Une douzaine de millions de saumons rouges étaient attendus cet été pour frayer dans les eaux de la rivière Fraser en Colombie-Britannique, mais plus de neuf millions ne sont jamais venus et leur disparition est un mystère, ont rapporté jeudi des médias canadiens.
Selon les prévisions des experts du ministère canadien des Pêches et Océans, entre six et 10 millions de "sockeyes", rois des saumons du Pacifique, devaient remonter le courant de la rivière Fraser ce mois-ci. Mais, selon leurs observations, la "vague d'été", le plus important des quatre mouvements observés entre juin et fin août, n'a compté qu'environ 600.000 poissons, a indiqué la porte-parole du ministère, Lara Sloan.
Le sort des disparus reste mystérieux
Les saumons nés en 2005 ont quitté les eaux intérieures pour l'Océan deux ans plus tard, nombreux et en bonne forme, et devaient revenir cet été pour se reproduire. Mais ils ont disparu.
"Les scientifiques sont abasourdis", a dit Sarah King, responsable de la campagne "Océan" de Greenpeace Canada, à Vancouver, le grand port de la Colombie-Britannique.
La faute aux poux de mer ?
Les écologistes de Greenpeace "sont préoccupés par une possible interaction entre les saumons sauvages et les poux de mer qui viennent des élevages de saumons" dans le détroit de Georgia, le bras de mer séparant l'île de Vancouver de la terre ferme, par où passent les poissons voulant gagner la rivière Fraser », a-t-elle ajouté.
Greenpeace mène campagne depuis des années pour éloigner les élevages de ce "couloir de migration" et a obtenu que certains, appartenant à la compagnie Marine Harvest, soient fermés pendant la période de migration.
Les poux de mer affaiblissent les saumons qui risquent de devenir des proies faciles pour différents prédateurs ou de manquer de force pour remonter le courant des rivières.
Experts du ministère et écologistes ont formulé aussi d'autres hypothèses: réchauffement des océans perturbant l'écosystème, manque de nourriture ou activité accrue de prédateurs remontant du Sud.
Les Amérindiens premiers touchés
Le quotidien Globe and Mail parle de "crise" et prédit une "catastrophe" pour les communautés amérindiennes des bords de la rivière Fraser, le plus long cours d'eau de cette province de l'Ouest canadien, dont certaines familles vivent essentiellement de la pêche.
L'énigme a suscité aussi un vif débat sur les blogs de Vancouver, certains internautes accusant les populations autochtones d'utiliser dans les rivières des filets qui "arrêtent tout ce qui passe". D'autres ont pris la défense des Amérindiens "qui ont toujours pêché sans que cela décime les poissons" et invoqué la surpêche industrielle des dernières années.
Pêches professionnelle et sportive à l'arrêt
Faute de saumons, la pêche professionnelle n'a pas été ouverte, la pêche traditionnelle pratiquée par les autochtones est à 5% de son niveau habituel et la pêche sportive restera interdite cette année, a indiqué la porte-parole du ministère des Pêches et Océans.
De son côté, la télévision publique CBC a souligné que, quelle que soit la raison de l'hécatombe supposée du saumon rouge, son prix allait connaître une hausse vertigineuse.
Les chercheurs et les pêcheurs attendent désormais avec inquiétude l'arrivée du saumon rose, qui fraie un peu plus tard, entre fin août et octobre.