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 Ceux qui "osent" ...parler du sujet

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MessageSujet: Notes sur la pédophilie et les seuils de consentement (3 et dernier)   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeSam 7 Nov - 7:54

Notes sur la pédophilie et les seuils de consentement (3 et dernier)

Confrontation de l’argumentation pédophile aux valeurs de notre société.

14 - Le traducteur et annotateur de l’Histoire de l’amour grec de Meier, Georges Hérelle (professeur de philosophie), arrrivait, vers 1900, après bien des discussions, à des conclusions pessimistes sur l’amour des tous jeunes garçons (notes laissées, parmi de nombreux manuscrits, à la Bibliothèque municipale de Troyes) :

« Lorsque l’on révèle les passions anormales à un enfant de la classe inférieure, apprenti, petit commis, etc., et c’est le cas le plus ordinaire, on ne manque pas de lui procurer, pendant qu’on l’aime, quelques satisfactions qu’il n’aurait pu se procurer seul, le théâtre, le café, les dîners dans un bon restaurant, qui paraît luxueux à l’enfant. Plus tard, quand l’amour aura cessé, on quittera l’enfant et on le rendra à son milieu avec une vision d’une condition meilleure, plus brillante, plus jouissante. Mais l’enfant ne manquera pas de se souvenir de ce qu’il a perdu, et il le cherchera ailleurs, peut-être dans l’amour vénal, peut-être dans la prostitution. Or la prostitution masculine est la dernière des misères et la plus dangereuse des bassesses. Ernest [Ernest P., ami d’Hérelle] prétend, il est vrai, que dans sa pratique il n’a jamais vu cela. Mais dans les exemples de Stéphane et du Polonais, est-il sûr que ses relations avec eux n’ont pas au moins contribué à les jeter au ruisseau ?

Il y a certainement un mal social possible. Notre société n’admet pas cet amour, le réprouve, le flétrit. Nous exposons donc l’enfant que nous séduisons au mépris social, le jour où ses relations avec nous seront connues. Et si, dans notre société, il prend le goût de cette passion, nous l’exposons à un isolement moral et à des malheurs qui peuvent accabler sa vie entière. On peut être l’amant d’un enfant qui n’a pas la vocation et qui se laisse séduire à cette débauche par l’effervescence du sang, la faiblesse de l’âge. Alors il paraît certain qu’on déprave sa nature, c’est-à-dire qu’on le détourne, au moins provisoirement, de la voie où le poussait un instinct normal, qu’on excite en lui des passions de jouissance pure, qu’on l’accoutume à faire de lui-même un instrument de débauche. Là où est l’amour, la volupté a quelque chose de profond et de noble jusque dans ses égarements. Mais, là où l’amour n’est point, la volupté n’est qu’un plaisir sale.  » (mss 3257)

À ceci, Georges Hérelle opposait par souci d’objectivité le point de vue d’Ernest P. [Psichari ?] exprimé en avril 1889 :

« Je ne demande ni n’espère que la pédérastie devienne une institution, mais je souhaite qu’on s’en accommode après en avoir reconnu l’innocuité. La pédérastie est le plus souvent une passion aristocratique : elle suppose un certain raffinement intellectuel, etc. Il s’agit donc de convaincre l’aristocratie que ces passions sont en même temps fatales et inoffensives, et depuis quelques années un grand progrès s’est réalisé sur ce point. Pourquoi désespérer qu’un jour l’aristocratie, éclairée et indulgente, nous accepte ? Alors, tout le monde nous tolèrera. » (mss 3257)

Il semble s’agir ici de pédérastie, plus que de pédophilie, puisque "l’enfant" est supposé travailler. Mais cette réflexion sur la pédérastie peut orienter celle sur la pédophilie, ne serait-ce qu’en posant le problème des "trottoirs de Manille" ou de Bangkok (affaire Mitterrand).

15 - Pour François Regnault, "le pédophile est l’envers du pédagogue" (L’Infini, enquête citée) ; dans les cinq âges de la vie distingués au XIVe siècle, l’âge de l’amour et des sports venait en troisième position, APRÈS ceux des jouets et de l’école. Il y a une cohérence certaine à fixer la fin de la scolarité obligatoire à peu près à l’âge où on libère la sexualité. Le débat actuel sur l’accessibilité des films pornographiques par la télé ou via Internet repose à juste titre le problème de la nécessité du respect de ces « âges de la vie ».

Avec Sigmund Freud, qui n’était pas le pan-sexualiste que l’on a cru, nous prenons parti en faveur de l’éducation et contre la sexualité précoce initiée par l’intervention des adultes ; un personnage du roman de Nicolas Jones-Gorlin Rose bonbon perçoit très bien l’alternative, mais fait le choix inverse, typique du pédophile : « le vrai ennemi, c’est l’éducation … » (chapitre 4). Déclaration à laquelle un André Gide n’aurait jamais souscrit. Mais nous prenons aussi parti en faveur de la liberté sexuelle des grands adolescents et du respect de leur vie privée ; contre l’article 227-27, donc ; article "Gabrielle Russier", pourrait-on dire.

L’étude des sociétés primitives, que les pédophiles militants et leurs alliés invoquent régulièrement, montre que l’initiation sexuelle des jeunes gens peut parfois être admise pendant, ou très peu avant, la puberté, mais jamais aux âges mentionnés par Tony Duvert dans L’Enfant au masculin, page 21 : "à six ans, le fruit me paraît mûr : c’est un homme et il n’y manque rien. Ce devrait être l’âge de la majorité civile", ou par le mouvement pédophile anglais Paedophile Information Exchange (PIE — un pie est un pâté en croute, symbole de l’enfant – objet de consommation, et souvent de consommation collective, en réseau) qui demandait un âge limite de quatre ans. Il en résulta rapidement la fin du soutien que le mouvement Campaign for Homosexual Equality avait commencé à accorder aux pédophiles.

