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 Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout...

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MessageSujet: Sarkozy se fait discret avec Poutine.   Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Icon_minitimeMar 6 Mar - 7:34

MARDI 6 MARS 2012

Sarkozy se fait discret avec Poutine.



Certains appellent cela de la « real-politik » . Un président de la République ne pourrait rompre les relations diplomatiques avec tout ce compte le monde de dictatures et autres régimes autocratiques.

Nous n'en demandions pas tant. Il suffisait de conserver quelque distance, d'entretenir le strict minimum de courtoisie diplomatique et la maximum de fermeté diplomatique. En 2007, jusqu'au soir de son élection le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy a promis n'importe quoi en matière diplomatique.

Alors que l'un des plus dangereux autocrates du monde, Vladimir Poutine, a gagné des élections truquées ce dimanche, il était temps de rappeler la longue liste des « salauds du monde » reçus et célébrés par Nicolas Sarkozy depuis son élection en mai 2007.

Vladimir Poutine.
Quand il était candidat, Sarkozy le vouait aux gémonies. Quand il fut élu, c'était devenu son meilleur allié, presque un ami. En aout 2008, alors que le dictateur russe envahissait le soir même la Géorgie voisine, Nicolas Sarkozy le faisait embrasser son fils Louis. Quelques jours plus tard, la Russie reconnaissait l'indépendance de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie, les deux anciennes provinces géorgiennes qu'elle avait envahies. Sarkozy avait été désavoué. Il condamna, mais se tut.

En juillet 2010, c'est à nouveau l'idylle franco-russe. Sarkozy triomphait d'avoir réussi à convaincre l'armée russe de commander des navires Mistral aux chantiers navals de Saint-Nazaire. En fait, le transfert de technologie sera des plus complets puisque 2 des 4 navires seront fabriqués à 80% ... en Russie. Au sein de l'OTAN, on s'inquiète encore de cette livraison militaire française.

Mais depuis dimanche, Sarkozy est à nouveau discret. Et pour cause, il est candidat sortant et l'image de Vladimir Poutine est encore plus exécrable.

Dimanche 4 mars, l'actuel premier ministre est redevenu, pour la troisième fois et sans surprise, président de Russie. Sans réel opposant, il a été (ré)élu président dès le 1er tour, avec 64% des voix. L'OSCE a dénoncé des fraudes dans un tiers des bureaux de vote.

Pour une fois, Nicolas Sarkozy est resté en retrait. L'Elysée a d'abord « pris note » du résultat de l'élection. Puis, plus tard dans la journée de lundi, le président français a écrit au nouvel élu: « Au lendemain de votre élection à la Présidence de la Fédération de Russie, je tiens à vous adresser toutes mes félicitations et mes vœux pour la Russie et le peuple russe. » Et d'ajouter: « Alors que vous vous préparez à exercer pour la troisième fois les plus hautes fonctions exécutives de votre pays, je vous présente mes plus sincères encouragements pour poursuivre l’œuvre de modernisation démocratique et économique à laquelle, conformément au souhait exprimé par le peuple russe, vous voulez consacrer ce nouveau mandat ».

... et les autres
Nicolas Sarkozy n'a pas eu les mêmes précautions avec d'autres dictateurs du globe. Certes, il avait ses têtes de turc, tels l'iranien Ahmadinejad ou les colonels birmans. Mais Sa défense des droits de l'homme ou de la démocratie fut sacrément à géométrie variable. La décomplexion qu'il a manifesté à l'égard d'autocrates est l'une des taches de ce quinquennat.

Mouammar Kadhafi
Grand Satan en 2011, le colonel Kadhafi était l'objet de toutes les attentions sarkozyennes dès 2005. Le site Mediapart a révélé comment Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'intérieur, a vendu des équipements de surveillance et préparé la libération des infirmières bulgares. Il avait même promis du nucléaire.

Mediapart a même trouvé que l'homme d'affaires Takieddine, intermédiaire proche de Sarkoland, avait fourni à l'ancien dictateur libyen les moyens de sa fuite. Et le patron de la société Imesys qui avait équipé la Libye, Philippe Vannier, a été promu au grade de Chevalier de la Légion d'honneur par Nicolas Sarkozy le 14 juillet dernier.

Hu Jintao
C'est encore le président de la plus grande dictature du monde, la Chine. Sous Sarkozy, toutes les courbettes ont été possibles. Il est allé en Chine, bien sûr. Il a aussi accueilli le dictateur chinois en France, en parsemant les rues françaises de figurants (chinois). En août 2008, il fut l'un des rares dirigeants occidentaux à se rendre à l'inauguration des J.O. de Pékin. Même l'UMP signa un accord de coopération avec le Parti communiste chinois. Le ridicule avait été franchi.

Noursoultan Nazarbaïev.
C'est un ami. Le président à vie du Kazakhstan a été reçu plusieurs fois en grandes pompes à Paris. Claude Guéant a organisé des dîners avec une fraction du gotha économique du coin. Nous avions honte.

Bachar El Assad
Avant d'être le nouveau grand Satan de Sarkofrance, fin 2011, le dictateur syrien avait droit à tous les honneurs de Sarkofrance. En juillet 2008, il fut invité à Paris, pour les cérémonies du 14 juillet. En décembre 2010, le ministre de la culture Frédéric Mitterrand était encore là pour guider le couple El Assad dans les musées de Paris.

Ben Ali
L'autocrate tunisien a eut droit à de jolis honneurs. Nicolas Sarkozy est allé jusqu'à le féliciter, chez lui à Tunis et publiquement, sur les progrès de la démocratie dans son pays. En décembre 2010, la ministre Alliot-Marie se promenait en vacances dans une Tunisie en révolte, avec le concours d'un proche du régime. Cette bourde lui coûta sa place.

Hosni Moubarak
C'était le grand allié. En janvier 2010, il en avait eut besoin pour calmer Israël dans son opération contre Gaza. L'Egypte était aussi un lieu de villégiature choyé par le couple Nicolas-Carla Sarkozy, dès le début de leur union. En décembre 2010, quelques semaines avant la chute de l'autocrate, même François Fillon était encore en vacances « d'Etat » en Egypte.

Omar Bongo
Ancien président du Gabon, décédé en 2009, Omar Gabon a toujours été un soutien discret de Nicolas Sarkozy. Depuis 2007, il a été régulièrement invité par le Monarque. On lui doit l'éviction de Jean-Marie Bockel, éphémère ministre de la Coopération qui avait cru que la Sarkofrance allait rompre avec la Françafrique. En 2011, il fut accusé d'avoir financé la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. A l'époque, le candidat lui avait rendu une discrète visite.

Après la mort d'Omar, le fils Ali a pris la relève et le poste, pour le plus grand plaisir de Nicolas Sarkozy.

Françafrique
D'une manière plus générale, le Monarque élyséen n'a pas rompu avec les sales pratiques de Françafrique. Au contraire, sous sa gouverne et avec son soutien, le parquet de Paris a tout fait pour freiner la progression des instructions contre les détournements de fonds publics par quelques autocrates africains. En 2007 pourtant, il nous promettait de favoriser « le développement des pays pauvres, en cessant d'aider les gouvernements corrompus ».

Il y a quelques jours, fin février, les enquêteurs ont pu procéder à une saisie record de 200 mètres cubes de biens mal acquis dans l'une des propriétés de la famille Obiang, le président de Guinée équatoriale, avenue Hoche à Paris.
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MessageSujet: Sarkozy sur France 2: des paroles et des perles   Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Icon_minitimeJeu 8 Mar - 17:38

Sarkozy sur France 2: des paroles et des perles
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Il y en eut de nombreuses, mardi soir sur France 2. Des phrases choc ou toc prononcées par le candidat sortant. En voici quelques-unes, pour l'histoire et la mémoire.


« Les sondages ? Je ne les commente jamais. »

« Je dis aux électeurs du FN qu'apporter une voix à Marine Le Pen, c'est donner une voix au PS»


«Le mot 'immigration', on n'a même pas le droit de le prononcer"».

« Je n'ai pas impacté le poids du symbole » (à propos de la République)


« Je n'ai pas fait de cadeau aux riches »
(rappelons le renforcement du bouclier fiscal, l'allègement de l'ISF, l'exonération fiscale des grosses successions, etc)

« Être soutenu par un homme de la qualité de Claude Allègre, ça compte ».

« S'agissant du regroupement familial et du visa quand on se marie avec un français ou une française (...) Désormais (...) nous mettrons des conditions de revenus »
(L'argument était faux, un gros mensonge. Les conditions de revenus existent déjà pour le regroupement familial.)

Sarkozy n'en avait pas fini avec l'immigration:
« 165.000 étrangers bénéficient du RSA, 20.000 du minimum vieillesse. Nous allons mettre pour les deux des conditions de présence sur le territoire et d'activité, de travail : 10 ans de présence sur le territoire et 5 ans d'activité »
Problème, la mesure existe déjà.

La dernière n'est pas de Nicolas mais de Carla Sarkozy, en coulisses ce soir-là:

« nous sommes des gens modestes »
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MessageSujet: Après le Halal, Sarkozy ferme l'Europe à Villepinte   Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Icon_minitimeLun 12 Mar - 17:02

UNDI 12 MARS 2012

Après le Halal, Sarkozy ferme l'Europe à Villepinte
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C'était donc le grand jour. L'agenda avait été un peu bousculé par un match de rugby France-Angleterre, au Stade de France voisin. Le timing était mauvais. A peine terminé, le meeting fut chassé des flashes d'information par la rencontre sportive.

Mais Sarkozy était enfin en banlieue, dans le 9-3, en Seine-Saint-Denis. A Villepinte. la salle pouvait contenir 30.000 personnes bien tassées.

Nicolas Sarkozy créa la surprise: il n'avait aucun programme à présenter. Il souhaitait simplement sortir de l'Europe si cette dernière ne révisait pas Shenguen.

Les enjeux
A Villepinte, Sarkozy cherchait d'abord à rassurer son camp. Il craignait d'être dépassé par François Bayrou. Le leader prétendument centriste a donné tous les gages qu'il faut au clan sarkozyste sauf un, l'essentiel. On ne sait toujours pas avec qui il gouvernerait s'il passait le cap du premier puis su second tour.

A Villepinte, Nicolas Sarkozy voulait au moins davantage de présents à Villepinte que d'adhérents à l'UMP. Depuis son entrée officielle en campagne, les troupes étaient déçues. Les pontes murmuraient aux journalistes encore nombreux combien le Monarque n'avait plus la baraka. Même l'officielle porte-parole, Nathalie Kosciusko-Morizet, fut l'objet de rumeurs insistantes de remplacement par un autre rival, Frank Riester.

Les gauchistes, fussent-ils journalistes, n'étaient pas les bienvenus comme lors des précédents meetings.

« La France forte, c'est vous ». Nicolas Sarkozy avait changé son slogan.

Les coulisses
Dès 10 heures du matin, on avait demandé aux militants de venir. La salle s'était remplie tout doucement dans l'espace 6 de Villepinte, 46.000 mètres carrés, tout le monde ou presque devait être assis, ce qui laissait environ 20 ou 25.000 places à peine. Sur Twitter et ailleurs, les militants du parti lançaient des estimations des plus fantaisistes. Des 30.000 annoncés la semaine dernière, on nous promettait désormais 50.000 ou 70.000 (dixit Jean-François Copé). Sur des plans larges filmés par les caméras de l'équipe du candidat sortant, on voyait de nombreux drapeaux français. C'était la « démonstration de force »

Le candidat sortant avait-il fait prendre des risques à ses visiteurs ? Le catalogue officiel du Parc des expositions de Villepinte limitait à 20.000 assis ou 30.000 debout la capacité des lieux.

Quelques militantes féministes furent empêchées de distribuer un tract pourtant bien inoffensif.

Des intervenants se succédèrent sur l'estrade pour faire patienter l'auditoire. « Sarkozy président ! » scandait régulièrement la foule.

Les préliminaires
Certains étaient pour montrer que Nicolas Sarkozy avait encore des amis: Gérard Depardieu fut de ceux-là. « Merci de m'accueillir parmi vous ». Il trébuchait sur les mots. « Depuis que ce nouvel ami qu'est Nicolas Sarkozy et Carla Bruni sont au pouvoir, je n'entends que du mal » Il avait trouvé une curieuse formule... Enrico Macias également: « Nicolas Sarkozy a su endiguer la crise mondiale ! ». D'autres « people », comme en 2007, étaient là. Outre Gérard Depardieu, les noms de Christian Clavier et d'Emmanuelle Segnier, l'épouse de Roman Polanski, furent cités au micro.

D'autres, plus politiques, devaient louer le bilan de leur patron ou convaincre des clientèles thématiques. Frédéric Nihous, le leader du groupuscule de Chasse Pêche Nature et Tradition fit huer les noms de François Hollande et d'Eva Joly au nom de la ruralité. Valérie Pécresse semblait épuisée et livra une allocution sans emphase ni rythme sur le « tournis» de réformes que le Monarque avait fait subir à la France. « Nicolas, tu nous as dit, 'j'ai besoin de vous', mais la France a encore besoin de toi !»

Le Sarkothon démarrait maladroitement.

« Moi Jeannette Boughrab, fille de Harkis, je vote Nicolas Sarkozy ». Elle s'était lancée dans un discours qu'elle voulait enflammé. « Il n'existe pas de charia light ! » hurla-t-elle. Débloquait-elle ? L'opération Harki se poursuivait ce dimanche matin. Elle commit un impair, en citant Hélie de Saint Marc, un ancien général putchiste de l'OAS. Les gaullistes fidèles pouvaient quitter la salle. Boughrab en 2012 voulait reprendre le flambeau de Rama Yade de 2007. Cette dernière avait plaqué Sarkozy la veille après-midi au Congrès du Parti Radical.

Alain Terzian, producteur récemment élevé au grade de commandeur par le Monarque en place et d'un poste au Conseil économique et social, livra quelques mots en faveur d'Hadopi. Les Jeunes Pop se taisaient.

Bernadette Chirac aussi monta sur l'immense pastille blanche. L'opération Pièces jaunes pouvait commencer. Son soutien était ambivalent. La victoire de Sarkozy « repose sur la force de son engagement ». Doutait-elle ? « Mobilisez-vous ! » scanda-t-elle. Son discours officialisait l'échec de la campagne jusqu'à maintenant.

Même Henri Guaino, le conseiller spécial du Monarque, eut droit à son speech. En 2007, il s'était contenté d'être la plume de coulisses du candidat UMP. Lui aussi eut ses perles. Il salua les salariés de « Photoshop » au lieu de ceux de « Photowatt ». Il ajouta : « En 5 ans, le Président de la République a sauvé trois fois l'Europe.» Rien que ça. Sarkozy, super-Zorro.

Chacun de ces soutiens devaient prononcer l'expression magique: la France forte.

Un discours...
Quelques minutes avant 14 heures, Nicolas Sarkozy arriva enfin, les yeux las, le haut du visage en désaccord avec le bas. La musique d'accompagnement annonçait un film de guerre ou une oraison funèbre, tandis que le candidat sortant marchait dans des travées volontairement resserrées pour qu'il serre les mains qui se tendaient à lui. Par rapport à 2007, il semblait fatigué et grossi.

« Mes chers amis, je me souviens de ce mois de mai, c'était il y a 5 ans, mais c'était hier, c'était dans mon coeur il y a 5 minutes. »

1. Nous attendions, on nous l'avait promis, l'énoncé d'un programme, ce fichu programme qu'il tardait à livrer. Rien de tout cela. C'était surprenant. Nicolas Sarkozy voulait relancer sa campagne avec un programme a minima. Il dénonça les blocages, et se fit applaudir contre les syndicats. Président rassembleur ? « J'ai appris que les vrais blocages ne viennent pas du peuple français. Ils viennent de certains syndicats, de certains corps intermédiaires.»

2. Nicolas Sarkozy invoqua peu l'histoire. Ce ne fut qu'en fin de discours qu'il vomit bien rapidement, la voix étranglée, une dizaine de références historiques: de Gaulle, Victor Hugo, Robert Schummann, Jean Monnet, Jeanne d'Arc.

3. Il pompa quelques exemples de son discours de janvier 2007: « J'ai changé parce qu'on change forcément quand on est confronté à l'angoisse de l'ouvrier qui a peur que son usine ferme » disait-il à l'époque. « Je pense à l’ouvrier dont l’usine ferme et dont on n’a pas réussi à sauver l’emploi. » En 2007, il s'indignait: « Je suis révolté par l'injustice et c'en est une lorsque la société ignore les victimes ». En 2012, il se répétait: « Je pense à la victime à laquelle on ne peut pas rendre justice ».

4. Il invoqua le poids de son apprentissage. Le début du discours était étrange. Sarkozy déroula tout ce qu'il n'avait pas compris en étant élu. Après le « j'ai changé » revendiqué en 2007 pour rassurer qu'il n'était pas si méchant, voici le « j'ai appris » de 2012 pour rassurer qu'il n'était pas si nul. « De cette succession ininterrompue de tornades, j’ai appris que le président de la République était comptable des joies et des peines des Français, qu’il devait les prendre en compte, s’en imprégner et s’extraire de tout le reste. » Cinq ans d'apprentissage à l'Elysée, c'était quand même bien long. Combien de Français ont une telle durée pour faire leurs preuves ? En presque 30 minutes, Nicolas Sarkozy expliqua combien il avait appris, combien il ne savait en fait rien. Il prononça 8 fois l'expression « j'ai appris » et 11 fois « j'ai compris ».

