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 Incompétence d'une société au bout du bout

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MessageSujet: Incompétence d'une société au bout du bout   Incompétence d'une société au bout du bout Icon_minitimeVen 10 Fév - 15:48

Dans son rapport public annuel, la Cour des comptes pilone la gestion de la Banque de France.
Vente de l'or au mauvais moment, achat de titres spéculatifs, Christian Noyer est en premiére ligne.
Par ricochet, Nicolas Sarkozy, promoteur en 2004 de la cession de l'or de la BdF, est également accroché.
Christian Noyer, gouverneur de la BdF, se défend en tapant a son tour sur la gestion de la Cour. Du jamais vu



(Dessin de Louison)
C’est une lourde pierre dans le jardin du gouverneur de la banque de France que la Cour des comptes a lancé. Dans leur rapport public annuel rendu ce mercredi 8 février, les magistrats de la rue Cambon se sont penchés sur le programme de cession du stock d’or de l’institut. Et leur conclusion est radicale : l’opération s’est traduite par un appauvrissement de la Banque de France de 10 milliards d’euros. Nicolas Sarkozy est également indirectement visé. Le président, alors ministre de l’économie en 2004 donne l’ordre au gouverneur de s’engager sur cette voix. Objectif : faire du rendement pour l’Etat qui reçoit les dividendes de la Banque de France, mais aussi permettre à l’institut de financer ses lourdes charges.

Certes, avec l’envolée du métal précieux, la vente de 589 tonnes d’or a généré une montagne d’euros de plus-values : une dizaine de milliards d’euros. Mais c’est justement ce que critique la Cour : l’accord cadre entre l’Etat et la Banque de France indiquait que « le rythme de mise en œuvre du programme de vent » était laissé à l’appréciation du gouverneur de la BdF. A lui d’en juger l’opportunité « en particulier au vu de l'évolution des cours observés sur le marché de l'or. »

Or précisément, note le rapport dans une note de bas de page : « Le cours de l’once d’or qui s’établissait à 438 $ à la fin de l’année 2004, s’élevait à 104 $ à la fin de 2009, au moment de la fin du programme. Il se situait à près de 1 600 $ fin 2011. » Cruel pour la jugeote de Christian Noyer. Lequel se défend dans sa réponse adressée à la Cour : « (les ventes) ont été décidées d'un commun accord avec l'État, effectuées à un cours moyen qui était historiquement très satisfaisant - notamment en ce qui concerne la dernière tranche - et supérieur à celui des autres banques centrales (…) elles ont permis de générer des revenus importants qui ont été versés à l'État.. » L’argument est à double tranchant.

VENDRE DE L'OR POUR ACHETER DE LA LIVRE STERLING: TRANSFORMER L'OR EN PLOMB

Premièrement, le gouverneur y explique que le programme s’est achevé selon un cours moyen de cession supérieur à celui des autres banques centrales. Et pour cause, comme le montre le graphique, les autres banques centrales « les ont interrompus plus tôt (Belgique en 2005, le Portugal en 2006, l’Autriche et l’Espagne en 2007)», note le rapport. Ce que les autres gouverneurs de banques centrales ont vu, autrement dit des conditions économiques propices à la hausse sans fin de l’or, le gouverneur de la BdF, lui, ne l’aurait pas identifié…

Mais les magistrats continuent de pointer cruellement la gestion de la BdF. Car ce bon or a été transformé en plomb. Une partie importante de l’argent dégagé a été investit en….livre sterling. « C’est absurde d’opérer de tels investissements après aout 2007 et le déclenchement de la crise des subprime. L’or devient une valeur refuge, tandis que la livre hors de la zone euro peut a tout moment être dévaluée », s’énerve-t-on à la Cour.


Noyer : "Il faut que les Grecs s'aident eux-mêmes" par Europe1fr



Noyer : "Il faut que les Grecs s'aident eux-mêmes" par Europe1fr
L’apprenti spéculateur a également voulu faire comme dans les banques privées qui jouent sur les marchés : faire du rendement. Alors que la Scor, ou encore la Caisse des dépôts ont renonçé à acheter des dettes risquées (celles de la Gréce ont été dévaluées de 50% de leur valeur) la Banque de France s’en est elle, au contraire, gavée tout comme Groupama. Ainsi, 44% des 54 milliards d’euros de titres de dettes d’Etat ont-ils été placés sur des valeurs à risque comme la Grèce.