Dans le roman Rose bonbon, Dorothée n’a que sept ans, même si elle en paraît neuf (chapitre 1). Quel que soit le comportement social envisagé, il pourra assez souvent se trouver des sociétés qui l’acceptent : mains coupées pour les voleurs, peine de mort, excision et circoncision, polygamie, lapidation de la femme adultère, castration, etc., et donc pédophilie aussi.

Cependant, chaque société, et surtout une société évoluée comme la nôtre, est responsable selon ses propres critères juridiques, philosophiques et scientifiques, des interdits qu’elle s’impose et des libertés qu’elle s’accorde ; c’est à elle, et pour elle-même, de décider, en toute indépendance, sans s’en laisser imposer parce qu’on pourrait appeler "l’argument ethnologique". Cet argument est exposé, mais de façon pas très convaincante, plutôt avec dérision, dans Rose bonbon :

« Ensuite il m’a parlé des Grecs. Il m’a expliqué que les vieux initiaient les jeunes. Même chose dans les pays arabes. Et ailleurs encore. Grecs, Arabes, en Chine aussi, et en Papouasie, et ailleurs et ailleurs. Tout le monde ne peut pas se tromper. » (chapitre 4)

Sexualité n’est pas synonyme d’amour, faut-il rappeler cette évidence ? S’il est vrai que le sexe a une composante amoureuse, il possède aussi une composante égoïste (la "loi" du désir, la consommation) et même une composante agressive. C’est pourquoi l’argument de Renaud Camus, ou plutôt le sophisme, qui considérait la sexualité comme en soi non répréhensible (L’Infini, article cité), n’est pas fondé. En soi, la sexualité, comme Ésope le disait de la parole, n’est ni bonne ni mauvaise, ni répréhensible ni licite, mais indifférente moralement. Donner droit de cité à l’érotisme enfant/adulte exposerait, on l’a dit, l’enfant à des relations sado-maso, au proxénétisme, aux I.S.T. et au sida. Or la protection de la santé des enfants est désormais un principe constitutionnel qui ne devrait laisser personne indifférent (Alinéa 11 du Préambule de la Constitution de 1946 ; ce préambule fait partie du bloc de constitutionnalité depuis la décision du Conseil constitutionnel du 16 juillet 1971. Voir aussi l’article II-84, § 1, du Traité constitutionnel de l’Union européenne (29 octobre 2004) : Les enfants ont droit à la protection et aux soins nécessaires à leur bien-être » ; article repris dans le Traité de Lisbonne).



16

L’enfant du pédophile voit ainsi sa parole confisquée ou disqualifiée ; le pédophile saurait seul ce qui est bien pour cet enfant-adulte qui est à côté de cet adulte comme un personnage de film muet. Il se trouve qu’un tel film pédophilique existe, diffusé jadis par France 3, et traitant de "L’École en bateau". Enfin, certains, disent que "si on force parfois un peu les enfants", c’est pour contrebalancer le conditionnement social ; et puis, après tout, "les femmes aussi subissent souvent le devoir conjugal", ajoutait-il ; les mères féministes apprécieront ... Ce sont de tels propos qui rendent bien difficile la distinction entre la pédophilie qui se dit amoureuse des enfants et la pédophilie des faits divers.

Dans sa chronique Le Rose et le noir, Frédéric Martel évoquait un fait divers de 1979, l’affaire de Saint-Ouen, qui aurait concerné un "homosexuel mineur". Singulière atténuation ... Selon les termes de la lettre de deux militants communistes à L’Humanité, les autorités judiciaires avaient trouvé "simplement [sic] des pratiques sexuelles de groupe entre adultes et adolescents de 11 à 17 ans et des photos" ; cette lettre, qui justifiait ces "pratiques", provoqua une vive réaction de Roland Leroy, alors directeur de ce quotidien :

« Comment osez-vous soutenir un tel point de vue alors qu’il s’agit en l’occurrence de la prostitution d’une quarantaine d’adolescents et d’enfants, dont le plus jeune avait tout juste quatre ans ! [...] Je considère votre lettre indigne d’un communiste ».

(Le Rose et le noir, page 226 de la réédition 2000 en collection Point Seuil. Lettre de Marc Croissant et Jean-Pierre Januel, L’Humanité, 30 mars 1979 ; la réponse de Roland Leroy est publiée dans le même numéro. Cette même année 1979 avait vu le scandale du père Monboisse à Aurillac, suivi de son suicide.

- Selon certains pédophiles, les enfants seraient parfaitement capables de gérer une relation sexuelle, d’y consentir ou de la refuser. En revanche, devant les policiers et les magistrats, ils diraient n’importe quoi. Le professeur de philosophie René Schérer s’est vanté devant moi d’avoir "retourné" le témoignage – pourtant véridique selon R. S. lui-même – d’un enfant lors d’une confrontation .... Ce qui prend évidemment un relief particulier après l’affaire d’Outreau (Outreau 1) et l’évocation d’un mythe de la pédophilie. 

17 - L’argument de l’existence d’une sexualité infantile apparaît plus pertinent. On sait aujourd’hui, grâce à l’échographie, que le foetus mâle a des érections. La distinction établie depuis l’Antiquité entre sexualité et reproduction, soulignée par le marquis de Sade, Frédéric Nietzsche et Sigmund Freud, est ainsi confirmée. Mais, car il y a un mais, l’aptitude partielle à une activité sexuelle chez le jeune enfant, par l’érection dans le cas du garçon, ne signifie pas qu’il a acquis l’autonomie psychologique et sociale également requise pour une relation sexuelle – l’enfant sait signer bien avant de comprendre la portée de la signature d’un contrat ; il sait déposer un bulletin dans une urne avant de comprendre la portée d’un vote, etc.