5. Il demanda qu'on comprenne son sacrifice: « J'ai tout donné pendant 5 ans » Il avait tout donné, mais une large majorité le trouvait donc si mauvais. Sarkozy avait « compris » mais restait incompris. C'était la faute des autres. Il avait tout fait pour protéger notre pays de la disparition. Sarkozy, c'était le gars qui avait empêcher la comète de faire disparaître les dinosaures... « Pendant 5 ans, j'ai fait de mon mieux pour protéger la France de toutes ces crises. » Les Français étaient vraiment de ne pas comprendre cela... On cherchait à qui il pensait quand il lança: « La France n'a pas été emportée quand tant d'autres ».

Sortir la France de l'Europe
Mais l'axe central du discours fut Marine Le Pen. Nicolas Sarkozy labourait encore les terres de sa rivale d'extrême droite. A Villepinte, le discours n'était plus écrit par Henri Guaino mais par Patrick Buisson.

Il y eut d'abord cette attaque contre l'étranger-profiteur. « Les étrangers qui veulent seulement venir en France pour le seul attrait de nos prestations sociales ». L'argument était ignoble car bien faux. L'immigration légale « rapporte » bien davantage qu'elle ne coûte. Sarkozy faisait sien l'une des saloperies frontistes.

Il y eut enfin la grande idée, l'unique proposition du jour: sortir la France de l'Europe si l'Europe n'acceptait pas une belle dose de protectionnisme et une fermeture plus grande des frontières contre l'immigration fusse-t-elle légale. Sarkozy hésitait à soutenir l'expulsion de la Roumanie et de la Bulgarie de l'Europe mais le coeur y était visiblement.

Première proposition, la révision des accords de Shenguen: « on ne peut pas laisser la régulation des flux migratoires entre les seules mains des technocrates et des tribunaux » Car il fallait « éviter l'implosion de l'Europe ». Fichtre ! On croyait qu'elle avait été sauvée! Faute d'accord dans les 12 mois, menaça-t-il, « la France suspendrait sa participation aux accords de Shenguen ». Préparez vos passeports pour visiter l'Allemagne! Voilà le candidat sortant qui se moquait d'un François Hollande qui voulait renégocier le nouveau traité européen annoncer tout de go la sortie de la France de l'Europe dans les 12 mois faute d'accord sur un durcissement des frontières ! on se souvient pourtant qu'il avait présidé l'Union, 6 mois durant, en 2008.

Seconde proposition, Sarkozy voulait ensuite imposer la tutelle totale du Conseil des chefs d'Etat sur la Commission de Bruxelles. La mesure n'impressionne pas.

Troisième et dernière proposition, « la France demandera que l’Europe se dote d’un « Buy European Act » sur le modèle du « Buy American Act ». Ainsi bénéficieront de l’argent public européen, les entreprises qui produiront en Europe.» Ce traité protectionniste réserverait aux PME européennes des conditions d'accès privilégié aux marchés publics A nouveau, « Si dans les douze mois qui viennent aucun progrès sérieux sur l’exigence de la réciprocité avec nos principaux partenaires n’était enregistré, alors la France appliquera unilatéralement cette règle jusqu’à ce que les négociations aboutissent. » Ou encore: « La France exigera que désormais les PME européennes aient une part des marchés publics qui leur soit réservée.
Si au bout d’un an nous n’avons pas progressé, la France appliquera unilatéralement sa propre charte des PME jusqu’à ce que les négociations aboutissent.»


La proposition était contradictoire et vaine.

1. Il venait d'expliquer qu'il avait sauvé l'euro et l'Europe. Mais ce n'était visiblement pas le cas. La menace demeurait immense: « L'Europe doit reprendre son destin en main sinon elle risque la dislocation.»

2. Comme l'expliqua Laurent Joffrin, le « président qui veut changer l'Europe annonce qu'il renégociera les traités européens. Exactement ce que l'UMP reproche à François Hollande depuis quatre mois...»

3. Nicolas Sarkozy voulait peut-être croire la France pouvait encore livrer de tels oukazes. Depuis 2008 et la dégradation de ses comptes publics, la France suit l'Allemagne.
Il était 15 heures et une minute. Le discours est fini.

Le candidat sortant chanta une Marseillaise raccourcie avant de descendre de l'estrade. Nicolas Sarkozy serra quelques mains, lâcha quelques bises puis s'éclipsa: Carla Bruni-Sarkozy, Bernadette Chirac et quelques autres apparurent à l'écran.

En une dizaine de minutes, les lieux furent vidés de leurs participants. Les chaînes d'information continuèrent de couvrir l'évènement, avec des sièges vides en fond. L'image était terrifiante.

Nicolas Sarkozy courrait après Le Pen et ne pouvait rester plus longtemps.

Ami sarkozyste, étais-tu satisfait ?


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MessageSujet: Une incompétence et un menteur crasse   Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Icon_minitimeMar 13 Mar - 6:32

Sarkozy sur TF1 nous a fait peur.

Rédigé par Juan Sarkofrance le Mardi 13 Mars 2012 à 07:00 | 0 commentaire(s)

Lundi soir, Nicolas Sarkozy poursuivait son opération reconquête de l'électorat de droite. Un sondage IFOP pour Europe 1 sur quelques centaines de Français le donnait devant son rival socialiste, enfin !

Inutile de penser à au-delà. L'antisarkozysme avait de beaux restes. Mais Sarkozy avait grignoté les quelques points nécessaires sur le dos de Marine Le Pen.

Nicolas Sarkozy voulait surtout convaincre son propre camp.




Il nous a fait peur. Le prochain quinquennat, s'il avait lieu, serait quelque chose entre la guerre civile ou la faillite.

Ou bien.

Les affaires, enfin à la télé ?
Laurence Ferrari démarra très fort, en questionnant le candidat sortant sur l'affaire Karachi. Mediapart avait révélé, le jour même, comment le clan Kadhafi avait financé la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007: « Selon un document consulté par Mediapart, le marchand d’armes Ziad Takieddine, organisateur en 2005 et 2007 des visites de Nicolas Sarkozy et de ses proches en Libye, aurait mis en place les « modalités de financement » de sa campagne présidentielle de 2007 par le régime de Kadhafi, en lien avec Brice Hortefeux, alors ministre des collectivités locales, et Saïf al-Islam. Un montant de 50 millions d'euros, une banque suisse et un compte à Panama sont évoqués dans ce document. » L'affaire était même sortie jusqu'au New-York Times.

Le Monarque dérapa, dès la 8ème minute. Il était sorti de ses gonds: « J'suis désolé pour vous que vous soyez porte-parole de Kadhafi ! »

Il fallut ensuite attendre 22 heures et 25 minutes pour qu'un autre intervenant, en l'occurrence Michel Field, s'inquiète du climat « délétère » des affaires. C'était déjà énorme, nous étions reconnaissant. Nicolas Sarkozy s'énerva. Il évoqua les écoutes sous François Mitterrand, l'affaire du Rainbow Warrior. Il promit d'aller « plus loin dans la République exemplaire ».

Sarkozy avait besoin de remonter loin dans l'histoire pour se défendre.

Et le pouvoir d'achat ?
Autre sujet, une mère de famille s'inquiète du pouvoir d'achat. Le monarque dérive sur tout ce qu'il a fait pour les petites retraites et les statistiques de l'INSEE. La dame voulait savoir ce que le candidat du Fouquet's pouvait faire contre la hausse du prix du carburant.

« Le prix de l'essence augmente à cause du contexte international.» L'explication était courte. Il sombra. Il avait sa solution: « il faut faire jouer la concurrence ». Il oubliait que le prix de l'essence va flamber parce que les ressources fossiles sont limitées. Il enquilla ensuite sur le prétendu caractère bon marché du nucléaire. La Cour des Comptes venait de démonter le mythe d'un nucléaire peu cher.

A un jeune artisan qui se disait étranglé par les charges sociales de ses employés, il lâcha sa première annonce du jour. Le candidat sortant avait « 250 millions d'euros pour traiter les artisans comme les auto-entrepreneurs». Il proposa que les artisans ne payent de charges sociales que dès qu'ils dégagent un chiffre d'affaires. L'affaire serait financée par le nouvel impôt minimum des grandes sociétés annoncé voici 5 jours. Les artisans sont 3 millions, Sarkozy leur proposait donc 85 euros par an.

Fantastique.

« Vous avez raison » déclara Sarkozy à l'artisan qui venait de lui dire qu'il avait tort.

Sarkozy perdit ses nerfs sur la banlieue
Sarkozy voulait maîtriser ses nerfs. Un jeune Thibault, noir et de banlieue, dénonçait l'image que Nicolas Sarkozy et son gouvernement propageait sur les banlieues.

Thibaud était grand, il était magique. « Vous proposez le CV anonyme. J'ai jamais vu de fiches de paye anonymes ! » Sarkozy était déstabilisé puisqu'il s'énerva. L'émission démarrait incroyable.
« Vous êtes Français, Thibaud?»
« Bien sûr, mais on fait partie de cette deuxième France, on est Français de papier. (...) Vous dites souvent 'la France, tu l'aimes ou tu la quittes', mais est-ce que vous nous aimez, vous?»
«C'est pas moi qui ai dit ça, vous vous trompez! »
C'était faux. Sarkozy avait la mémoire courte. On s'était vite rappelé de sa formule de 2006: « S'il y en a que ça gênent d'être en France, je le dis avec le sourire mais avec fermeté, qu'ils ne se gênent pas pour quitter un pays qu'ils n'aiment pas ».

A une proviseur de banlieue, il eut une formule raccourcie: « Nos enfants ont changé, l'école n'a pas assez changé. Pardon, Dominique, je résume très mal. » Mais il n'avait pas de propositions.

L'évasion fiscale ?
A un autre participant, il lança, presque gourmant, sa seconde proposition. Aux « deux millions de Français qui vivent à l'étranger », les « expatriés », il voulait les aider. Mais pour les autres, les « évadés » fiscaux, il avait une sale mesure en tête. C'était trop gros. Sarkozy voulait rassurer une clientèle: expatriés, je ne vous confond pas !

Sarkozy ne reprit pas à son compte l'idée de supprimer la nationalité française à celles et ceux qui fraudent le fisc pour l'étranger. Mais il promit, s'il était réélu, que toute personne qui partait à l'étranger pour des raisons fiscales devrait déclarer ses revenus mondiaux en France et payer la différence éventuelle d'imposition. Comment ferait-il la différence entre expat et évadés ? C'était presque une proposition de Jean-Luc Mélenchon. Dur...

Nous étions rassurés.

L'insécurité, un échec démasqué
La propriétaire d'un bar-brasserie d'un petit village témoigna de ses propres braquages. « C'est un échec pour vous ? » s'inquiéta Laurence Ferrari. « J'vais y venir. » la coupa Nicolas Sarkozy. « Nous avons pris toutes les mesures nécessaires pour faire baisser la délinquance.» Et bien il était donc nul. Il accusa Hollande de vouloir être plus clément. C'était faux, l'ancien ministre de l'intérieur de 2002 était simplement accusé d'inefficacité.

L'insécurité était aussi sociale. Un ouvrier s'étrangla contre son patron-voyou.« Le patron voyou doit être traité comme un voyou. C'est encore pire d'être un voyou d'en haut de l'échelle » déclara le Monarque. Nicolas Sarkozy avait-il proposé quelque chose pour aggraver les sanctions contre la délinquance en col blanc depuis 2007 ? Non, il ne pensait qu'aux bandes.

Il s'énerva. Il tenta de prendre cette buraliste à témoin. Son échec n'était pas le sien. C'était celui de la «bien-pensance ». Il cherchait cette « France silencieuse » qui l'aimerait, une France qui n'existe pas. TF1 en fait le constat ce soir. Sarkozy se croyait encore en 2002.


Face aux journalistes
Vers 22 heures, le candidat sortant était confronté à des journalistes. A celui de TF1, François Bachy, le président des Riches se permit de ne pas répondre en le qualifiant de pro-Hollande (on souriait). A Françoise Fressoz, il était mal à l'aise. « Vous n'avez pas détaillé pas votre programme ». Mais, s'exclama-t-il , il y a encore deux mois de campagne.

Il a aussi récusé avoir été « brutal » sur le rétablissement des frontières. Il avait pourtant affirmé, en début d'émission, qu'il avait prévenu Angela Merkel de ses oukazes à l'Europe lors du discours de Villepinte. « Ce qu'il faut, c'est rétablir les frontières ».

Il avait besoin de jouer au candidat du peuple contre des journalistes. Cela faisait partie de son plan de campagne: « Vous pensez que nos comptes sociaux peuvent supporter l'arrivée sans contrôle, sans frontières...» il ne termina pas son outrance. « Vous sortez la Grèce du système ? » demanda la journaliste du Monde. « Oui » répondit le candidat sortant. « Votre méthode n'est pas communautaire, vous faites des coups de menton ».

Un autre journaliste s'inquiéta de la taxation nouvelle pour les exilés fiscaux: L'exit-tax n'est pas en place depuis un an. « L'exit-tax, elle marche!! » s'écria le Monarque. « Euh,... mais non! » le journaliste précisa: « les décrets d'application ne sont pas là ». Boum.

Sarkozy, hors sol.
Sarkozy avait des formules presque passionnées et hors sol.

1. « Je suis passionné par mon pays, je ne vends rien.» C'était drôle... ou triste...

2. « Nous n'avons pas baissé les impôts » dut-il reconnaître...

3. « Je crois au progrès dans la concurrence. » Mais, « je ne crois pas à la concurrence déloyale ». Ah...

4. Quatre jours après la journée de la femme, Nicolas Sarkozy expliqua aussi que l'ouverture du commerce le dimanche, c'était la faute des femmes qui travaillent.

5. « Je n'ai pas voulu faire la réforme de la dépendance.» Il y avait quelques aveux, ce soir, avec un an de retard. Pas grave, on le savait déjà. Il n'y avait plus d'argent dans les caisses. L'auditeur qui s'inquiétait du pipo des promesses de lutte contre Alzheimer en fut pour ses frais.

6. Un médecin tacla le président sur la tarification à l'activité. « La naissance n'est pas une activité rentable ». Le Monarque répondit à côté, sur l'augmentation prétendue des moyens de l'hôpital (« c'est de l'argent public ») et l'afflux aux urgences. « Pas chez nous, nous sommes une maternité ». Sarkozy ne répondit pas.

Et le Monarque répéta combien nous étions finalement bien loti en France.

Ce soir, Nicolas Sarkozy avait besoin du modèle social qu'il n'a pas créé pour se sauver.

Ami sarkozyste, ne pars pas.

Ce n'est pas fini.
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MessageSujet: Sondages: Sarkozy veut y croire.   Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Icon_minitimeMer 14 Mar - 17:24

MERCREDI 14 MARS 2012

Sondages: Sarkozy veut y croire.
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Quelques heures après le meeting de Villepinte, les partisans du candidat sortant voulaient croire dans les chances de leur champion.

A l'exception du Figaro, la presse fut mitigée sur le méga-meeting de la veille. Les maigres annonces n'en étaient pas.

Sarkozy amnésique
Nicolas Sarkozy a oublié une partie de son discours. N'y croyait-il plus ? Ils nous avait déjà fait le coup voici 15 jours sur l'éducation.

Cette fois-ci, le Lab d'Europe 1 les a relevé quelques heures plus tard, en comparant le discours distribué et celui déclamé par le candidat sortant. Outre les deux ultimatums adressés à ses partenaires européens (sur Shengen et sur le Buy European Act), Sarkozy oublia deux autres propositions: d'abord, la création d'un impôt minimum « assis sur le chiffre d'affaires mondialisé » des entreprises européennes. Ensuite, le transfert intégral des charges sociales sur la TVA. L'annonce faisait tache... Sarkozy manquait de courage.

Mieux, sur un autre sujet, et pas des moindres, le candidat raconta l'inverse de ce qu'il devait. Henri Guaino s'était-il trompé ? Le Monarque devait s'indigner: « Je ne propose pas une justice de la vengeance : ce n’est pas la victime qui doit décider de la sanction. » Il raconta le contraire. Exactement le contraire: « Je ne veux pas d’une justice de la vengeance, mais je veux que la victime puisse donner son avis sur la sanction et la décision de libération. »

Etait-il fatigué ?

Sarkozy découvrait les exilés fiscaux
Lundi soir, le Monarque avait livré sa deuxième idée, imposer les exilés fiscaux sur leurs revenus mondiaux. L'idée est excellente. Comme toujours, on se demandait pourquoi Sarkozy-le-gauchiste n'avait pas fait voter la dite mesure quand il était président.

