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 La tour de Babel revisited

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MessageSujet: La tour de Babel revisited   La tour de Babel revisited Icon_minitimeDim 20 Déc - 16:37

Copenhague: «Un formidable gâchis»

Faillite de la démocratie, mépris des ONG: Nicolas Hulot dénonce le «bras d'honneur à la conscience citoyenne» que s'est avéré être selon lui le sommet de Copenhague.

84 réactions

Nicolas Hulot, vendredi à Copenhague.



Au lendemain de la clôture du sommet qui a accouché d'un accord à minima conclu par les grandes puissances, Nicolas Hulot dit son amertume dans un entretien publié dans le Journal du dimanche.

«Nous avons bradé l'avenir de nos enfants et compromis celui de millions de citoyens des pays du Sud», s'inquiète-t-il. Ce qui s'est passé à Copenhague «résonne comme un terrible bras d'honneur à la conscience citoyenne: on n'a pas écouté les ONG, on les a même mises à l'écart du sommet des chefs d'Etat».

Après ce sommet qui «est aussi la faillite de la démocratie», il invite à "adapter nos institutions pour qu'enfin l'intérêt collectif domine et que l'on s'occupe des enjeux à long terme".

«Nous attendions tous finalement beaucoup trop d'Obama, qui arrivait à Copenhague conforté par son prix Nobel de la Paix. Nous avions surestimé sa marge de manœuvre», ajoute l'écologiste.

Pour l'avenir, «personne ne peut affirmer que les mot des chefs d'Etat vont rester lettre morte», estime-t-il, jugeant que la «seule note positive», à la fin de ce sommet, «c'est que plus personne ne met plus en doute» les enjeux liés au climat.

Interrogé samedi à Copenhague par l'AFP, Nicolas Hulot avait jugé le résultat de la conférence de Copenhague «affligeant et consternant», tout en soulignant que la France avait été «digne et agressive».
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MessageSujet: Babel ( suite)   La tour de Babel revisited Icon_minitimeDim 20 Déc - 16:39

Copenhague, «un accord qui nous déçoit» selon Jouanno
S.L. (lefigaro.fr) avec agences
19/12/2009 | Mise à jour : 23:14 | Commentaires 174 | Ajouter à ma sélection
REACTIONS - Alors que le sommet mondial sur le Climat s'achève sur un accord à minima qui n'a pas obtenu l'accord de tous les pays, ONG, militants pour l'environnement et politiques français disent leur déception.

Ils attendaient énormément de ce sommet, leur déception est à la hauteur de son échec. Samedi matin, les écologistes et les partis politiques français ont fustigé le ratage de Copenhague, qui se conclut sur un accord politique non contraignant et non ratifié formellement faute de consensus.

Pour Nicolas Hulot, le résultat de Copenhague est «affligeant» et «consternant». Selon lui, «Garder l'espoir, ça va devenir un acte de bravoure», alors que le monde a «manqué une occasion historique». «C'est de l'improvisation, cela faisait deux ans qu'on travaillait pour arriver à ce résultat», a-t-il déclaré. Pour lui, dans ce processus, la France a cependant été «digne et agressive». «La diplomatie française, avec (le président) Nicolas Sarkozy et Jean-Louis Borloo, a été en pointe. Ils ont fait leur boulot. Quand ça ne va pas, il faut le dire mais quand ça va, il faut le dire aussi», explique-t-il.

Le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a estimé lui que l'accord a minima marquait «le début d'un processus qui va être compliqué», mais qu'on était passé «à côté du désastre absolu». «Je retiens un échec du système onusien, une déception sur les engagements de chacun à l'exception de l'Europe et de la France», a-t-il déclaré. «Il y a eu deux Copenhague : celui de l'0NU climat, classique, et celui où dans une pièce «vous avez en même temps le Premier ministre indien, le Premier ministre chinois, Barack Obama, Nicolas Sarkozy et le président des Maldives» qui «décident trois ou quatre points forts», a souligné Jean-Louis Borloo.

«Nous avons un accord politique qui nous déçoit, qui n'est pas à la hauteur de ce que l'on souhaitait, mais qui reste quand même une étape importante», a confié au Journal du Dimanche la secrétaire d'Etat à l'Ecologie Chantal Jouanno qui regrette «l'attitude totalement fermée de la Chine et de l'Inde» et dénonce le système de l'ONU «obsolète».

