La Terre a des ressources en eau limitées. La FAO estime que nous disposons globalement de 9 000 à 14 000 km3 d’eau utilisables[1] soit 5 640 L d’eau par jour et par personne au mieux aujourd’hui, 4 260 L d’eau par jour et par personne au mieux en 2050[2].
Environ 5 000 L d’eau sont nécessaires pour produire 1 000 kcal d’aliments d’origine animale, 1 000 L si l’origine est végétale[3].
En se basant sur la consommation de 2003, en moyenne par jour en France, 3623 kcal ont été consommées dont 1333 kcal d’origine animale et 2290 kcal d’origine végétale[4]. 8955 L d’eau par personne ont donc été nécessaires pour produire cette nourriture ce qui est largement excédentaire par rapport à l’eau disponible.
En adoptant une alimentation végétale, on peut ramener cette quantité d’eau à 3623 L.
Les ressources en eau sont également mises à mal pour cause de pollution.
En prenant en compte les différents segments[5] de la chaîne de production, l’élevage, y compris la pisciculture[6], est la plus grande source sectorielle de polluants de l’eau : principalement les déchets animaux, les antibiotiques, les hormones, les produits chimiques des tanneries, les engrais et les pesticides utilisés pour les cultures fourragères, et les sédiments des pâturages érodés[7].
L’hypereutrophisation, par les nitrates, le phosphore et autres nutriments est responsable de l’essor des algues vertes et de la dégénération des récifs coralliens. Cette eutrophisation cause la mort de nombreux êtres vivants aquatiques[8] et de quelques animaux terrestres[9]. L’élevage y contribue de façon directe par les rejets de lisiers et indirecte par l’excès d’engrais apportés aux cultures de céréales destinées à nourrir le bétail[10].
La gestion des déjections animales dans les élevages intensifs provoque le lessivage des nitrates et des agents pathogènes dans la nappe aquifère, qui met souvent en péril les réserves d’eau potable[11].
L’élevage est responsable de 64% des émissions d’ammoniaque (NH3), une des principales causes des pluies acides[12].
La commission européenne indique que c’est la volatilisation des déjections des animaux en stabulation qui constituent la principale source d’émission de NH3 : 61%[13].
Les précipitations s’acidifient au contact de l’ammoniaque présent dans l’air (gaz très soluble dans l’eau), perturbent la photosynthèse et détruisent les éléments nutritifs du sol causant le dépérissement forestier. Un rapport de 1999 sur l’état des forêts en Europe indiquait que 20% des terres sont très acides, 2/3 des forêts sont endommagées et 21,4% ont subi une défoliation d’au moins 25%[14].
Les lacs, les fleuves, les ruisseaux et les rivières sont eux aussi altérés par les pluies acides : on observe une réduction et une disparition d’espèces aquatiques, très sensibles au changement de pH[15].
Au Canada, sur 160 000 lacs de 10 hectares ou plus étudiés, 19,4% étaient acides et 51% en train de le devenir[16].
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1. FAO, Crops and Drops, 2002, p. 1.
2. 14 000km3 par an pour 6,8 milliards de personnes aujourd’hui, estimée à 9 milliards de personnes en 2050.
3. Daniel Renault (FAO), Value of virtual water in food, principles and virtues, 2002, p. 17.
4. FAO Stat, CDU/BA, Bilans alimentaires, France, année 2003.
5. Les différents segments pris en compte sont l’abreuvement des animaux et l’entretien des locaux, les abattoirs et industries agroalimentaires, les tanneries et l’irrigation des cultures fourragères, FAO, Livestock’s long shadow, 2006, pp. 128-135.
6. Gaëlle Dupont, « Le développement fulgurant de l’aquaculture devrait continuer », Le Monde, 12 novembre 2009.
7.
http://www.fao.org/ag/fr/magazine/0612sp1.htm8. Chloë Fromange, Emilie Novince, Eutrophisation : un phénomène naturel amplifié par les rejets des activités humaines.
9. Cyriel Martin, « Bretagne : ce rapport confidentiel sur les algues vertes qui accable les agriculteurs », Le Point, 21 octobre 2009.
10. Séverine Gibet pour la FAO, Agriculture et pollution azotée des eaux en Bretagne, France.
11.
http://www.fao.org/newsroom/fr/news/2006/1000219/index.html12.
http://www.fao.org/newsroom/fr/news/2006/1000448/index.html13. Commission Européenne, Agriculture, environnement, développement rural : faits et chiffres - Les défis de l’agriculture, juillet 1999.
14. Commission Européenne, Report on forest conditions in Europe 1999 : No improvement of the vitality of European Forests, 1999.
15. US Environmental Protection Agency, Effects of Acid Rain - Surface Waters and Aquatic Animals.
16. Ministère du développement durable du Québec, Lacs acides au Québec, 2004.