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 Projet d'extraction de sable marin dans la Baie de Lannion : l'interview de Giles Bentz

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Projet d'extraction de sable marin dans la Baie de Lannion : l'interview   de Giles Bentz Empty
MessageSujet: Projet d'extraction de sable marin dans la Baie de Lannion : l'interview de Giles Bentz   Projet d'extraction de sable marin dans la Baie de Lannion : l'interview   de Giles Bentz Icon_minitimeDim 6 Fév - 17:10

Projet d'extraction de sable marin dans la Baie de Lannion : l'interview de Giles Bentz

Date de mise en ligne : 31/01/2011 - En cours de soumission au Comité de Lecture

Situation de la Baie de Lannion (Côtes-d'Armor)

Les oiseaux marins des Côtes-d'Armor pourraient être menacés : la Compagnie Armoricaine de Navigation (CAN) a en effet demandé l'autorisation d'exploiter du sable coquillier sur une partie (4 km²) de la Baie de Lannion. Ce gisement viendrait remplacer la production actuelle de maërl (une algue utilisée pour l'amendement calcaire des sols pour l'agriculture biologique).
Le 24 janvier dernier, le commissaire-enquêteur a rendu un avis plutôt favorable, bien que réservé, à l'ouverture de ce gisement, ce qui suscite l'indignation de la majorité des élus, des habitants, des pêcheurs et protecteurs de l'environnement. En attendant une réponse définitive, les amoureux des oiseaux s'inquiètent. C'est en particulier le cas de Gilles Bentz, le directeur de la maison de réserve naturelle des Sept-Îles, que Mégane Chêne, une jeune journaliste, a interviewé.


Abstract

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The Compagnie Armoricaine de Navigation (CAN) is a privately owned company part of the French Roullier Group. It has a project to extract marine shell sand in the Bay of Lannion, Côte-d'Armor, Brittany (France). This material is used for agricultural liming. On January 24th, 2011, the local authorities issued a first rather positive opinion although under certain conditions.
But fishermen, local communities and nature conservation associations fear this project would affect the populations of fishes and then all the ecological pyramid, including seabirds, such as the thousands of Balearic Shearwaters that gather in the area in Summer, but also the seabirds colonies in the nearby reserve of Sept-Iles. Mégane Chêne, a young journalist, interviewed Gilles Bentz, the director of the reserve.


Projet d'extraction de sable dans la Baie de Lannion : l'interview de Gilles Bentz

Le contexte


L'extraction aura lieu au large de Trébeurden, sur la "côte de granit rose" (Côtes-d’Armor)
Photo :Ornithomedia.com
Issue du regroupement de plusieurs armements sabliers successivement intégrés au sein du Groupe Roullier, la Compagnie armoricaine de Navigation (CAN) a été créée début 1993. Initialement chargé de l’approvisionnement en amendements calcaires marins des usines et des dépôts portuaires du groupe, l’activité de la CAN s’est peu à peu étendue à l’extraction, au transport et au déchargement de matériaux siliceux issus de gisements détenus en propre ou de gisements détenus par des tiers. Elle exploite deux navires sabliers 24 heures sur 24 et 350 jours par an avec 25 marins.
Obligée de se conformer aux obligations de la Convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du Nord-Est (OSPAR) signée par la France en 1998, la CAN doit abandonner l'exploitation des dépôts de maërl (une algue fossilisée aujourd'hui protégée) d'Erquy et de Bréhat et elle envisage désormais de se tourner vers l'exploitation des débris coquilliers, une ressource non protégée et accessible dont le stock sur la zone prévue d'extraction avait été évalué en 1978 à 186 000 millions de mètres cubes. Ces débris sont destinés à servir d'amendement calcaire pour l'agriculture.
Le commissaire enquêteur chargé d’étudier le projet d’extraction de sable en baie de Lannion a rendu un avis favorable mais avec des recommandations : celles-ci portent notamment sur une étude du milieu actuel, une légère baisse des volumes, et des précautions par rapport aux deux zones Natura 2000 voisines. Le site visé est situé à environ 6 km au large de Trébeurden (Côtes-d’Armor) et à 9 km à la verticale de Locquirec (Finistère). La préfecture du Finistère attend d’autres avis, dont celui de l'Ifremer qui pèsera lourd (source : article publié sur le site web d'Ouest-France le 23/01).


Le Macareux moine (Fratercula arctica), qui ne niche plus en France que dans la réserve des Sept-Iles proche de la Baie de Lannion, serait gravement touché par une diminution des ressources en lançons et spras
Photo :Yvon Toupin
Les représentants de la CAN ont assuré vouloir "limiter les impacts sur l'environnement immédiat, en en particulier sur les zones Natura 2000", mais diverses inquiétudes, émanant tant des pêcheurs usagers que des associations de protection de l'environnement, ont été formulées. Les premiers estiment que les bancs de sprats et de lançons seraient perturbés par une extraction de sable massive de 400 000 m3/an, tandis que les seconds redoutent l'effet de cette activité sur l'équilibre écologique de la baie, notamment sur les populations d'oiseaux marins qui stationnent dans le secteur, dont les 3000 à 4000 Puffins des Baléares (Puffinus mauretanicus) lors de leur passage post-nuptial. Et les courants marins de la Baie de Lannion se dirigeant vers la réserve naturelle des Sept-Îles (lire notre article Mégane Chêne dans la réserve naturelle des Sept-Îles), les oiseaux marins qui y nichent pourraient être impactés.

