Les Etats-Unis voudraient que l'ours blanc soit classé espèce menacée d'extinction. Ce qui se traduirait par des restrictions accrue à la chasse. Les Inuits sont en colère.
Ces chasseurs traditionnels, qui traquent l'ours depuis la nuit des temps, prônent le maintien des quotas de chasse en vigueur et dénoncent "une attaque directe contre nos droits, notre culture".
Les images d'ours polaires amaigris, cherchant en vain leur nourriture au milieu d'une banquise fractionnée, et nageant avec peine entre des glaçons à la dérive dans l'océan arctique, ont été parmi les plus fortes et celles ayant le plus contribué récemment à la prise de conscience des effets néfastes du réchauffement climatique.
Conséquence de cette médiatisation du drame des ours, les Etats-Unis ont proposé qu'ils soient désormais classés espèce menacée d'extinction par l'organisme international compétent. Ce qui suscite les critiques des Inuits du Canada...
Washington se propose en effet de faire passer l'ours polaire de l'Annexe II (espèces en danger, dont le commerce international est strictement réglementé) à l'Annexe I (espèces menacées d'extinction, dont le commerce international est interdit, sauf à des fins scientifiques) de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) lors de la conférence de celle-ci à Doha en mars prochain.
Ce changement se traduira par des restrictions du commerce international frappant notamment les autochtones des régions arctiques.
Les uns maigrissent, les autres grossissent
Or, un système de quotas de chasse est déjà en place depuis de longues années pour protéger les ours. Face à cette menace de restrictions accrues, Mary Simon, présidente de la principale organisation canadienne des chasseurs traditionnels arctiques, Inuit Tapiriit Kanatami, est donc montée au créneau, affirmant que l'ours polaire "n'est ni de loin ni de près menacé d'extinction". Et elle a dénoncé "une attaque directe contre nos droits, notre culture, nos coutumes de chasse, nos accords sur la protection de la nature et sa gestion, et contre les économies locales des peuples autochtones de l'Arctique".
Mais les ours ne sont pas les seules espèces du Grand Nord menacées par le réchauffement climatique, loin s'en faut. Même si pour d'autres animaux, les conséquences sont différentes. Ainsi, alors que les ours dépérissent faute de proies, les orques et les phoques de la côte ouest canadienne souffrent d'une obésité grandissante... qui met elle aussi leur santé en danger.
Ces grands animaux pâtissent de la malnutrition des saumons "chinooks", leur met favori, selon les conclusions de chercheurs canadiens présentées cette semaine à Québec au 18e Congrès biennal international sur la biologie des mammifères marins. Le régime alimentaire de cette espèce de saumon, aussi appelée "saumon royal", a en effet été déréglé par la hausse de la température de l'océan Pacifique ainsi que par la pollution chimique des eaux.
Cela a engendré une modification du métabolisme de leurs prédateurs, qui ont vu leur appétit démultiplié... au risque de consommer toujours plus de produits chimiques néfastes. Ce qui a pour conséquence de modifier le métabolisme des mammifères marins, et de les faire manger encore davantage, car une plus grande exposition aux BPC stimule la glande thyroïde, qui commande l'appétit.