Ne pas travailler peut être un choix
Mathilde Boussion - Marianne | Dimanche 20 Mars 2011 à 16:01 | Lu 11543 fois
IMPRIMER AUGMENTER LA TAILLE DU TEXTE DIMINUER LA TAILLE DU TEXTE
Dans « Le Travail, non merci ! », Camille Dorival livre un portrait de ceux qui ont fait le choix de ne pas travailler et donne à réfléchir sur la valeur travail dans notre société.
LA DÉSINDUSTRIALISATION, PARENT PAUVRE DE LA MONDIALISATION
EXCLUSIF: LES 100 PLUS GROS CONTRIBUABLES SE PARTAGENT 3 MILLIARDS D’EUROS PAR AN !
PEUT-ON BOSSER SEULEMENT POUR DISPOSER D'UN ÉCRAN PLAT ?
« Chômeurs heureux », femmes au foyer, travailleurs « free lance » mais surtout « free », la « valeur travail », très peu pour eux : Le travail, non merci ! Derrière ce titre gentiment provocateur, Camille Dorival, journaliste à Alternatives économiques, livre le parcours d’hommes et de femmes qui ont fait le choix d’ « en faire le moins possible », pour avoir le temps. Le temps de vivre, le temps pour la famille, pour les autres, pour créer…Le temps que n’ont pas ceux qui travaillent.
Des trajectoires à contre-courant du « travailler plus pour gagner plus », qui rendent forcément suspicieux. Profiteurs ? « Mauvais pauvres » qui jouissent du système quand d’autres se tuent à y contribuer ? « Mauvais pauvres », comme au XIXe siècle, qui ne travaillent pas alors qu’ils le pourraient quand le « bon pauvre », l’handicapé, le vieillard, mérite bien la charité des bonnes gens. Ni bons ni mauvais, mais bien à la croisée des chemins. Le plus souvent, ils ont goûté à la vie active, parfois avec beaucoup de réussite, avant de raccrocher. Trop prenant, trop aliénant, trop peu de contreparties quand l’argent seul ou la réussite professionnelle ne suffit pas à combler.
Bon ou mauvais, comme les vrais pauvres, en tout cas, ils doivent composer : vivre mieux avec moins, calculer les dépenses au plus juste, faire quelques heures par-ci, par-là, quand même, pour joindre les deux bouts. Une vie en flux tendu, à défaut d’un travail en flux tendus. Des originaux ? Peut-être, mais dans un pays qui compte plus de quatre millions de chômeurs, difficile, encore, de faire rêver avec des discours sur la « valeur travail » qui ne concernent que ceux qui y ont accès. Alors que le plein-emploi n’est plus garanti depuis bien longtemps, que les conditions de travail se dégradent, que la productivité augmente et, avec elle, le temps de loisirs, peut-être le temps est-il venu de s’interroger vraiment sur la place du travail dans nos sociétés. En reprenant une série de réflexions sur les 35 heures, le RSA, le sens du travail, Camille Dorival nous donne les armes pour penser le changement.
Le Travail, non merci ! par Camille Dorival, préface de Bernard Gazier, éditions Alternatives économiques, 16 euros, 216 pages