Enfin une réaction !

Malgré plusieurs révélations récentes de pédophilie chez les prêtres, le père Noël Boffet n'entend pas que le discrédit touche toute une institution.

L'actualité religieuse concentrée sur des affaires de pédophilie mettant en cause plusieurs prêtres a suscité une vive réaction des prêtres de Saône-et-Loire. Lors d'une réunion avec les 150 curés de l'évêché, en présence de Monseigneur Benoît Rivière, le père Noël Boffet, doyen de l'église du Creusot et Montchanin, au nom de sa famille, a tenu à porter la parole de tous et a « hurlé sa fatigue à ce que l'on porte le soupçon sur tout le monde ».

« Je trouve étonnant que personne ne prenne notre défense, a déclaré le père Boffet devant les siens. Je trouve regrettable ce qui arrive au sein de l'église mais l'église c'est ma famille. Je ne dis pas qu'elle est parfaite et l'église ne dit pas assez souvent qu'elle n'est pas parfaite, mais je ne veux pas que l'on porte le discrédit sur toute une institution ».

Le père Noël Boffet se dit fatigué par ce lynchage médiatique, lui qui œuvre depuis de longues années au sein de l'association « Bouge ta galère ».

« Je donne beaucoup de ma vie pour les jeunes, les jeunes en galère. Ce sont plus de 400 gars et filles que l'on a accompagnés et pour la moitié de ces filles, elles ont été victimes de violences sexuelles pendant leur enfance. On m'appelle de Paray-le-Monial pour se confier et vers qui vient-on ? Vers moi alors lorsque je vois ce déchaînement, je hurle en effet ».

Et Noël Boffet de poursuivre : « dans le domaine de la Foi, on appelle vraiment les gens à vivre une cohérence dans leur vie. Et l'Église est donc interpellée sur sa propre cohérence. Les gens ont le droit de dire que l'Église est incohérente mais n'est-ce pas s'aveugler sur leur propre incohérence ? ».

Contre vérités

Le prête souligne aussi « des contre vérités » selon ses propres termes.

« Qui dit que 90 % des hommes (pour ne parler que de la pédophilie masculine) sont des pères de famille. Accuser le célibat des prêtres est une contre vérité ; c'est accuser le célibat de tous ceux qui ne l'ont pas choisi ! Or les prêtres, eux, l'ont choisi. De quelle manière les institutions assument-elles les actes de leurs « employés » ? Aucun recteur d'académie, aucun ministre de l'éducation, aucun président (qui sont les garants des fonctionnaires de l'État) n'a donné sa démission ni même été condamné à 3 mois de prison avec sursis (comme ça a été le cas de l'évêque d'Évreux) pour avoir couvert des fonctionnaires de l'administration coupables de pédophilie. On pourrait élargir l'exemple à l'ordre des médecins... Quelle organisation peut se vanter d'être exemplaire et d'avoir fait autant que l'Église pour protéger les gens contre les abus sexuels (voir le document que l'Église de France a produit il y a maintenant huit ans qui s'intitule : Comment lutter contre la pédophilie ?). Des professions sont plus exposées que d'autres : toutes celles qui mettent en contact avec des enfants. Et de souligner encore, l'Église a inventé l'école, les hôpitaux, l'aide sociale à l'enfance, les patronages, etc. Les mêmes qui se sont approprié tout ce que l'Église a produit de bien, l'accusent aujourd'hui alors qu'ils sont exposés au moins autant qu'elle a des déviances. Qui dit que l'Église est présente partout où des gens souffrent et tout spécialement auprès de ceux qui subissent ces choses-là ?! La question de fond finalement est : pourquoi veut-on démolir l'Église et ses responsables ? En quoi et qui dérangent-ils ?

En ces temps de Pâques, on se rappelle forcément que le Christ a été accusé et mis à mort à tort. « Le disciple n'est pas plus grand que son maître » (dixit l'Évangile).
Laurent Bollet