MEDJUGORGE : Les excuses - enfin ! - du cardinal Schönborn (Autriche)
Nos lecteurs se souviennent de la polémique suscitée par la visite à Medjugorje, en contraste avec les directives de l’évêque du lieu, Mgr Ratko Peric, du cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne et considéré souvent comme un possible papabile. Il faut savoir que ce lieu de pèlerinage à la Vierge n’est pas reconnu par l’autorité ecclésiastique et qu’un prêtre ou un évêque ne peuvent se rendre qu’en pèlerinage purement privé à Medjugorge, c’est à dire sans faire de publicité.
Or, Mgr Schönborn s’est en effet rendu à Medjugorje de façon tout à fait publique, ce qui a été perçu par l’évêque de Mostar comme une offense. De la part d’un prélat aussi en vue que le cardinal de Vienne, ami proche du Pape Benoît XVI, la gaffe était de taille. Au point que l’étoile de ce cardinal en devint soudain très pâle.
L’archevêque de Vienne s’est senti obligé d’adresser une lettre d’excuses à l’évêque de Mostar. Un geste d’humilité qui peut être considéré comme à son honneur. Mais perçu aussi comme le signe d’une personnalité faible, hésitante, et peu sûre de ses propres choix. Un inconvénient pour un prochain conclave ?
En fait, le cardinal Schönborn a rédigé cette lettre d’excuse suite à l’audience privée que lui a concédée le Pape Benoît XVI vendredi 15 janvier. Dans sa lettre, comme le précise le quotidien « la Croix », le cardinal Schönborn s’excuse notamment si son pèlerinage a pu « donner l’impression de nuire à la paix ».
Rappelons qu’en mars dernier, le Pape Ratzinger avait signé le décret de réduction à l’état laïc du franciscain à l’origine du développement des pèlerinages, le Père Tomislac Vlasic, qui était directeur spirituel des voyants de Medjugorje. Il faut savoir que ce dernier avait demandé d’être libéré de ses obligations sacerdotales après que la Congrégation pour la doctrine de la foi eut engagé en 2008 une enquête à son encontre « pour diffusion de doctrine douteuse, manipulation des consciences, mysticisme suspect, désobéissance aux ordres légitimes » mais aussi pour adultère. Une décision que les plus ultramontains, quand ils sont dévots de Medjugorje ne sont pas bien disposés à reconnaître.
Rome n’apprécie pas du tout l’inflation des révélations privées et apparitions. Dans la pleine continuité avec la théologie romaine d’antan. A la différence de Jean Paul II, Benoît XVI est assez rétif à l’endroit des révélations privées et de la piété populaire. Il s’enthousiasme moins - c’est un euphémisme - à l’idée de nouvelles apparitions. Il estime que son devoir de gardien suppose aussi d’être vigilant à ce niveau. Ce qui ne fait pas l’affaire d’une frange importante des courants intransigeants et tradis trop enclin à prêter une oreille attentive à de semblables rumeurs.
Considéré jusqu’alors dans les milieux libéraux de l’Eglise comme un « conservateur éclairé », sensible à certains éléments de la tradition, par exemple en liturgie, mais capable d’ouverture sur des questions de morale et de pastorale concrète, Christoph Schönborn pouvait faire figure d’homme de compromis entre la ligne ratzingérienne et des revendications réformatrices. Se rapprochant des tenants de Medjugorje, l’archevêque de Vienne pourrait bien avoir définitivement déçu sa gauche. Une tiare qui s’envole ? La Vierge de Medjugorje ne porterait-elle pas chance ?