C'est peu dire que Christian Noyer n'a pas apprécié le rapport de la Cour des comptes. Et pour sa défense, le gouverneur répond en deux points

Le premier par l'attaque. Invité ce matin de Jean-Pierre Elkabbach, il a, chose inahbituelle, remis en cause la gestion de la Cour des comptes elle-même. Au micro d'Europe 1, le gouverneur s'est inquiété de ce que « La cour des comptes ne baisse pas ses effectifs (et) que ses charges de personnels ont augmenté de 10% en 3 ans.»
Enfin, le gouverneur mouille le pouvoir : Christian Noyer indique clairement que les dernières ventes, tardives au regard de la courbe de hausse de l’or, ont été faite en « accord avec l’Etat », permettant de lui verser « des revenus importants ». Bref que la BdF a répondu à une injonction pour soutenir les recettes de Bercy.
Problème : les 589 tonnes or vendues par la BdF valent aujourd’hui près de 20 milliards. Le double de ce que la Banque a encaissé en les vendant.

Merci qui ?

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MessageSujet: Mastérisation: la Cour des Comptes tacle la réforme Sarkozy   Incompétence d'une société au bout du bout Icon_minitimeDim 12 Fév - 14:40

Mastérisation: la Cour des Comptes tacle la réforme Sarkozy
La réforme de la formation initiale et de recrutement des enseignants des premier et second degrés dite de la « mastérisation », mise en œuvre à compter de la rentrée scolaire 2010-2011, fait l'objet d'un large et édifiant chapitre du récent bilan 2011 de la Cour des Comptes.

Les conseillers rappellent d'abord qu'elle visait à élever le niveau de recrutement, mais aussi à tirer parti, « le plus rapidement possible, des économies d’ emplois ». Au final, les résultats sont médiocres et le bilan inquiétant.




Où sont les économies ?
Le gouvernement voulait donc économiser de l'argent. Las, il est incapable d'estimer correctement les économies et les coûts. Ainsi, la suppression nette de 9.567postes d’enseignants stagiaires des instituts universitaires de formation des maîtres pour une économie d'au mieux 370 millions d'euros annuelles.
Suppression des postes de stagiaires: - 707M
Création d’emplois de titulaires: +116M
Rémunération des étudiants M2: +130M
Revalorisations début de carrière: +39M
Bourses de « mastérisation »: +25M
Indemnités de suivi et de tutorat: +27M
Total mesures liées à la réforme: -370M
Mais cette évaluation apparemment précise ne prend pas en compte d'autres coûts:
- «Les coûts directs, nombreux - enseignement, administration, immobilier, etc. - entraînés par le maintien dans le système universitaire pendant une ou deux années supplémentaires des étudiants se destinant à l’enseignement »
- « l’impact de l’allongement des études des candidats sur le coût global des bourses de l’enseignement supérieur »
- le coût des années de formation supplémentaires pour les candidats qui ont échoué aux concours de recrutement mais se réorientent.

Quelle amélioration ?
En termes qualitatifs, la Cour n'est pas avare en critiques. Elle fustige d'abord la précipitation avec laquelle le gouvernement a agi: « le choix d’une mise en œuvre rapide de la mastérisation a été à l’origine d’une grande partie des difficultés constatées au cours de sa première année d’application.»

1. Les nouveaux enseignants se sont révélés insuffisamment formés : à la rentrée 2010, « plus de 70 % des enseignants recrutés au mois de juin précédent n’avaient aucune expérience de l’enseignement ».

2. Leur affectation a posé problème: il furent affectés aux créneaux ou dans les établissements que les professeurs expérimentés ne voulaient pas, voire affectés dans plusieurs établissements à la fois ! La Cour note que l'affectation multiple a concerné « 22,3 % des enseignants stagiaires à Paris, 18,9 % à Grenoble, 16,5 % à Lyon, 13,2 % à Rouen et 10,4 % à Rennes. »

3. L'encadrement promis par un enseignant expérimenté n'a pas été à la hauteur des promesses gouvernementales: « 23 % des stagiaires n’étaient pas situés dans le même établissement que leur tuteur.» Certaines académies ont atteint des records: « Ce taux a dépassé 25 % dans la moitié des 26 académies qui ont répondu à cette enquête : il a atteint 31 % dans les académies de Lyon et de Reims, 34 % dans celle Rouen, 35 % dans celle de Caen et 46 % dans celle de Paris. »

4. Le vivier de recrutement s'est tarit: « Le relèvement du niveau de diplôme requis pour se présenter aux concours a entraîné mécaniquement une baisse du vivier potentiel de candidats. » Les inscriptions aux concours externes du premier degré a perdu 31.000 candidatures (sur 74.000 !) en un an. Pour le second degré, la chute fut moins sévère mais réelle: 86 250 en 2010, 65 314 en 2011. Pire, le taux de présence aux concours s'est affaissé.