Morgane Créach, directrice du pôle international du Réseau action climat (RAC) pour la France, n'est pas du même avis. Elle met directement en cause Barack Obama et Nicolas Sarkozy, qui auraient selon elle «tenté de passer en force un accord qui n'en était pas un», provoquant l'irritation de pays en développement. «Alors que Copenhague devait rassembler par un contrat de confiance l'ensemble des pays autour de la cause climatique, l'arrogance de quelques chefs d'État ébranle le processus même des négociations», insiste-t-elle.

Pascal Husting, directeur de Greenpeace France, c'est tout simplement un «désastre», et un «recul» par rapport à Kyoto, avec un projet d'accord ayant «la substance d'une brochure touristique». Selon lui, «il n'y a plus aucune référence scientifique, pas de vision à long terme, et il n'y a qu'une série d'annonces de mesures nationales, totalement volontaires et que personne ne contrôlera, et qui ne seront de toutes manières pas à la hauteur des recommandations de la science». Lui aussi estime que «les coupables le savent bien, qui se sont vite enfuis en avion, chez eux, la honte au front», une allusion directe aux présidents américain et français, qui ont quitté Copenhague vendredi soir.

Du côté des politiques, le constat est le même, ou presque. Le PS fait part de son «immense déception». Martine Aubry, ainsi que la secrétaire nationale du parti à l'environnement Laurence Rossignol estiment que cet «échec ne peut qu'éroder profondément la confiance des peuples dans leurs représentants». Pour elles, «conclure le sommet sur une déclaration d'intention de contenir à 2° le réchauffement d'ici 2050 sans dire comment ne peut être considéré comme un résultat: c'était le point de départ du sommet!».

Royal : «Manque de courage des politiques»

Ce sommet s'achève sur «une cruelle déception» due au «manque de courage et de volonté politique des chefs d'Etats», a condamné Ségolène Royal.«Mais nous ne pouvons pas en rester là. Une force citoyenne est née sur la question environnementale et sur l'aide aux pays pauvres». «C'est donc sur ce mouvement populaire et sur cette conscience planétaire que nous devons nous appuyer pour forcer les chefs d'Etat à prendre réellement leur responsabilité», conclut-elle.

José Bové dénonce une «situation parfaitement catastrophique», «tout à fait tragique». Il a regretté qu'»on renvoie tout une fois de plus à un an» à Mexico. Les pays riches «n'ont pas assumé leurs responsabilités», et l'Europe a été «parfaitement inexistante».

Djamila Sonzogni, porte-parole des Verts, estime que «la conférence de Copenhague s'achève sur un fiasco». »Le résultat est aussi désespérant que les enjeux étaient d'importance. La Chine et Obama sont les coupables numéro un, mais l'Europe a péché par sa désunion et son absence de leadership», dit-elle dans un communiqué. «Nous avons eu la preuve éclatante durant ces jours passés que nombre de nos responsables sont en fait des irresponsables», a-t-elle ajouté.

Yannick Jadot, au nom des députés européens Europe Ecologie présents à Copenhague, raille également l'attitude des dirigeants des grands pays. «Plutôt que d'assumer leur échec devant les pays les plus vulnérables qui n'ont pas pris part aux discussions finales, ils sont partis par la petite porte», écrit-il dans un communiqué. Il estime que Nicolas Sarkozy n'aurait jamais dû parler de «succès» ni évoquer un accord «juridiquement contraignant», ce qui est faux, selon l'écologiste.

Jean-Michel Baylet, président du Parti radical de gauche (PRG), a jugé samedi que l' «échec brutal» de la conférence de Copenhague sur le réchauffement climatique résultait de «l'égoïsme des Etats». «Copenhague apparaît d'ores et déjà comme un échec brutal et immédiat, aux conséquences durables. L'égoïsme des États a dominé cette conférence qui aurait dû être un moment de rassemblement. Avec de tristes affrontements entre pays développés et pays à forte croissance, le tout au détriment des pays les plus pauvres», a écrit dans un communiqué le sénateur du Tarn-et-Garonne et ancien ministre.
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MessageSujet: Désastre pour les plus pauvres   La tour de Babel revisited Icon_minitimeLun 21 Déc - 7:09

La consternation a régné samedi au Bella Center parmi les nombreuses ONG venues à Copenhague dans l'espoir d'arriver à un accord crédible pour lutter contre le changement climatique. Elles ont dénoncé l'incapacité des gouvernements à remplir leur mandat.

