ce qui agace les écologistes, qui trouvent le plan beaucoup trop plan-plan. Ils viennent d'envoyer un courrier pour rappeler à la ministre ses obligations : la France doit maintenir sa population d'ours, faute de quoi, elle se mettrait en faute vis-à-vis des accords internationaux qu'elle a signés. Mais peut-être que du côté du gouvernement, on a pour l'instant, décidé de faire comme l'ours : hiberner.

Dossier Dominique Delpiroux
Un budget de deux millions d'euros par an

Le plan de conservation de l'ours est au point mort ? Cela signifie que de nouvelles réintroductions ne sont pas à l'ordre du jour. En revanche, l'État, à travers le ministère de l'Écologie, va continuer de donner les moyens à la préservation des ours qui survivent dans les Pyrénées. « C'est un budget d'environ 2 millions d'euros par an », explique Alain Reynes, du Pays de l'Ours-Adet.

Cela recoupe un grand nombre d'actions. Bien sûr, il y a le suivi technique de l'ours, mais ces sommes sont pour l'essentiel, consacrées à l'aide au pastoralisme : élevage et fourniture des chiens patous, qui font fuir les plantigrades, aide à la mise en place de clôtures, transports par hélicoptère, réalisation de cabanes de bergers, pose de panneaux solaires…

« 180 postes de bergers sont cofinancés par ce programme, insiste Alain Reynes : la présence de l'Ours dans les Pyrénées, c'est l'équivalent en temps plein d'une PME de 100 personnes. Ce n'est pas rien dans le contexte d'une économie montagnarde… »

Par ailleurs, les dégâts commis par les ours sont indemnisés. Des compensations qui sont de l'ordre de 50 € à 160 € pour les ovins, et qui peuvent aller jusqu'à 2000 € pour les vaches. 25 000 brebis meurent chaque année dans les Pyrénées, la plupart victimes d'accidents, maladies ou d'attaque de chiens. Les attaques d'ours concernent au maximum 300 brebis par an, une centaine cette année.

Cet automne, Gérard Bailly, un sénateur du Jura a fait diminuer de 500 000 € sur 6 M€ le montant des subventions accordées pour le budget des grands prédateurs.

« C'est le pavé de l'ours, estime Alain Reynes, car cet argent est destiné au pastoralisme : en voulant tenter d'aider les éleveurs, ce sénateur va les priver des moyens qui leur étaient accordés ! » Les associations attendent que l'Assemblée nationale rectifie le tir.
Douze ours identifiés

Population. Selon le programme gouvernemental de restauration et de conservation de l'ours brun dans les Pyrénées, il y aurait entre 15 et 20 plantigrades qui naviguent entre l'Ariège, les Hautes-Pyrénées, l'Espagne, la Haute-Garonne et l'Aude. D'après les prélèvements génétiques répertoriés avant septembre par l'Officenational de la chasse et de la faune sauvage, « douze animaux différents ont été identifiés, dont 2 équipés d'un émetteur, un mâle sur le Vicdessos et une femelle issue de Caramelles, repérée dès 2003 ».

Décès. Claude (1994), Cannelle, dernière ourse pyrénéenne (2004), Palouma à cause d'un dérochement en 2006 et Franska tuée sur la route fin 2007.
« Qu'on n'en remette pas ! »

« Sur la forme, la secrétaire d'État devait recevoir dix associations, elle en a reçu trois. Nous serons certainement reçus. Mais je pense que pour l'instant, elle doit être suffisamment occupée avec le sommet de Copenhague, elle doit avoir la tête ailleurs !

Pour ce qui nous concerne, nous défendons l'idée que lutter contre l'ensauvagement des montagnes, contre la désappropriation est un combat que nous ne lâcherons pas.
« Pas une affaire de nounours »

Ce n'est pas une affaire de nounours, c'est un vrai choix politique. Il faut savoir si nous voulons avoir désormais une montagne rendue à l'état sauvage ou si, à l'inverse, nous y faisons le choix de la vie et de l'économie.