1- Les associations de protection de l'environnement se sont élevées contre le projet d'extraction de sable coquiller dans la baie de Lannion. Quel sera l'impact d'un tel projet sur la réserve naturelle des Sept-Îles ?


Certains des 20 000 couples de Fous de Bassan (Morus bassanus) pêchent probablement les lançons autour de la réserve des Sept-Îles
Photo :Yvon Toupin Gilles Bentz : Il y a deux types d'impacts possibles. D'abord, sur le lançon, qui constitue la source de nourriture principale des oiseaux marins.
La dune marine est l'endroit où ils frayent et vivent, leurs larves nourrissant les autres poissons. Les adultes sont capturés en pleine mer par les sternes ou les Fous de Bassan (Morus bassanus).
Des observateurs auraient aussi vu des cormorans pêchant dans le sable : ils attrapaient les lançons lorsque ces derniers sortaient la tête, ce qui est plutôt inhabituel.
Le deuxième impact concerne le nuage de turbidité (NDLR : teneur de l'eau de mer en matières qui le troublent) qui changerait les conditions de vie de la faune et de la flore de l'archipel des Sept-Iles. C'est la survie même de l'écosystème qui serait menacée. Cela ferait fuir les poissons. Et même s'ils restaient, les oiseaux ne pourraient pas pêcher sans les voir. Et on a une idée très précise de ce que cela représente avec la pêche aux coquilles Saint-Jacques dans la Baie de Lannion : après une campagne de pêche, on voit clairement les sédiments se déposer sur les rochers ; mais c'est temporaire, alors qu'avec la carrière d'extraction de sable, cela serait tous les jours pendant des années. Et même la nuit! On sait que les éclairages artificiels attirent les oiseaux et surtout les migrateurs, qui sont détournés de leur route (lire La pollution lumineuse et les oiseaux). Et ils sont très nombreux à passer par ici.

2- C'est le cas du Puffin des Baléares : est-il particulièrement menacé par ce projet ?


Classée parmi les espèces " très menacées" les Puffins des Baléares (Puffinus mauretanicus) sont de plus en plus nombreux à migrer dans la Baie de Lannion, où se forme l'un des plus gros regroupements d'Europe
Photo :Yvon Toupin
Gilles Bentz : Oui tout à fait. La Baie de Lannion est une zone très importante pour sa migration. Jusqu'à maintenant, on comptait en moyenne 3 000 oiseaux, et on est passé à 4 000 en 2010.

3- En sachant que la population de lançons est aussi en augmentation depuis ces trois dernières années ...

Gilles Bentz : En effet, l'augmentation de la population de puffins ou de Cormorans huppés (Phalacrocorax aristotelis) y est directement liée. Il y a des "années à lançons" et des années sans. Les pêcheurs sont les premiers à le voir parce qu'ils commencent leur saison de pêche avec ces poissons, qui leur servent d'appât. Nous, on le constate directement avec les cormorans : les années sans, leur reproduction peut diminuer de moitié et les parents ont alors beaucoup de mal à nourrir leurs petits. Cela fluctue très vite.

4- La réserve des Sept-Iles abrite aussi des espèces plus rares et donc davantage protégées. Est-ce que cela pourrait constituer un frein majeur à la réalisation d'un tel projet ?

Gilles Bentz : Oui, à condition qu'on arrive à démontrer clairement les effets que ce projet aurait sur ces oiseaux. Le problème, c'est l'espace vierge qui existe entre les zones Natura 2000 de la région. Les oiseaux ont un domaine vital plus vaste. On a beau protéger certains endroits, si l'on continue à surexploiter plus loin, il y aura forcément des conséquences sur la zone protégée.

5- Certaines municipalités parlent d'agrandir la zone Natura 2000 (NDLR : "Côte de Granit Rose - Sept-Îles) pour supprimer cet espace vierge : serait-ce un moyen de bloquer complètement tout nouveau développement économique sur cette zone ?

Gilles Bentz : Non, parce que Natura 2000 n'a pas pour vocation d'interdire. On serait confronté à d'autres problèmes. Les hommes ont besoin des énergies, de trouver des endroits pour vivre. Le projet d'extraction de sable est incompatible ici, mais pas ailleurs, et il pourrait tout à fait y avoir d'autres activités, et cela sans problème. Le but de la réserve des Sept-Îles est de maintenir une harmonie entre tous.

6- Avez-vous l'impression que cette volonté est partagée par les élus ?

Gilles Bentz : Oui, quand les enjeux sont aussi importants, mais pas pour des questions d'écologie. Les élus sont pour la valorisation touristique, et la réserve amène des retombées économiques vraiment importantes. Même si la société qui veut s'installer dit qu'elle créera des emplois, elle risque d'en faire perdre beaucoup d'autres liés au tourisme.

7- Les questions économiques seraient donc incompatibles avec la protection de la nature ?

Gilles Bentz : Ce n'est pas forcément incompatible, mais à condition de ne pas "vendre la Nature".

A lire

- Toute l'actualité sur le projet d'extraction : http://www.alvinet.com/actualite/article-6522932-saint-brieuc-baie-de-lannion-remous-autour-du-projet-d-extraction-de-sable.html
- La position de l'Association Trébeurdinaise des Pêcheurs Plaisanciers : http://www.atpp-trebeurden.com/spip.php?article69
- Le site web du groupe Roulier (propriétaire de la CAN) : www.roullier.com

A visiter

Retrouvez toutes les photographies d'Yvon Toupin sur son site web www.photographie-nature.com

Contact

Mégane Chêne : meganechene@hotmail.fr


Réagissez à cet article sur nos forums ou par e-mail (david.bismuth@ornithomedia.com).
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