5. Conséquence logique, le taux de sélectivité pour le second degré a diminué (« de 13,1 % à 15,8 % pour l’agrégation, de 22,7 % à 32,5 % pour le certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré (CAPES), et de 18,5% à 42,6% pour le certificat d’aptitude au professorat d’éducation physique et sportive (CAPEPS).»).


Au final, la conclusion est sans appel:
« Par-delà ces difficultés de mise en œuvre, la réforme de la formation initiale et du recrutement des enseignants n’atteint pas les objectifs assignés à l’origine. Elle ne garantit pas que les enseignants bénéficient désormais d’une formation initiale plus « professionnalisante ». Elle soulève, en outre, des questions sur son adéquation avec les orientations générales du système éducatif et sur les conditions générales de recrutement des enseignants.»


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MessageSujet: DÉMISSION MASSIVE AU JURY D'AGRÉGATION DE MATHÉMATIQUES   Incompétence d'une société au bout du bout Icon_minitimeMer 15 Fév - 16:09

DÉMISSION MASSIVE AU JURY D'AGRÉGATION DE MATHÉMATIQUES
La réforme de la formation des enseignants, dite mastérisation, continue de faire des ravages. Elle restera comme l'une des plus catastrophiques actions du gouvernement de Nicolas Sarkozy.

Cette réforme a été au coeur des manifestations des universitaires en 2009. Elle vient de provoquer la démission d’un quart du jury de l’agrégation externe de mathématiques. Je publie ci-dessous le texte explicatif des démissionnaires.

«Démission d’un quart du jury de l’agrégation externe de mathématiques : les effets de la masterisation.


Le système éducatif français est en crise, la situation est grave.
La crise apparaît d'abord dans l'asphyxie des moyens. Les fermetures de classes se succèdent à un rythme accéléré dans les écoles primaires, les collèges et les lycées. Les universités n’arrivent pas à accueillir décemment les étudiants ; elles sont précipitées dans une course effrénée aux financements. Il y a une baisse alarmante des effectifs dans les études scientifiques ainsi que dans les filières professionnelles. Les mesures indignes prises récemment à l'encontre des étudiants étrangers aggravent encore la situation. Élèves, étudiants, parents, chefs d'entreprises, enseignants, tous perdent peu à peu confiance dans notre système de formation.


Un signe alarmant est la désaffection croissante des étudiants pour le métier de professeur. Amorcé au début des années 2000, le phénomène a connu en 2011 une accélération brutale, effet immédiat de l'entrée en vigueur de la réforme de la formation et du recrutement (connue sous le nom de « masterisation »). Par exemple, au CAPES externe de mathématiques, où il y avait 846 postes ouverts en 2010 et 950 en 2011, le nombre de candidats présents aux épreuves écrites est passé de 2695 en 2010 à 1285 en 2011 (-53%), le nombre d'admissibles de 1919 à 1047 (-46%), le nombre d'admis de 846 à 574. Ainsi, l'effondrement du nombre de candidats a été tel que le jury n'a pu pourvoir en 2011 que 60% des postes offerts. De tels chiffres se passent de commentaire.

Sans être encore aussi catastrophique, la situation de l'agrégation n'en est pas moins alarmante : le nombre de candidats présents à l'écrit a régulièrement baissé depuis 2006 (ils étaient 1853 en 2006 et 1124 en 2011), alors qu'en même temps le nombre de postes augmentait. Les effectifs des préparations au CAPES ou à l'agrégation restent cette année à un niveau très bas. Pourtant le besoin en professeurs est énorme. Les rectorats en sont à publier des petites annonces pour rechercher les professeurs de mathématiques qui leur manquent. On recrute ainsi dans l'urgence des personnels précaires, non qualifiés et sans formation professionnelle. Les zones « difficiles » sont les premières touchées, ce qui va à l’encontre de l'égalité des chances et compromet la vie des générations à venir.


Pour une très grande part, la crise de l’école provient des déséquilibres de la société et de l’économie, dans le monde comme en France, entraînant une perte de confiance et des difficultés d’adaptation. Ceci devrait être une raison de plus pour faire de l'école une priorité, un devoir pour la nation afin de mieux préparer l’avenir.


