La Cour suprême mexicaine valide l'adoption par des couples homosexuels
La Cour suprême du Mexique a validé lundi l'adoption d'enfants par des couples homosexuels, approuvée en décembre par la municipalité de Mexico, la capitale d'un pays éminemment catholique, a annoncé un porte-parole de l'institution judiciaire.
La Cour avait déjà confirmé le 5 août la constitutionnalité du mariage homosexuel, légalisé en même temps que l'adoption d'enfants par des couples homosexuels à Mexico, une ville dirigée par la gauche.
Les juges "ont déclaré la validité (de l'adoption) à neuf voix contre deux", a dit le porte-parole de la Cour suprême.
Refuser la possibilité que les mariés de même sexe puissent adopter "serait une façon de constitutionnaliser la discrimination", a estimé lundi le magistrat Arturo Zaldivar.
Ces adoptions sont "une aberration", avait affirmé lundi le cardinal Juan Sandoval Iniguez, archevêque de Guadelajara (ouest). "Ca vous plairait, à vous, d'être adopté par un couple de pédés ou de lesbiennes?", avait-il lancé aux journalistes.
La Cour suprême a annoncé sa décision après avoir rabroué verbalement le cardinal, numéro deux de l'Eglise catholique du pays, qui avait accusé ses juges d'avoir touché de l'argent pour homologuer la loi sur le mariage homosexuel adoptée par la municipalité de Mexico.
"Nul doute que (les juges) ont été largement soudoyés par (le maire de Mexico, Marcelo) Ebrard. Ils ont été largement soudoyés par les organismes internationaux", avait déclaré le cardinal.
"On ne peut en aucun cas accuser impunément de corruption les onze magistrats du plus haut tribunal du pays", a déclaré le juge Sergio Armando Valls, qui a proposé à ses collègues de la Cour une motion de censure contre le prélat, approuvée à l'unanimité.
Il ne s'agit toutefois que d'une sanction purement verbale, sans conséquences concrètes, indique-t-on de source judiciaire.
La position de la Cour suprême donne cependant un signal fort, dans un pays gouverné par la droite, où l'Eglise et les conservateurs critiquent sévèrement les lois progressistes adoptées par la municipalité de Mexico.
"Je considère que dans un Etat laïc comme le nôtre il doit exister une séparation absolue (...) entre l'Eglise et l'Etat", a souligné le juge Valls lundi.
La capitale avait déjà dépénalisé l'avortement en 2007 et ses députés examinent maintenant l'autorisation du principe des "mères porteuses", ce qui constituerait également une "première" latino-américaine.
Les premiers mariages homosexuels à Mexico, masculins et féminins, ont été célébrés en mars.