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 Epuisement des sols

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MessageSujet: Epuisement des sols   Epuisement des sols Icon_minitimeDim 22 Juin - 15:23

aniel Nahon est professeur de géochimie à l'université Paul-Cézanne d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Grand connaisseur des fragilités de la Terre, il tire la sonnette d'alarme. "Les sols n'en peuvent plus. Nous sommes au bord de l'abîme et, si cela continue, il y aura des famines", s'emporte-t-il. A force de pollution industrielle, de pesticides à hautes doses, d'urbanisation forcenée, d'érosion, de déforestation et d'irrigation mal contrôlée, près d'un quart des terres utilisables dans le monde, en effet, sont déjà dégradées. Et leur proportion par habitant se réduit comme peau de chagrin, quand il faudrait doubler la production agricole, d'ici à 2050, pour nourrir 9 milliards de Terriens.

"Il règne à ce sujet un véritable illettrisme, une méconnaissance de la structure et du fonctionnement des sols, tant chez les politiques que dans les médias, et même chez de nombreux scientifiques, poursuit le géochimiste. Alors qu'il faudrait fournir un véritable effort de guerre pour affronter le défi à venir !" Lassé de l'indifférence quasi générale sur cette question cruciale, Daniel Nahon a publié L'Epuisement de la terre, l'enjeu du XXIe siècle (Odile Jacob). Il y rappelle que le sol cultivable, qui a permis à l'homme de passer du stade de chasseur-cueilleur à l'agriculture, a mis des milliers d'années pour se constituer.

Il a fallu pour cela que la roche mère se décompose, puis qu'elle soit fertilisée par le lent travail des plantes et des bactéries. Non renouvelable, ce patrimoine devrait être considéré comme un bien mondial à protéger. D'autant plus précieux qu'en l'état actuel de nos connaissances techniques, on ne peut se passer des sols pour les cultures.

Pays riches, pays pauvres, pays émergents : la détérioration des sols touche toutes les régions du globe. Certaines parties de la Chine et de l'Inde connaissent d'importants problèmes d'érosion et de pollution. Au Brésil, les sols gagnés sur la forêt amazonienne s'appauvrissent. Christian Valentin, directeur d'une unité de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), précise que cette dégradation touche plus particulièrement deux régions : les sols sableux du Sahel, très peu fertiles et sensibles à l'érosion éolienne, et les sols de montagne des pays d'Asie du Sud-Est. Dans les deux cas, l'extension des aires cultivées s'est faite aux dépens des jachères, des forêts ou des zones de parcours, éléments protecteurs des sols.

Enrayer ce déclin ? Ici ou là, quelques initiatives vont dans ce sens. Au Burkina Faso, par exemple, une poignée de paysans remettent au goût du jour les techniques agricoles traditionnelles (Le Monde du 18 juin). Mais il en faudrait beaucoup plus pour que les sols se stabilisent. D'autant que, dans ce domaine, l'Europe occidentale, et notamment la France, a aussi du souci à se faire.

Rien que dans l'Hexagone, "l'urbanisation - routes et villes - provoque à elle seule la disparition de 60 000 hectares de bonnes terres arables par an", explique Dominique Arrouays, directeur de l'unité Infosol à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) d'Orléans (Loiret). "Cela représente en dix ans l'équivalent d'un département français !", dit-il. A cela s'ajoute l'érosion, que va inévitablement amplifier la montée en puissance des phénomènes météorologiques extrêmes. Une seule pluie très forte, si elle survient sur une zone en pente, suffit en effet à faire disparaître 50 tonnes de terre... Avec, à terme, un réel danger de désertification.

Face à ce danger croissant, une prise de conscience se fait jour. Mais elle reste bien timide. En novembre 2007, le Parlement européen a adopté une proposition de directive sur la protection des sols, dont la portée a toutefois été amoindrie par une série d'amendements. Les choses sont un peu plus avancées en France, où a été créé, en 2001, le groupement d'intérêt scientifique Sol. Destiné à surveiller la qualité des terres, il a pour but de réaliser un inventaire des sols tous les dix ans pour observer leur évolution, à l'aide d'un maillage systématique du territoire français : 2 000 sites sont déjà en place, et 200 de plus sont prévus d'ici à la fin de l'année. En parallèle sera réalisée une cartographie de la qualité des sols qui devrait être terminée en 2012.