Pour améliorer l’école il faut reconnaître ses problèmes. Notre système éducatif a certainement ses faiblesses, qu’il faut corriger. Cependant il a aussi des forces considérables, qu'il faut absolument préserver. L'une d'elles, reconnue dans le monde entier, était sa capacité de formation et de recrutement des enseignants, garantissant de très solides bases scientifiques et humanistes. Or dans sa frénésie de réformes, le ministère de l’éducation nationale est en train de détruire sciemment cette capacité. Nous ne pouvons pas rester passifs devant cette entreprise de démolition.


La masterisation a été imposée sans aucune concertation, contre l'avis quasi unanime de la communauté éducative (cf. le récent rapport Jolion). L'exigence du diplôme de master pour tous les concours d’enseignants a détourné un grand nombre de candidats potentiels. Beaucoup des meilleurs étudiants, pour lesquels la deuxième année de master est une ouverture naturelle vers la recherche, ont déserté les préparations à l'agrégation. D'un autre côté, des étudiants moins brillants ont reculé devant la difficulté supplémentaire que représentait le master. Le flux, modeste mais régulier, et bénéfique, de candidats venus d'autres secteurs d'activité professionnelle pour une reconversion a été stoppé net.


L'un des aspects les plus graves de la réforme en cours est l'attribution d'un service d'enseignement à temps plein aux lauréats, juste après le concours. Cette mesure n'a aucune autre justification que l'exigence d'économies budgétaires. Elle a d'ailleurs été désapprouvée par le Conseil d'État. La formation professionnelle est ainsi sacrifiée. Une réforme aurait dû avant tout motiver les étudiants et les mettre dans les meilleures conditions de préparation. C'est exactement le contraire qui s'est produit.


La masterisation a déjà changé le visage de l’agrégation, en diminuant fortement le nombre des candidats. Or ce concours est un des points les plus forts de notre système. Son intérêt principal est de garantir un recrutement de qualité indiscutable. Le stage qui suivait l’admission complétait la formation professionnelle. Les conditions nouvelles d’inscription ont changé la donne, là où il n’y avait aucune nécessité. Une conséquence de la suppression de l'année de formation professionnelle après le concours a été l’introduction de l’épreuve « agir en fonctionnaire de l'état et de façon éthique et responsable », censée tester la déontologie et les qualités humaines du candidat en un quart d’heure lors de l’oral, plutôt qu’au cours d'une année d'apprentissage sur le terrain. Le jury de l'agrégation de mathématiques, pratiquement unanime, avait lors de la session 2010 indiqué dans une motion rendue publique son opposition à l'instauration de cette nouvelle épreuve dans ces conditions. Plusieurs jurys d'autres disciplines en avaient fait autant. La moitié du jury de l’agrégation de philosophie avait même démissionné pour protester contre l’absurdité de l’épreuve « agir ». Le ministère n'a même pas daigné répondre à ces critiques. Au contraire, il s'est ingénié à dénaturer encore plus le concours en y introduisant des contraintes nouvelles (certification en informatique et en langues, à un niveau clairement irréaliste), toujours sans concertation et sans préparation.


À ces contraintes s'est ajoutée une complication supplémentaire : le ministère a imposé à tous les jurys un calendrier extrêmement serré qui, pour les concours à gros effectifs comme celui de mathématiques, a transformé la session d'oral 2011 en un marathon très difficile à gérer. Annoncé comme exceptionnel par le ministère, ce resserrement du calendrier a été accepté par notre jury, soucieux de préserver l'agrégation, de permettre aux candidats de faire valoir leur travail de préparation, et d'assurer aussi bien qu'il le pouvait le recrutement de professeurs pour pourvoir les 288 postes mis au concours en 2011.


Mais les membres du jury ont en même temps voulu renvoyer à leur tutelle un message d'alerte exprimant leur inquiétude quant à la détérioration du concours et plus généralement des conditions de formation et de recrutement des professeurs. Cette démarche n'était pas destinée à être rendue publique, mais un nouveau diktat ministériel concernant la session 2012 a mis le feu aux poudres : le calendrier, loin de redevenir normal, allait être encore plus resserré ; le jury disposait de moins de temps alors que vingt postes de plus étaient à pourvoir. La seule façon d'organiser le concours en respectant les délais imposés et sans porter atteinte à l'équité des épreuves pour tous les candidats serait de diminuer le nombre d'admissibles : prendre une telle décision pour des raisons purement administratives est pour nous inacceptable.