La CGT, dans une démarche jugée exceptionnelle, appelait à voter contre le candidat des Riches. En 2007, le syndicat n'avait donné aucune consigne. « Au vu du bilan et des projets du président de la République, sa réélection ouvrirait, à coup sûr, une nouvelle séquence de lourds reculs sociaux. (...) La société française vivrait des clivages plus violents encore et s'enfoncerait encore plus dans la crise.»

En 2007, le syndicat n'en avait pas fait autant. La nausée était donc énorme.

Sarkozy traite EELV de secte
Mardi, le Monarque s'était rendu à un colloque sur la compétitivité à Paris, organisé par l'Association française des entreprises privées (Afep) avec Le Monde. Il accusa les écologistes d'Europe Ecologie-Les Verts d'être une secte à propos du nucléaire, quelques quarante-huit heures après l'anniversaire de la catastrophe de Fukushima. « C'est une idée folle de vouloir remettre en cause ce qui faisait consensus parce qu'on a signé un papier avec ce qu'il faut bien appeler une forme de secte »

Mardi, on parlait davantage des annonces du dimanche, la sortie éventuelle de la France de... l'Europe.

La tartufferie de Shengen
Le 8 mars dernier, Claude Guéant, ministre de l'intérieur, avait séché une réunion pourtant décisionnelle qui traitait notamment du durcissement des conditions de circulation au sein de l'espace Schengen. Alors que les autres Etats étaient représentés par leur ministre de tutelle, la France avait laissé Philippe Etienne, son représentant permanent, se débrouiller.

Dans l'entourage du ministre, rapportait Arnaud Leparmentier du Monde, on a précisé que cette réunion ne faisait qu'endosser des décisions précédentes. Les pays de la zone Schengen cherchaient à pérenniser la possibilité de fermer leurs frontières plusieurs mois durant en cas de défaillance de l'un d'entre eux.

Pourquoi donc Nicolas Sarkozy avait-il jeté cet ultimatum électoral la veille à Villepinte ?

Lundi matin, la porte-parole Kosciusko-Morizet, le ministre Guéant et le conseiller Guaino étaient là pour préciser la pensée encore un peu floue mais véhémente du candidat sortant.

La première expliqua que la Grèce était visée : « Les Grecs annoncent 55.000 clandestins qui passent tous les ans. C'est probablement plutôt 160.000 ». L'ancienne ministre devrait relire ses fiches. Le rapport du 8 mars dernier, établi à l'issue de la réunion qu'a séché Claude Guéant, mentionne le nombre de 61.000 clandestins « détectés » l'an dernier. Ce rapport est très instructif. On y découvre combien les ministres européens concernés débattent de cette affaire depuis des mois, à l'initiative de quatre pays dont la France après le printemps arabe.

Le second dut avouer que le sujet du durcissement de Schengen, loin d'être nouveau, était à l'étude depuis des mois.

Ce 8 mars, ces ministres avaient en effet traité (1) de la situation préoccupante de la Grèce sur le front de la lutte contre l'immigration clandestine, (2) de l'harmonisation des règles d'asile, (3) du durcissement de la gouvernance politique de l'espace Shengen, (4) les récents développements du Shengen Information Système II (une base de données commune sur les migrations). Mais la proposition d'amender les accords de Shengen pour autoriser la réintroduction temporaire de contrôles aux frontières au sein de l'espace européen n'a pu être adoptée.

L'Europe en colère
« Qui est le candidat de l'extrême droite en France, Le Pen ou Sarkozy ? » s'est exclamé le Guy Verhofstadt, ancien premier ministre belge et actuel président du groupe libéral au Parlement européen.

Un autre journal, le Point, rapporte quelques réactions incrédules.
A Bruxelles, on balance entre fatalisme et étonnement face à la violente charge de Nicolas Sarkozy contre l'espace Schengen. "C'est un discours électoraliste, à replacer dans le cadre de la campagne", dit l'un. "Le président-candidat veut réformer Schengen sur le modèle de ce qui a été fait pour l'euro ? Mais c'est ce que nous proposons", rappelle-t-on à la Commission européenne.
Sur le Buy European Act, autre proposition du dernier recours du candidat sortant, le commissaire français chargé du marché intérieur, Michel Barnier, pourtant soutien du candidat sortant, a tenté de plaider en faveur d'une solution « non protectionniste ».

Le Wall Street Journal, peu suspect d'antisarkozysme, traita notre candidat sortant de Nicolas Le Pen. Nous avions honte.

Histoires de courbes
Elles se croisent, et se décroisent. Mardi matin, les pauvres supporteurs de l'UMP s'enthousiasmaient d'un sondage IFOP, l'institut propriété de Laurence Parisot, annonçant Nicolas Sarkozy devant François Hollande au 1er tour de la présidentielle. Quel soulagement dans les rangs UMPistes ! A force de taper sur le programme de Marine Le Pen, ils allaient lui chiper quelques intentions de vote !

Au QG de campagne, il paraît que les « bombardiers du Net » - notez la métaphore, recueillie chez le candidat sortant - étaient aux anges. « La confirmation des courbes qui se sont croisées doit nous faire redoubler d'efforts sur le terrain » s'est exclamée Nadine Morano sur Twitter.

Quelques heures plus tard, vers 17h, catastrophe dans les mêmes rangs. Un autre sondage, de la SOFRES cette fois, et réalisé après le meeting de Villepinte, livrait un tout autre résultat, 30% pour Hollande et un Sarkozy en baisse à 26%. Qui serait l'arbitre de ces enquêtes sur quelques centaines de personnes ?

Et les affaires ?
En fait, ce mardi, Nicolas Sarkozy n'avait pas envie qu'on parle d'autres affaires, les vraies. C'était une autre histoire, pour un autre billet. Le Monarque avait envoyé Patrick Buisson, son conseiller ès sondages, être interviewé dans le Monde. La démarche coïncidait brutalement avec la publication d'un sondage attendu, le fameux, le premier, celui où les-courbes-se-croisaient. Pour Buisson, l'homme aux 150 sondages par an, c'était l'extase.

« Les médias racontent l'histoire à laquelle ils ont envie de croire. » Ou encore: « La tendance en faveur de Nicolas Sarkozy, depuis son entrée en campagne, est non moins incontestablement haussière » Le Buisson, il a une thèse, on oublie l'abstention, et François Hollande devrait en souffrir. « L'avantage du candidat socialiste est donc construit sur un scénario qui verrait 4 à 5 millions d'électeurs du premier tour ne pas aller voter au second ». Buisson était de sortie pour motiver... l'électorat sarko-compatible.

Le fisc venait d'ouvrir une enquête, il y a 15 jours, sur la fortune de l'ancien proche Thierry Gaubert. Celui-même qui avait ouvert deux bars baptisés Nibard et Nichon quelque part en Amérique latine, et qui était au coeur de l'affaire Karachi.


Ami sarkozyste, reste-là.

On s'amuse.
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MessageSujet: Sarkozy: le "couillon" des mères de famille   Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Icon_minitimeSam 17 Mar - 6:27

Sarkozy: le "couillon" des mères de famille
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Les images étaient terribles. Des mineurs refoulés par des CRS également casqués, à coups de gaz lacrymogène, et un candidat Sarkozy, un peu plus tard en visite, qui traite un journaliste de couillon.

Le plus triste, ou le plus irresponsable, fut la proposition du jour, étendre le congé sans solde permis aux mères de famille jusqu'au 18 ans de leurs enfants.

Sarkozy serait-il le « couillon » des mères de famille ?

Florange s'invite au QG
Il planait. Les sondages montraient enfin que les courbes se croisaient. Un pur bonheur, un truc immense, attendu depuis des lustres. Et Dominique de Villepin annonçait son retrait, faute de parrainages. Sarkozy allait gagner.

Le Monarque avait donc cru bon d'inviter les représentants des salariés d'Arcelor-Mittal lundi à l'Elysée. Notez la nuance: Sarkozy voulait les recevoir en tant que président, à l'abri du Palais. Qu'importe, quelques 200 salariés sont arrivés en bus dès ce jeudi matin... au QG de campagne dans le XVème arrondissement de Paris. Le « candidat du peuple » dut s'éclipser rapidement, vers 11h30. Il allait justement visiter une fonderie, à Suippes dans la Marne. Il ne voulait pas recevoir ceux de Florange en l'état.

« Je recevrai les salariés, tous les représentants des salariés en tant que président de la République, lundi » expliqua-t-il, encadré par deux gardes du corps qui jetaient des regards inquiets aux alentours. Il souriait presque, était-ce de la provocation ? Il ajouta qu'on « ne les oublie pas. Il y a 17 millions (d'euros) d'investissements qui viennent d'être décidés. » C'était ... faux. Nicolas Sarkozy croyait sans doute qu'on avait oublié le démenti d'Arcelor Mittal, il y a 15 jours.

On dépêcha donc 5 camionnettes de CRS. A peine descendus du bus, les manifestants furent refoulés à coups de matraque et de gaz lacrymogène. Il fallait voir et écouter leur rage. « La colère des uns et le mépris de l'autre », titrait notre confrère Dedalus. «On ne peut pas gazer les sidérurgistes le jeudi et les inviter à l'Elysée le lundi suivant » condamna la députée dépitée Aurélie Filippetti.

« L'accueil a été très très dur, ils nous ont rentrés dedans, ils nous ont gazé tout de suite » témoigna un représentant de la CFDT, les yeux rougis. « C'est honteux ! On veut juste travailler ! Quand être que ce Monsieur va commencer à bouger son cul pour sauver des emplois en France !! »

« On est venu pour lui expliquer la situation ! » lança Edouard Martin, autre représentant des salariés de Florange, régulièrement interviewé par les médias sur la crise du site Arcelor-Mittal. « Quatre semaines qu'on est en grève sans jamais agresser personne ! Et l'autre, il envoie les CRS, avec des lacrymogènes ! Voilà le candidat du peuple ! Voilà ! »

Ces images étaient terribles, humiliantes pour le candidat du peuple. Mais elles n'étaient pas les seule ni les dernières.

Sarkozy et le « couillon »
Quelques instants plus tard, Sarkozy voulut s'amuser de la prétendue fébrilité de son rival François Hollande: « Dites-moi, j'ai l'impression qu'il y a des candidats qui s'énervent, il ne doit pas faire bon pour tout le monde » Il avait déjà usé de la formule la veille sur Europe1.

Il visitait une fonderie, et boum, le voici qu'il s'agace, qu'il provoque, qu'il prend à témoin les journalistes, nombreux, qui l'accompagnaient, en évoquant les incidents du matin devant son QG: « Ce n'était pas des ouvriers, c'était un petit nombre de syndicalistes. Les syndicats doivent défendre les intérêts des salariés, pas faire de la politique [...] Que la CGT ne pense pas qu'elle a un rôle politique à jouer dans cette campagne, ça ne lui va pas, ce n'est pas bien. Que les syndicalistes défendent les syndiqués et ne fassent pas de politique et la CGT se portera mieux [...]. Je dis aux vrais salariés de Florange, ceux qui travaillent, que je suis à leur disposition.».

Les vrais salariés ? Y-aurait-il des faux salariés ? Sarkozy dénonça une « petite manoeuvre des syndicats ». C'était triste. On le croyait présidentiel.

Puis, interrogé par un jeune journaliste sur l'effet des gaz lacrymogènes du matin devant son QG, Nicolas Sarkozy dérapa:

« Qu'est-ce que ce que vous voulez que j'ai à foutre de ce que vous me dites ? ».

Et d'ajouter, en partant: « couillon, va ! » Cet homme prétendait être président de la « 5ème économie du monde » depuis bientôt 5 ans. L'image était terrifiante. Après le « casse-toi pov'con » que Nicolas Sarkozy disait regretter d'avoir prononcé au Salon de l'Agriculture en 2008, voici le « couillon, va ! ».

Il a appris. Vraiment ?

La proposition du jour
Nicolas Sarkozy aurait pu préciser, enfin, son programme. Non, ce jour-là, il ne voulait toujours livrer l'intégralité de ses propositions. Il avait réitéré son idée de taxer Google, qui s'est installé en ... Irlande. La proposition était drôle, pour un candidat qui se voulait crédible.

Il n'avait qu'une idée, une idée par jour. En l'occurrence, étendre la possibilité du congé parental jusqu'à l'âge de 18 ans: « En fonction de l'évolution des familles, de leurs problèmes, divorce, séparation, maladie, accidents professionnels, ce droit aux trois ans, au lieu d'être concentré sur les trois premières années, essayons de voir si ce n'est pas plus intéressant de le répartir sur l'ensemble de la jeunesse et de l'adolescence ».

Il était curieux qu'il parle de congé parental en visitant une fonderie, mais passons. L'homme avait peu d'idées, et il avait besoin, ce jour-là, de sortir une cartouche pour distraire l'attention des dérapages du matin.

Le congé parental est cette faculté de prendre un congé sans solde jusqu'au 3 ans d'un enfant du foyer, l'employeur devant garantir le poste pendant cette absence. Sarkozy proposait donc de prolonger ce congé sans solde jusqu'au 18 ans de l'enfant...

Fantastique... Quel cadeau gratuit ... et irresponsable. On imaginait l'employeur, 18 ans plus tard, « récupérant » une salariée partie en congé parental version Sarkozy.

En 2009, Nicolas Sarkozy avait une idée totalement inverse, raccourcir le congé parental. Il s'agissait de« faciliter le retour des femmes vers l'emploi ». Mais en 5 ans, Sarkozy avait souvent changé d'avis.
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MessageSujet: Il sombre lamentablement sur M6   Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Icon_minitimeMar 20 Mar - 4:38

le jour où il sombra sur M6


Pour ses 25 ans, M6 nous avait fait un cadeau. La chaîne s'était offert Nicolas Sarkozy. Le candidat sortant était l'invité de Capital, dimanche 18 mars, une émission qui se révéla étonnante.

Après le fiasco médiatique de vendredi dernier, cette soirée fut quasiment exemplaire.

Le premier reportage montra une famille qui vivait à 4 euros près. Tout y passa: l'endettement pour se loger, le coût des transports publics, l'envolée des prix de l'eau, le manque d'enseignants dans l'école publique et les conséquences de la suppression de la carte scolaire. Un second reportage traitait de la surcharge des hôpitaux. Voici Capital qui nous décrivait les ravages de la réforme hospitalière. Un nouveau coup dur. Un autre reportage figurait un certain Frédéric qui s'endettait pour se refaire les dents. Sarkozy grinçait des dents en direct. Un quatrième reportage traitait du chômage des seniors. Des quinqua témoignaient de l'absence d'offres d'emploi. On vit aussi un avocat d'affaires détailler les bonus particuliers d'un patron en cours de recrutement.

Face à cette avalanche de mauvaises nouvelles, diffusées en direct et à une heure de grande écoute, Nicolas Sarkozy sombra littéralement. Le candidat sortant parut désemparé. C'en était gênant.

Florilège.

1. Le candidat sortant commença par s'agacer du nombre de normes. Et il promit, juré craché, que s'il était réélu, il supprimerait deux normes chaque fois qu'une nouvelle serait créée. Après la boulimie législative des 10 ou 5 dernières années, l'annonce avait de quoi surprendre. Ce n'était plus une volte-face mais une abdication !

2. Sur l'éducation, Nicolas Sarkozy expliqua qu'il proposait des heures supplémentaires pour les enseignants. Mais rien d'obligatoire, s'étonna le journaliste. Non, reconnut le candidat. Sarkozy dériva sur l'immigration qui, selon lui, était l'une des sources du problème de l'école, et qu'il y avait trop d'élèves à l'école. On croyait rêver. « Vous placeriez votre enfant dans une école publique ?» Sarkozy refusa de répondre.

3. Sur la santé, le candidat sombra. « En France, se soigner est gratuit ». Il oubliait que 5 millions de Français n'avaient pas de mutuelles complémentaires. Quand le journaliste Thomas Sotto lui demanda s'il ne fallait pas jouer sur les tarifs médicaux, le monarque répond à côté, tout en expliquant que les médecins ne gagnaient que 23 euros par consultation.A Thomas Sotto qui lui demanda s'il comptait forcer les médecins à s'installer dans les déserts médicaux, le candidat répondit: « Vous iriez voir un médecin qu'on a forcé à aller à Morlaix?» Il venait de perdre les faveurs du Finistère.

4. Confronté au reportage sur ce commercial contraint de se refaire une dent pourrie, Sarkozy eut cette réponse étonnante: « Franchement, est-ce que vous croyez que le moment est venu à l'annonce de dépenses nouvelles ?» Et d'ajouter : « Il faut bien comprendre que notre assurance maladie est en déficit. » Le journaliste Thomas Sotto était interloqué. Sarkozy évoqua d'autres soins jugés plus prioritaires, comme le cancer et Alzeihmer. Il faudrait réduire les soins dentaires au profit de la lutte contre le cancer, s'interrogea Sotto. « Mais certains malades ont besoin des deux soins, pour les dents et contre le cancer » répondit Sarkozy. Devant notre poste, nous étions tétanisés.

5. Sur le chômage, la bataille de chiffres fut réglée en quelques secondes, au profit de Thomas Sotto, il y avait bien un million d'inscrits supplémentaires à Pôle emploi. Mais Sarkozy expliqua que les chômeurs de catégories B et C n'étaient pas vraiment des chômeurs puisqu'ils travaillaient à temps partiel.