Mais les chercheurs voient déjà plus loin et imaginent d'autres fonctions pour les terres arables. "Jusqu'à présent, celles-ci servaient uniquement de support pour les cultures. Demain, elles devront fournir des services supplémentaires en relation avec la sauvegarde de l'environnement", affirme Guy Richard, directeur de l'unité science du sol à l'INRA d'Orléans. On leur demandera peut-être de lutter contre le réchauffement climatique en piégeant le carbone, de mieux filtrer l'eau, de recycler les déchets urbains ; ou encore de participer au maintien de la biodiversité. Autant de fonctions nouvelles qui pourraient contribuer à un cercle vertueux, puisqu'elles assureraient du même coup la pérennité des sols qui s'y consacreraient.

Pour piéger le carbone, il faudra éviter les labours profonds qui fragmentent le sol, accélèrent la décomposition des matières organiques et libèrent du gaz carbonique. Cela nécessitera de réduire le travail de la terre, qui sera réalisé sur une profondeur plus faible : on se contentera par exemple de semis directs, qui ne nécessitent qu'un grattage en surface pour introduire la graine. "Plutôt que le laisser tout nu entre deux récoltes, on cherchera également à maintenir une couverture permanente du sol", ajoute Guy Richard. Ce qui lui permettra de lutter contre certaines maladies et contre la pollution - à l'instar de ce que l'on observe avec les plantations de moutarde qui, organisées entre les périodes de culture du blé et du maïs, permettent de piéger les nitrates provenant de la décomposition végétale après récolte.

Apprendra-t-on également, dans un avenir proche, à orienter l'activité microbienne des sols afin d'améliorer la filtration de l'eau ? A analyser les terres pour repérer les plus propices au recyclage des déchets ? Dans tous ces domaines, les recherches doivent encore être poursuivies. Mais il est aussi des solutions plus classiques pour préserver les sols. Diminuer les pesticides, laisser sur place les débris végétaux, étudier le paysage pour limiter l'érosion en fonction du relief... Des solutions qui ne demandent pas d'efforts gigantesques, mais simplement un peu plus d'égards vis-à-vis de ce manteau d'arlequin qui nous fait vivre. Même si, pensent les plus alarmistes, les meilleures mesures de protection ne suffiront pas à nourrir l'humanité d'ici à 2050.

Pour relever ce défi, "plusieurs sauts technologiques majeurs seront nécessaires", estime Daniel Nahon. Et l'on ne pourra éviter, selon lui, l'utilisation des plantes transgéniques. Les seules à permettre les cultures sur les sols arides et salés, malheureusement de plus en plus nombreux.
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MessageSujet: enterrement à la Française   Epuisement des sols Icon_minitimeJeu 18 Sep - 15:47

En proposant demain au groupe de travail ad hoc un projet de directive-cadre sur le sols qui n'a plus aucune des ambitions de santé publique et d'environnement du texte élaboré par la Commission européenne, Paris choisit de l'enterrer.
Eliane Patriarca
LIBERATION.FR : jeudi 18 septembre 2008

Alors qu'à Paris, on ergote sur la taxe pique-nique et autres bonus malus écologiques, la France s'apprête à torpiller une directive européenne fondamentale pour l'environnement: la directive-cadre sur la protection des sols, portée depuis 2006 par Bruxelles et adoptée en novembre 2007, en première lecture, par le Parlement européen
La proposition de texte que la France, présidente de l'Union européenne, va soumettre demain au groupe de travail qui se réunit à Bruxelles, et que Libération s'est procurée, est un texte vidé de sa substance et de son ambition initiales. Les Etats-membres y sont délivrés de toute contrainte, et leurs éventuelles actions en matière d'identification et de remise en état des sols pollués ou dégradés sont désormais laissées... à leur bonne volonté.

Un mileu biologique essentiel mais négligé

C'est d'autant plus dommage que les sols constituent le seul milieu biologique à n'être pas protégé par un cadre juridique spécifique européen, contrairement à l'eau ou à l'air. En France non plus, il n'existe pas de loi spécifique de protection des sols, à la différence de l'Allemagne par exemple.