Une lettre circonstanciée, signée par une grande majorité des membres du jury 2011, fut adressée au ministre, détaillant nos inquiétudes sur le fond, et lui demandant surtout de revoir les dates d’oral (nous suggérions par exemple de moduler celles-ci suivant les effectifs de chaque concours). Le mécontentement était tel que les signataires faisaient part de leur intention de ne pas siéger en 2012 s'ils n'obtenaient pas de réponse. Il y eut certes une réponse, mais indirecte et accablante : adressée au président du jury, elle le chargeait en quelque sorte de calmer ses troupes, maintenait les contraintes absurdes du calendrier et ne disait pas un mot des questions de fond. Aussi, trente d'entre nous, soit plus d'un quart du jury 2011, ont décidé qu'il n'était plus possible d'assister passivement à la destruction de notre système de formation et de recrutement. Ils ont pris la grave décision de démissionner et de rendre publiques les raisons de leur geste. Le mépris avec lequel la DGRH et le ministère ont traité leur personnel à cette occasion va bien avec le fond et la forme des réformes récentes. C’est contre tout cela que les démissionnaires protestent aujourd’hui.
La protestation de membres d'un jury d'agrégation peut apparaître comme dérisoire au regard de la crise que traverse la société, en particulier du chômage qui frappe 25% des jeunes. À ceux qui voient dans notre démarche une réaction élitiste, émanant de quelques privilégiés, nous disons que la formation de la jeunesse est la question clé aujourd’hui, et que nous refusons la destruction en cours des outils de cette formation. Quelle chance a-t-on d’entrevoir la sortie de la crise si on renonce à donner une formation de qualité aux futurs citoyens ?


Or les conséquences des réformes actuelles sont déjà visibles : on enverra dans les classes de jeunes professeurs moins motivés, moins bien formés scientifiquement, sans ou presque sans formation pédagogique ni professionnelle. Un gâchis patent, pour ces professeurs autant que pour leurs élèves. Le système d'éducation français a longtemps été un modèle. Il est urgent qu'il le redevienne. Nos universités devraient attirer des étudiants du monde entier. C'est particulièrement vrai en mathématiques, où l'école française est une des meilleures du monde. Mais ne nous y trompons pas, l'élite ne peut pas reposer sur du vide. Nosmédailles Fields ne sont pas une rente éternelle. La dégradation générale aura inévitablement des répercussions sur l'ensemble du tissu scientifique, et en particulier sur notre recherche de pointe. Il est urgent de redonner au métier d'enseignant l'éclat qu'il a perdu. N'attendons pas qu'il soit trop tard. En défendant un outil de formation et de recrutement efficace, c'est à l'avenir de tous les jeunes que nous pensons.
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MessageSujet: Incompétences   Incompétence d'une société au bout du bout Icon_minitimeVen 17 Fév - 9:13

C’est dire le degré de discrédit atteint par l’actuel président au sein de la fonction publique.

Normal, diront les esprits paresseux : c’est un président libéral, hostile à l’Etat ; il a mené une politique libérale, il en paye le prix.
Si encore les choses étaient aussi simples ! Si Sarkozy avait été un vrai libéral, nous aurions vu les dépenses publiques baisser, les effectifs publics se réduire, la fiscalité s’alléger.

Mais il s’en faut de beaucoup. C’est sous son quinquennat que les dépenses publiques ont atteint leur maximum historique : 56 % en 2011 ; trente et un impôts nouveaux ont été créés, sans compter ceux que l’on a alourdis, tel l’impôt sur les plus-values. Le nombre de fonctionnaires d’Etat a un peu reculé, en fin de période, par l’application de la règle déjà ancienne de non remplacement d’un fonctionnaire sur deux ( la fameuse RGPP !) , mais surtout au détriment de l’armée, et sans qu’on empêche la fonction publique locale de croître parallèlement.

Bien que l’actuel président n’ait jamais aimé les fonctionnaires, il aura été celui qui a augmenté le plus les rémunérations des fonctionnaires d’autorité et de certains corps déjà bien rémunérés comme la police ou les finances ; cela sous prétexte d’encourager une productivité bien difficile à mesurer.

Bien plus qu’une politique faussement libérale, Sarkozy a payé le prix de son incompétence. Il s’est trouvé propulsé à la tête de l’immense machine étatique sans vraiment la connaître, comme le capitaine d’un navire qui ne serait jamais de sa vie descendu dans les soutes.

