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 Unionisme de l’intransigeance aux antipodes de l’oecuménisme : faire front contre la modernité: la déclaration de Manhattan

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Date d'inscription : 25/04/2008

Unionisme de l’intransigeance aux antipodes de l’oecuménisme : faire front contre la modernité: la déclaration de Manhattan Empty
MessageSujet: Unionisme de l’intransigeance aux antipodes de l’oecuménisme : faire front contre la modernité: la déclaration de Manhattan   Unionisme de l’intransigeance aux antipodes de l’oecuménisme : faire front contre la modernité: la déclaration de Manhattan Icon_minitimeJeu 3 Déc - 6:14

Signée par des leaders catholiques, protestants, orthodoxes, la « Déclaration de Manhattan » entend défendre de façon très intransigeante une vision conservatrice de la famille, et la vie à son commencement et à son terme. Quitte pour cela à défier la Maison Blanche et sa politique sociétale. On peut parler d’un unionisme de l’intransigeance aux antipodes de l’oecuménisme : faire front contre la modernité.

Cet appel doit beaucoup aux autorités catholiques présentes. En particulier aux cardinaux Justin Rigali et Adam Maida, connus pour leurs positions. On s’étonne davantage à côtés d’évêques connu pour leur ultra-intransigeance à l’instar de NN SS Charles Chaput (Denver), John Myers (Newark) et Thomas J. Olmsted (Phoenix)de la présence de prélats réputés modérés comme Mgr Donald Wuerl (Washington) ou Mgr David A. Zubik (Pittsburgh). Et enfin le nouvel archevêque de New York, Mgr Timothy Dolan. Que diable viennent-ils faire dans cette galère. Dans la ligne d’ailleurs du Vatican de Benoît XVI.

Revenons sur cet appel « Manhattan Declaration : A Call of Christian Conscience ». La référence au quartier new yorkais vient du fait que c’est là que ce texte a été discuté et finalement décidé. Au long de 4700 mots il s’agit d’un message très abrupt et bien radical, rédigé en fait par le catholique Robert P. George, professeur de droit à la Princeton University, et les évangéliques Chuck Colson et Timothy George, tous deux universitaires.

Parmi les autres signataires, figurent aussi le métropolite Jonah Paffhausen, primat de l’Eglise orthodoxe en Amérique, l’archiprêtre Chad Hatfield, du séminaire théologique orthodoxe Saint-Wladimir, le révérend William Owens, président de la Coalition of African-American Pastors, et deux éminentes personnalités de la Communion anglicane : Robert Wm. Duncan, primat de l’Anglican Church in North America, et Peter J. Akinola, primat de l’Anglican Church in Nigeria. Ce dernier étant le grand opposant à l’esprit d’ouverture du Primat, le Dr Rowan Williams, même s’il exclut vigoureusement de rallier le catholicisme.

Du côté catholique on retrouve sans surprise de vieilles connaissances comme le jésuite Joseph D. Fessio, philosophe et théologien, spécialiste de Hans Urs Von Balthasar, disciple de Joseph Ratzinger et fondateur de la maison d’édition Ignatius Press et George Weigel, membre de l’Ethics and Public Policy Center. Auteur d’une biographie très dithyrambique de Jean-Paul II dont il réclame la béatification la plus rapide.

A l’évidence, ce texte est de circonstance. Il survient à un moment précis et stratégique. En l’occurrence lorsque le gouvernement Obama rencontre des difficultés à faire passer le plan de réforme de l’assurance maladie aux Etats Unis. De fait, le Président est actuellement vulnérabilisé car ils sont nombreux aux Etats Unis à ne pas vouloir d’une telle réforme sociétale qui rompt avec une tradition propre à l’économie libérale. De moindre sécurité sociale au niveau de l’Etat au profit des assurances privées.

Sur un ton que l’on jugera volontiers incantatoire, la déclaration entend défendre la vie humaine dès la conception et le droit à l’objection de conscience. On sait qu’au Congrès, une vive action de lobbying menée au grand jour par l’épiscopat catholique a obtenu un résultat encourageant pour les conservateurs. En effet la vote final marquait un recul très net par rapport au programme sociétal de Barack Obama, en particulier sur le financement public en faveur de l’avortement et sur l’objection de conscience. Le Président devrait sacrifier un peu garder des éléments importants.

C’est pourquoi, la conférence des évêques a présenté ce résultat comme un « succès ». Une bataille gagnée mais non la guerre. A présent, au Sénat, la bataille repart de zéro, sur un texte initial que l’Eglise juge à nouveau inacceptable

Revenons en au texte de cette déclaration qui entend évidemment faire pression sur les consciences. Elle dénonce des « forces puissantes et déterminées [qui] agissent en faveur de l’avortement, de la recherche destructrice d’embryons, du suicide assisté et de l’euthanasie ». A l’évidence, elle prolonge et intensifie l’engagement militant des autorités spirituelles dans la vie politique. Cet interventionnisme qui choque beaucoup en Europe mais semble tout naturel aux States entend bien faire pression sur la conscience des hommes politiques mais également de tous les citoyens américains.