Selon ActionAid, les Etats-Unis sont les principaux responsables du fiasco. «Personne ne sort grandi de ces négociations, mais finalement, c'est l'incapacité des Etats-Unis d'améliorer son offre de réduction des émissions et de financement qui a rendu un accord impossible», a affirmé la directrice d'ActionAid, Anne Jellema.

Un avis partagé par Greenpeace: «Les Etats-Unis ont traîné les pieds et n'ont montré aucun signe de leadership».

Pour Kim Carstensen, du WWF International, le document adopté est «seulement une déclaration d'intention qui ne lie personne de manière contraignante et échoue à garantir un avenir plus sûr pour les prochaines générations». Un «désastre pour les plus pauvres»

Le WWF note qu'à l'occasion de la conférence, plusieurs pays ont proposé de réduire leurs émissions de manière volontaire. Dans la déclaration des chefs d'Etat de vendredi, ils s'engagent à limiter à moins de deux degrés la hausse des températures, ajoute l'ONG.

«Mais dans les faits, les offres mises sur la table sont insuffisantes et conduisent à une hausse des températures d'au moins trois degrés en 2050», a affirmé Kim Carstensen, directeur de l'Initiative pour le climat du WWF. «Il sera très difficile de surmonter les divisions entre riches et pauvres à Mexico dans un an», a-t-il ajouté.

Chris Coxon d'ActionAid a noté aussi que le texte négocié vendredi par un petit nombre de pays reste vague sur la promesse de débloquer cent milliards d'ici 2020. Il n'y a aucune garantie sur l'origine de ce financement et ses modalités. Il n'y a aucune échéance fixée pour élaborer un traité contraignant, a souligné le délégué.

Pour les Amis de la Terre (Friends of the Earth), Copenhague a été un «désastre pour les plus pauvres de la planète». «En retardant leur action, les pays riches ont condamné des millions de gens à la faim alors que le changement climatique va s'accélérer», a relevé Nnimmo Bassey, président de l'ONG. Le comportement des dirigeants «honteux»

«Nous sommes dégoûtés par le refus des pays développés de s'engager sur les réductions nécessaires des gaz à effet de serre», a-t-il ajouté. Pour Oxfam International, les pays ont abandonné toute volonté d'aboutir à un accord substantiel capable de prévenir la catastrophe climatique à laquelle la planète est confrontée.

L'espoir d'un traité contraignant à Mexico en 2010 est enterré, a indiqué Jeremy Hobbs, en rappelant que des réductions de 40% des émissions de CO2 sont nécessaires d'ici 2020 pour limiter la hausse des températures à deux degrés en 2050.

Pour le directeur de Greenpeace International Kumi Naidoo, le document adopté n'est «pas équitable, pas ambitieux et pas contraignant». L'ONG estime que le comportement des principaux dirigeants à Copenhague a été «honteux».

Les ONG annoncent qu'elles vont accroître la pression ces prochains mois pour que les principaux pays pollueurs reviennent avec des offres plus sérieuses. «La société civile va redoubler d'efforts», a promis Greenpeace.
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MessageSujet: Bon débarras Copenhague   La tour de Babel revisited Icon_minitimeLun 21 Déc - 16:01

Dans Newsweek : "Bon débarras Copenhague"
NOUVELOBS.COM | 21.12.2009 | 15:20
Pourrait-on maintenant passer à des négociations climatiques qui aient une chance d’aboutir ?
> Cet article a été publié sur le site internet de l'hebdomadaire américain Newsweek le 18 décembre.

La conférence de Copenhague sur le climat s'est terminée sur un maigre accord (Reuters)

La conférence de Copenhague sur le climat s'est terminée sur un maigre accord (Reuters)
Ce bruit, que vous entendrez tout au long de l’année 2010, c’est celui d’une canette vide qu’on envoie valser d’un coup de pied plus loin dans la rue. Suite à l’échec des négociations internationales à Copenhague en vue de la signature d’un traité contraignant sur la réduction des gaz à effet de serre, on va vous rabâcher que le monde dispose en 2010 de deux bonnes occasions de réussir là où Copenhague a échoué. N’en croyez pas un mot.