Que faire des ours qui restent ? Ils vont, ils viennent… et ce n'est pas toujours facile pour les gens dont les troupeaux sont attaqués. Ce que nous voulons surtout, c'est qu'on n'en remette pas d'autres. Ceux qui y sont, laissons-les vaquer. En rajouter, ce serait aller contre le choix des populations, des élus… Alors il faut savoir si quelques associations qui ne représentent qu'elles-mêmes ont plus de poids que les représentants du peuple ?

Les priorités écologiques ne sont pas là. Aujourd'hui, on voit bien où sont les priorités en terme d'écologie. Je crois que nous nous orientons vers une sorte de statu quo. Et je crois que ce statu quo a encore de beaux jours devant lui. »
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MessageSujet: 2010, la nature et l'homme   Ours des Pyrénées Icon_minitimeSam 2 Jan - 7:52

2010, la nature et l'homme

par Dominique Delpiroux


Il y a tout juste dix ans, nous entrions pleins d'espoir dans la mythique année 2000. On y pénétrait sans portable, avec une connexion internet au compte-gouttes et une télé grosse comme un camion. Mais les tours jumelles de Manhattan étaient bien droites et après la Chute du Mur, on pouvait rêver d'un monde meilleur. On a vite déchanté. Le XXIe siècle est aussi cruel que ses prédécesseurs. Ces années 2000-2010 sont allées tellement vite que l'on a à peine le temps aujourd'hui de jeter un œil vers le futur. Les perspectives sont sombres : nous avons encore les mâchoires de la crise sur les mollets, le chômage est en embuscade pour tout le monde et les belles idées écologiques ont bu la tasse à Copenhague.

Faut-il pour autant traîner les pieds et changer de décennie à reculons ? Les institutions internationales nous proposent pourtant deux beaux chantiers : d'un côté l'Onu a déclaré 2010 année mondiale de la biodiversité ; de l'autre Strasbourg a fait de 2010 l'année européenne de la lutte contre la pauvreté et l'exclusion : la nature et l'homme. À l'heure où nous doutons de tout et semblons n'avoir barre sur rien, voilà au moins deux chemins sur lesquels chacun d'entre nous peut avancer.

La lutte contre la pauvreté et l'exclusion ? Dans une société qui a tendance à s'atomiser en une série de petits bunkers qui se surveillent les uns les autres avec une marmite d'huile bouillante sur le feu, n'est-il pas temps de resserrer les liens de solidarité tels qu'ils existent ? C'est bien grâce à son système social et de santé que la France a mieux surmonté la crise que d'autres pays : l'oublier serait suicidaire. Comme disait Coluche : « Quand je pense à toi, je pense à moi ». On peut appeler aussi cela la fraternité.

Préserver la biodiversité ? On nous a, tout au long de l'année, asséné des films et des émissions nous expliquant à quel point l'homme monopolise la planète à son compte au détriment des autres espèces. On prête à Albert Einstein cette prophétie : « Si les abeilles disparaissaient de la planète, alors l'homme n'aurait plus que quelques années à vivre. » Là encore, il faudra bien admettre que préserver l'éléphant, la baleine ou le panda, c'est protéger l'humanité contre elle-même. Un défi redoutable: la biodiversité dans nos Pyrénées, c'est aussi l'ours... et la brebis !

(Quoique la brebis ne soit pas une espèce sauvage originaire des Pyrénées et encore moins en danger d'extinction! L'ours au contraire y vivait depuis des millénaires et il n'en reste plus une seule femelle indigène... NDLo)
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MessageSujet: Cohabitation possible partout...sauf en France !!!   Ours des Pyrénées Icon_minitimeJeu 14 Jan - 8:36

Armand Farrachi : Bienvenue aux ours

La cohabitation de l'ours et de l'homme est harmonieuse partout dans le monde..., sauf en France.
Témoignage d'Armand Farrachi, de retour de Slovénie.