6. A propos des seniors, Nicolas Sarkozy pensait avoir la réponse à un reportage encore une fois accusateur: « Depuis 2007, il y a 520.000 seniors de plus au travail.» C'était faux. Sarkozy parlait d'actifs. Certains, nombreux, étaient inscrits au chômage. Il pensait aussi avoir l'annonce du jour: il proposa l'exonération de charges sociales pour toute embauche de personne au chômage de plus de 55 ans embauchée en CDI ou en CDD de plus de 6 mois, une idée partiellement pompée chez... François Hollande.

Nous avions compris. Si Nicolas Sarkozy tardait tant à présenter son programme, c'est il attendait de recopier les mesures des autres candidats, de gauche comme d'extrême droite.

7. Quelle solution pour le chômage qui explose ? Thomas Sotto lança un reportage sur la surcharge de Pôle Emploi, surtout dans les quartiers populaires. Je pensais à mon épouse.« On a augmenté de 3000 le nombre de salariés de pôle emploi. » s'excusa Sarkozy, mal en point. C'était faux. Il n'avait augmenté que de 1.850 CDD les effectifs de Pôle emploi, début 2009 et sous la pression des manifestations. Puis de 1.000 CDD nouveaux annoncés le 18 janvier dernier. Mais Sarkozy avait la formule: la formation. « Il faut former ». Le journaliste s'inquiète: « Il est où le stock d'emplois après la formation ? » #Sarkopipo répond: « Ben partout ».

On a compris que le candidat sortant envisageait de récupérer une fraction du budget de formation professionnelle pour les chômeurs, mais sans préciser combien. Tout cela restait flou, bien flou.

8. En fin d'émission, Sarkozy fut interpellé par un jeune patron qui venait de créer son restaurant. Le candidat sortant se félicita de la baisse de TVA sur cette activité. Le patron n'en parlait pas. Pour aider les PME, Sarkozy dégaina trois propositions: « Je vous annonce ce soir que nous allons demander à Oseo d'avancer le crédit d'impôt-recherche. » Ah... C'était tout. Puis, il promit d'obliger les grands groupes « d'emmener des PME avec eux à l'export ». C'était bien flou. Et enfin, pour les PME, il allait « supprimer le privilège du Trésor Public.» Accorder aux banques une priorité de remboursement des créances en cas de faillite sur le trésor public, quelle mesure ! Pour enfoncer son point, il rappela sa menace, l'un des ultimatums nombreux qu'il avait lancé à l'Europe depuis 6 jours: « j'ai donné un an à l'EUROPE pour donner la priorité aux PME.» « L'Europe à 27 ? » s'étonna Sotto... A Berlin, Merkel devait trembler...

9. Séquence Fouquet's, un reportage s'attarda sur ces bonus de patron qui ne connaissent pas la crise. « Mais ils n'ont pas été interdits, les Golden parachutes ? » s'inquiéta Thomas Sotto. Sarkozy s'embrouilla « Mais si si » Mais non, mais non. Un peu plus tard, Sarkozy rempile, et oublie de tacler les abus: « Les actions gratuites, c'est pas ce qui me choque le plus ». Sur Twitter, même Jean-Michel Aphati de RTL s'agaçait: « 12 millions d'euros d'actions gratuites à un PDG dans une entreprise ne choquent pas N.» Le journaliste insista sur la fiscalité, et notamment la proposition de Sarkozy de taxer les exilés fiscaux: « Ils perdent la nationalité, les exilés fiscaux ? »... Le candidat sortant écarquilla les yeux: « ben non ».

10. Beaucoup de dépenses, mais peu de recettes. Sarkozy rappela ses deux seules idées du moment: taxer d'un impôt minimum les grands groupes du CAC40, sans plus de précision. Et taxer les exilés fiscaux. « Mais c'est symbolique tout ça ! » s'étonna le journaliste. Sarkozy masquait.

11. Le quasi-coup de grâce était pour la fin, sur les prévisions de croissance: « vous êtes plus optimiste que François Hollande » demanda Sotto. « C'est votre référence » répondit, méchant, le candidat sortant.

La soirée était gâchée.
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MessageSujet: Ca flotte, ca flotte   Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Icon_minitimeMer 28 Mar - 10:23

ERCREDI 28 MARS 2012

Confusions ou flottements chez Sarkozy.
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La semaine prochaine, peut-être, le programme de Nicolas Sarkozy sera dévoilé. On évoque un document de campagne de 16 pages. La pression devient forte. La confusion aussi. Pourquoi donc le Monarque rechigne-t-il tant à dévoiler l'entièreté de ses propositions et leurs chiffrages, à l'instar de tous les autres candidats ?

Au sein du camp Sarkozy, on était déçu. L'affaire Merah semble avoir peu d'impact sur la campagne, 5 jours après la mort du terroriste. Mardi matin, Nicolas Sarkozy a pu remonter sur son estrade pour protester contre le père de Mohamed Merah. Ce dernier allait porter plainte contre la France car son fils avait été tué. L'homme débloquait sans doute et Nicolas Sarkozy a dit tout haut ce que tout le monde pensait tout court. Il était inutile d'en rajouter.

Il s'est alors passé quelque chose d'étrange, comme un flottement. Quelques ténors de la campagne Sarkozy semblaient confus ou hésitants et apparemment sans raison.

Alain Juppé, sur RadioClassique, commit un joli lapsus sur la candidature de Nicolas Sarkozy: « On pensait il y a quelques mois que Nicolas Sarkozy ne serait pas présent au second tour, euh ... au premier tour, ... euh, au second tour ! »

Au même moment sur France Culture, Henri Guaino s'énervait à nouveau contre un contradicteur. Il n'avait pas apprécié une chronique matinale de Marie Darrieussecq qui rappelait le fameux discours de Dakar. Il traita ces propos de grossier et d'inconvenant. L'homme était surpris que l'émission fut si mal contrôlée: « Si j'avais su, je serai pas venu », a-t-il déclaré.

Mais le plus drôle fut atteint, ce mardi matin sur Europe 1, par Jean-Louis Borloo. Il voulait « peser » sur la campagne de Nicolas Sarkozy: « à côté de la France forte, il faut la France juste ». Il espérait que le candidat sortant intègrerait une proposition sur le sauvetage scolaire des quelques 100.000 enfants qui « sortent du primaire sans avoir les acquis fondamentaux ». Fichtre ! Mais qui est président depuis 5 ans ? Qui gouverne depuis 10 ans ? Borloo, qui a quitté le gouvernement depuis que Sarkozy lui a préféré Fillon en novembre 2010, a beaucoup d'idées. Débranché de toutes velléité électorale par Nicolas Sarkozy en septembre dernier, le président du Parti Radical cherchait comment rebondir. Alors il s'agite comme il peut.

« Nous avons travaillé ce week-end sur ce programme pour les enfants » expliqua-t-il. En quoi consiste-t-il ? Borloo a faiblement précisé l'idée, évoquant, pour chacun de ces 100.000 enfants, « un modèle spécifique de soutien scolaire» ... « Moi, je veux une réponse massive, opérationnelle, le soir à partir de 16h30, avec les enfants, avec les mamans, avec des profs spécialisés !» Au journaliste qui s'inquiétait de sa présence éventuelle le soir même au meeting de Nicolas Sarkozy à Nantes, l'ancien vrai-faux dissident de Sarkofrance répondit qu'il attendait de voir si Sarkozy reprendrait son idée... avant de convenir qu'il y participerait... Quel soutien !

Le candidat sortant tenait meeting à Nantes. Il visita Guérande, accompagné de Jean-Louis Borloo, Christine Boutin, Rachida Dati et Bernadette Chirac. Là aussi, il y eut comme un flottement. Mme Chirac expliqua qu'elle était « une militante du sarkozysme ». A 650.000 euros de revenus annuels chez Bernard Arnault pour quelques maigres réunions par an, elle pouvait avoir le militantisme actif.

Il était énervé par la une du Monde, barrée d'un titre ravageur («l'affaire Bettencourt se rapproche de Sarkozy »): «Pas de commentaire, 'Le Monde' fait la campagne de Francois Hollande » a-t-il lâché. Sans doute préférait-il celle de Ouest-France, avec une interview exclusive. Certains de ses propos étaient assez inconvenants, comme sur la banlieue: « Les quartiers, aujourd’hui, sont plus sûrs, plus agréables à vivre, moins éruptifs qu’il y a 10 ans. ».

Sur son programme, il resta étonnamment flou « Mon projet, c’est de dire aux Français : vous avez besoin d’être protégés. Et pour être protégés, il faut que votre pays soit fort, en remboursant ses dettes ».

Sur le chiffrage, le flottement était palpable. Ainsi, sur les fameux 70 milliards d'euros d'économies qu'il espère faire en 5 ans: « Sur les économies, je continuerai à réduire le nombre de fonctionnaires ; je n’accepterai pas qu’on touche à la réforme des retraites et nous soumettrons les grosses collectivités territoriales à un effort d’économies ».

C'était tout. Sarkozy dénonça un blocage de la distribution du quotidien par la CGT. Nous cherchions de quoi il parlait. Le journal était parfaitement lisible pour qui voulait.


Sur l'estrade, Sarkozy eut peu d'annonces nouvelles. « pour gagner une élection présidentielle, il faut être porté par une vague qui vient des profondeurs du pays ». Il se prenait pour le tsunami de Fukushima.

Il fit mine de reprendre à son compte l'une des propositions de Jean-Louis Borloo, pour aider les enfants en difficulté en maternelle et en primaire, avec la création de conseils de soutiens: «Pour aider ces milliers d'enfants en difficulté qui, faute d'attention, deviennent des enfants en perdition, Jean-Louis Borloo propose de créer des “conseils de soutien” regroupant tous ceux qui peuvent venir au secours des écoliers en très grande difficulté et de leurs parents désemparés». Il promit de l'argent, mais sans dire combien, « pour sauver les enfants en péril » et embaucher des spécialistes: « Ces 'conseils' seront dotés d'une enveloppe de crédits qui leur permettra de financer l'intervention des spécialistes ». Quant au financement, le candidat le précisera « ultérieurement », confièrent quelques conseillers à des journalistes.. Des conseils de soutien pour 100 à 200.000 enfants par an ? Combien de professeurs le Monarque allait-il concéder à allouer à l'opération Borloo ? On pouvait douter. En 2009 déjà, le Monarque avait transformé les cours du samedi matin en aide personnalisée pour les élèves du primaire en difficulté. Il y avait aussi l'accompagnement éducatif, un dispositif volontaire instauré dès septembre 2007

Même le Figaro reconnut que Sarkozy « avait sous-estimé jusque-là » cette «bataille du primaire ». Quel aveu... Le Monarque découvrait donc, il le fallait, il lui fallait le soutien de Jean-Louis Borloo: «Plus tôt les problèmes sont repérés et traités et plus il a y a de chance que l'enfant n'accumule pas des retards qui, à la longue, deviennent irrattrapables».

Il répéta qu'il voulait généraliser l'introduction des jurés populaires dans les tribunaux correctionnels pour les les violences aux personnes. « Je suis conscient que ce sera une révolution, mais c'est la seule condition pour que le justice retrouve la confiance. »

Il répéta aussi qu'il « faudra dix ans de présence sur le territoire à un étranger pour bénéficier du minimum vieillesse ». La condition ... est déjà en place depuis 2005.

Sarkozy flottait, comme une partie de son équipe ou de ses soutiens.

C'était curieux.
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MessageSujet: On atteint le fond !   Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Icon_minitimeMer 28 Mar - 10:28

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MessageSujet: Pour masquer son échec, le candidat du peuple préférait l'outrance et le mensong   Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Icon_minitimeMar 3 Avr - 15:06

ARDI 3 AVRIL 2012

Pour Sarkozy, la France silencieuse n'est pas à Florange
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Mise en scène, le mot est lâché. Quand Nicolas Sarkozy fustige les syndicalistes de Florange, personne n'est dupe, pas même Reuters.

Lundi, le candidat sortant tenait meeting à Nancy, en Lorraine. Le matin même, il s'était confié au quotidien local Le Républicain Lorrain. Ses propos furent violents. Le président n'était plus rassembleur. La France silencieuse qu'il invoquait à longueur de journées ne passait par Florange.

Candidat des Riches
La photo, signée Alexandre Marchi, qui accompagnait l'interview le montrait assis dans un palais royal, à l'Elysée, avec moult babioles luxueuses sur son bureau en acajou: un petit éléphant en bois d'ébène avec cornes en ivoire, deux gros cigares, une boîte en argent, un stylo Montblanc. Quels symboles ! Le candidat du peuple s'adressait aux Lorrains !

Il rechignait toujours à parler de la crise.
Républicain Lorrain: « De nouveau, les thèmes régaliens occupent l’agenda de la campagne. Mais les Français veulent que l’on parle d’emploi, de pouvoir d’achat…»
Nicolas Sarkozy: « Excusez-moi ! Pendant une semaine, les médias n’ont parlé que de l’affaire de Toulouse et on me reproche d’avoir instrumentalisé ces événements ? Pour François Hollande, on aurait ainsi le droit d’évoquer des thèmes, et pas d’autres… Prenez l’immigration... »
Et il embraya sur l'immigration. Un journaliste insista, les Français semblaient quand même préférer qu'on leur parle emploi et pouvoir d'achat. Sarkozy dévia sur le déficit budgétaire « meilleur que prévu » (en oubliant la révision à la baisse des perspectives de croissance pour l'an prochain et le franchissement historique et symbolique du seuil des 1.700 milliards d'euros de dette publique).

Guerre aux syndicats
Un journaliste insista encore, et tendit la perche sur Florange, un exemple bien concret, bien local de la crise économique qui frappe le pays.
RL: « A Florange, la colère monte…»
NS: « Ne mélangeons pas les ouvriers, inquiets et pour qui j’ai obtenu 17 millions d’euros d’investissement, et les permanents de la CGT ou de la CFDT : 2 millions d’euros de travaux sur la phase liquide réalisés immédiatement – ces travaux ont démarré –, 7 pour la cokerie, 8 millions pour l’usine de fabrication de produits pour l’automobile. C’est de l’investissement pour Florange ! Et il est décidé. Si ces travaux n’avaient pas été engagés, c’était la certitude que les hauts fourneaux ne reprenaient pas. Quant aux permanents de la CFDT, ils trahissent la confiance des salariés. Ils sont venus m’insulter et essayer de casser mon siège de campagne. Ne confondons donc pas les salariés d’ArcelorMittal, que je ne laisserai pas tomber, et des syndicalistes qui trompent leurs adhérents en faisant de la politique au lieu de défendre l’intérêt des salariés. »
Vous avez bien lu les propos de cet entretien écrit et relu: les « permanents de la CFDT (...) sont venus m’insulter et essayer de casser mon siège de campagne. » Quelques heures plus tard, Emmanuel Jary de l'agence Reuters pouvait titrer sa dépêche: « Sarkozy met en scène un divorce électoral avec les syndicats ». Où était l'éthique ?

Pour masquer son échec, le candidat du peuple préférait l'outrance et le mensonge. Car il mentit doublement:

(1) Non, la décision d'investir 17 millions d'euros dans la fonderie de Florange par ArcelorMittal n'est pas ferme. C'est le groupe sidérurgiste lui-même qui a prévenu que cela dépendrait de la situation économique dans 6 mois.

(2) Non, les représentants de Florange n'étaient pas venu « casser le QG de campagne » de Sarkozy à Paris. Le candidat sortant n'avait aucune preuve de ce qu'il avançait. Il y a 4 jours, 10 jeunes du collectif Génération Précaire qui venaient remettre un rapport au même QG connurent la même déconvenue: 7 camionnettes de CRS en guise de comité d'accueil.

Néo-libéral ?
Et pour le reste, Nicolas Sarkozy avait-il quelque chose de nouveau à proposer pour la réindustrialisation ? Non, il rappela sa baisse promise des cotisations familiales en échange d’une augmentation de la TVA de 1,6 point, sa promesse d'accords compétitivité-emploi qui « rendront la liberté aux salariés et aux chefs d’entreprise pour parler aménagement du temps de travail, salaires, et emploi » et... c'était tout. La même antienne depuis des mois.

Au passage, il livra une énormité. Au journaliste qui rappelait que notre modèle social avait « amorti le choc de la crise », Sarkozy répondit: « Non, ce qui a amorti le choc, c’est la réforme des retraites de 2010 – elle rapporte 5 milliards dès cette année, 16 milliards en 2016 – et le choix fait de travailler plus longtemps plutôt que d’augmenter les impôts .» A notre connaissance, c'était la première fois qu'il niait dans ces termes le rôle d'amortisseur au système français.

Même les économistes les plus libéraux le reconnaissent: retraites, rémunérations de la fonction publique, indemnités chômage et allocations diverses ont été autant de revenus protégés au pire moment de la crise qui ont permis à l'économie français de compter toujours sur un minimum de consommation intérieure. Nicolas Sarkozy lui-même le reconnaissait jusqu'à maintenant, comme le rappela Thomas Bronnec de l'Express. La réforme des retraites de Nicolas Sarkozy n'a servi absolument à rien pour passer le cap 2008-2010.