Oui, le mois de juin sera celui de "Copenhague 2 : le retour", tout comme novembre, puisque se tiendront à Bonn puis à Mexico des sessions de négociations internationales. Mais ces réunions ont peu de chances d’aboutir à plus que Copenhague. Lors de la réunion qui prit fin le 18 décembre, en dépit de négociations marathon et d’un plaidoyer de la dernière heure du président Barack Obama, nous n’avons obtenu qu’un accord "politique", c’est-à-dire continuer les discussions, et essayer, mais alors vraiment essayer, de s’accorder sur un projet de traité en 2010. Les négociateurs n’essaient plus de faire croire qu’on pourrait obtenir un accord contraignant l’an prochain, et un officiel de la Maison Blanche a concédé que le maigre accord obtenu "n’est pas suffisant pour lutter contre la menace du changement climatique". Si l’on veut maîtriser les émissions de gaz à effet de serre et échapper aux dangers associés au changement climatique, notre meilleure chance est de coller une belle étiquette "RIP" sur le processus désordonné des Nations Unies, dans lequel s’inscrivaient les négociations de Copenhague.

Les pays développés ne seront pas plus enclins à résoudre leurs différends avec les pays en voie de développement, avant ces réunions de 2010, qu’ils ne l’étaient avant Copenhague. La Chine, l’Inde et le Brésil doivent-ils s’engager à des réductions mesurables de leurs émissions de CO2 ? Combien les pays riches vont-ils mettre au pot pour aider les plus pauvres à adopter les sources d’énergies renouvelables, à s’adapter à la montée du niveau des mers, aux sécheresses, à la pénurie d’eau potable, et aux mauvaises récoltes ? Faut-il imposer un contrôle international des émissions de CO2, ce qui rend la Chine hors d’elle ? Plutôt que de répéter en 2010 la plaisanterie que fut Copenhague, livrons-nous plutôt à un exercice de destruction créative.

Acceptons également le fait que les 192 nations enrôlées par les Nations Unies ne se mettront pas d’accord sur un traité climatique, pas plus l’an prochain qu’en 2009. Abandonnons ce faux-semblant qui consiste à placer tous les pays sur le même plan d’égalité. Mettons plutôt en place des négociations bilatérales et un "club" des pays les plus importants : une petite dizaine d’entre eux est responsable de la quasi-totalité des émissions de gaz à effet de serre.

C’est l’opinion de David Victor, de la School of International Relations de l’Université de Californie à San Diego, spécialiste de la diplomatie climatique. Il a prédit l’échec de Copenhague voici déjà des mois, ce qui lui donne une certaine crédibilité au rayon boule de cristal. Il m’a confié au téléphone qu’il considère que l’abandon de l’approche tous azimuts des Nations Unies en faveur de "clubs" d’émetteurs tels le Forum des Grandes Économies sur l’Énergie et le Climat et ses 17 membres, lancé par Barack Obama en mars dernier, offre de bien meilleures chances de réduire les émissions de gaz à effet de serre. "Vu la complexité et la difficulté de ces négociations, moins on a besoin de pays pour conclure un accord, plus on a de chances", affirme David Victor (George W. Bush avait essayé le même genre de chose, mais son administration était à ce point hostile à la climatologie qu’il n’a pas été bien loin). L’approche bilatérale, à l’image des négociations entreprises par les Etats-Unis avec la Chine et l’Inde offre également de meilleures chances de susciter une réduction effective des émissions qu’essayer d’obtenir un quelconque consensus chez 192 pays.

C’est la consolation qu’on pourra tirer de l’échec de Copenhague. "Un désastre bien géré [à Copenhague] pourrait s’avérer aussi constructif que celui du sommet de Reykjavik en 1986 entre Ronald Reagan et Mikhail Gorbatchev, qui échoua dans la dernière ligne droite, et pourtant allait contribuer à mettre fin à la course aux armements" écrit-il dans Nature.

Non que les négociations bilatérales seront plus faciles, du fait des réductions nécessaires des émissions. Les engagements pris par les pays, riches et pauvres, lors des préparatifs de la conférence de Copenhague étaient impressionnants. Pour la Chine, plus grand émetteur annuel au monde, une réduction de 45 % de son intensité carbone, à savoir la quantité de carbone émise par point de PIB, avant 2020. Pour l’Inde, cinquième de la liste, une réduction de 25 % de son intensité carbone. Pour les Etats-Unis, une réduction de 17 % des émissions avant 2020 par rapport aux niveaux de 2005. Pour l’Union Européenne, une réduction de 20 % avant 2020 par rapport aux niveaux de 1990. Et pour le Japon, une réduction de 25 % avant 2020 par rapport aux niveaux de 1990.