C'est d'autant plus grave que la directive répondrait «à une urgence écologique», rappelle France Nature Environnement, fédération qui regroupe 3000 associations de protection de la nature. «Les sols constituent une ressource non renouvelable et un écosystème fondamental pour la biodiversité, dont dépendent notamment nos ressources en eau potable et alimentaires». Mais aussi la beauté et la vitalité de nos paysages.

Or la situation, si elle n'est pas désespérée, est carrément inquiétante: en 2006, un rapport de la Commission européenne indiquait que près de 50% des sols européens étaient affectés par la pollution, l'érosion, le tassement, l'urbanisation ou la désertification et qu'environ 45% avaient une faible teneur en matières organiques.
Selon les travaux de l'Agence européenne de l'environnement, il y aurait en Europe environ 3,5 milllions de sites potentiellement pollués dont au moins 1,5 million effectiment contaminés et à dépolluer.

Le texte, adopté après moult réunions en première lecture par le Parlement européen en novembre 2007, avait l'intérêt de prendre en compte les principales menaces : imperméabilisation, érosion, pertes de matières organiques, contamination par des activités polluantes (sites miniers, décharges, industries diverses...). En bref, tous les dégâts résultant d'une agriculture intensive, de l'urbanisation et de plus de deux cent ans d'industrialisation.

Obligation d'inventaire des sites et d'assainissement

En matière de contamination, le texte fixait trois grandes obligations à chaque Etat-membre: établir un inventaire de sites et sols potentiellement pollués par des activités anciennes ou actuelles (sur un calendrier de 25 ans pour les 27 Etats-membres); puis caractériser les risques par des analyses chimiques de la terre; et enfin remédier à ces risques, c'est à dire assainir les sites. La présidence portugaise de l'UE, très dynamique et exigeante sur le sujet, avait fait d’énormes efforts pour parvenir à un accord sur le texte.

Mais en décembre 2007, cinq pays votaient contre: l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, le Royaume Uni et la France. Une minorité de blocage suffisante pour parvenir au gel du texte.

Intense lobbying du Medef

«Paris se disait alors favorable à une directive sur le sujet, contrairement à l’Allemagne et à l’Autriche qui ne veulent pas d’une législation européenne sur les sols, mais en désaccord sur le contenu qu’elle ne trouvait pas assez ambitieux», se souvient un haut fonctionnaire européen.

Or, remarque-t-il aujourd'hui, «la version que la France a préparée depuis qu’elle a pris la présidence de l’Union européenne à l’été 2008, a perdu toute ambition ! C'est devenu un texte flou, on est passé du contraignant à l'optionnel. Par exemple, là où il était écrit: "Les Etats ont obligation de…"», le texte dit maintenant: "S’ils le jugent opportun, les Etats…"», souligne-t-il.

Alors, la France fait-elle preuve d’incohérence en soumettant demain un texte qui ne peut que faire échouer la négociation, face à des pays comme l’Espagne, le Portugal ou la Hongrie qui ont clairement manifesté leur souhait d’une législation exigeante? Pas si sûr.

A Bruxelles, on confie que si Angela Merkel est en proie au lobbying intensif des agriculteurs allemands qui ne veulent pas entendre parler de contrainte européenne sur leurs terres, Paris est clairement lui soumis au lobbying du Medef.

La preuve: dans un autre document qu'a pu consulter Libération, le dossier de présentation de la rencontre du conseil exécutif du Medef avec les Commissaires européens, qui s'est déroulée le 7 février dernier à Bruxelles, le Medef commente ainsi l'état du dossier «directive sur la protection des sols»:


«Grâce au lobbying inrtense de l’industrie (MEDEF) et de 5 pays (dont la France), aucun accord politique n’a pu être dégagé sur ce texte au Conseil. La Commission ne compte toutefois pas retirer sa proposition législative. La présidence slovène n’aurait pas l’intention d’avancer sur ce texte qui serait donc rediscuté sous la présidence française.»


Ainsi, lors du Grenelle de l’environnement, la question de la protection des sols et notamment le dossier des sites potentiellement contaminés ont été parmi les grands absents des groupes de travail. «C’est un dossier bien trop explosif en France», analyse Arnaud Gossement, porte-parole de France Nature Environnement.

En effet, selon le Bureau de recherches géologique et minières (BRGM), on recense en France environ 300.000 sites pollués. On imagine aisément l’ampleur de l’impact économique, pour les industriels, de l’application de la directive sur les sols…
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