Sigmund Freud ne vit jamais dans la "sexualité infantile" une justification de la pédophilie ; cela apparaît dès 1905 avec le premier des Trois essais sur la théorie de la sexualité (section I, B) ; la même année, il déclarait à un quotidien viennois que la pédophilie homosexuelle devait être poursuivie devant les tribunaux, mais dans les mêmes conditions que la pédophilie hétérosexuelle ; le seuil en Autriche était alors de quatorze ans (encore le seuil du droit canon !). Freud pensait qu’une activité sexuelle précoce diminuait l’éducabilité de l’enfant, et que la construction de la personnalité psychologique et sociale (acquisition du principe de réalité) requiérait que la fonction sexuelle ne soit pas sollicitée précocement. Quant au freudo-marxiste Wilhelm Reich, il considérait l’homosexualité comme une sorte de satisfaction parallèle à la satisfaction hétérosexuelle et souhaitait qu’elle soit dénuée de toute sanction pénale, sauf précisément dans le cas de séduction d’enfants (Die Sexualität in Kulturkampf, 1936). C’est donc à tort que Daniel Cohn-Bendit, aujourd’hui député européen, avait invoqué ces deux auteurs pour justifier ses écrits de 1975 et ses propos à Apostrophes en 1982.



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- Le fait que depuis une trentaine d’années une argumentation en faveur de la pédophilie (argumentation souvent purement idéologique) ait été soutenue, ait fait l’objet de pétitions, est une innovation radicale dans notre société, comme l’a aussi remarqué le journaliste Jean-Claude Guillebaud dans La Tyrannie du plaisir (Paris : Le Seuil, 1998) ; après avoir relevé d’une conception révolutionnaire de l’homosexualité, cette argumentation post-moderne a semblé pouvoir se rattacher à ce courant dit du politiquement correct qui vise à exacerber hic et nunc les exigences d’égalité des droits des minorités ou pseudo-minorités de toutes sortes – ici la catégorie des enfants, qui ont trouvé de bien curieux libérateurs ; cette évolution est elle-même un des avatars, une conversion, de l’utopie marxiste, comme le sociologue Paul Yonnet l’a montré dans le cas de l’antiracisme. Dans une "Tribune libre", le G.R.E.D. (Groupe de recherche pour une enfance différente) affirmait :

« L’enfant, même très jeune, a une sexualité très "ouverte" : qu’il s’agisse d’onanisme, de jeux sexuels avec d’autres enfants ou avec des adultes, que les partenaires soient du même sexe ou non, cette sexualité polyvalente n’a pas à être réprimée ».

Il se proposait d’aider à l’organisation de l’enfance :

« Comme l’ont fait tous les groupes humains aspirant à l’émancipation (travailleurs, esclaves noirs, peuples colonisés, femmes ...) les jeunes (enfants et ados) doivent s’inventer des structures radicalement en rupture », pour créer « l’expérience (et le réflexe mental) de la lutte collective pour leur liberté et leurs revendications ; peut-être la solution à la crise générale du militantisme ... »(Travail social - Actualités, n° 55, 23 novembre 1984).



Louis Pauwels se déclara choqué par cette tribune dans le Figaro Magazine du 19 janvier 1985. Jacques Girard me signala alors l’existence d’autres groupes pédophiles ayant milité en France, parmi lesquels le FLIP (Front de libération pédophile, en 1977) et le FRED (Front d’action et de recherche pour une enfance différente, créé par des radicaux du GRED, Groupe de recherche pour une enfance différente). En Belgique, le groupe CRIES, qui éditait le bulletin Espoir, et aux activités duquel la police a mis fin en 1987.

Parce que la nouvelle morale sexuelle rejette les formes asymétriques de sexualité (viols et tournantes, mariages forcés, polygamie, inceste), elle a été amenée à admettre désormais l’homosexualité ; mais elle ne pourrait se faire, sous couvert d’une revendication des « droits égaux » de l’enfant et de l’adulte à la sexualité, à une relation aussi inégale que celle existant entre un(e) impubère (garçon ou fille âgé de moins de 13 ou 14 ans) et un(e) adulte.

On connaît la boutade : « avec l’évolution des mœurs, les gens finiront par accepter les pratiques sexuelles de l’Église catholique ». Justement, non, cela ne passe pas. Le simple bon sens et l’état de l’opinion publique étaient exprimés par Claude Sarraute (Mme Revel) dans son billet "Pétitions" :

"Quand on en est arrivé au droit des petits gamins à disposer de leur corps, à se plier aux exigences de vieux messieurs libidineux, moi, j’ai calé." (Le Monde, 14 février 1986).

Dans sa chronique "Une vieille réalité", Pierre Georges évoquait les réseaux pédophiles, "appuyés sur de solides complicités et de fumeux théoriciens du légitime droit de l’enfance à l’amour." (Le Monde, 14 mars 1997).

N’oublions pas que "toutes choses ont leur saison".
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MessageSujet: Pédophilie et bd   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeJeu 19 Nov - 6:16

Certains héros de BD ont tout de l’éternel adolescent aux rapports ambigus avec les adultes, alimentant la suspicion.

Dans la Mauvaise Vie, lorsque Frédéric Mitterrand évoque ses premiers émois sexuels, il pense à la Bande Dessinée. “Les références qui viennent naturellement sous sa plume sont “Alix”- un jeune Romain de 14 ans en pagne, héros de bande dessinée – ou le Prince Eric, cet adolescent scout de la série Signe de piste, icône trouble de l’imaginaire homosexuel”, raconte l’Express. “Comme toute bonne confession autobiographique, cette Mauvaise Vie joue avec le feu”, ajoute le magazine. Je ne vois pas en quoi le fait qu’un jeune gay craque et s’identifie à un bel héros antique est “jouer avec le feu”, cela me parait plutôt naturel. Jeune, j’ai aussi craqué sur des héros et des héroïnes de bande dessinée (oui, mais on n’est pas là pour parler de ma sexualité).

