Recherche ambassadeur hétéro et monogame
Le poste est vacant. Depuis près d’un an, l’ambassade française au Vatican est comme un navire sans capitaine. Mais pourquoi? C’est qu’on peine à trouver le profil adéquat.
Max Gallo avait été approché, mais il a décliné cette proposition. Une deuxième personne avait été pressentie, mais c’était un homme trois fois marié et deux fois divorcé, chose inacceptable pour le Saint-Siège. Une troisième candidature a été envisagée: il s’agit de Jean-Loup Kuhn-Delforge. Mais on attend encore le placet du Vatican, qui ne semble pas pressé de l’accorder. Il semblerait que le monsieur déplaise en haut lieu. Si catholique soit-il, il a le malheur d’être homosexuel déclaré, ce qui semble chagriner le souverain Pontife.
Heureux comme Dieu en France, dit le proverbe; malheureux comme Benoît à Paris, faudrait-il ajouter. Récemment, en effet, le pauvre homme a été accueilli par un président de la République, trois fois marié et deux fois divorcé. Le pape a dû ensuite saluer Carla Bruni, dont le passé n’a pas toujours été très catholique. Pire encore, il a du faire face à Bertrand Delanoë, homosexuel notoire, hélas, et maire de Paris. Pauvre Benoît, et le gouvernement français voudrait encore lui imposer un ambassadeur comme Jean-Loup Kuhn-Delforge! Trop, c’est trop! Il faudrait donc une personnalité qui corresponde au poste. L’agence de presse italienne AGI a publié un article intitulé: «On ne trouve pas d’ambassadeur hétéro et monogame». Mais oui, car être hétérosexuel et monogame est une compétence fondamentale pour exercer ce noble métier d’ambassadeur.
Le 4 août 1992, M. Ratzinger, pas encore pape à l’époque, avait co-signé avec Jean-Paul II dans l’Osservatore romano un article intitulé Certaines considérations concernant la réponse à des propositions de loi sur la non-discrimination des personnes homosexuelles. Ayant pris leur plus belle plume, tous deux affirmaient sans ambages:
«Dans certains domaines, tenir compte de la tendance sexuelle n’est pas une discrimination injuste, par exemple dans le placement des enfants à adopter ou leur mise en garde, dans l’engagement d’enseignants et d’entraîneurs sportifs et dans le recrutement militaire.»
Ainsi, en lisant ces lignes, nous comprenons qu’il y a des «discriminations injustes» et d’autres qui sont justes. Donc, depuis 1992, pour le Vatican, l’hétérosexualité est une condition requise pour adopter, bien sûr, mais aussi pour être entraîneur sportif, militaire, et même pour enseigner. Par ailleurs, depuis 2005, le Vatican a aussi affirmé qu’il était nécessaire d’être hétérosexuel pour devenir prêtre. Depuis quelques jours, nous comprenons aussi qu’il faut être hétérosexuel pour devenir ambassadeur au Saint-Siège. Plutôt que de donner les informations de manière progressive, Benoît XVI devrait publier une fois pour toutes la liste exhaustive des emplois réservés aux hétérosexuels. Nous l’attendons tous avec impatience…