Voilà ce qui est dit de la vie humaine à défendre : « La vie des enfants à naître, des handicapés et des personnes âgées est de plus en plus menacée. Alors que l’opinion publique prend une direction pro-life, des forces puissantes et déterminées agissent en faveur de l’avortement, de la recherche destructrice d’embryons, du suicide assisté et de l’euthanasie. Bien que la protection des faibles et des personnes vulnérables soit le premier devoir d’un gouvernement, aujourd’hui le pouvoir du gouvernement est souvent appelé à faire la promotion de ce que Jean-Paul II appelait »la culture de mort« . Nous nous engageons à travailler sans cesse pour une égale protection de tout être humain innocent, à tous les stades de son développement et dans toutes les situations. Nous refuserons notre implication ou celle de nos institutions dans la destruction de vies humaines et nous soutiendrons de toutes les façons possibles ceux qui, en conscience, feront de même ».

Le couplet sur le mariage est particulièrement représentatif d’une vision conservatrice de la société : « L’institution du mariage, déjà attaquée par la promiscuité, l’infidélité et le divorce, risque d’être redéfinie et donc subvertie. Le mariage est l’institution originelle et la plus importante pour assurer la santé, l’éducation et le bien-être de tous. Là où le mariage se dégrade, les pathologies sociales se développent. La tendance à redéfinir le mariage est un symptôme, plus que la cause, d’une érosion de la culture du mariage. Elle reflète une perte de compréhension du sens du mariage tel qu’il est incorporé dans notre droit civil et dans nos traditions religieuses. Or il est essentiel de résister à cette tendance, car y céder serait renoncer à la possibilité de recréer une juste conception du mariage et, par là, à l’espoir de reconstruire une saine culture du mariage. Cette résistance bloquerait l’idée fausse et destructrice que ce qui est important, dans le mariage, c’est le romanesque et autres satisfactions pour adultes et non pas, intrinsèquement, le caractère unique et la valeur d’actes et de relations dont le sens est donné par la capacité à créer, promouvoir et protéger la vie. Le mariage n’est pas une »construction sociale« , c’est plutôt une réalité objective – l’union scellée par un accord entre un mari et une femme – que la loi a le devoir de reconnaître, d’honorer et de protéger ».

Mais à l’évidence le paragraphe le plus discuté est celui qui évoque les lois jugées injustes : « Même dans un régime démocratique, les lois peuvent être injustes. Et dès les origines notre foi nous a enseigné que la désobéissance civile est un devoir face à des lois gravement injustes ou à des lois qui impliquent que nous fassions ce qui est injuste ou immoral. De telles lois n’ont pas le pouvoir de contraindre en conscience parce qu’elles ne peuvent revendiquer d’autre autorité que celle de la simple volonté humaine. » Sur le fond, il n’y a rien à redire. A l’évidence il peut y avoir des lois irrecevables. L’obéissance est alors non seulement légitime, mais un devoir. Nous pensons par exemple au sort des juifs dans les années que l’on sait. Mais reste à savoir ce qui entre dans cette catégorie. Pour la déclaration : « Nous proclamons donc que nous ne nous soumettrons à aucun texte qui nous forcerait, nous ou les institutions que nous dirigeons, à accomplir ou à faciliter des avortements, des recherches destructrices d’embryons, des suicides assistés, des euthanasies ou tout autre acte violant les principes de la profonde, intrinsèque et égale dignité de tout membre de la famille humaine ».

On remarquera que pour des raisons de stratégie, en particulier pour ratisser plus large et ne pas braquer contre lui d’autres personnes, la déclaration se garde bien d’une référence explicite au sujet de l’homosexualité. Ce qui est dit du mariage restant flou à cet égard. C’est à noter. Les signataires se recentrent sur leur « coeur de cible », sur ce qui leur semble le plus condamnable, et le plus grave. Il est certain également qu’en semblant lancer une croisade antigays la déclaration aurait perdu certains signataires modérés.

En Europe même, certains épiscopats sont gagnés par la tentation, depuis un certain temps déjà, d’abonder dans le même sens. C’est vrai en particulier en Espagne, sous la férule du cardinal Antonio Maria Rouco Varela, archevêque de Madrid et Président de la conférence épiscopale. Très récemment, sous bras droit, Mgr Juan Antonio Martínez Camino, secrétaire général de la conférence des évêques d’Espagne, n’a pas hésité à avertir les hommes et femmes politiques catholiques que, s’ils votent cette loi, ils ne pourront être admis à la communion eucharistique, car ils se seront mis en situation objective de “péché public« et même d’ »hérésie" (cette dernière affirmation a cependant été contestée par un autre prélat très conservateur au demeurant, Mgr Francisco Gil Hellin, l’archevêque de Burgos).

Peut-on parler d’une américanisation de l’épiscopat Espagnol ? Ou plutôt d’un écho dans l’intransigeance ? Ou d’un sursaut face à une évolution inéluctable mais qui fait peur. Et c’est toujours triste de surfer sur la peur.
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