Enfin, cela pose des questions intéressantes: comment aujourd’hui représenter la sexualité de la jeunesse? Les jeunes héros de BD du siècle dernier avaient-ils tous une sexualité qu’on aurait qualifiée de “déviante” ? Au-delà de ça, car ce sont les accusations sous-jacentes dans l’article de l’Express, comment parler de pédophilie en bande dessinée?

Justement dans la série Alix, une scène avait fait polémique de l’album Le Fils de Spartacus (dont j’ai même une version en latin!). On y voit un préfet romain prendre un bain avec des jeunes enfants qui lui font des gâteries sous l’eau. “J’adore me baigner en compagnie de mes petits dauphins qui me font des taquineries sous l’eau” explicite même, hilare, le haut dignitaire en question. Pour une BD qui s’adresse à un jeune public la scène peut être considérée comme choquante. Sauf qu’elle se réfère à une pratique rare mais qui avait effectivement parfois lieu sous l’Empire Romain, aux mœurs bien différentes des autres.

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Dans le Sexe et l’Effroi, Pascal Quignard traduit Suétone qui racontait ceci: “Dans sa retraite de Capri, Tibère imagina d’aménager une pièce garnie de bancs pour ses désirs secrets. (…) Il appelait “petits poissons” des enfants de l’âge le plus tendre qu’il avait habitués à se tenir et à jouer entre ses cuisses pendant qu’il nageait pour l’exciter avec leur langue et de leur morsure (lingua morsuque). Il donnait en guise de sein à téter ses parties naturelles à des enfants non encore sevrés afin qu’ils le déchargeassent de son lait. C’est ce qu’il préférait.”

La BD, parce qu’elle s’adresse à un public jeune, doit-elle s’interdire ce type de représentation? Je ne le pense pas, et l’auteur, Jacques Martin, non plus. Dans Le duel Tintin-Spirou de Hugues Dayez, il s’explique à propos de l’homosexualité et de la pédophilie : “J’ai voulu retracer les moeurs de l’Antiquité et faire bien comprendre au lecteur, pour autant qu’il le perçoive, que l’homosexualité n’existait PAS dans l’Antiquité. C’est une invention du judéo-christianisme. L’interdiction des rapports libres n’existait pas dans l’Antiquité. L’homosexualité en tant qu’interdit, c’est un phénomène créé par le judo-christianisme, et cela m’a toujours agacé parce que je n’aime pas les interdictions. [...] Alors on m’a dit “Et Alix avec Enak… ?” Ce à quoi je réponds : Alix et Enak vivaient comme des tas de gens à Rome ! [...] Il ne faut pas oublier que même en Crète et en Grèce, les pères allaient trouver des messieurs comme vous et moi pour leur confier l’éducation de leurs garçons de douze ou treize ans. Et quand on parlait d’éducation, cela signifiait “à tous points de vue”, y compris physiquement. [...] Dès lors je ne peux pas gommer, moi, les moeurs de l’Antiquité”.

Que je rassure les parents qui lisent cette chronique et qui ont le Fils de Spartacus dans leur bibliothèque à portée de mains des chérubins, la scène y est moins explicite. Surtout, quand on est jeune, je me rappelle très bien de ma propre lecture, on ne comprend pas vraiment ce qui se passe. Il y a plutôt plusieurs niveaux de lectures, une pratique courante en BD. Par exemple, dans un autre genre, la série Lanfeust de Troy qui s’adresse à un public pré-adolescent, regorge pourtant de scènes et de blagues salaces discrètes.

Toutefois, la BD de Jacques Martin reflète une époque où l’on pouvait dessiner ce genre de scènes. Elle a été publiée en 1975 (la même année que le bouquin de Cohn Bendit Le Grand Bazar pour l’anecdote). Dans le même genre, Polonius de Tardi et Picaret, paru en 1977, a aussi des scènes pédopornographiques. Dans un contexte plus décadent, dans la ville de Rû, le gouverneur se balade toute la journée avec à ses côtés un petit garçon nu à qui il demande régulièrement des fellations. La Bédé est ultra violente et ultra sexuelle. Comme dans Alix, la pédophilie est associée à une image décadente. Ce sont les méchants qui profitent des bébés.

La BD belge ambigüe?

Plus généralement, on a pu accuser la BD, notamment la BD belge, d’être pour le moins ambigüe en ne présentant que de jeunes héros perdus entre l’adolescence et l’âge adulte. Je vous épargne une énumération, mais d’Alix à Tintin, ils sont bien nombreux à correspondre au critère. Il ne faut pas chercher bien loin la raison. A l’époque où la bande dessinée prend son essor, dans les années 1960, les maisons d’édition faisaient écho à la société en matière de pudibonderie et de patriarcat. Il était ainsi hors de question de présenter de héros explicitement sexué: les héros n’ont aucune vie sexuelle ni aucunes formes lorsqu’il s’agit de filles (et non de femmes, donc). Et les héros mâles régnaient en maîtres. Dans Le duel Tintin-Spirou, Jacques Martin témoigne ainsi: “Il me faut spécifier qu’il y avait à l’époque des maisons d’édition qui interdisaient à leurs auteurs de mettre des femmes dans leurs histoires. Dans les anciens contrats de Dupuis, il était bien spécifié qu’on ne pouvait pas faire intervenir des femmes dans les bandes dessinées. Moi j’ai été un des premiers à le faire, pourtant. Et quand, dans l’épisode du “Dernier spartiate”, j’ai créé le personnage de la reine Adréa, une femme de 40 ans qui tombe amoureuse d’Alix, vous n’imaginez pas les ennuis que j’ai eu !”