Meeting étouffant
En fin d'après midi, à Nancy et devant 4.500 militants et autant de drapeaux, le candidat sortant sortit l'artillerie lourde. Toujours pas d'annonces, mais encore les mêmes attaques contre la prétendue « duplicité » de François Hollande accusé d'être responsable de la rémunération du PDG de Publicis. Il accusa Aurélie Filippetti, la député socialiste de Moselle, d'être bavarde (« Je vois que Madame Filippetti est bien bavarde quand il s'agit de parler de moi. Mais qu'est-ce qu'elle a fait pour convaincre les actionnaires ? Qu'est-ce qu'elle a fait pour amener de nouveaux emplois ? »).

On croyait rêver.

Il enfonça quelques portes ouvertes. Comme sur l'Education, où il se lamenta: « aucun enfant ne doit sortir du primaire sans maîtriser les fondamentaux.» Pour la jeunesse, il ne voulait évidemment pas de « l'assistanat ».

Il joua au caïd, l'air de défier ses adversaires en duel: « Dans mon identité, le mot renoncement n'existe pas. Mon devoir c'est d'y mettre les tripes, mon dynamisme, mon énergie».

Il loua aussi la « France éternelle » qui avait « sauvé Benghazi » et « libéré la Côte d'Ivoire ». Le président de Françafrique lança, dans le même paragraphe qu'il fallait « être fier de l'armée française » et « de la culture française ».

Pour conclure, il s'étrangla presque dans son traditionnel appel à l'aide: « j'ai besoin de votre amitié. J'ai besoin de votre amour pour la France.» C'était pompeux.

« Grâce à vous, nous sommes en train de donner un visage à la France silencieuse ! ».

Comme toujours, après une brève Marseillaise, il traversa la petite foule sous les drapeaux et les vivats, avant de rejoindre son jet.

Il fallait retourner à Paris.
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MessageSujet: C'est la panique !   Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Icon_minitimeJeu 5 Avr - 15:46

EUDI 5 AVRIL 2012

Sarkozy décroche... à la Réunion
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C'est la course contre la montre. Nicolas Sarkozy était à la Réunion, chahuté à son arrivée. A Paris, François Hollande avait dégainé le planning de ses 35 premières mesures. La mort inattendue du directeur de Sciences Po, Richard Descoings, avait aussi troublé l'agenda médiatique.

On oublia presque ces nouvelles arrestations d'islamistes présumés radicaux.

Sarkozy voulait jouer les prolongations de l'affaire Merah.
Après les interpellations de vendredi dernier, les caméras avaient été encore conviées à Roubaix (Nord) et ailleurs. Il y avait encore une vingtaine de suspects à interpeler. On pouvait filmer des policiers du RAID, masqués et en action, extirper quelques présumés potentiels terroristes. On pouvait entendre les voisins des suspects, comme toujours surpris d'avoir cottoyé des gens apparemment si dangereux. La présomption d'innocence et le secret de l'instruction étaient largement bafouées dès ces premiers instants de l'enquête.

Une journaliste d'iTélé témoigna ce matin que des confrères avaient été renseignés la veille au soir de l'intervention policière. « Ce n'est pas moi qui regretterait la liberté de la presse » déclara, non sans malignité, Claude Guéant. La manipulation était évidente: le calendrier de ces arrestations et, surtout, leur médiatisation à 18 jours du premier tour présidentiel, faisaient débat.

Nicolas Sarkozy pouvait espérer occuper les médias avec de si belles images. Las, il fut mis en échec par deux autres surprise. D'abord, un autre drame, la disparition de Richard Descoings. Le directeur de Sciences Po avait été trouvé mort dans une chambre d'hôtel à Manhattan. Puis, vers 8 heures du matin, la publication par l'équipe de François Hollande des 35 premières mesures du candidat socialiste s'il devenait président. Comme nous le tweetions hier, « Sarko n'a pas de programme. Hollande a déjà un planning. »

La surprise Hollande
Il n'y avait pas de temps à perdre. Fidèle à la stratégie du non-débat, Jean-François Copé fut envoyé au front, vers 9h30. Il rejoua la partition bien connue de la caricature en qualifiant les 35 mesures immédiates de « projet totalement décalé des exigences de notre pays dans cette crise et totalement irresponsable ». Mais cela ne suffisait pas.

«J'ai vraiment hâte d'être au débat d'entre-deux-tours. Je vais l'atomiser!» avait-il expliqué à quelques proches lors de l'un de ces « comités stratégiques » qu'il aimait tenir à l'Elysée ou à son QG de campagne sécurisé de la rue de la Convention. C'était indigne et retranscrit par Nicolas Barotte et Solenn de Royer du Figaro. On ne saurait les soupçonner d'antisarkozysme.


Un sondage, fuité le soir même mais connus des sphères sarkozyennes dès la matinée, indiquaient un redressement au premier tour de ... François Hollande. Et encore une aggravation du handicap de Sarkozy au second tour.


Une déconvenue n'arrivant jamais seule, le Monarque apprit que la Cour de Cassation avait enfin autorisé les familles des victimes de l'attentat de Karachi du 8 mai 2002 à se porter partie civile dans l'autre partie de l'instruction, le volet financier de l'affaire pour les chefs de « corruption d'agent public français, abus de biens sociaux et recel aggravé ». La Cour précisa: « Il se déduit des plaintes des parties civiles que les faits dénoncés sous les qualifications d'abus de biens sociaux, corruption d'agent public français, recel aggravé sont susceptibles de se rattacher par un lien d'indivisibilité aux faits d'assassinats ». Pour le clan Sarkozy, secoué à intervalles réguliers par ce scandale monstrueux, c'est une bien mauvaise nouvelle. Depuis que l'instruction a doublement progressé grâce aux juges Marc Trévidic et Renaud van Ruymbeke, on suffoque devant l'ampleur des révélations. Un obstiné confrère a même créé un blog sur le sujet voici des années.

Sarkozy, barricadé à la Réunion
Les seules images de Nicolas Sarkozy disponibles en Métropole furent celles de son arrivée chahutée à l'aéroport. On entendait des «Sarkozy Président!» mêlés à des «Pov'con». Son déplacement était expresse, 12 heures à peine sur place, l'aller-retour en à peine plus que 24 heures. Les Inrocks avaient recueilli cette confidence curieuse d'un « cadre de l'UMP »: « On n’était pas là pour le fatiguer ni pour faire le tour de l’île à la manière de Hollande obligé de voir chacun des élus. Notre pari était de faire un seul gros meeting pour avoir un moment de rassemblement ».

Il y avait surtout beaucoup de CRS, et 73 gendarmes mobiles rameutés pour l'occasion. Le périmètre avait été sécurisé par les forces de l'ordre pour empêcher d'approcher le candidat sortant. Il fallait montrer patte blanche. Pour preuve, à l'aéroport, même les forces de l'ordre furent mises à contribution pour faire le ménage, témoigna Marion Mourgue, l'envoyée spéciale des Inrocks. Pire, Sarkozy avait décidé d'improviser et tomba sur des manifestants hostiles, en bordure de son parcours.

Il n'y avait qu'une centaine de personnes pour accueillir le candidat sortant.

Plus tard, à Saint-Pierre, la ville avait été vidée, bloquée, sécurisée. « Les accès sont bloqués par les gendarmes mobiles et la circulation limitée. On compte plus de flics et de journalistes que d’habitants… quand on en trouve ! » commente Marion Mourgue.

En meeting, trop tard ou trop tôt, Nicolas Sarkozy scanda de curieuses formules: « Aidez-moi à proposer à la France le projet qui fera de notre pays l'une des grandes nations dans le monde. » Mais de quel projet parlait-il ? On attendait le programme, prévu pour livraison ce jeudi 5 avril. Pour la première fois sous la Vème République, un candidat considéré comme « majeur » n'avait toujours pas présenté son programme à trois semaines du scrutin.

Et il réclamait, en plus, qu'on l'aide.

Il nous a répété qu'il avait « donné » au pays « le meilleur » de lui-même. Justement, il fallait arrêter. Quel pouvait être l'espoir qu'il serait différent, comme il le proclamait à la une de Paris Match ce mercredi 4 avril, puisqu'il avait déjà tout donné depuis 2007 ? A la Réunion, frappée par des émeutes sociales voici peu, il avait sept promesses. Il fallait rester assis, et calme, pour l'entendre énumérer ses mesures qualifiées de « sans précédent » par le site de la France Forte. Attention au choc: « je garantirai la défiscalisation pour les projets économiques d’Outre-mer ! » Désespéré, le candidat sortant promettait le doublement du plafond des défiscalisations en faveur de la Réunion, de 1,5 million à 3 millions d'euros. La dépense, c'est Sarkozy ! Il ajouta d'autres dépenses, puisqu'il fallait être réélu, comme des exonération temporaire de charges sociales pour l'embauche de moins de 25 ans sur le territoire de l’île, ou pour tout emploi créé dans 5 secteurs « privilégiés ». On se demandait: mais pourquoi il ne l'a pas fait avant ?

Jeudi 5 avril, le candidat sortant devait faire quelque annonce pour réduire le coût du permis de conduire et faciliter son obtention. Conduire plus pour travailler tout court. Des réunions au sommet ont été organisées sur le sujet.

Honnêtement, cela sent la panique.

Ami sarkozyste, reste avec nous.
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MessageSujet: Nicolas Sarkozy en rage sourde   Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Icon_minitimeVen 13 Avr - 16:29

ENDREDI 13 AVRIL 2012

Nicolas Sarkozy en rage sourde sur France 2.
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Jeudi 12 avril, le candidat sortant était dans le Val d'Oise. Puis avec Obama. Et enfin sur France2. A chaque fois, il était filmé. Il était en campagne. Les sondages s'aggravent, mais Nicolas Sarkozy veut croire en sa bonne étoile. Sans doute a-t-il raison. Tout est toujours possible, même le pire.

Le plus curieux fut sa sortie rageuse à la télévision quand il fut interrogé, pourtant calmement, sur les enquêtes en cours sur le financement de ses campagnes.

Il y eut d'abord cette longue interview avec une poignée de lectrices et lecteurs du Parisien qui faisait la une du quotidien d'Ile-de-France. «Je ne sais faire les choses qu'à 100%». Ce lancement était étrange pour un candidat qui ne cesse d'excuser de n'avoir pas appliqué son programme en entier à cause de la Grande Crise.

Les journalistes du Parisien l'avait trouvé fatigué.
« Le candidat se frotte les yeux, baille. Il paraît fatigué». Aux questions souvent concrètes, Nicolas Sarkozy n'apportait aucune réponse nouvelle. Les banlieues ? « II n'y a pas un pays au monde qui ait fait autant pour les banlieues ces dix dernières années! » Et il ressortit encore le même chiffre, 45 milliards d'euros du plan ANRU du gouvernement... Chirac. Qu'il est cocasse Sarkozy de voir se réclamer enfin du bilan de Jacques Chirac... La Rupture de 2007 est bien loin. Sur l'insécurité, il eut cette vieille formule, trop vieille pour un homme responsable du sujet sécuritaire depuis déjà 10 ans: « 50% des actes de délinquance sont le fait de 5%, toujours les mêmes.» Et d'ajouter: « la réponse, c'est 20.000 places de prisons supplémentaires ». Et pourquoi n'a-t-il rien fait depuis 5 ans, si tant est que ce soit la réponse ?

Quelques questions étaient concrètes, trop concrètes pour le Monarque.
«Une génération, garçons et filles confondus, c'est 700 000 enfants. Sur ce nombre, il y en a 100.000 pour qui la classe n'est pas un lieu d'épanouissement et qui se retrouvent avec des problèmes particuliers.» Et de citer quelques exemples: « Certains sont dyslexiques, d'autres ont des problèmes de psychologie, ou des problèmes sociaux ou comportementaux ». Une fois de plus, le président des rentiers livrait sa conception toute personnelle de l'échec scolaire: c'est la faute, ou le handicap, des élèves, pas du manque de moyens. Sur la moralisation de la vie politique, il était très satisfait de la situation actuelle. Il précisa même : « Je ne pense pas qu'on doive vous demander sur vos impôts de financer la totalité de la campagne de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon ».

Jeudi, dans le Val d'Oise, il en profita pour tacler son adversaire. Depuis quelques jours, sa stratégie est de décrédibiliser François Hollande. Vers l'heure du déjeuner, il était dans le «Palais des Sports» de Saint-Brice-La-Forêt.

Il n'y avait pas, à notre connaissance, de Palais des Sports à Sainte-Brice-La-Forêt.

Dans l'après-midi, il avait joué au président de la République. Un caméraman de France avait été convié pour filmer quelques images d'un Nicolas Sarkozy accompagné d'une traductrice et de deux conseillers échanger quelques mots de courtoisie avec Barack Obama en visio-conférence. Très bizarrement, on entendit le traducteur anglais /français utiliser le tutoiement. Quand il fallait parler de sujets « sérieux » tels la situation syrienne, le caméraman fut sorti de la salle par un agent. Pourquoi donc cette prise d'images ? Pourquoi donc ?

Rien n'était trop beau pour sa campagne. Instrumentaliser sa fonction, il connaît.

France2, et la rage
Vers 21h49, il arriva enfin sur le plateau de Des Paroles et Des Actes, sur France2, après François Bayrou et Jacques Cheminade, mais juste avant Nathalie Arthaud. Il avait l'air crispé, l'émission était un exercice difficile, avec une quinzaine de minutes à peine. La première question fut sur ces déclarations alarmistes de catastrophe boursière en cas de victoire de François Hollande. Depuis le weekend, Sarkozy et ses sbires nous promettaient la fin du monde et de la civilisation occidentale. Pourquoi appeler à la spéculation ? Ce soir-là, Sarkozy esquiva la question. Il prit son air de petit garçon fâché qu'on l'ait pris les doigts dans le pot de confiture.

« Est ce que je dramatise la situation ? A l'évidence non. Il y a eu 4 années de crise. (...) Deuxièmement, l'Europe est encore convalescente. » Nicolas Sarkozy ne voulait pas reconnaître que ses caricatures, au beau moment où les bourses européennes dévissaient à nouveau par crainte d'une spirale d'austérité contre-productive, ne pouvait qu'aggraver la situation. «Ce n'est pas la question de François Hollande, mais de la politique qu'il veut mettre en oeuvre ». Pire, quelques minutes plus tard, Nicolas Sarkozy faillit sortir de ses gonds quand l'expert ès économie de l'émission, le journaliste François Lenglet, lui exhiba un article critique du Financial Times contre la politique économique du couple « Merkozy ».

La réalité était, comme souvent, le pire ennemi de Nicolas Sarkozy. Mais « J'ai une expérience de la gestion des crises » s'exclama-t-il... avant de parler de lui à la troisième personne dans une salve de répliques brouillonnes. La réalité était trop injuste... Il se lança dans une violente diatribe contre le quotidien de la finance britannique. « Le FT, comme on dit dans les milieux informés, a toujours défendu le modèle anglo-saxon considérant que les Français étaient incorrigibles et que nous ferions bien mieux de nous aligner sur le modèle anglo-saxon ». La formule était drolatique de la part du président des rentiers.

Puis la journaliste Nathalie Saint-Cricq le lança sur une bien vieille intervention publique, en 2003... Le candidat sortant sentit le piège, il ne voulait pas répondre. Ministre de l'intérieur, il était allé au congrès de l'UOIF, acceptant que les femmes et les hommes soient sur 2 rangs séparés. Il ne voulait pas y voir un affront à la laïcité.

Puis, on lui opposa sa déclaration triomphante, trop rapide, le weekend dernier, sur cette « vague » qu'il sentait monter en sa faveur. Depuis dimanche, les sondages s'étaient aggravés. « Les sondages, tout le monde s'en moque » répliqua le Monarque qui avait commandé quelque 150 sondages politiques pour la seule année 2008.

Le pire fut atteint quand le candidat sortant fut confronté aux déclarations d'Eva Joly, tenues la veille, sur les enquêtes en cours sur le financement de sa campagne de 2007. L'ancienne juge avait été directe et grave, sommant les journalistes d'interroger l'actuel Monarque sur les zones d'ombre soulevées par les juges. « Madame Joly, c'est qui ? C'est l'alliée de M. Hollande, c'est bien ça ? » bafouilla-t-il de rage. Il répéta, comme si on l'avait pas entendu: « Madame Joly, c'est qui ? C'est l'alliée de M. Hollande, c'est bien ça ? » Il ne voulait pas répondre sur le fond. Les enquêtes, nombreuses, progressaient avec difficulté. Karachi, Bettencourt, Woerth, Kadhafi... allions-nous tout découvrir trop tard ? Ce soir-là, Sarkozy était en rage. « Sur les ragots, sur la médisance, sur la méchanceté, sur la volonté de détruire et de démolir, permettez-moi de vous opposer le mépris le plus cinglant ».

Il nous manqua une question sur la République irréprochable.

Nicolas Sarkozy conclut son intervention sur un appel visiblement désespéré à participer à son meeting improvisé à la Concorde de dimanche, fustigeant les « médias » et « la pensée unique ».