On peut estimer à une vingtaine le nombre d'ours "français" dans les Pyrénées. Le dernier recensement, au printemps 2009, en dénombre un peu moins, mais ne se donne pas pour exhaustif.
(16 ours au minimum ont été recensés, selon les chiffres les plus récents publiés par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) : J.-J. Camarra, P. Touchet, ONCFS, ETO. Suivi de l'espèce Ours Brun dans les Pyrénées françaises, Rapport annuel 2008, Centre National d'Etudes et de Recherches Appliquées sur les Prédateurs et Animaux Déprédateurs, Réseau Ours Brun – Equipe Technique Ours. )

La population augmente donc peu, et quelques individus de plus ne suffiront pas à assurer la pérennité de l'espèce, surtout si le ministère de l'Environnement, cédant à certaines pressions, s'entête à "geler" le programme de réintroduction, alors même que les ennemis de l'ours se flattent d'en éliminer. Serait-ce donc un si grave danger pour l'économie et pour la sécurité que d'avoir des ours en France ?
Armand Farrachi : Bienvenue aux ours
Photo Pascal Etienne

Aucune agression contre l'homme
En Slovénie, le territoire européen le plus densément peuplé d'ours avec la Roumanie et la Bulgarie, on en compte approximativement 600 sur 10000 km2 de forêt, soit, pour servir d'échelle, 30 fois la population française sur l'équivalent de la forêt des Landes. La Slovénie occupe d'ailleurs entre l'Autriche, la Hongrie et l'Italie un petit territoire montagneux et boisé où subsiste encore la faune sauvage que nous avons exterminée chez nous. C'est ici qu'on «prélève» des ours retirés du plan de chasse local pour les réintroduire dans les Pyrénées françaises, officiellement pour «renforcer» la population, officieusement pour servir de cible à ceux qui n'en veulent pas. La Slovénie occupe en Europe une position stratégique par où l'ours brun pourrait reconquérir naturellement une partie des territoires qu'il occupait naguère dans les Alpes, en Allemagne, en Autriche, en Suisse et même en France. Quant aux ours de Russie, c'est par l'Estonie et par la Finlande, où leur nombre augmente, qu'ils franchissent la frontière de l'union européenne, mais l'état des milieux ne leur permettra pas d'aller beaucoup plus loin vers le sud.

Je reviens précisément du massif forestier de Kocejve, en Slovénie, où 400 plantigrades vaquent à leurs occupations sans inquiéter qui que ce soit, pas même les chasseurs. Leur principale cause de mortalité est la collision avec des automobiles, Ce qu'on leur reproche surtout, c'est de visiter parfois les poubelles ou les poulaillers, on connaît crimes plus graves. Personne ici ne les craint, et d'ailleurs à juste titre, car on ne déplore aucun accident. Selon l'office de l'environnement, «Aucune agression directe ou intentionnelle d'ours envers l'homme n'a été relevée en Europe centrale.» Des groupes de randonneurs, à pied ou en vélo, seuls ou en groupes, sillonnent la forêt, les enfants jouent à la lisière du bois, les retraités promènent leur chien, tous vont pique-niquer, se promener ou cueillir des myrtilles sans la moindre inquiétude, chacun sachant que si l'ours voit un homme, il s'enfuit aussitôt. En France, pays des braves, lorsqu'on s'est aperçu qu'un des ours réintroduits, au lieu d'aller vers la montagne se tournait vers Toulouse, c'est tout juste si on n'a pas fait appel aux réservistes!

L'homme n'a jamais figuré au menu de l'ours. Les Romains, qui voulaient lui livrer des Chrétiens dans l'arène, ont dû y renoncer: il préférait les fraises des bols. Dès qu'il sent la présence d'un humain, il s'enfuit ; on se demande bien pourquoi... Le seul risque consisterait à se trouver entre une femelle et ses oursons. Encore suffit-il de faire preuve de sang-froid et de s'éloigner à reculons sans courir pour montrer qu'on a bien compris les signes d'intimidation, le plus sûr étant évidemment de le laisser en paix dans ses derniers refuges. Peu avant mon arrivée en Slovénie, on a trouvé un ours dans un parc de la capitale, à Ljubljana. L'endroit a été évacué, l'intrus endormi et raccompagné dans son milieu. Chacun imagine comment l'affaire se serait terminée en France si un ours s'était avisé de flâner au bois de Boulogne.