A l’autre bout de l’Eurasie, les mangas Japonais flirtent aussi souvent avec la limite. Mais le sujet y est tellement complexe que je préfère y revenir plus tard dans une chronique spéciale.

Aujourd’hui, le thème de la pédophilie est rare dans la BD francophone, évidemment. Mais un ouvrage, Pourquoi j’ai tué Pierre de Alfred et Olivier Ka, déroge à la règle. C’est l’histoire de l’auteur, Olivier, qui raconte ce qu’il a vraiment vécu ; un retour dans ses souvenirs qui lui sert de thérapie. Jeune dans les années 70 -décidément !- il allait souvent en colonies de vacances. Là, un prêtre “moderne”, Pierre, chemise de bûcheron, longue barbe noire et amateur de guitare, s’occupait avec passion des enfants et était vénéré par eux. C’est très bien raconté, avec beaucoup de pudeur. Pendant toute la première partie de l’album, on ne sait pas ce qui va se produire, on comprend le contexte, on voit que l’évènement approche, qu’il va se passer quelque chose. Jusqu’au moment où le prêtre se rapproche de plus en plus du petit garçon. Il lui demande d’abord de le masser puis un soir le pousse à dormir dans la même tente et…

Et la question : comment l’adulte que tu considérais comme ton meilleur ami peut t’agresser sexuellement? Avec les interrogations véridiques du jeune garçon à l’époque et l’incompréhension de ses parents, l’album est (forcément) émouvant. C’est surtout très fin, un objet idéal pour discuter de ce sujet très compliqué et délicat avec ses enfants.

Laureline Karaboudjan

http://blog.slate.fr/des-bulles-carrees/2009/11/18/pedophile-la-bd/
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MessageSujet: De la pédophilie en littérature   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeVen 20 Nov - 5:05

De la pédophilie en littérature

Par Frédéric Beigbeder (Lire), publié le 19/11/2009 à 14:47 - mis à jour le 19/11/2009 à 17:25

Ouh là là ! Quel titre effrayant ! Que vais-je bien pouvoir dire sur ce sujet sans déclencher une avalanche de courrier ? ! Depuis l'affaire Marc Dutroux (1996), la pédophilie est le sujet tabou par excellence. Tout écrivain qui s'avise d'y toucher risque d'être victime d'un lynchage immédiat. Puis-je rappeler, avant de me griller complètement, deux principes de base ? 1) Il existe une grande différence entre le fantasme littéraire et le passage à l'acte criminel. 2) On doit pouvoir écrire sur tous les sujets, surtout sur les choses choquantes, ignobles, atroces, sinon à quoi cela sert-il d'écrire ? Voulons-nous que les livres ne parlent que de choses légales, propres, gentilles ? Si l'on ne peut plus explorer ce qui nous fait peur, autant foutre en l'air la notion même de littérature. Ces deux principes étant posés, il est temps de susciter ma levée de boucliers. A mon avis, l'écriture doit explorer AUSSI ce qui nous excite et nous attire dans le Mal. Par exemple, il faut avoir le courage d'affronter l'idée qu'un enfant est sexy. La société actuelle utilise l'innocence et la pureté de l'enfance pour vendre des millions de produits. Nous vivons dans un monde qui exploite le désir de la beauté juvénile d'un côté pour aussitôt réprimer et dénoncer toute concupiscence adulte de l'autre.

Le roman doit-il se laisser brider par cette schizophrénie ? La chasse aux sorcières qui vient d'être ranimée par l'affaire Polanski, puis le délire sur Frédéric Mitterrand (annoncé par l'attaque de François Bayrou sur Daniel Cohn-Bendit) oublient ce qui est en vente dans les librairies. Disons les choses clairement : ceux qui s'indignent avec tant de virulence doivent brûler une longue liste d'ouvrages. Messieurs et Mesdames les censeurs, dégainez vos briquets ! Vous avez de l'autodafé sur la planche : Le blé en herbe de Colette, Si le grain ne meurt d'André Gide, Lolita de Nabokov, Il entrerait dans la légende de Louis Skorecki, Au secours pardon de votre serviteur, Rose bonbon de Nicolas Jones-Gorlin, Les 120 journées de Sodome du marquis de Sade, Ivre du vin perdu de Gabriel Matzneff, Les amitiés particulières de Roger Peyrefitte, La ville dont le prince est un enfant d'Henry de Montherlant, Il m'aimait de Christophe Tison, Le roi des Aulnes de Michel Tournier, Pour mon plaisir et ma délectation charnelle de Pierre Combescot, Journal d'un innocent de Tony Duvert, Mineure de Yann Queffélec, Les chants de Maldoror de Lautréamont, Microfictions de Régis Jauffret, Moins que zéro de Bret Easton Ellis, Mémoire de mes putains tristes de Gabriel García Márquez, Enfantines de Valery Larbaud, Histoire de ma vie de Casanova ou même, quoique en version platonique, Mort à Venise de Thomas Mann doivent rapidement être incendiés ! Ma liste n'est pas exhaustive. Je remercie les maccarthystes français anti-pédophilie de m'aider à compléter cette liste d'autodafés en envoyant leurs lettres de délation au magazine car je suis sûr que j'en oublie et j'ai hâte de les lire... pour mieux être révolté, bien sûr, et avoir un regard désapprobateur sur ces oeuvres ! C'est donc le sourcil froncé que j'aimerais terminer sur une citation, insupportablement comique, tirée du Manuel de civilité pour les petites filles à l'usage des maisons d'éducation (1926) de Pierre Louÿs : "A partir de l'âge de huit ans, il n'est pas convenable qu'une petite fille soit encore pucelle, même si elle suce la pine depuis plusieurs années." Ah ! zut zut, nous voilà bien. Que faire de ce numéro de Lire avec cette phrase dedans ? Doit-on aussi le brûler à présent ?
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MessageSujet: Beigbeder 2   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeSam 21 Nov - 5:27

