La laine, un problème ?
La plupart des gens n’ont aucune idée de ce qu’endurent les moutons. Souvent mutilés et castrés sans le moindre antalgique, puis exposés au vent glacial comme aux pires canicules dans les bateaux qui les transportent à l’autre bout du monde, ils sont finalement égorgés, encore pleinement conscients.
Quant à la tonte en elle-même, il ne s’agit pas, comme beaucoup le croient, de soulager les moutons d’un surplus de laine. Sans intervention humaine, les moutons ont une quantité de laine optimale, qui leur fournit une isolation efficace contre le froid et la chaleur.
Les moutons sont des individus qui ressentent douleur, peur et solitude, comme les autres animaux. Mais à cause du commerce dont ils font l’objet, ils sont traités comme de simples machines à produire de la laine.
Ce qu’on ne vous dit pas...
L’Australie est le principal producteur de laine. On y élève surtout des moutons mérinos sélectionnés génétiquement pour présenter un maximum de replis de peau et donc de laine. Ce surplus de laine artificiellement provoqué entraîne la mort de nombreux animaux pendant les grandes chaleurs. Les replis de peau retiennent aussi urine et humidité, ce qui attire les mouches. Celles-ci y pondent leurs œufs, et les moutons sont littéralement dévorés vivants par les larves.
Pour prévenir ce problème, les éleveurs australiens découpent des morceaux de chair sur les agneaux (museling), sans la moindre anesthésie. Malgré cette opération barbare, les blessures sont bien souvent infestées avant d’avoir eu le temps de cicatriser.
Quelques semaines après leur naissance, les agneaux ont les oreilles perforées, la queue coupée et les mâles sont castrés par la pose d’un élastique destiné à couper la circulation sanguine, une méthode particulièrement douloureuse.
Chaque année, des centaines d’agneaux meurent de froid ou de faim avant d’atteindre l’âge de huit semaines. De nombreux moutons adultes meurent aussi de faim, en raison du manque de soins ou d’abris appropriés.
Mais au lieu de réduire le nombre d’animaux de chaque troupeau (des milliers d’animaux, en général) de façon à pouvoir mieux s’en occuper, on en fait naître davantage pour compenser les « pertes ».
La tonte, une intervention douloureuse
Les moutons sont tondus chaque printemps, juste avant qu’ils ne se débarrassent naturellement de leur manteau d’hiver. Cette tonte prématurée, au moment où la laine est la plus abondante, fait mourir de froid de nombreux animaux.
Les ouvriers tondeurs, payés au volume et non à l’heure, se préoccupent davantage de leur productivité que du bien-être des animaux.
L’enfer en haute mer
Lorsque les moutons vieillissent et que leur production de laine n’est plus désirée, ils sont vendus et envoyés à l’abattoir. Chaque année, 6,5 millions de moutons vivants sont exportés d’Australie vers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord dans de terribles conditions.
Les traversées durent des semaines voire des mois. Les animaux sont entassés les uns sur les autres sur plusieurs étages, exposés aux pires chaleurs comme aux froids les plus mordants. Beaucoup tombent malades ou bien sont étouffés ou piétinés par leurs congénères qui tentent de ne pas perdre l’équilibre ou de se frayer un chemin jusqu’à un point d’eau, quand il y en a.
Le taux de mortalité à bord de ces bateaux est de l’ordre de 10 %, et les animaux blessés ou malades sont souvent broyés vifs ou jetés par-dessus bord.
Embarqués sur le Cormo Express à la fin de l’été 2003, plus de 50 000 moutons partis d’Australie ont enduré la canicule, la faim et la soif, au point que 5 000 d’entre eux en sont morts. Refoulés par les autorités sanitaires de l’Arabie Saoudite, ils ont erré en haute mer pendant 70 jours dans des conditions épouvantables.