Bilan de la qualité de l'eau publié jeudi 17 août par l'Institut français de l'environnement (IFEN) ne fait apparaître aucune amélioration. Les eaux brutes superficielles et souterraines restent largement contaminées par les pesticides, utilisés principalement pour améliorer les rendements agricoles.
En 2004, sur les 607 points de mesure de la qualité des rivières, la présence de pesticides a été relevée dans 96 % des cas. La qualité de l'eau est jugée "moyenne à mauvaise" dans 49 % des cas, ce qui signifie que la vie des organismes aquatiques et la production d'eau potable sans traitement spécifique sont compromis. Pour les eaux souterraines, dont le renouvellement peut prendre des centaines d'années, des concentrations de pesticides sont relevées dans 61 % des échantillons. Dans 27 % des cas, la qualité est médiocre ou mauvaise.
Le nombre de molécules chimiques repérées augmente : dans les eaux superficielles, 229 substances différentes ont été quantifiées au moins une fois en 2004, contre 201 en 2002. Dans les nappes, 166 substances ont été quantifiées en 2004, contre 123 en 2002. Les substances les plus souvent décelées sont le glyphosate et l'atrazine, qui persiste dans l'environnement malgré son interdiction en 2001.
L'IFEN reste toutefois très prudent sur l'interprétation de cette évolution. "Nous cherchons plus de molécules, dans davantage d'endroits, et nos capacités d'analyse s'améliorent dans certains cas", explique François Moreau, chef du département de la connaissance environnementale à l'IFEN. Les chercheurs espèrent à l'avenir pouvoir gommer ces biais, mais c'est un travail "très lourd", commente M. Moreau.
Ces chiffres renforcent l'hypothèse selon laquelle l'évolution des tonnages de produits pesticides vendus n'est pas un indicateur significatif. Après avoir connu un pic en 1999, ces quantités ont baissé pendant plusieurs années, avant de remonter en 2005. Cependant, "les différentes substances présentent des niveaux de danger très hétérogènes et les substances nouvelles sont en général plus toxiques à faibles doses", notent les auteurs du rapport.
La France est le troisième consommateur au monde d'insecticides, d'herbicides et de fongicides.