Beigbederest ce genre d'ami qui rend les ennemis inutiles. Alors que l'affaire Frédéric Mitterrand s'est effacée au profit de polémiques plus nobles (1), le Renaudot de l'année a jugé bon de secourir le ministre de la Culture dans la chronique qu'il donne au magazine « Lire ». Avec un peu de retard, certes, mais il en va des idées comme des ananas : c'est meilleur quand c'est bien mûr.

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DR
Frédéric Beigbeder

L'édito de Beigbeder est intitulé « De la pédophilie en littérature » et commence par la phrase « Ouh là là ! » Après une mise en contexte érudite (« Depuis l'affaire Marc Dutroux, la pédophilie est le sujet tabou par excellence »), l'auteur de « 99 francs » use d'un procédé cher à Bernard-Henri Lévy dans ses « Blocs-notes » du « Point » : le petit rappel préliminaire de quelques évidences. Comme souvent chez BHL, il y en a deux. Et encore comme souvent chez BHL, ces évidences constitueront à elles seules la substance du propos.

Quels sont-ils, ces « principes de base » ? Citons-les. « Il existe une grande différence entre le fantasme littéraire et le passage à l'acte criminel » ; « on doit pouvoir écrire sur tous les sujets, surtout sur les choses choquantes, ignobles, atroces, sinon à quoi cela sert-il d'écrire ? » En conséquence, et nous n'en disconviendrons pas, l'écrivain peut en arriver à explorer « ce qui nous excite et nous attire dans le Mal. » (2) Et Frédéric Beigbeder d'ajouter : « Par exemple, il faut avoir le courage d'affronter l'idée qu'un enfant est sexy. »

Après avoir soutenu Marie NDiaye, va-t-il falloir que l'intelligensia se mobilise à nouveau pour protéger le droit à l'expression de Frédéric Beigbeder ? On a l'impression que ça ne lui déplairait pas, qu'il s'offrirait bien une bonne polémique pour Noël. Comme il l'écrit lui-même, « tout écrivain qui s'avise de toucher [au thème de la pédophilie] risque d'être victime d'un lynchage immédiat. » Il semble appeler de ses voeux la bronca à laquelle il s'expose. Il cite Pierre Louÿs, qui dit qu'à partir de huit ans, « il n'est pas convenable qu'une petite fille soit encore pucelle, même si elle suce la pine depuis plusieurs années. » Il ressemble à ce masochiste délaissé qui signale ses incartades à une dominatrice indifférente. « Tu ne vas quand même pas venir me fouetter ? », lui demande-t-il les larmes aux yeux.

C'est que, dans cette affaire, il y a toute une tradition littéraire à défendre. Le gardé à vue le plus célèbre de Paris égrène une liste de grands auteurs menacés par l'ordre moral rampant. On y trouve Gide, Nabokov, Sade, Tournier, Lautréamont, Bret Easton Ellis, Thomas Mann et... Frédéric Beigbeder. Il est toujours plus agréable d'être accusé parmi la foule de ses alter egos.

fredmitterand-simon-isabelle-sipa.jpg
Simon Isabelle-Sipa

Bonne aubaine pour le commentateur, il y a autant de problèmes que d'évidences dans cette chronique. Soit deux. En premier lieu, s'il est absurde de nier que les enfants ont une sexualité, les trouver « sexys » ou non sera laissé à l'appréciation esthétique de chacun. En second lieu, rappelons tout de même que, jusqu'à preuve du contraire, l'affaire Frédéric Mitterrand n'est pas une affaire de pédophilie. Les « maccarthystes français anti-pédophilie » courageusement dénoncés par Beigbeder n'étaient, pour une fois, pas dans le coup.

D.C.

(1) On citera notamment la saillie d'Eric Raoult et la main de Thierry Henry.

(2) Notons que le « Mal » avec un m majuscule est à distinguer du « mal » avec une minuscule. Ex. : « Je lutte contre la tentation du Mal. » / « J'ai mal à la tête. »
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MessageSujet: Pleasure P   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeVen 4 Déc - 7:46

Alors que Pleasure P est au milieu d'une histoire répugnante de pédophilie sur sa nièces et sn neveu âgés touts deux de moins de 5 ans à l'époque des faits (ce qui causa la séparation du groupe Pretty Ricky), Lil Wayne dévoilerait avec humour dans le documentaire sur sa vie réalisé par le fils de Quincy Jones, qu'il aurait été violé !!!
Mais attention pas n'importe quel viol, un rituel de plaisir organisé par son mentor Baby et devant une assemblée masculine assistant au premier plaisir oral du petit ....
Dans quel monde vit-on ? Seriously
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MessageSujet: Ciné : Little Children   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeVen 4 Déc - 7:48

[Ciné] Little Children (again !)


