COMMERCE ILLEGAL DE VIANDE DE BALEINE ENTRE LE JAPON, LES USA ET LA COREE
Postée le 05/11/2010 à 01h17
Les baleines d‘ici et d‘ailleurs
Des analyses génétiques prouvent le commerce illégal de viande de baleine entre le Japon, les Etats-Unis et la Corée du Sud
Des sushis à la viande de baleine ont été vendus dans des restaurants à Los Angeles et à Séoul en 2009. La chair provenait d'espèces capturées lors de la chasse dite scientifique pratiquée par le Japon. Trois de ces espèces sont en péril, placées sous un statut qui les protège du commerce international: le rorqual boréal ou rorqual de Sei, le petit rorqual de l'Antarctique (ces deux espèces sont en danger de disparition dans l'hémisphère Sud) et le rorqual commun.
Des scientifiques ont pu retracer la provenance de la chair grâce à des analyses génétiques et établir ainsi le lien commercial illégal entre ces trois pays. Leurs résultats ont été publiés dans Biology Letters au mois d'avril dernier. Selon ces chercheurs, les accords internationaux concernant le commerce des espèces sauvages ne seront pas respectés tant qu'un système de surveillance indépendant, transparent et fiable ne sera pas mis en place.
Des pays chassent la baleine et en font commerce: illégal ou non?
Malgré le moratoire sur la chasse commerciale à la baleine instauré depuis 1986 par la Commission baleinière internationale (CBI), la chasse se poursuit dans plusieurs pays.
Le Japon pratique une chasse dite scientifique et capture des grands cétacés dans le Pacifique Nord et l'Antarctique, ainsi que des dauphins et des marsouins dans ses eaux côtières. L'Islande et la Norvège font objection au moratoire et chassent les petits rorquals et des rorquals communs dans l'Atlantique Nord.
D'autres pays ou communautés pratiquent la chasse de subsistance avec des quotas attribués soit par la CBI, tel le Groenland, soit par leur gouvernement, comme le Canada qui s'est retiré de la CBI.
La Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) réglemente ce commerce international et veille à ce qu'il ne menace pas la survie des espèces.
175 Etats adhèrent à la Convention et chacun adopte une réglementation nationale. 13 espèces de baleines figurent à l'Annexe I de la CITES qui comprend toutes les espèces menacées d'extinction.
Cependant, le Japon, l'Islande et la Norvège émettent des réserves sur cette liste et attribuent des permis pour le commerce de certaines espèces.
Mais ces exceptions n'autorisent pas pour autant le commerce avec des pays adhérant sans restriction à la CITES, comme les Etats-Unis et la République de Corée. Par ailleurs, le commerce se fait aussi sous le couvert de prises accidentelles lors de la pêche commerciale.
De l'assiette au laboratoire de génétique
En octobre 2009, des sushis à la viande de baleine ont été achetés dans un restaurant de Los Angeles aux Etats-Unis.
En République de Corée, c'est en juin et en septembre 2009 que les clients d'un restaurant ont pu consommer des sushis à la viande de baleine. Les analyses génétiques sur l'ADN mitochondrial ont permis d'identifier les espèces et de retracer chaque baleine. Les données ont été croisées avec les banques de données de ces deux pays et de celles de la surveillance effectuée sur les marchés au Japon ces dernières années.
Les auteurs du rapport rappellent les falsifications pratiquées dans le passé par l'Union Soviétique et le Japon dans les enregistrements des captures. Avec ce rapport, ils ont soumis une requête au gouvernement japonais pour avoir accès au registre des données génétiques de la chasse. Ils réclament aussi la création d'un laboratoire d'analyses indépendant et une instance de surveillance sur les marchés où s'écoule la viande de baleine.