Le droit de mourir dans la dignité
L'ADMD, l'association pour le droit de mourir dans la dignité, a interpellé élus et passants hier.
Les militants sur le marché d'Auch hier. Photo DDM, N. Debbiche
Les militants sur le marché d'Auch hier. Photo DDM, N. Debbiche
Pas facile de parler du droit de mourir dans la dignité avec des gens qui ont le droit de faire leur marché dans la tranquillité. Pourtant, Gilbert Ballester et ses amis de l'ADMD ont réussi leur pari hier. Ils ont su aborder ce sujet tabou avec tact, déliant parfois les langues sur des histoires douloureuses.
Marthe Labadens se lance en voyant passer Marie, 72 ans. « Vous connaissez l'association pour le droit de mourir dans la dignité ?
- De toute façon, il faut bien mourir, soupire Marie.
-Oui, mais le mieux possible.
-Moi, la mort, je m'en fous. J'ai eu deux petites attaques cérébrales ; j'ai plus peur d'être paralysée », reprend Marie.
L'aide active à mourir, qu'es aco ?
Alors les bénévoles expliquent : l'adhésion à l'ADMD permet de recevoir un formulaire pré-imprimé pour rédiger des directives anticipées et désigner une personne de confiance si son état ne devait plus lui permettre de prendre une décision elle-même.
« La loi Leonetti permet d'éviter l'acharnement thérapeutique. Mais finalement, elle ne donne que le droit de mourir de faim et de soif aux personnes en fin de vie, affine Gilbert Ballester. Elle ne leur donne pas droit à la petite piqûre et à l'aide active à mourir pour les personnes qui en ont exprimé le souhait. C'est pour ça qu'on demande une loi pour dépénaliser l'action des médecins dans des cas strictement encadrés. »
Une proposition de loi a été déposée en ce sens, avec le soutien de Gisèle Biémouret.
« Moi, j'ai adhéré à l'ADMD après la mort de ma belle-mère, confie Paulette, 72 ans. J'avais déjà dit par le passé que si je tombais gravement malade, je ne voudrais pas qu'on me force à vivre. Elle s'en est souvenue après son AVC. Elle était au trois-quarts paralysée mais avait des moments de conscience. Elle n'osait pas le dire à ses enfants, alors un jour elle s'est adressée à moi et m'a dit : aidez-moi à me pendre. Je regrette de ne pas avoir pu. Elle le méritait. C'était une femme extraordinaire. Finalement, elle a mis six-sept mois avant de mourir. Personnellement, je ne voudrais pas d'une fin comme ça. »
Puis la discussion se fait plus technique quand Dominique Laffitte, le président de l'association des soins palliatifs du Gers, délaisse le marché pour rentrer dans le débat. « Par principe, on est pas pour l'euthanasie ni pour que les gens vivent branchés 25 ans, dit-il. On est pour l'accompagnement des gens dans le respect, pour qu'ils restent des êtres humains jusqu'au bout. »
ADMD, ASP. Deux objectifs identiques : le respect des malades en fin de vie. Mais deux visions différentes d'y parvenir.
Contacts. ADMD :
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