Au risque de passer pour une personne qui gâche Noël, il me faut souligner que ces engagements, quand bien même ils se concrétiseraient effectivement, nous exposent néanmoins à une augmentation significative du réchauffement climatique. Ainsi, même sur la base de prévisions de croissance modérées, les émissions de la Chine vont augmenter entre aujourd’hui et 2020. Si son PIB double entre 2005 et 2020, une réduction de 45 % de son intensité carbone entraînera une augmentation de 10 % de ses émissions de CO2 sur la période, selon les calculs de Jeffrey Cunningham, professeur assistant d’ingénierie environnementale à l’Université de Floride du Sud. Si le PIB de la Chine triple, ce qui sera le cas si elle maintient sur les quinze prochaines années les 8 % annuels d’augmentation constatée de son PIB, Jeffrey Cunningham a calculé que les émissions de gaz à effet de serre du leader actuel des émissions grimperont de 75 %. Idem pour l’Inde. En extrapolant à partir de ses récents taux de croissance économique, ses émissions grimperont de 80 % entre aujourd’hui et 2020.

Ceci signifie que la planète a de bonnes chances d’exploser la limite de 2 degrés de réchauffement par rapport aux niveaux préindustriels que le G8 s’est engagé à respecter en juillet. Les températures ont déjà augmenté de 0,75 degré depuis cette époque, remarque le climatologue Kevin Trenberth du NCAR (National Center for Atmospheric Research). Comme ont pu le déterminer les meilleurs climatologues, si l’on veut moins de deux degrés de réchauffement climatique, il faut maintenir les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone sous les 450 ppm (parties par million) — d’autres scientifiques avançant que 350 ppm est déjà un seuil dangereux. Nous en sommes à 387. "Si l’on laisse les concentrations grimper à 450 ppm, on a des chances égales – c’est-à-dire une chance sur deux seulement — de rester en deçà des deux degrés de réchauffement", indique Brian O’Neill du NCAR.

Pour rester sous la limite des 450 ppm, les calculs indiquent que les pays riches doivent réduire avant 2020 leurs émissions de gaz à effet de serre de 25 à 40 % en dessous des niveaux de 1990. Les engagements pris reviennent à des réductions de 12 à 17 %. Chine, Inde et consorts doivent réduire leurs émissions de 15 à 30 % avant 2020. Leurs engagements pris à ce jour sont nuls (pour comparer objectifs et engagements pris www.unep.org/climatepledges.)

Aucune évaluation de la réponse politique au changement climatique ne saurait être complète sans quelques nouvelles de la recherche scientifique. Signalons donc un article paru dans le dernier numéro de la revue Nature. À l’aide de mesures du niveau de la mer dans l’antiquité, déduites des coraux et des données isotopiques, des scientifiques emmenés par Robert Kopp ont conclu que la mer et la banquise répondent de façon beaucoup plus considérable qu’on pouvait le penser à une élévation de la température. Selon l’article, au cours de la période interglaciaire, voici 125 000 ans, quand les températures polaires étaient plus chaudes de 3 à 5 degrés, le niveau global des mers est monté de 6,40 voire 8 mètres. Ceci implique qu’une grande partie des banquises du Groënland et de l’Antarctique ait fondu.

Que signifie tout cela pour nous ? Si les températures globales moyennes augmentent de deux degrés, objectif acceptable pour les principales économies du globe, les températures polaires (qui grimpent plus que la moyenne) seront comparables à ce qu’elles furent au cours de cette antique ère de réchauffement. En d’autres mots, nous risquons d’avoir affaire au cours de ce siècle à une nouvelle augmentation de six mètres du niveau des mers. Ceci signifie l’anéantissement pour les 258 millions de gens vivant à moins de 5 mètres du niveau actuel de la mer, selon les calculs faits pour moi par le géoscientifique Peter Clark de l’Université de l’Oregon. Et si le niveau des mers s’élève moins ? 145 millions de gens vivent à moins d’un mètre du niveau actuel de la mer, indique-t-il avec Peter Huyber de Harvard dans un commentaire de l’étude publiée par Nature. Pour ceux qui préfèrent mesurer les catastrophes en dollars plutôt qu’en victimes, une élévation d’un mètre effacerait 1 100 milliards de dollars de PIB — chaque année.

Au vu des nouvelles données scientifiques concernant l’élévation du niveau de la mer, il apparaît clairement que les habitants des Maldives ne sont pas les seuls à devoir envisager le déménagement. Autant de raisons de dire bon débarras à Copenhague, qu’il faudra remplacer par quelque chose qui ait une petite chance de contenir le changement climatique et ses dangers.

Par Sharon Begley (rédactrice en chef "science" de Newsweek. Elle a écrit de nombreux ouvrages sur le sujet.
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