RACINES CHRETIENNES ET ISLAM : Sarkozy-Barbarin, l’alliance du trône
et de l’autel...
Par Christian Terras
Ce n’est pas la première fois que le président Sarkozy et le cardinal-archevêque de Lyon se renvoient (in)directement l’ascenseur. En 2007/2008 lors du fameux discours du Latran du premier nommé ; discours qui dessinait les contours d’une vision hégémoniste de la référence religieuse en contradiction de forme et de fond avec la tradition française de la laïcité. Discours auquel avait pleinement adhéré Mgr Philippe Barbarin allant jusqu’à évoquer une « laïcité de gratitude »...
Rebelote jeudi 3 Mars à l’occasion du déplacement du chef de l’état au Puy qui le vit une nouvelle fois brandir « les racines chrétiennes de la France (et de l’Europe) » sur fond de débat prochain proposé par lui-même sur la laïcité, sous entendu menace de l’islam... sans compter les événements en cours de l’autre côté de la Méditerranée jugés par le chef de l’état comme inquiétants lors de son discours aux Français dimanche 27 Février.
Discours auquel répond ce vendredi 4 Mars le cardinal Barbarin dans un entretien au journal « Le Monde ». Entretien où le primat des Gaules s’aventure à déclarer que de plus en plus de catholiques ont peur de l’islam... ce qui reste à prouver au niveau de la sociologie d’ensemble du catholicisme français.
L’archevêque de Lyon aurait été plus honnête intellectuellement de parler des catholiques conservateurs qui, aujourd’hui, dans le cadre d’un lobbying intensif, font feu de tout bois pour dramatiser la situation sur fond de révolte des peuples arabes de l’autre côté de la Méditerranée.
Cette tendance du catholicisme n’est pas représentative de l’ensemble du catholicisme.
Le cardinal Barbarin, à cet endroit, donne plutôt le sentiment de parler pour sa paroisse, à savoir celle d’un catholicisme identitaire conservateur qu’il sait camoufler derrière la pratique d’un pseudo dialogue inter-religieux qui relève plus de la communication que d’intentions réelles d’entrer en discussion sur le fond avec ses interlocuteurs.
Et qu’un responsable d’Eglise comme le cardinal Barbarin se risque à de telles assertions dans un contexte géopolitique hyper sensible comme celui qui se donner à vivre actuellement n’est pas à l’honneur ni de l’Eglise et encore moins de l’Evangile.
Bref, une curieuse impression se dégage, comme si chacun voulait se servir de l’autre : la religion de la politique et vice versa.
Il y a certainement de la part de Nicolas Sarkozy un calcul politique - entre autres la chasse aux voix des catholiques pour les présidentielles de 2012 - mais au delà on peut lui accorder une conviction sincère, dont la hiérarchie catholique entend évidemment tirer avantage.
Reste à savoir, plus loin que les stratégies à court terme, si l’Eglise et la République ont vraiment besoin d’un nouvel amalgame qui pourrait nuire à l’une comme à l’autre. Sans vouloir défendre une quelconque forme de laïcisme intégriste ou outrancier, reconnaissons que la confusion des genres ne nous semble pas la meilleure façon de régler une question aussi complexe.
Quand un président se met à tenir une nouvelle fois un discours métaphysique et religieux, une ligne rouge est franchie. Surtout quand un responsable d’Eglise comme le cardinal Barbarin en profite à nouveau, lui aussi, pour sceller l’alliance du trône et de l’autel.
Pour en savoir plus lire aussi le numéro 118 de Golias Magazine « Nicolas Sarkozy, le nouveau Constantin », ainsi que notre ouvrage paru aux éditions Golias "La République, les religions et...Sarkozy"
et que dire d'un monarque et d'un prélat qui baffrent dans l'auge des sectes : celle des frères et Sr de St Jean pour ne pas la nommer ! MORTIFERE