Comportement de l'ours en France

La prédation sur les troupeaux slovènes est estimée en moyenne à un mouton par an et par individu. En France, évidemment, - il faut soudain multiplier ce chiffre par 3, par 4, par 10, 175 attaques l'an, pas moins, car l'ours; on l'a vu, montre une haine particulière et pour ainsi dire obsessionnelle envers les aborigènes des Pyrénées. Dès qu'il pose la patte au pays des droits de l'homme, une espèce de rage sanguinaire le saisit, une fringale de moutons, de chèvres, de vaches, de chevaux. Il fait peur aux petits enfants, il agresse les chasseurs, il insulte les éleveurs, il menace l'économie et la paix civile.

Cette réaction irrationnelle témoigne surtout de l'ignorance d'une frange de la population qui a perdu tout contact avec ses grands carnivores, et qui a peur de la nature. Dans les Abruzzes, en Italie, où il reste une quarantaine d'ours marsicains et autant de loups, les bergers, qui gardent effectivement les troupeaux, ont vécu avec les prédateurs depuis l'Antiquité et n'ont donc pas à changer leurs habitudes.

Mais, chez nous, la peur du loup et de l'ours est soigneusement entretenue par les lobbies agricole et cynégétique qui ne veulent d'autres animaux en France que des vaches, des poules et des moutons, et du "gibier", les uns se prétendant "gestionnaires de la faune sauvage" (on voit avec quels résultats !) les autres préférant s'affubler du nom bucolique de "bergers", ne revenons pas là-dessus.

Les Slovènes ne s'y trompent d'ailleurs pas, qui hésitent maintenant à exporter leurs ours dans un pays où ils sont tirés à bout portant, sans entraîner ni le remords des intéressés ni le châtiment par les tribunaux. Ils ont d'ailleurs été vexés par l'argument xénophobe avancé par les «défenseurs de l'identité pyrénéenne», qui prétend, que les ours slovènes, contrairement aux autochtones «de souche», posent des problèmes, les anti-ours sachant très bien que sans apport extérieur les animaux pyrénéens vont enfin disparaître.

Les Finlandais, exprimant de semblables réticences envers nos compatriotes, avaient préféré ne pas même tenter l'expérience et garder leurs ours, de même que les Espagnols à propos du bouquetin des Pyrénées (aujourd'hui disparu). On les comprend. Mais la conservation des espèces ne relève pas seulement de bonnes volontés nationales, et la France va maintenant devoir s'expliquer.
On aime chez nous laisser croire qu'on s'occupe de «biodiversité», au point de réintroduire à grands frais des animaux emblématiques en danger critique d'extinction, mais sans aller jusqu'à lutter contre les causes de leur disparition. Après tout, comme le disait un ministre dit de l'Environnement, c'est-à-dire un ministre contre l'Environnement, Michel Crépeau, je crois: «Ce ne sont pas trois oursons qui vont compromettre le développement des Pyrénées».

Relaxe des tireurs d'ours

Les derniers tireurs d'ours, tous chasseurs, ont été relaxés, y compris en appel, sans un euro de dommage et intérêts, au bénéfice de la légitime défense ou du non-lieu, comme si ces animaux, avec un sens très sûr de leur intérêt, animés d'un esprit de vengeance à faire honte aux Corses, ne descendaient des montagnes que pour s'attaquer à ceux qui ne les aiment pas.

