Antiobiotiques ou antidépresseurs se retrouvent dans les rivières...
Les petites pilules font les grandes pollutions. Depuis lundi, un comité de pilotage mis en place par les ministères de la Santé et de l'Environnement planche sur un plan national sur les résidus de médicaments dans l'eau, qui doit être finalisé en janvier. Car les études scientifiques sont unanimes: des antibiotiques aux antidépresseurs, tous les médicaments utilisés par les Français finissent, à l'état de traces, dans les rivières.
Des hormones dans les cours d'eau
Principale porte d'entrée, les toilettes: une grande partie des molécules n'est pas entièrement dégradée par l'organisme et se retrouve dans les eaux usées. Quant aux stations d'épuration, elles sont loin d'être une barrière suffisante: 60% de ces substances ne sont pas filtrées. Résultat, «90% des hormones que l'on retrouve aujourd'hui dans l'environnement proviennent de la pilule contraceptive», souligne Jean-Marie Haguenoer, de l'Académie nationale de pharmacie et auteur d'un rapport sur le sujet.
Une pollution qui n'est pas sans conséquence. «Il y a aujourd'hui une modification du ratio mâle-femelle dans les populations de poissons de rivière», note Claude Champredon de France Nature Environnement.
Les hommes ne sont pas épargnés: «On retrouve des traces de tous les médicaments dans l'eau du robinet, souligne Jean-Marie Haguenoer. Et il est certain que, en ce qui concerne les antibiotiques, ce phénomène a un effet sur la résistance des bactéries aux médicaments.»
Alors, que faire? Inciter au recyclage des médicaments et limiter leur usage au strict nécessaire. Mais aussi améliorer les systèmes d'épuration. Et ça, «ça a un prix, prévient France Nature Environnement. Et il faudra convaincre le contribuable de payer.»