C’est ainsi que, dans son prurit de réforme, il a donné un coup d’accélérateur à toute une série de réformes qui se trouvaient, soit déjà votées et non appliquées, soit en gestation.

Parmi les lois déjà votées, la plus importante est la loi du 1er août 2000, dite Loi organique des lois des finances (LOLF pour les initiés) approuvée à l’unanimité au temps de Jospin. Les enseignants, remplis de ressentiment contre le président actuel, et qui manifestent avec raison contre l’évaluation systématique de leur travail, savent-ils que cette évaluation n’est que l’application d’une loi votée du temps de la gauche ? Elle ne devait s’appliquer qu’en 2005 et le temps de rodage passé, elle n’a fonctionné à plein qu’à partir de 2007.

Cette loi repose sur des principes hautement contestables : les fonctionnaires sont corporatistes, ne travaillent pas ; il faut donc affaiblir ou supprimer les corps (agrégés, gendarmerie, professeurs de médecine, DDE, DDA , corps des mines etc.) et leur inculquer la « culture du résultat », c’est-à-dire le « pilotage » à partir de statistiques d’ « efficience » toutes plus contestables les unes que les autres, toutes propices à la tricherie et qui font ressembler de plus en plus l’administration française à l’économie soviétique.

Ces reformes par lesquelles on prétend pompeusement introduire « les méthodes managériales dans l’administration » reposent sur des principes faux. Le premier est qu’une administration se gère comme une entreprise (Ludwig von Mises, libéral de l’Ecole de vienne, a démontré le contraire !), le second que les fonctionnaires ne travaillaient pas et qu’il fallait les « secouer » : qui s’est jamais plaint du manque de zèle de l’administration fiscale ? Il y a, comme partout, 20 % de tire-au-flanc mais les fonctionnaires ne sont pas responsables des procédures compliquées et souvent inutiles qu’on leur impose d’appliquer. Les corps ont été tenus pour archaïques : on oubliait tout ce qu’ils avaient accompli au cours des cinquante dernières années : les instituteurs d’avant la « rénovation pédagogique » pour diffuser l’instruction dans le peuple, les ponts et chaussées pour équiper la France, le génie rural pour moderniser l’agriculture, le corps des mines pour développer l’industrie. L’honneur professionnel dont ils étaient porteurs était une motivation bien plus noble que le réflexe pavlovien de la prime par lequel on voudrait le remplacer. L’honneur professionnel : un gros mot dans le climat de « modernisation de l’Etat » !

Autre présupposé faux : l’idée qu’on accroît l’efficacité en fusionnant les structures : communes, police et gendarmerie, antennes locales de l’Etat, Impôts et Trésor, ANPE et ASSEDIC etc. Non seulement ces fusions se sont traduites parfois par une immense pagaille (pôle Emploi), mais les résistances légitimes n’ont été surmontées que par une large distribution de primes qui a annulé et au-delà les bénéfices attendus.

Que le gouvernement ait tenté de réduire les effectifs de la fonction publique, passe encore, mais fallait–il, pour tout compliquer, que cette réduction, déjà difficile en elle-même coïncidât avec le double traumatisme d’une refonte générale des organigrammes et de l’introduction du contrôle chiffré systématique ? Pour couronner le tout, les procédures ont continué à se compliquer comme jamais : le Grenelle de l’environnement a produit plus de 100 pages de textes !

L’immense découragement qui règne de haut en bas de la fonction publique et qui s’exprime dans beaucoup de départs à la retraite anticipés, est sans doute l’héritage le plus désastreux du quinquennat.

Mais ne chargeons pas Sarkozy puis qu’il ne le mérite : la plupart du temps, il n’a fait que donner un coup d’accélérateur à des réformes qu’une certaine technocratie tenait en réserve depuis de nombreuses années. C’est moins son activisme qui est en cause que sa passivité face à des logiques technocratiques absurdes que de vrais politiques auraient dû corriger.

Même s’ils n’en ont pas tous conscience, ce n’est pas pour son libéralisme supposé que Sarkozy est rejeté par une large majorité de fonctionnaires, c’est pour son incompétence.

(1) Sondage CEPIVOF rendu public le 31 janvier 2012

Roland Hureaux est l'auteur de La grande démolition - La France cassée par les réformes (éditions Buchet-Chastel, 2012)
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