Lionel Perrin: «Le taux de violence est très élevé dans les EPM»
Créé le 24.02.10 à 17h11
Mis à jour le 24.02.10 à 17h18 | 13 commentaires
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PRISON - Lionel Perrin, membre de l'Observatoire international des prisons, décrypte la situation des établissements pénitentiaires pour mineurs en France...
De nouveaux incidents dans les EPM ont été mis au grand jour depuis le début de la semaine. Mais depuis quelques temps, c’était plutôt silence radio?
Il y a deux raisons à cela. Nous avons de grandes difficultés à obtenir des informations sur les EPM. Plus c’est nouveau, plus c’est sensible. Les statistiques remontent au premier et dernier rapport rendu en 2007-2008 par l’administration pénitentiaire. Depuis, toutes nos demandes de rapport d’activités sont restées sans réponse. Par ailleurs, depuis les ouvertures des établissements à partir de 2007, personnel et détenus commencent à s’adapter à la machine. Mais le turn-over des surveillants et des éducateurs reste très élevé. L’encadrement n’est pas des plus efficaces.
Au départ, la violence des détenus était mise sur le compte de la surcharge d’activités imposées. Y’a-t-il eu des améliorations?
Il y a eu quelques rectifications. Mais l’établissement pénitentiaire pour mineurs reste totalement inadapté. Le fait d’imposer aux adolescents de rester entre eux la journée pose d’importants problèmes de comportements entre codétenus, mais aussi de perte d’équilibre pour les plus fragiles. Le problème c’est que nous n’avons aucun moyen de vérifier si l’insertion fonctionne. A force de dire qu’on allait créer des écoles entourées de murs, tout le monde a fini par s’en persuader. Et résultat, l’administration pénitentiaire a été dépassée. On a donné naissance à un monstre sans contenu éducatif. La preuve, ces établissements peuvent accueillir jusqu’à soixante détenus, mais dans les faits, ils n’en accueillent pas plus de la moitié, car le taux de violence est très élevé.
Quelles sont les dernières données que vous avez pour la violence?
Le mois suivant l’ouverture de l’EPM de Meyzieu, il y a eu trente fois plus de commissions disciplinaires enregistrées que dans l’ancien quartier des mineurs. Même si nous n’avons plus de rapports officiels, nous savons que le nombre de ces commissions reste très important. Selon de multiples intervenants, les actes auto-agressifs ont également augmenté. Depuis 2007, deux suicides ont été recensés, l’un à Meyzieu et l’autre à Orvault, mardi.