Je sais que je suis quelqu'un de facilement émotif, mais ce film dégage véritablement quelque chose qui me touche et me bouleverse que je ne sais vraiment expliquer. Il y a des histoires comme ça, simples mais montées de façon à nous en foutre plein la gueule. C'est réellement une succession de baffes et de serrages de coeur. Le jeu de Kate Winslet et de Patrick Wilson est tout ce qu'il y a de plus extraordinaire, l'histoire parallèle à la leur touche sans tabou à la question de la pédophilie et présente un ex-détenu dans son plus vulnérable apparat, isolé avec sa mère dans une maison vieillotte régulièrement victime de comportements abjects de la part des gens bien-pensants d'un petit quartier résidentiel bourgeois. Certaines scènes font vraiment mal. C'est un film à ne louper sous aucun prétexte.
Je n'ai pas trop cherché de morale à dégager, j'estime que ce n'est pas le but du cinéma, mais il est tout de même intéressant d'en tirer une réflexion : Parfois il est bon de se rappeler que sous toute crapule, il existe un être humain. Nous avons tous une part d'obscurité en nous et nous fuyons le miroir autant que possible en recouvrant notre quotidien d'artifices divers destinés à masquer tout ce qu'il y a de plus abject en nous.
Pourtant, un individu ne se définit pas par l'une de ses facettes, aussi répugnante soit-elle. Et pourtant, la plupart des gens se fait un malin plaisir de l'oublier.
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MessageSujet: Un court-métrage réalisé sur le sensible thème de la pédophilie. le film se fait à travers le regard de deux enfants uniquement.   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeSam 5 Déc - 9:27

Bonjour à tous,
je viens aujourd'hui poster un court-métrage réalisé sur le sensible thème de la pédophilie.
le film se fait à travers le regard de deux enfants uniquement.

Malheureusement ce sujet qu'on croit si loin de nous peut arriver dans n'importe quelle famille : en France, 1 enfant / 5 connaîtrait un traumatisme sexuel. Et la quasi-totalitées des victimes restent dans le silence, se sentant honteuses et complices. A savoir que la plupart des bourreaux sont dans l'entourage (parents, enseignants, nounou...)

Nous pensons alors que plus on en parle et plus on en parlera, partant de là nous avons essayé de faire un film, qui serait visible par un enfant, bien encadré par des ses parents ou une pédopsychiatre qui pourrait alors lui expliquer qu'il faut parler si ça arrive.
Et aussi sensibiliser les parents que tout peut aller en surface chez son enfant, mais qu'il faut tout le temps redoubler de vigilance.

N'hésitez vraiment pas à en parler autour de vous et même à le diffuser à vos contacts mail, sur vos murs facebook et autres myspace, twitter, msn...

Vous pouvez le voir en meilleure qualité à cette adresse : http://www.vimeo.com/7477012


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MessageSujet: Sexy Joyce de Carol Oates   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeMer 9 Déc - 9:47

Sexy
Joyce Carol Oates


Livre américain

Darren est un lycéen de 16 ans, timide et plein de doutes mais très séduisant, meilleur espoir de l'équipe de natation. Sa beauté lumineuse lui attire même les faveurs de son professeur d'anglais, M. Tracy, qui le surnote. Le jour où, par la faute de M. Tracy, un de leurs copains est renvoyé de l'équipe de natation, les amis de Darren décident de se venger. Inspirés par les manières efféminées de leur prof, ils adressent au directeur du lycée un courrier anonyme et des photos porno accusant Tracy de pédophilie. La farce devient rumeur et bascule dans le drame. Le suicide de M.Tracy transformera Darren en homme responsable

M-C : Un livre émouvant prouvant une fois encore, qu’une vengeance peut conduire à un désastre qui se répercutera dans la vie de nombreuses personnes.

Un livre qui peut être dangereux pour les gens fragiles.
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MessageSujet: Ammar Abdelhamid Dérèglements   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeMar 15 Déc - 8:11

Ammar Abdelhamid
Dérèglements

auteur_10.jpgAmmar Abdelhamid est syrien et, selon l’éditeur, il vivrait à Damas. Une fois ce livre sulfureux refermé, on s’interroge sur la liberté prise par cet auteur qui, avec ce premier roman, signait un récit sans concessions pour les sociétés arabes et les dictatures qui les plombent. À commencer par la Syrie !

Rarement, dans la littérature arabe contemporaine un texte aura été si loin et si crûment dans la dénonciation du machisme, du conservatisme et des dictatures politiques ou religieuses qui bâillonnent les peuples et leurs intellectuels.

De quoi s’agit-il ? Dans un texte mêlant récit, pensées intérieures, “sentiments” et extraits de livres, le lecteur telle “une divinité dans ce monde” finit par connaître la vie privée, les secrets les plus intimes et les ressorts psychologiques de quatre personnages dont les existences traversent une période de “dérèglement”. La tendre harmonie du couple formé par Kindah et Nadim, tous deux intellectuels de renommée internationale, opposants notoires au régime et bêtes noires des islamistes, est mise à mal par le désir d’enfants de Kindah.
Hassan, jeune homme doué d’un sens olfactif hors du commun, se débat entre ses obligations familiales, par son cheikh de père imposées, et ses propres aspirations. Enfin, Wisam, jeune femme au foyer, insatisfaite par son mariage, subit les assauts du conjoint comme autant de corvées odieuses et répugnantes.

En croisant les désirs, les attentes et les besoins de ces quatre destins arabes, l’auteur montre que les vrais “dérèglements” ne sont pas ceux de ces hommes et de ces femmes en quête de liberté de pensée, de tendresse, de sexualité (y compris dans l’adultère, l’homosexualité ou le libertinage) mais plutôt du côté d’une société où l’esprit est emprisonné derrières les barreaux de la dictature ou de l’intégrisme et où les corps sont enchaînés par le conservatisme et les frustrations. Ammar Abdelhamid dénonce avec force et sans fioritures les conséquences du mensonge généralisé et des tartuferies politico-religieuses : pédophilie, inceste, domination des mineurs par les aînés et, bien sûr, étouffement d’une moitié de l’humanité par la gent masculine.

