L'Euthanasie en une semaine
Aux termes d'intenses discussions, la proposition de loi sur la légalisation de l'euthanasie a finalement été annulée par le vote des sénateurs dans la nuit de mardi à mercredi. Une semaine après la relance du débat en France refermé depuis six ans.
Le Sénat aura mis une semaine pour faire son choix sur l'euthanasie
La réouverture de ce débat sur l'euthanasie n'aura duré qu'une semaine. Les sénateurs ont annulé dans la nuit de mardi à mercredi la loi sur la légalisation de l'euthanasie en votant contre au terme d’intenses discussions. Le 18 janvier dernier, ils avaient pourtant voté en faveur de la proposition de loi en ce sens déposée par Jean-Pierre Godefroy (PS), Alain Fouché (UMP) et Guy Fischer (PCF).
Au cours de ces débats, le ministre de la Santé Xavier Bertrand a déclaré que l’euthanasie allait « à l’encontre de nos fondements juridiques », invoquant en outre « les malades d'Alzheimer qui ne pourraient plus exprimer leur volonté libre et éclairée » s'alignant ainsi sur le discours de Matignon. Le Premier ministre et celui de la Santé s'étaient déjà tous deux largement opposés à la légalisation de ce texte la veille, laissant la majorité devant ce postulat : « La question est de savoir si la société est en mesure de légiférer pour s’accorder le droit de donner la mort. J’estime que cette limite ne doit pas être franchie » avait déclaré François Fillon lundi. À ceux, pour qui, la mise en place de l'euthanasie en France était une urgence, le Premier ministre répondait qu'il fallait éviter « toute précipitation ».
« Je pense que François Fillon a fait la plus grande erreur de sa vie en mettant tous les moyens de l'Etat contre un vote de conscience (des sénateurs) », a pour sa part réagi le président de l'Association pour le droit à mourir dans la dignité, Jean-Luc Romero, se déclarant toutefois « optimiste pour la suite ».bLa fin de débat au Sénat était déjà pressentie lorsqu'un peu plus tôt dans la journée de mardi, deux amendements déposés par la sénatrice UMP Marie-Thérèse Hermange et le radical Gilbert Barbier (RDSE) avaient été adoptés et vidaient alors de sa substance le projet de loi. Supprimant notamment l’article 1er du texte qui prévoyait la possibilité d'« une assistance médicalisée, permettant, par un acte délibéré, une mort rapide et sans douleur ».
« L'insuffisance des soins palliatifs en France »
Outre le cas - qui n'a pas suffi - de Vincent Humbert, jeune tétraplégique et de sa mère Marie Humbert qui l'avait aidé à mourir en 2003, les défenseurs de l'euthanasie ont exprimé leurs arguments espérant faire tourner le vent en leur faveur. « Ne vous arrogez pas le droit de décider à la place de ceux qui, lucidement, ont choisi le moment de mettre fin à leur souffrance. Ne leur volez pas leur ultime liberté », a donc plaidé la centriste Muguette Dini.
Le rapporteur du texte de légalisation, Jean-Pierre Godefroy (PS), est lui revenu sur l'affaire Humbert en déclarant : « Parce que je ne veux plus vivre des situations comme cela, je veux une loi pour que la société vienne en assistance à la personne qui en a fait la demande (de mourir, ndlr) ». La France avait déjà été divisée en deux lors du débat sur le sujet en 2005. La proposition de loi, portée par le député Jean Léonetti reposant sur le rejet de l’euthanasie active et celui de l’acharnement thérapeutique, avait opté pour un accompagnement jusqu’à la mort naturelle d’une personne malade en soulageant au maximum sa souffrance. Pour l'un des rares députés sénateurs UMP a avoir voté pour, Alain Fouché, estime que ce débat, tout juste relancé, aura toutefois permis d'avancer sur le sujet de la fin de vie : « Le mérite de ce texte est d'avoir attiré l'attention du gouvernement sur l'insuffisance des soins palliatifs en France