La première scène de Je confesse... est une image forte : un prêtre, muni d'un chiffon, s'acharne désespérément sur un confessionnal. L'astique, le frotte, le secoue. Rien à faire : les vices demeurent, résonnent, habitent le lieu inexorablement... ( on se croirait à Léoncel :
http://leoncel.free.fr ) D'emblée, le ton est donné : dans Je confesse..., c'est le confessionnal qui s'ouvre et se dévoile. Déniché dans une église, placé au centre de la scène, il fait son show pendant plus d'une heure. Investi par une prostituée, par un homme d'affaires peu scrupuleux ou encore un prêtre SDF accusé de pédophilie... L'objet est sale plus que saint, étouffant plus que libérateur, infernal plus que divin. Mystérieux dans tous les cas.
« Un divan de psychanalyste »
Sur la scène, il devient l'objet de tous les possibles. Ambulant, il se retrouve tantôt sur un tas d'immondices, tantôt dans une banque luxembourgeoise, en pleine crise financière. Ou même, de façon récurrente, dans une foire, manège parmi les manèges : « Allez, allez, on se soulage et on se vide pour 40 euros », répète le prêtre dans un micro. Une façon de nous dire qu'aujourd'hui, on se confesse partout : « Dans les blogs, sur Internet, par le biais de la TV réalité : on se confesse presque tous dans cette société ! », explique Nicholas Eliott, qui a écrit les monologues de la pièce.
Vendredi, c'était la grande première de Je confesse... au Salon de Théâtre. Samira et Annette, venues voir la pièce, n'ont pas fini d'en discuter : « La pièce réussit à aborder des sujets tabous et très graves de notre société, avec humour, et parfois, aussi, provoque de gros silences dans la salle », constate Samira, visiblement séduite. Annette, pour sa part, ne comprend pas très bien le message à saisir : « J'ai beaucoup aimé la mise en scène, les chorégraphies... Par contre, la vision de la religion et de la sexualité, dans la pièce, m'a semblée dépassée !
Est-ce que c'est une critique de la religion ? Car enfin, aujourd'hui, qui a honte d'être homosexuel ou de se masturber ? ».
Ce qui est sûr, c'est qu'en plaçant un confessionnal au centre d'une scène, Dominique Thomas en a fait un objet intrigant, chargé d'Histoire et d'histoires, dont on n'a pas fini d'entendre parler. Le metteur en scène s'en amuse : « Ce qui me fait rire, c'est qu'un confessionnal revive et qu'on y dise autant d'abominations. C'est un divan de psychanalyste, un petit théâtre en soi. En définitive, c'est un objet qu'on a essayé de faire vivre. »