Le magazine Têtu s'est offert un spot publicitaire pour faire la promotion d'une compilation qui sort à l'occasion de son anniversaire. Depuis 15 ans, le magazine s'est imposé comme une réference au sein de la communauté gay et lesbienne. Seulement la fête risque d'être gâchée par la décision de l'ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité) révélée mercredi 8 juin par les Inrockuptibles.
Selon les Inrocks, le magazine a été contraint de supprimer une scène de son clip. Le pitch était simple: la compilation s'adresse à tous. Elle regroupe les tubes d'îcones gays comme Britney Spears ou plus récemment Lady Gaga. La publicité veut donc rassembler au delà des différences de genre, de couleur et d'âge. C'est là que le bât blesse. En effet, le spot original s'ouvrait sur l'image d'un petit garçon à lunettes, visiblement très joyeux sur un trampoline.
[Voici le clip avant censure]
Tetu - Compilation
Un plan presque subliminal puisqu'il dure une seconde. Seulement voilà, pour l'ARPP, utiliser l'image d'un enfant n'est pas acceptable car cela «n'est pas en adéquation avec le lectorat de Têtu».
Le directeur de la publication, Gilles Wullus ne s'est pas satisfait de cet argument. Il pointe du doigt une forme de discrimination envers les homosexuels. Ainsi, il a déclaré aux Inrocks:
On sous-entend par là que Têtu est un magazine pour adultes. Têtu n'est pas plus un magazine pour adultes que GQ ou Elle. Et je ne pense pas que dans le même cas, on aurait demandé à GQ ou Elle de retirer le plan de l'enfant. Derrière cette décision, il y a un vieux fond d'homophobie. On laisse penser qu'un homo qui côtoie un enfant est forcément suspect. Est-ce qu'il y a là un amalgame entre homosexualité et pédophilie? Je m'interroge...
La décision de l'ARPP laisse entendre que le lectorat de Têtu est déterminé en fonction de l'appartenance à une certaine communauté. La décision devrait raviver le débat au sujet de l'amalgame fréquent entre pédophilie et homosexualité. En avril 2010, le numéro deux du Vatican avait en effet fait scandale en rapprochant les deux termes.