M. Marquèze, le tueur de la dernière ourse pyrénéenne, a été relaxé au pénal avant d'être enfin condamné à des dommages et intérêts au civil. Quant à M. Bergeaud, le chasseur qui a tiré au jugé sur Balou, le blessant à la patte, il ne fera l'objet d'aucune poursuite, c'est le procureur de Foix qui le lui garantit. La règle principale en matière de protection de la nature est pourtant de ne pas réintroduire un animal quand les causes de sa disparition n'ont pas été éliminées. Or, la principale cause de la disparition des ours pyrénéens, c'est la chasse ou le braconnage, distinction de plus en plus formelle. Et chez nous, la seule espèce protégée, c'est le chasseur.

Convention de Berne

La France, qui a signé la convention de Berne sur les espèces menacées, néglige en toute connaissance de cause de se l'appliquer, en laissant les braconniers, impunis voire en incitant au braconnage par des tolérances ou des dérogations, comme elle le fait aussi avec les loups, les rapaces, les ortolans et bien d'autres. Le tout est de donner l'impression qu'elle protège tout en laissant détruire. Elle fait depuis peu l'objet d'une nouvelle procédure d'infraction devant la communauté européenne pour avoir préféré développer les champs de maïs en Alsace plutôt que le territoire du grand hamster, maintenant à la limite de l'extinction : Elle est à présent interrogée sur l'ours. Il était grand temps.
Mais les questions ne suffisent pas. Des associations de protection de la nature ont en effet porté plainte devant la Communauté européenne pour saisir la Cour de Justice et de nouvelles procédures devraient d'être engagées pour défaut de protection d'une espèce menacée, particulièrement emblématique. L'extinction des espèces vivantes, qu'on appelle par euphémisme «perte de biodiversité», n'est pas un phénomène global, collectif, voire «naturel», c'est-à-dire au-delà de nos moyens, et ce n'est pas seulement à chacun de nous, modestes citoyens, de «faire un geste pour la planète », comme on nous y invite à tout instant.

Ce n'est pas nous qui tirons sur les ours ou qui multiplions les routes ou les téléskis. Les coupables sont des individus bien identifiés, et les responsables des pouvoirs publics et des élus parfaitement conscients de ce qu'ils font. Certes, il est plus facile de détruire que de préserver, et la nature veut cent ans pour faire pousser un arbre et cinq minutes pour l'abattre, ce qui ne, facilite pas les choses. Mais la protection est possible et ses moyens sont connus. La fin des ours n'est pas une fatalité.

Pour que la population d'ours augmente rapidement et à coup sûr dans les Pyrénées et s'établisse sur le massif alpin, il est indispensable que le milieu soit préservé, que les battues soient interdites, que le programme de réintroduction de poursuive et que des patrouilles luttent contre le braconnage avec des moyens appropriés. Il suffit de le vouloir. C'est une question politique.
Nous pourrions parfaitement héberger dans la France d'aujourd'hui 400 à 500 ours, autant que de loups ou de lynx. Voilà qui, bien plus que des parcs de loisirs ou «de nature», contribuerait puissamment à faire aussi de notre pays un espace naturel, et pas seulement un champ de maïs, un stand de tir ou un parc à bétail.

La famille des Ursidés compte aujourd'hui huit espèces : le panda, l'ours à lunettes, l'ours noir ou baribal, l'ours à collier, l'ours lippu. l'ours malais, l'ours polaire et l'ours brun "Ursus arctos", dont l'habitat couvre toute l'Europe, la Sibérie et les côtes de l'Alaska.

Armand Farrachi.
Ce texte est paru dans le n°30 Hiver 2009 de "L'Ecologiste", édition française de "The Ecologist".
Armand Farrachi est écrivain et militant pour la protection de la faune sauvage, a récemment publié “L’adieu au tigre” (IMHO). Son journal de voyage en Slovénie paraîtra au printemps 2010 sous le titre “Une semaine chez les ours” (Les Liens qui Libèrent).

Le dossier complet de la "Plainte contre la France pour défaut de protection de l’Ours des Pyrénées" sera publié dans la collection Radicaux Libres à la même époque.
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