André Vallini, chargé de la justice dans l'équipe de campagne de François Hollande, estime qu'il faut faire de la prison "un temps utile" et favoriser les aménagements de peine, pour lutter contre la surpopulation carcérale qui est facteur de récidive.
Alors que les tueries de Toulouse ont ramené le thème de la sécurité au premier plan de la campagne présidentielle, le sénateur PS a fustigé, dans un entretien à l'AFP, le bilan de Nicolas Sarkozy.
"Le discours sécuritaire est contredit par les faits", a-t-il affirré. "La criminalité se durcit, l'insécurité se développe, les violences aux personnes explosent".
Selon lui, "l'empilement des lois d'affichage votées dans la précipitation est destiné à masquer le manque de moyens nécessaires au fonctionnement de la justice, dont des milliers de décisions ne sont pas exécutées".
"Les peines prononcées sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus lourdes, et les prisons de plus en plus surpeuplées. Sans résultat sur la délinquance car rien n'est fait pour la prévention en amont ni pour la réinsertion en aval", a-t-il ajouté.
Avec 66.445 détenus, le nombre de personnes incarcérées en France a atteint le 1er mars un nouveau record, le taux d'occupation s'élevant à 116%.
Si François Hollande est élu à l'Elysée, "il mènera une politique pénale consistant à punir les délinquants aussi sévèrement que nécessaire, mais visant aussi à faire de la prison un temps utile afin de lutter contre la récidive", a dit M. Vallini.
La gauche reviendrait selon lui sur le projet de loi, voté fin février par le Parlement et validé vendredi par le Conseil constitutionnel, prévoyant d'augmenter le parc pénitentiaire de plus de 20.000 places pour le porter à 80.000, pour 3 milliards d'euros. "Cet argent sera beaucoup plus utile à la Protection Judiciaire de la Jeunesse, chargée du suivi des mineurs délinquants, et aux Services pénitentiaires d'insertion et de probation, qui luttent contre la récidive", a estimé M. Vallini.
"Pour être efficace, la prison, qui doit être réservée en priorité à ceux qui sont réellement dangereux, aux criminels, aux récidivistes et aux grands délinquants, doit être aussi et surtout pour tous les détenus un lieu où l'on s'amende, et d'où l'on ressort avec une perspective de réinsertion". "Et pour les courtes peines, toutes les études montrent que les alternatives à l'incarcération sont beaucoup plus efficaces contre la récidive, comme le disait d'ailleurs la loi pénitentiaire de 2009", a-t-il ajouté.
François Hollande a annoncé son intention de revenir sur les peines planchers, appliquées depuis 2007 aux récidivistes et étendues en 2011 aux auteurs de certains délits de violences aggravées.
"L'automaticité est par définition contraire à la justice humaine, qui doit être individualisée et ces peines n'ont eu qu'un seul résultat: remplir les prisons et donc aggraver la récidive à la sortie", a affirme M. Vallini.
En matière pénale, François Hollande a notamment annoncé qu'il doublerait, s'il était élu, le nombre de Centres éducatifs fermés (CEF) pour mineurs délinquants, pour le porter à 80. Il s'est aussi engagé à créer, chaque année durant le quinquennat, 1.000 postes supplémentaires pour la justice, la police et la gendarmerie.