Vers 22h12, BFM TV publiait un sondage CSA donnant un autre croisement de courbes, le mauvais, celui qui replaçait François Hollande devant Nicolas Sarkozy. Et Les Echos commentaient sobrement: « Alors que sa dynamique de premier tour semble marquer le pas dans les sondages et qu'il est toujours donné largement battu au second, le président sortant est apparu particulièrement tendu.»
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MessageSujet: Au bout du bout...   Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Icon_minitimeLun 16 Avr - 14:16

Dimanche 15 avril, à 7 jours du premier tour de scrutin, Nicolas Sarkozy avait tenu un grand exercice de re-motivation, avec son meeting en plein air place de la Concorde.Il faisait froid et gris, et le grand exercice fut moins le discours finalement très court, que les angles caméras choisis pour montrer qu'il y avait du monde.


Promesse pour harkis
Il était moins une. Samedi, Nicolas Sarkozy s'est précipité à Perpignan pour déclarer la responsabilité historique de la France dans le drame des harkis. Il fallait s'attacher les faveurs de cette « clientèle »-là, comme d'autres.

Triste précipitation. C'était une promesse de ... 2007. Nicolas Sarkozy avait attendu 8 jours avant le premier tour du scrutin d'après pour la satisfaire: « a France se devait de protéger les harkis de l'histoire, elle ne l'a pas fait. La France porte cette responsabilité devant l'histoire, c'est cette responsabilité que je suis venu reconnaître ici à Perpignan ». Puis, il répéta qu'il s'adressait à « la France silencieuse, à celle qui ne casse pas les abribus, à celle qui ne demande rien d'autre que la permission de pouvoir travailler (...) celle qui aime sa famille, qui aime son terroir, qui aime son pays»; ça devenait lassant.

Puis ils avaient tenté d'instrumentaliser un déplacement au Mexique du socialiste Michel Vauzelle, co-président du comité parlementaire de soutien à la Française Florence Cassez. La polémique était vaine. Nicolas Sarkozy aime se réserver les occasions de récupération officielle.

Concorde clairsemée ?
Le lendemain devait être le grand jour, celui du lancement d'une campagne qui n'en finissait pas de se relancer. Le meeting de la Concorde. Le rival socialiste avait organisé une fête à Vincennes, près du parc, sur l'esplanade. Au coeur de Paris, l'équipe Sarkozy avait préféré un dispositif classique. Il y avait de nombreux vigiles pour sécuriser l'endroit. Certains avaient de curieux tatouages. On avait dresser une immense estrade, dans l'axe des Champs-Elysées. Elle masquait le parc des Tuileries qui resta quasi-vide tout le meeting durant. En fond, une toile figurait l'Assemblée nationale.

Il fallut attendre bien longtemps, près de 3 heures, pour remplir la place d'une jauge suffisante pour masquer le manque de foule. Vers 16h, en fin de meeting, un photographe de l'AFP captura une nouvelle image dévoilant une place aux rangs clairsemés. Les clichés officiels étaient à niveau d'homme ou, au mieux, à 5 ou 6 mètres au-dessus du sol. A 15h20, Copé annonçait 100.000 participants, ils étaient sans doute 20.000. En fin d'après-midi, les équipes de Sarkozy rehaussèrent à 150.000.

Sbires déchaînés ?
Un à un, quelques leaders de la Sarkofrance finissante se succédèrent à l'estrade. Nathalie Kosciusko-Morizet avait abandonné toute retenue en évoquant François Hollande: « Tout chez lui respire le faux.» Elle dénonça celles et ceux du camp Hollande qui se répartiraient déjà les postes. En coulisses, ses ex-collègues n'en finissaient pourtant pas de placer leurs proches ici en prévision de l'alternance. Ainsi Michel Mercier, Garde des Sceaux, pistonnait-il un second membre de son cabinet. Sarkozy avait casé Thomas Fatome, son trop jeune conseiller social à la direction de la Sécurité sociale.Laurent Wauquiez faisait pression pour placer un proche à la présidence de l'Ecole Normale Supérieure.

Ce dimanche, Xavière Tibéri était là, devant l'estrade mais l'air sombre. Carla Bruni_Sarkozy exhiba un poster « les Jeunes avec Sarkozy ». Xavier Bertrand tenta de défendre un bilan, de la réforme des retraites au service minimum: « Aujourd'hui quand il y a une grève, la France n'est plus bloquée.» Et de lancer: « dans un monde qui change, la France n'avancera qu'avec Nicolas Sarkozy. » Concernant Hollande, il ne fut pas plus mesuré, accusant le rival de son patron de tous les maux antisociaux. Il y eut ensuite Alain Juppé qui prononça le prénom Nicolas toutes les 3 secondes de sa courte intervention.

Jean-François Copé fut évidemment de la partie: « Quelle émotion, quelle joie de vous voir venus de toute la France (...) merci d'être venus aussi nombreux incarner la France qui se redresse, la France qui s'engage, la France qui s'enthousiasme, la France de Nicolas Sarkozy ». Il fut grandiose dans la caricature. L'argument dépassait les limites de la courtoisie républicaine. Il ne critiquait plus le programme, la caricature fut brutale, presque insensée, il dénonça la « culture de l'excuse », la « légalisation massive » des immigrés clandestins, le « matraquage fiscal ». Mais de quoi parlait-il ? L'homme nous promettait la guerre civile: « François Hollande gravit chaque jour les sommets de l'irresponsabilité.»

Puis ce fut le tour de François Fillon, quelque part vers 15h10: « votre voix, elle résonne bien au-delà de cette place ». Il sentait le besoin de se justifier: « Je ne regrette rien, je ne rougis de rien.» Son intervention ressemblait à une séance de psychothérapie en public.

Sarkozy déjà pressé
Sans attendre l'heure convenue, Sarkozy déboula sur l'estrade vers 15h20, avec 40 minutes d'avance. Il était pressé. La place de la Concorde ne remplirait pas davantage, malgré de larges espaces vides. Quelques photos d'ensemble commençaient à fuiter sur le Web, montrant les rangs clairsemés. Il y avait sans doute 20.000 personnes, pas beaucoup plus. Son discours fut interrompu par des «On va gagner!» ou autres « Hollande en Corrèze, Sarkozy à l'Elysée ». La petite foule oubliait que son Monarque y était déjà depuis 5 ans.

Le candidat sortant débuta par une incantation au Peuple de France, qui, d'après son texte, était venu l'écouter ce dimanche gris à Paris depuis la France entière et « même l'Outre-Mer ». S'y croyait-il vraiment ? Il eut quelques mots pour évoquer l'actualité, à la remorque, comme toujours depuis cette incroyable campagne ratée: «Si la Banque centrale ne soutient pas la croissance, nous n'aurons pas assez de croissance». Depuis quelques jours, les marchés tremblent en réalisant combien l'austérité sans croissance mène la Grèce, l'Espagne et bientôt l'Italie à la catastrophe. Sarkozy se réveillait. Il n'avait pourtant rien eu à dire sur l'introduction de ce nouvel instrument de spéculation sur la dette française, ce lundi 16 avril. D'après Marianne, le gouvernement français, via l'agence France Trésor, n'a même pas protesté quand il fut informé de son lancement. Une passivité bien étrange, commenta le site ActuChomage.

Il eut une idée, la proposition du jour: généraliser la faillite civile, qui existe en Alsace. «Dans ce nouveau modèle français, tout le monde aura droit à une deuxième chance et toute famille de bonne foi, confrontée à un accident de la vie dont la conséquence est le surendettement, pourra, comme une entreprise, bénéficier de la faillite civile telle qu'elle existe en Alsace afin de pouvoir redémarrer dans la vie ».


Avec 2 mois de retard, Nicolas Sarkozy faisait en fait son meeting de lancement de campagne. Henri Guaino avait tout donné dans le texte concocté pour son chef lâcha toutes les références qu'il avait oublié ces 5 années passées. Napoléon, Hugo, de Gaulle, Racine, Zola, Péguy, Césaire, Valmy, la Résistance, Jean Monnet, etc. Tout y passa... ou presque. On nota l'absence de Jaurès et de Guy Mocquet, coqueluches des meetings de 2007. Henri Guaino avait glissé quelques variantes nationalistes qu'il affectionne tant sur la prétendue supériorité française « J'ai toujours pensé que la France, c'était le nom d'une civilisation. (...) La France n'est pas un pays comme les autres».

Pour le reste, il n'y eut pas d'annonces, ce n'était pas le lieu. On voulait se compter, se motiver.

C'était un épisode déjà connu, trop rabâché, celui du Sarkothon, de l'appel à l'aide. Depuis son entrée en campagne, Sarkozy n'était plus ce leader qui allait emmener la France vers le redressement mais ce Monarque effrayé de perdre son pouvoir qui appelait ses partisans à les rescousses. « Ce soir, j'ai besoin que vous rassembliez toutes vos forces pour la France » Ou encore: « Peuple de France, entend mon appel. Françaises, Français »
« Prenez votre destin en main, dressez-vous, dites ce que vous voulez pour le pays, dites le haut, dites le fort. Peuple de France, entend mon appel. Françaises, Français, aidez-moi. C'est ici, c'est maintenant! Vive la République et vive la France!»

Le discours dura 40 minutes, rien de plus. A 16 heures et 5 minutes, le Monarque avait terminé. Il resta pour serrer quelques mains. La place se vida presque instantanément, témoigna la journaliste des Inrocks Marion Mourgue, photo à l'appui.


Un confrère résuma d'un tweet cet après-midi sarkozyenne:

« Ça ferme des classes, ça ouvre des prisons, et après ça ose citer Victor Hugo.»

Ami sarkozyste, étais-tu à la Concorde ?
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MessageSujet: Flou ou volte-face, ce qu'il faut comprendre des propositions de Sarkozy   Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Icon_minitimeMer 18 Avr - 7:13

ARDI 17 AVRIL 2012

Flou ou volte-face, ce qu'il faut comprendre des propositions de Sarkozy
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Il voulait montrer qu'il avait appris, compris, changé. Que son second quinquennat, s'il y en avait un, serait différent car celui d'un président muri par l'expérience crise. Mais il voulait aussi faire croire que son volontarisme était intact, qu'il avait réussi de grandes choses, que son bilan n'était pas si mauvais que cela.

Dimanche sur la place de la Concorde, devant les quelques 25.000 participants qui furent finalement décomptés, son premier ministre eut cette formule improbable: je ne rougis de rien. Présumé coupable, il venait lui aussi plaider innocent.

Depuis le début de l'année, les annonces du candidat Sarkozy se partagent en trois catégories: les fausses annonces, les annonces gratuites, et les voltes-faces.

Fausses annonces
Les fausses annonces sont ces mesures présentées comme nouvelles alors qu'elles sont en place, ou occultées alors qu'elles existent tout autant. Après le rétablissement de l'impôt de Bourse (supprimé par Nicolas Sarkozy en 2007), Nicolas Sarkozy a proposé ce weekend la création d'un dispositif de faillite civile comme il en existe en Alsace et ... en France. Samuel Laurent rappelle, dans le Monde du 17 avril, Jean-Louis Borloo avait proposé, en 2003, « un régime similaire, la procédure de redressement personnel (PRP), qui est ouvertement inspirée de la loi en vigueur en Alsace-Moselle.»

Il y a aussi l'agenda caché du candidat sortant, ces 45 milliards d'euros de hausse d'impôt décidées dans les précédentes lois de finances qui pèseront sur les ménages et les entreprises entre 2012 et 2017. Le gel du barème de l'Impôt sur le revenu ou le relèvement quasi-général de la TVA en sont deux des plus symboliques et des plus coûteuses.

Annonces gratuites
Les annonces gratuites regroupent toutes ces mesures, dont certaines rapidement votées depuis janvier, qui ne sont que des effets d'affichage. Le président sortant sait qu'il n'y a plus d'argent dans les caisses de l'Etat, et il s'est évertué à imaginer des mesures « gratuites ». Quel est le point de commun de toutes ces annonces ? Il s'agit de libéralisations plus ou moins volontaires.

1. Augmenter la surface constructible (mesure déjà votée): cela n'aura aucune incidence sur la construction
2. Etendre la faculté du congé parental jusqu'au 18 ans de l'enfant.
3. Fractionner les congés maternités. Mi-mars, le candidat sortant a proposé: « qu'on étudie la possibilité de fractionner dans le temps les congés maternité au lieu de les prendre en une seule fois, ça peut arranger les entreprises et les salariés »
4. Réduire le nombre de normes. Il y a 15 jours, le candidat sortant a proposé de supprimer deux normes dès qu'une nouvelle norme serait créée. L'an dernier, il se félicitait du nombre record de lois et réformes adoptées dans l'avant-dernière session parlementaire.
5. Créer « une maison de soins à côté de chaque hôpital pour désengorger les urgences et les hôpitaux ». Evidemment, Nicolas Sarkozy ne prévoyait aucune promesse budgétaire
6. Autoriser des accords compétitivité/emploi: « Et si la loi laissait les gens discuter les gens entre eux ? » Sarkozy plaide pour la flexibilité de la durée de travail, entreprise par entreprise.
7. Fusionner délégués du personnel, comité d'entreprise et comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) dans les entreprises de 50 à 300 salariés, devant la CGPME. Quelle grande idée !

Volte-face
La dernière catégorie est incroyable. Il fallut attendre l'entrée officielle de Nicolas Sarkozy le 15 février 2012 pour les entendre. Nicolas Sarkozy avait des idées « fortes » à proposer. On les attendait.

Il y eut cette affaire du blocage des loyers. Le 29 janvier, il dénonçait l'idée de François Hollande: « C'est très simple: plus personne ne louera et plus personne ne construira. C'est exactement le contraire de ce qu'il faut faire. Cela n'a marché nulle part, même à l'époque de l'Union soviétique ». Trois mois plus tard, dans une interview à Femme Actuelle, il approuve le dispositif allemand qui offre aux locataires la possibilité de bloquer une augmentation de loyer supérieur à 20% aux prix du marché. C'est la volte-face: « Il ne s'agit pas de bloquer les loyers mais bien d'un encadrement. C'est en cela qu'elle est intéressante. Je l'appliquerai ». Notez la différence.

Dimanche 15 avril, à la Concorde, puis lundi matin sur France 2, c'est plus énorme encore. Nicolas Sarkozy promet l'incroyable.
« Après ce que nous avons fait pour sauver l’Euro, je veux poser non seulement le problème des frontières mais aussi celui du rôle de la Banque Centrale Européenne dans le soutien à la croissance. C’est une question très importante que nous ne pourrons pas éluder. Car si l’Europe ne veut pas perdre pied dans l’économie mondiale, elle doit absolument renouer avec la croissance. »
Il voulait que la BCE obéisse aux injonctions politiques, en particulier pour soutenir la croissance. Il voulait aussi que la BCE officialise ses interventions en faveur des Etats.
« On nous avait dit que la Banque centrale ne pourrait pas intervenir pour sauver l’Euro. Et la Banque centrale s’est donné la liberté nécessaire pour sauver l’Euro en fournissant de la liquidité aux banques. Ce qui était un tabou devant la crise est tombé comme une frontière de papier. »
Pour sa grande amie Angela Merkel, c'était presque une déclaration de guerre. Nicolas Sarkozy se ralliait à la grande idée de la quasi-totalité de ses opposants. Dès lundi matin, la grande union franco-allemande que Nicolas Sarkozy nous vendait pour défendre sa « responsabilité » dans la gestion des affaires du pays était ruinée. Le gouvernement allemand fit savoir, lors d'un simple point presse le lendemain: «La conviction profonde du gouvernement allemand est que la BCE exerce son mandat de manière totalement indépendante de la politique»

La France forte, c'était donc la vire-volte chaque weekend. Ou bien...

Hollande inspire de plus en plus Sarkozy, résume l'Express. Et pourtant, le candidat sortant continue ses outrances sur l'irresponsabilité de son rival socialiste.

Fallait-il qu'il soit en doute.
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MessageSujet: Pipo de chez pipo   Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Icon_minitimeSam 28 Avr - 15:49

En mars, le chômage avait connu sa plus forte progression depuis 3 ans. Mais allait-il s'inviter, enfin, dans la campagne ? Pas sûr.

Nous étions à dix jours du dernier tour, mais Nicolas Sarkozy préférait parler de Tarik Ramadan, d'islam, d'immigration, des horaires différenciés dans les piscines pour les femmes et les hommes, des « frontières qui rassurent un peuple », de la Grèce ou de l'Espagne, et d'un nouveau fait divers.

Au passage, il chipa trois mesures proposées par Marine Le Pen. Il voulait « être précis ».


De la France imaginaire
Quand il était président, il parlait des sujets qui l'intéressaient, sauf quand l'actualité lui en imposait d'autres. Il visitait une France imaginaire, composée de militants UMP qui applaudissaient et souriaient, parfois même de figurants, dans des petits villages ou des zones reculées, soigneusement bouclées par des cohortes de CRS ou de gendarmes. Parfois, il y avait même des enfants qui agitaient des drapeaux français en criant Nicolas ! Nicolas ! Il ne restait jamais longtemps, et repartait aussi sec avec le même jet ou hélicoptère présidentiel.

