Le pape Benoît XVI a fait une rare allusion publique jeudi au scandale des cas d'abus sexuels au sein du clergé catholique et prôné que l'Eglise fasse pénitence pour ses péchés, tout en dénonçant la "dictature" du conformisme de ceux qui la prennent pour cible.
"Aujourd'hui soumis aux attaques du monde, qui nous parle de nos péchés, nous pouvons constater que notre capacité à faire pénitence est une grâce, combien il est nécessaire de le faire et donc reconnaître ce qui ne va pas dans nos vies", a déclaré le souverain pontife lors d'une messe au Vatican.
Ceci implique "de s'ouvrir soi-même au pardon, à se préparer au pardon, de se laisser transformer", a-t-il ajouté, dans sa première évocation des scandales de pédophilie qui secouent l'Eglise depuis sa lettre du 20 mars sur ce sujet adressée aux victimes irlandaises.
Sa référence à la pénitence tranche avec les récents efforts de responsables du Vatican pour défendre l'Eglise et son chef contre une campagne qu'ils ont présentée comme orchestrée par des médias malveillants.
Le prédicateur personnel du pape a ainsi suscité un tollé en comparant les flèches décochées contre le Vatican aux moyens utilisés par l'antisémitisme.
Mais le pape a aussi rabroué les détracteurs de l'Eglise, esclaves, selon lui, de la "dictature du conformisme".
"Le conformisme, qui rend obligatoire de penser et d'agir comme tout le monde, et l'agressivité subtile, ou non, envers l'Eglise démontrent à quel point ce conformisme peut se muer en véritable dictature", a dit le pape.
Les reproches de mauvaise gestion ou de tentative de camouflage des affaires d'abus sexuels à l'encontre d'enfants dans les églises américaine, allemande, irlandaise ou italienne, notamment, ont éclaboussé le pape actuel parce qu'il avait été auparavant chargé de la discipline du clergé déviant.
Alors que de nouvelles révélations sur ces cas d'abus surgissent quasi quotidiennement, le Vatican argue avec constance que la culpabilité des prêtres qui ont commis des crimes, même odieux, ne saurait rejaillir sur l'ensemble de l'Eglise et son chef.
Le souverain pontife de 82 ans n'avait fait qu'une allusion à ces affaires lors de la Semaine Sainte, parlant de "péchés" de l'Eglise, sans autre précision.