Pendant la campagne officielle, Nicolas Sarkozy fut à nouveau hors sol. Il s'inventait des déplacements à Fukushima. Il critiquait vertement des propositions de son rival qui n'existaient pas comme la prétendue suppression du quotient familial ou l'augmentation du nombre de fonctionnaires. Il remerciait des foules fantômes, comme ce mardi à Longjumeau.

Sarkozy croyait qu'en les criant, les mensonges deviendraient vérité. Ils devenaient plus visibles.

Depuis dimanche dernier, il tentait de comprendre cette mauvaise surprise que les Français lui avaient fait, le placer second au premier tour, et talonné par une Marine Le Pen qu'il croyait déstabilisée par son offensive sur les thèmes frontistes traditionnels.

Tariq Ramadan plutôt que le chômage
Il était si sonné qu'il fut pris de moments d'absence.

Ainsi, il accusa François Hollande d'être soutenu par Tariq Ramadan. C'était faux. Mais répéta l'accusation, jeudi matin sur France Inter: « La déclaration de Tariq Ramadan c’est le 11 mars 2012 à Lyon, dans le cadre du Printemps des quartiers, sur le thème “justice sociale, Palestine et islamophobie”. Ils furent trois à appeler à voter pour monsieur François Hollande, monsieur Ramadan et deux autres orateurs, monsieur Brakni, représentant le parti des Indigènes de la République (sic!), et monsieur Marwan Muhammad, représentant le collectif contre l’islamophobie en France. Ils ont tous les trois, dont Tariq Ramadan, appelé les personnes présentes, ainsi que leur entourage, ont-ils précisé, à voter pour François Hollande ou pour un parti politique qui serve l’islam. » C'était faux. Jeudi matin, Tariq Ramadan démentit avoir lancé un quelconque appel à voter Hollande: « Jamais de ma vie, je n’ai appelé à voter François Hollande». Ramadan ne voulait ni de Sarkozy, ni Hollande. Les deux autres prétendus supporteurs de François Hollande nièrent également tout soutien au candidat socialiste.

Sarkozy accusa aussi Hollande d'être soutenu par les recteurs de 700 mosquées de France. c'était faux. Deux mensonges en deux jours.

Le programme FNUMP
Plus tard, il était en meeting, au Raincy, la ville d'Eric Raoult. Il récupéra trois propositions de Marine Le Pen: imposer un examen de français et sur les valeurs de la République pour les immigrés (et non pas les naturalisés); imposer dix années de présence sur le territoire et cinq années de cotisations pour bénéficier des prestations sociales quand on est immigré (i.e. cotiser tout de suite, mais attendre 10 ans pour bénéficier de la Sécu...); et instaurer une présomption de légitime défense pour les forces de l'ordre.

Ses premiers mots furent « pour les fonctionnaires de police ». L'un d'entre eux venait d'être mis en examen pour homicide, suspendu de ses fonctions (mais pas de son salaire). Le Monarque proposa donc une présomption de légitime défense, une mesure qu'il chipait à Marine Le Pen.
« Je suis du côté des fonctionnaires de la République, voilà la réalité. Que la justice dise le droit et nous nous inclinerons, mais je demande que le droit de la légitime défense évolue dans un sens plus protecteur pour les policiers et les gendarmes. Il doit y avoir une présomption de légitime défense. Dans l’Etat de droit, on ne peut pas mettre sur le même plan le policier dans l’exercice de ses fonctions et le délinquant dans l'exercice de ses fonctions à lui »
Il était en rage: contre l'Humanité, « être traité de fasciste par un communiste, c’est un honneur !». Contre le Monde, « ce grand journal dit… Grand. Que j’ai franchi la ligne jaune, la ligne blanche, la ligne rouge ». Contre Hollande, les mêmes caricatures: « Si vous voyez un riche – comprenez quatre mille euros de plus par mois –, faites-lui les poches ». Il surjoua évidemment la victime (« il y a des sujets où, avant même d’avoir commencé, j’avais tort, je ne devais pas en parler.»).

Dans l'équipe de campagne, c'était la curée. Le trop jeune Geoffroy Didier, poulain de Brice Hortefeux et secrétaire national de l'UMP, accusa François Hollande de «se préparer à brader notre citoyenneté» en «accordant le droit de vote aux sans-papiers». C'était faux. Cette mesure n'existait pas dans le programme du candidat. Lionnel Luca, député UMP de la droite populaire qualifia la compagne du candidat socialiste de rottweiler. Des propos ignobles condamnés, avec effort, par Nathalie Kosciusko-Morizet quelques heures plus tard, puis Nicolas Sarkozy sur France2.

Du Pipo et Des Accusations
Le soir, il était à Des Paroles et Des Actes. Il arriva sur le plateau vers 21h50, essoufflé, gris et cassé. C'était curieux. Le coeur battait-il trop vite ?

Au début, il était nerveux, faussement calme.
Il était content de son score, et ne comprenait pas pourquoi on le donnait perdant. «Avec un Front national à 18%, pour un président sortant faire 27,2% après quatre années de crise, c'est pas rien !» A l'Elysée, ses conseillers faisaient leurs cartons.

« Ah bon... quand on dit que Marine Le Pen dit que le soleil est jaune... » Il était agacé qu'on l'accuse de courir après Le Pen. Il s'égara aussi: « Je n'ai pas apprécié la mise en cause par Monsieur Hollande et les responsables socialistes des forces de police dans l'affaire Merah ». Puis il raconta, avec de multiples détails, le fait divers qui valut au policier sa mise en examen. Quasiment mot pour mot comme l'après-midi au Raincy. Il cherchait la formule: « Pour les habitants de la Seine-Saint-Denis, un délinquant et un policier, c'est pas la même chose ! »

Peut-être conscient d'être allé trop loin, il lâcha qu'il lui paraissait normal que le policier soit inculpé. «Que la justice fasse son travail c'est normal (…) La qualification quand même choque beaucoup les policiers ».


Confronté à ses mensonges, il dut reconnaître. Ses aveux furent parfois déroutant
Sur l'expression « vrai travail », qu'il avait nié avoir utilisé, « j'ai voulu dire une vraie fête du travail »... «Est-ce que cette expression je la reprendrai ? Non je ne la reprendrai pas».
Sur son déplacement inventé à Fukushima, « Dans le meeting, ça faisait mieux de dire que j'avais été à Fukushima.»

Il dut reconnaître que l'ultra-cumul des mandats et des fonctions était une faute. A dix jours du dernier tour, il n'était pas trop tard pour bien faire: « Ce n'est pas normal que les ministres puissent être maires ou présidents d'exécutif. Quand on est ministre, on ne doit faire que ça ». Quand il était ministre, avant 2007, il était resté maire et président du conseil général de la région la plus riche de France.

Il fut flou, était-il trop stressé ?
Sur la préférence nationale, il n'était pas d'accord, ou peut être pas... On ne savait plus. Il préférait la préférence communautaire, sauf peut-être pour quelques cas bien précis. On ne savait plus. «Nous avons commis l'erreur d'accueillir des gens sans nous préoccuper de leur intégration» ou encore: «Notre système d'intégration ne marche plus».

En cas de duel FN/PS aux prochaines législatives, ... Nicolas Sarkozy refusa de répondre (« je choisis le moment où je réponds ! »), puis confia : « nous verrons au cas par cas. »

Devant des journalistes, il n'osa pas les tacler, il n'osa pas répéter ce qu'il disait à longueur de meetings contre la presse et les médias. Vers la fin, il dénonça les « journaux de gauche » et la « une de l'Humanité » qui le figurait à côté de Pétain.

Nicolas Sarkozy n'était plus un président normal.
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MessageSujet: Le moulin à vent   Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Icon_minitimeLun 30 Avr - 14:32

Samedi, l'équipe Sarkozy avait très mal pris la révélation par Mediapart d'un courrier du patron des services secrets libyens, en 2006, confirmant le versement de 50 millions d'euros à la campagne de Nicolas Sarkozy. Interrogé sur CANAL+, le candidat sortant qualifia l'information d'infamie.

Mais le candidat sortant était tout autant inquiet de son propre virage frontiste. Il fallait convaincre les centristes de l'UMP qu'il n'avait pas viré mariniste.


Toujours hargneux
Samedi, il était à Clermont-Ferrand, chez son ami Brice Hortefeux. Il était venu « sans discours », parce que « je suis venu vous parler, je suis venu pour partager avec vous les valeurs qui sont les nôtres ». Il lisait quand même son texte. Il voulait nous convaincre qu'il n'avait pas changé, qu'il ne courait pas après Marine Le Pen. Mais il était toujours hargneux, haineux même qu'on l'ait critiqué sa campagne si « Buissonnienne »:

« D’abord je voudrais envoyer un petit message à tous ceux qui nous aiment tant, vous avez compris ? Ceux qui savent tout et ne connaissent rien, ceux qui parlent de la démocratie et ne la respectent jamais, ceux qui disent qu’ils sont généreux, qui donnent des leçons mais qui mettent leurs enfants dans les écoles où il n’y a pas de problèmes et qui habitent au boulevard Saint-Germain, dans un quartier où on n’a pas de problème.»

Il répéta son mensonge sur le soutien, prétendu mais inexistant, de Tariq Ramadan à François Hollande, ou l'appel, prétendu mais inexistant, de 700 mosquées à voter Hollande. Samedi, il alla un cran plus loin, invitant DSK dans son discours. La perche avait été tendue un peu plus tôt par l'ancien patron du FMI. Et Sarkozy la saisit avec une gourmandise non feinte.

DSK s'était invité tout seul dans la campagne. The Guardian avait publié des extraits d'un livre à paraître sur l'affaire éponyme, samedi. A quelques jours du second tour. On s'en fichait et le camp Hollande n'appréciait pas. Sarkozy, qui avait placé DSK au FMI en 2007, prit cela pour du pain béni: « Mes chers amis, on n’avait rien vu, car aujourd’hui un renfort de poids s’est manifesté en faveur de François Hollande qui a appelé à la rescousse une caution morale de poids, Dominique Strauss-Kahn. Il ne manquait plus que lui et la famille est complète.»

Le mensonge était aussi gros que l'outrance. Il était même stupide d'imaginer une seule seconde que François Hollande ait eu envie, à fortiori réclamé, du soutien de DSK. A l'inverse, le lendemain sur CANAL+, le leader socialiste eut des termes sans appel: « DSK n'a pas à revenir dans la campagne présidentielle. Il n'est plus dans la vie politique.»

A Clermont, Sarkozy fustigea « les grands censeurs », « les donneurs de leçons ». Il prétendit n'avoir pas changé une ligne de sa lettre aux Français, ni proposé « une seule proposition nouvelle » depuis le second tour. C'était faux. Il accusa encore Hollande de vouloir « faire les poches » à tous ceux qui gagnent « plus de 4.000 € par mois », « faire les poches de celui qui a travaillé et qui a plus que vous ».

Il réclamait le droit de parler laïcité ou immigration. Qui l'en empêchait ? On s'étonnait qu'il ne parle que de cela. Pourquoi évitait-il la dette, le pouvoir d'achat, la désertification médicale, ou le travail précaire ? Il s'énervait, en public et en fanfare, contre un antisarkozysme qu'il faisait mine de découvrir.

A Clermont, Sarkozy entama un léger virage. Il fallait séduire le centre. Cette dernière semaine écoulée avait été trop violente. A mi-discours, il changea de registre: « je sais d’où je viens, je déteste le racisme, je déteste le sectarisme, je déteste la France repliée sur elle-même, je plaide pour la France forte, pas pour la France faible, je déteste la haine de l’autre, je déteste désigner un bouc-émissaire, je déteste l’homophobie, je déteste tout ce qui exclut, tout ce qui avilie, tout ce qui injurie, je déteste cela au plus profond de moi-même ».

Le président zig-zag voulait convaincre les centristes qu'il avait raison de parler d'immigration comme Marine Le Pen: « nous avons accueilli plus de monde que nous ne pouvions en intégrer.» Il oubliait, comme toujours, qui gouvernait depuis 10 ans. Il se permettait, comme toujours, quelques saillies dignes d'un meeting FN, comme celle-ci qui ravivait le cliché d'une immigration profiteuse de notre Sécurité sociale: « Je ne peux pas accepter – dans la situation économique, fiscale, sociale de la France – une immigration qui ne serait motivée que par le seul attrait de prestations sociales parmi les plus généreuses d’Europe. Qu’y a-t-il d’antirépublicain à cela ? » Qui y avait-il de républicain à ne jamais parler des bénéfices, notamment économiques, de l'immigration ? Qui y avait-il de républicain à énumérer de pareils mensonges sur les positions de son rival ? Qui y avait-il de républicain à refuser le débat sur son bilan ?

Toujours glacé
Dimanche matin, Nicolas Sarkozy fut interrogé par Anne-Sophie Lapix sur CANAL+. son rival socialiste le suivait de peu. Les deux avaient une quinzaine de minutes. Sarkozy s'amusa de ne pouvoir que croiser son opposant. Il tentait surtout de corriger le tir, après une semaine marquée par une course à l'extrême droite.
Anne-Sophie Lapix: Nicolas Sarkozy, bonjour.
Nicolas Sarkozy: Merci de m'avoir invité. La première fois depuis 5 ans.
(...)
Lapix: Est-ce que le FN fait partie de la grande famille de la droite ?
Sarkozy: Non.
Il répondit vite. Il avait décidé, ce dimanche, de rééquilibrer son discours. Les outrances xénophobes de la semaine dernière ont effrayé certains de son camp. « Le score de Front national ne réjouit personne. » Sarkozy cherchait les centristes. « A votre question Est-ce que la famille Le Pen fait partie de la famille de la droite et du centre, la réponse est Non.» Il était prêt à tout donner, et dans tous les sens: « Le droit du sol, c'est la France ». Ou encore: « Je suis pour la France Forte, une France qui accueille ». Qui accueille qui ? Et comment ? A la question de l'attitude de l'UMP en cas de duel FN/PS aux prochaines élections législatives, Sarkozy esquiva. Il ne répondait pas: « La question ne se posera pas.»

Anne-Sophie Lapix eut cette question cruelle: « Vous avez annoncé un rassemblement le 1er mai sur le Vrai travail. Est-ce que vous allez rendre hommage à Jeanne d'Arc? » Il s'indigna qu'on l'accuse de courir après Le Pen: « l'immigration, on n'a pas le droit d'en parler ? » Il démentit aussi toute désunion au sein de l'UMP: «Jamais la droite républicaine et le centre n'ont jamais été aussi unis ».

Contre Hollande, l'élément de langage, déjà relayé par ses partisans pour cette dernière ligne droite, était d'accuser son rival de mener la France à la faillite. On se souvient du slogan du syndicat d'extrême droite UNI: « Je ne connais pas un Français qui veut que la France devienne la Grèce ou l'Espagne.»

La journaliste osa quelques questions sur la dernière révélation du journal Mediapart. Sarkozy était figé. Il s'y attendait. « C'est une infamie. (...) C'est un montage. Mediapart est coutumier du mensonge. C'est une officine au service de la gauche ». L'accusation est grave. Et il rappela qu'il n'avait accueilli le colonel Kadhafi en décembre 2007 qu'à cause de la libération des infirmières bulgares au mois de juillet précédent. Il avait raison, personne ne le conteste. Il oubliait juste le contrat Amesys, c'est à dire la livraison d'un terrifiant système d'espionnage - formation des personnels incluses - pour traquer les dissidents. Un peu plus tard, le destinataire du courrier libyen, Bachir Saleh, récusa avoir jamais reçu la dite lettre. Mais on apprenait qu'il vivait en France, sous protection policière. Il était pourtant recherché par Interpol. L'AFP, qui rapporta l'information après le Canard Enchaîné, allait-elle être qualifiée d' « officine de la gauche » également ?

Dans quel pays vivions-nous ?

Toujours répétitif
En début d'après-midi, Nicolas Sarkozy était partout, à Toulouse mais aussi retransmis dans six autres villes où un ténor du parti tenait meeting: François Fillon à Metz; Bruno Le Maire à Rennes; Alain Juppé à Lyon; Nadine Morado à Limoges; Jean-Francois Copé à Marq-en-Baroeul; Xavier Bertrand à Orléans. Le candidat du peuple faisait campagne par faisceau satellite. Certaines salles étaient quasiment vides.

A Toulouse, Sarkozy voulait aussi convaincre qu'il n'avait pas changé, qu'il était encore « républicain », capable de rassembler plus loin que les rives du front national.

Il mentionna son « nouveau projet pour la France ». Quel était-il ? Son programme, récemment publié, était très vague. Il promettait aucune hausse d'impôts pour les ménages, mais 45 milliards avaient déjà été votées par son précédent gouvernement. De réformes de structure, il n'avait rien promis. Simplement une longue litanie de rappel à la « frontière », quelques menaces contre l'Europe ou les exilés fiscaux. A Toulouse, il continua, cela devenait répétitif: « En 2012, le sujet majeur, c'est les frontières » ou encore: «J'ai levé le tabou des frontières ».

A Toulouse, Sarkozy n'avait finalement pas changé. Il voulait, il devait faire peur et continuer de caricaturer son adversaire: « Le 1er mai, François Hollande défilera derrière les drapeaux rouges de la CGT. Et moi, je parlerai à vous devant une marée de drapeaux tricolores !» Il continua de fustiger la « pensée unique », les « experts », les « commentateurs ».


«Dans la tempête, est-ce qu'ils voudront changer de capitaine ? » conclua-t-il sur France 2, en fin de journée.

Avait-il seulement été seulement capitaine ?
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Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Empty
MessageSujet: Le brassage de vent se poursuit : un vrai ventilateur   Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Icon_minitimeMer 2 Mai - 10:56

Le 1er mai médiatique avait démarré avec la traditionnelle célébration de Jeanne d'Arc par le Front National. C'était triste. Il faisait beau. La Place de l'Opéra avait été péniblement remplie, ce qui était surprenant pour un parti que l'on disait si fort. Marine Le Pen disputait à Nicolas Sarkozy le leadership de la droite. Le Monarque avait si bien légitimé la plupart de ses thèses, il ne restait au rassemblement Bleu Marine qu'à dénoncer l'hypocrisie du clan Sarkozy. Soit Sarkozy assumait sa démarche jusqu'au bout, et donc appelait à voter FN en cas de duel FN/PS au second tour des législatives, soit il fallait l'achever.

Sans surprise, Marine Le Pen promit de voter blanc au second tour. Elle se refusa de donner une quelconque consigne: « Dimanche, je voterai Blanc! Et en juin, Bleu Marine »

Deux heures plus tard, c'était au tour de Nicolas Sarkozy de tenir sa « vraie fête du travail », à moins qu'il ne s'agissait de la « fête du Vrai Travail ». On ne savait plus.

Il était radieux, comme le temps. Rien à voir avec le meeting de la veille, en Avignon. Il semblait requinqué d'être en terre amie. La veille, il semblant chancelant voire grippé. A Paris, les militants et supporteurs avaient été conviés à 14h. Le meeting commença par une intervention de l'ancien centriste Jean-Christophe Lagarde, puis lui succéda Nadine Morano. Alain Juppé et François Fillon étaient là également. Jean-Louis Borloo, un temps promis sur l'estrade, avait fait faux bond. La campagne

Meeting surévalué
Nicolas Sarkozy avait beau jeu de se moquer des Bobos et de Saint-Germain. Venir fanfaronner contre la lutte des classes au coeur du quartier de la classe dominante avait quelque chose de cocasse. Les deux arrondissements parisiens du Trocadéro, les 8 et 16ème, lui avaient donné 58% et 65% des suffrages au premier tour du 22 avril dernier. Il allait chercher la France forte chez les siens.

Sur place, Nicolas Sarkozy crut voir 200 .000 personnes, deux fois plus qu'à la Concorde. la place était trois fois plus petite. Cela faisait un peu plus de 10 supporteurs par mètre carré. Il était stupide de faire une telle course au chiffre pour sortir des scores aussi facilement contredits par la réalité. La place était pleine, mais la place était petite. L'UMP avait débloqué les grands moyens. Comme pour le meeting de la Concorde, deux semaines avant. Ses fédérations avaient proposé des allers-retours en train à des tarifs défiant toute concurrence.

Ces Français qu'il n'aime pas
Vers 15h30, Nicolas Sarkozy arriva enfin. Il s'abrita d'abord derrière de Gaulle, et son discours de Bagatelle du 1er mai 1950: « La masse immense que voilà prouve aux insulteurs que rien n’est perdu pour la France. » Les insulteurs ? La référence était surprenante car en 1950, le général de Gaulle entamait une très longue traversée du désert. Sarkozy voulait-il envoyer quelque message subliminal ?

A quelques kilomètres de là, et avec quelques minutes d'avance, Marine Le Pen avait déjà fait huer les communistes. Sarkozy n'était pas en reste: « Je n’accepterai jamais de recevoir des leçons de morale de la part de ceux qui brandissent le drapeau qui a été l’étendard de tant de tyrannies et qui a enveloppé dans ses plis parmi les plus grands crimes de l’Histoire ». Dans l'assistance, on siffla, mais sans toutefois scander « Communistes Assassins ! » comme place de l'Opéra. Il avait besoin de fustiger le drapeau rouge. Mais qu'avait-il donc ? L'Union soviétique n'était plus depuis 21 ans déjà, mais Sarkozy cherchait encore à recréer la peur des chars russes sur les Champs Elysées si François Hollande était élu.

Au Trocadéro, dans l'un fiefs de la droite bourgeoise parisienne, Sarkozy venait donc agiter le drapeau rouge. « Le drapeau rouge, c’est le drapeau d’un parti ! Le drapeau tricolore, c’est le drapeau de la France ! ». Un peut plus tard dans son meeting, il voulut cliver encore un peu plus, le Président des Riches voulait crier sa propre révolte: «La France est un des pays les plus accueillants et les plus généreux du monde. Elle ne mérite pas qu’on la critique sans arrêt, elle ne mérite pas qu’on la stigmatise. »

Sarkozy ne fut pas avare en caricatures de la réalité qu'on avait l'habitude d'entendre dans les discours ultra-libéraux ou frontistes: « Il n’est pas juste que les aides soient trop souvent réservées à ceux qui n’ont pas travaillé et que ceux qui ont travaillé soient moins aidés.» On se souvenait de Laurent Wauquiez, l'an dernier, ou de Marine Le Pen, plus récemment.

Récupérer le travail
Sur le front du travail, il avait déçu. Son quinquennat n'avait pas été celui du Travail. Pire, la défiscalisation des heures supplémentaires avait accéléré la dégradation de l'emploi dès le printemps 2008. Depuis, contrairement à ses promesses répétées quasiment chaque année, le chômage ne finissait pas d'augmenter.

Au Trocadéro, Sarkozy voulait récupérer le 1er mai, la fête du travail, et donc la valeur Travail qu'il avait tant négligé. C'était parfois très gros: « nous nous considérons comme les héritiers de ceux qui ont lutté pour le droit de grève, pour la liberté syndicale et pour les congés payés.» Il se voulait rassembler, héritier des plus grandes luttes sociales, mais sa formule était maladroite. Il était trop clivant, trop hargneux. Il se prétendait « acteurs du progrès social » autant que la gauche, mais qu'avait-il fait depuis 2007 ? Il répéta des généralités. Dans son discours, Nicolas Sarkozy fut avare d'arguments de son bilan. Il évoqua la réforme des retraites, oubliant, comme toujours, de mentionner la pénibilité.

« On n'a pas le droit de culpabiliser la France du Travail ! » fut l'exemple même de la formule creuse et hors sol.

Caricaturer l'adversaire
Il ressassa ses attaques, vieilles de 10 ans déjà, contre les 35 heures, la retraite à 60 ans,
Il mentit en accusant la gauche, absente du pouvoir depuis une décennie, d'avoir « alourdi le coût du travail » (son envolée date de 2002). Il fit mine de retrouvrer même quelques grâces aux syndicats («il n’y a pas de démocratie sans liberté syndicale. »).

Voulait-il nous faire oublier ses salves contre les corps intermédiaires, qui avaient marqué son entrée en campagne ? Non, bien sûr: « Dans la République, ce ne sont pas les syndicats qui gouvernent. C’est le gouvernement. Ce ne sont pas les syndicats qui font la loi. C’est le Parlement. Dans la République, c’est le peuple qui décide. Dans la République, quand il y a blocage, on donne la parole au peuple. C’est cela la République ! »

Il accusa Hollande, pèle mêle, de « revenir sur l’exonération des droits des petites et moyennes successions » (c'était faux), de « remettre en cause le quotient familial » (c'était faux), de « matraquer fiscalement les classes moyennes » (c'était faux), ou de prôner le « retour de l’égalitarisme » .

Le nouveau gadget
« Je veux un nouveau modèle français» fut le maître mot du discours. Nicolas Sarkozy sortait cette cartouche un peu tard. On se souvient de sa pitoyable première tentative de grandir sa mandature, il y a deux ans, lorsqu'il nous promettait une nouvelle « politique de civilisation ».

Cette fois-ci, le gadget s'appelait « nouveau modèle français ». Sarkozy décrivit son ambition, un modèle qui « ne cherchera pas à diminuer le coût du travail en abaissant les salaires »; où « le travail sera reconnu comme valeur »; qui favorisa « le capitalisme des entrepreneurs »; « où tout le monde aura conscience que c’est en faisant front ensemble que l’on pourra relever le défi de la mondialisation».

Dans son idée, ce « nouveau modèle français » serait celui « où plus aucun enfant n’entrera au collège sans savoir lire, écrire et compter ». Avec 60.000 enseignants de moins ? Et des enseignants moins payés ? Dans son « nouveau modèle français », l'école apprendrait aux enfants « à tracer la frontière entre le bien et le mal, entre ce qui se fait et ce qui ne se fait pas, entre la vérité et le mensonge, entre le beau et le laid ». Entre le beau et le laid ?

Sarkozy était presque Houdini le Magicien, il avait la solution, évidente: « Il faut augmenter les salaires et il faut diminuer le coût du travail. Voilà le défi ! » Il justifia sa TVA sociale, la « TVA anti délocalisation, c’est une TVA pour freiner les délocalisations, pour protéger l’emploi français.» La hausse d'octobre prochain - 1,6 point - restait trop dure pour le plus grand nombre (après celle de 1,5 point pour la TVA réduite, les déremboursements médicaux, la hausse des taxes sur les mutuelles, etc), et trop faible pour changer quoique ce soit pour le coût du travail.

Ce nouveau modèle ressemblait à un extrait de son programme de 2007. Mais qu'avait-il fait depuis 5 ans ?

La Frontière ! La Frontière !
Nicolas Sarkozy devait évidemment faire l'éloge de la « Frontière », son nouveau dada. Il enfonçait des banalités creuses qui, s'il n'avait gouverner la France pendant 5 ans, aurait pu encore faire illusion: « Il faut des frontières à la France. Non pour s’enfermer, mais pour s’affirmer dans le monde. Pour clarifier les rapports avec les autres. La frontière, c’est le droit opposé à la force.»

Il invoqua beaucoup l'histoire. Après tous ces clins d'oeil de second tour vers Pétain, c'était cocasse ou ignoble. L'homme était trop intelligent pour savoir qu'il avait manié de sales références avec ses éloges du Vrai Travail et de l'Identité Chrétienne. La frontière, c'était aussi celle de l'héritage. Comme à chaque meeting, Nicolas Sarkozy répéta que « sa » France était celle d’une grande culture, d'une grande histoire; de Voltaire, de Chateaubriand, de Victor Hugo, de Maupassant; « de Jeanne d’Arc, de Bonaparte, du Général de Gaulle, des héritiers de la Renaissance, de la Résistance, des Trente Glorieuses ».


Il lui restait trois jours pour convaincre de son « nouveau modèle français », un modèle qu'il n'avait pu expliquer en 5 ans.
«Trois jours pour expliquer !
Trois jours pour convaincre !
Trois jours pour entraîner ! »
En attendant son « nouveau modèle français », une journaliste de Mediapart a été agressée lors de cette manifestation à cause du simple fait de porter un badget «Presse » mentionnant son journal.

Il nous faut encore trois jours de mobilisation pour clore cette sinistre parenthèse.
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MessageSujet: Vers l'explosion de l'UMP   Brassage de vent, verbiages et contradictions d'un régime qui s'écroule et est au bout du bout... - Page 2 Icon_minitimeMar 12 Juin - 8:29

Nicolas Sarkozy voulait faire disparaître l'extrême droite, il a dissout... le centre-droit et précipiter la décomposition de son propre parti.

L'UMP fait mine de ne pas s'en inquiéter, et d'ignorer sa probable implosion. Mais lundi, pas à pas, mot après mot, elle s'orientait vers d'inévitables tensions.

Comme certains pouvaient assumer que leur parti place le PS et le FN à équidistance idéologique ?




Jean-François Copé a promis une prochaine « mise à jour programmatique de l'UMP ».

Nous sommes rassurés.

Ou pas.

Des valeurs communes...
Certains à l'UMP sont convaincus que l'ancien parti présidentiel a des valeurs communes avec le Front National.

C'est triste, mais c'est désormais affiché.

Nadine Morano, dès dimanche soir puis à nouveau lundi 11 juin, en a appelé aux électeurs du FN qui « partagent ses valeurs ». Bruno Le Maire semblait la comprendre : « Nadine Morano parle aux électeurs. Elle voit ce que j'ai vu aussi dans ma circonscription où le FN a fait 23% aux présidentielles, 17% aux législatives. » On attendait mieux de sa part. Il est sans doute trop troublé.

En s'exprimant ainsi, Nadine Morano fusillait l'argumentation maladroite de quelques ténors de l'UMP tels Fillon, Juppé ou Dati qui déclaraient en parallèle que le FN n'a aucune valeur commune avec l'UMP. Elle ne faisait que contribuer à un aggiornamento nécessaire de la droite républicaine.

Un sondage Ipsos/Logica Business Consulting réalisé jusqu'à la veille du scrutin et publié par Le Point, ce même lundi, livrait un autre éclairage: les deux tiers des électeurs de l'UMP à ce premier tour législatif seraient favorables à des accords locaux de désistement mutuel avec le FN pour faire battre un candidat de gauche au second tour. Et « 41% souhaitent que le candidat de droite appelle à voter pour le candidat du FN pour faire barrage au candidat de gauche ».

Un conseiller du Front National se réjouissait anonymement au Point : « Le front républicain est mort car les dirigeants de l'UMP comprennent bien qu'une telle consigne serait très mal perçue par les électeurs de droite ».

... à la scission inévitable ?
L'aggiornamento semble d'ailleurs en marche. La position adoptée à l'issue de son bureau politique marque le début d'un tournant ou l'officialisation d'une recomposition à venir. En effet, après quelques minutes d'un faux suspense, le collectif dirigeant décidait d'un ni-ni fort opportun : « Il n'est pas question d'appeler à voter pour le Front national ni d'appeler à voter pour le candidat socialiste qui en plus fait alliance avec le Front de gauche » a expliqué Copé. Pour la première fois pour un scrutin législatif, le parti unique de la droite majoritaire tenait pour propositions électorales et politiques équivalentes la gauche et l'extrême droite. Ce bureau politique qualifié d'extra-ordinaire décidait donc de ne donner aucune consigne de vote en cas de duel gauche/FN.

Le sarkozysme avait encore de beaux restes.

Cette position avait été mûrement réfléchie, même si Copé n'avait pas voulu l'officialiser dès dimanche soir. Il était assez aisé de préparer les éléments de langage communs bien avant dimanche soir qui unifient au moins le discours. Car il est assez évident que la probabilité de duels PS/FN n'était pas une surprise. Tous les sondages en prévoyaient même davantage.

Chacun attendait une clarification. Copé a promis un débat sur l'identité et la doctrine politique de l'UMP. Il y a deux ans et demi, ce parti donnait des leçons d'identité nationale à la France entière. Le voici troublé, clivé, rongé par les outrances droitières et sans issue d'un Nicolas Sarkozy désormais retiré de la vie politique.

Comment l'UMP peut-elle échapper à une scission entre deux camps ? On pouvait assez facilement distinguer deux camps: d'un côté, il y aurait une droite que l'on qualifierait de « pragmatique », motivée à de sinistres alliances, au moins sur les valeurs, pour peu qu'elles permettent de gagner les scrutins. S'y ajouterait évidemment celles et ceux qui ont déjà franchi pas mal de Rubicons idéologiques, comme les faux trublions de la Droite populaire. Somme toute, on y retrouve cette droite sarkozyste dans l'âme, apte à tous les discours. On y rangerait Jean-François Copé, Nadine Morano, Claude Guéant, Brice Hortefeux, ou Thierry Mariani et bien d'autres.

De l'autre, il y avait une autre droite, celle qui répugne à ces valeurs frontistes, qui fut gênée par la tournure droitière de la campagne sarkozyste. Celle qui ronge son frein depuis l'échec du 6 mai dans l'attente d'une recomposition qui viendra après le second tour législatif. On pouvait espérer y trouver d'anciens gaullistes comme François Fillon ou Alain Juppé; et d'anciens centristes comme Pierre Méhaignerie. Valérie Pécresse semblait hésiter en déclarant, au sortir du bureau politique, qu'il « faut refuser les extrêmes, nous sommes modérés et républicains ».

Ce clivage ne recouvre pas la traditionnelle opposition gaullistes versus centristes.

Cynique, le Front National avait identifé deux têtes UMPistes à éliminer à l'UMP, les anciens ministres Nathalie Kosciusko-Morizet et Xavier Bertrand. Ailleurs, elle s'amusa à donner quelques brevets de compatibilité frontiste à certains ténors de la droite, comme Nadine Morano (qui vient « de se découvrir des valeurs communes avec le Front national ») ou Claude Guéant (« il a contribué à rendre service [au FN] » en « diffusant » ses idées et « mérite un petit encouragement »).

Pour le reste, Marine Le Pen ne donna aucune consigne. Elle voulait que les candidats frontistes se maintiennent « partout » où c'était possible - 61 circonscriptions - « à une ou deux exceptions près ».
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