Traduit de l’anglais (Syrie) par Stéphane Camille. Edition Sabine Wespieser, 2002, 194 pages, 19 €
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MessageSujet: Outreau : un film revient sur la tristement célèbre affaire de prétendue pédophilie   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeMer 16 Déc - 5:20

Outreau : un film revient sur la tristement célèbre affaire de prétendue pédophilie

Chronique de mon erreur judiciaire, le livre d’Alain Marécaux, un des accusés de l’affaire d’Outreau, va faire l’objet d’un film.

Vincent Garenq aime les sujets de sociétés : l’an dernier son premier film Comme les autres abordait l’adoption dans les couples homosexuels. Son second s’attaquera à un sujet encore plus délicat : l’affaire d’Outreau. En 2001, quatorze personnes avaient été arrêtés suite à des accusations de pédophilie, avant d’être acquittées et reconnues innocentes en 2005. Parmi elles, Alain Marécaux, un huissier de justice particulièrement marqué par ce procès. Il a raconté sa vision de la chose, et l’impact dévastateur que cette affaire a eu sur son quotidien dans un livre, Chronique de mon erreur judiciaire. Garenq a adapté ce récit d’une vie qui s’effondre. Tournage prévu au printemps prochain.
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MessageSujet: Père des mensonges, Brian Evenson   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeMar 19 Jan - 9:09

Père des mensonges, Brian Evenson

brien_evensonMa curiosité a été éveillée par les billets enthousiastes de Cuné, Amanda, Cathulu. Je lis "impossible à lâcher" (Cuné), j'accours ! J'ai donc abandonné momentanément mes deux lectures en cours pour me plonger dans cet ouvrage. Immersion totale dès le début. Un roman noir, très noir, probablement fidèle à la réalité de certaines communautés religieuses, et à ce titre révoltant.

Eldon Fochs est "doyen laïc au sein de la Corporation du Sang de l'Agneau" (p. 19), une secte religieuse conservatrice. Son épouse lui conseille de consulter un psychothérapeute en raison de troubles du sommeil, de rêves agités où il profère des paroles terribles avec une autre voix que la sienne. Le récit alterne lettres de pression de la hiérarchie du doyen sur le psy, compte-rendus du thérapeute et témoignages de Fochs. Le premier rapport médical révèle des fantasmes pédophiles sur de jeunes garçons, et meurtriers à l'encontre d'une jeune fille (qui a été réellement assassinée). Le récit de Fochs lui-même donne un autre éclairage à l'affaire : on suit les délires hallucinatoires d'un homme malade, certes, mais aussi les aveux froids d'un individu lâche, fourbe, calculateur, qui exploite sa position d'autorité auprès des jeunes gens dont il abuse en prétendant leur donner l'absolution divine. Pédophilie, meurtre, inceste, Fochs est capable du pire, et c'est à peine si on trouve l'ombre d'une explication (quelle a été la véritable enfance du personnage ?)...

Un livre terrible, percutant, sur la pédophilie et les justifications religieuses invoquées ici par le coupable... mais aussi sur l'aveuglement et l'hypocrisie à l'oeuvre dans certaines communautés religieuses où la hiérarchie est prête à tout pour éviter le scandale.

C'est bouleversant, écoeurant, dérangeant. Mais on a beau ressentir une aversion croissante pour le personnage et un violent sentiment d'injustice et de révolte, on est malgré tout captivé et on aimerait pouvoir lire ce livre d'une traite.

Leiloona en parle ici. Stephie et Pimprenelle en ont fait leur lecture du dimanche.

Père des mensonges, Brian Evenson, Le Cherche-midi, janvier 2010, 233 p.
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MessageSujet: Un ouvrage disponible en open library   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeMar 19 Jan - 9:12

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MessageSujet: Syndrome d'aliénation parental   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeMer 20 Jan - 7:03

C'est avec une grande surprise que j'ai appris récemment que Simone Veil était la marraine d'une "association contre l'aliénation parentale".

On trouve facilement le site de ce groupe sur internet. Et à la première lecture, rien à redire. L'association s'inscrit dans des grands principes très généreux et lutte contre la coupure qu'un enfant peut vivre avec l'un de ses parents lors d'un divorce.

L'attention est autrement attirée lorsque l'on connaît les masculinistes, hommes organisés en groupes pour défendre la cause des hommes (en résumé conserver le pouvoir et le reprendre là où une parcelle a été perdue au profit des femmes qu'ils rêvent de renvoyer à leurs casseroles).

Ceux-ci ont, en effet, l'expression "syndrome d'aliénation parentale" à la bouche à chaque coin de phrase. Elle s'accompagne généralement de l'argument des "fausses allégations".

Une des origines de cette "pensée" remonte à un pasteur et psychologue américain, Ralph Underwager, inventeur du "Syndrome des Faux Souvenirs " selon lequel des femmes adultes s’inventeraient des souvenirs de viols subis pendant leur enfance.

Underwager a été accusé de violences sexuelles par sa propre fille et défendait publiquement des thèses pro-pédocriminelles, appelant les "pédophiles" à "affirmer fièrement et courageusement leur choix."

L’adage de Ralph Underwager est: "Il est préférable qu’un millier d’enfants dans des situations d’abus ne soient pas découverts qu’une personne innocente soit condamnée par erreur ".


De même, le principe des "fausses allégations" cher aux masculinistes, consiste à affirmer que toute femme qui se plaint de violences conjugales inventerait les agressions dont elle est victime pour mieux faire condamner le conjoint dont elle veut se séparer et en tirer quelque avantage.


Plus près de nous, comme l’a souvent dénoncé le sociologue Léo Thiers Vidal : «le psychologue belgo-canadien, Hubert Van Gijseghem qui représente selon de nombreux observateurs un des courants les plus réactionnaires sur la question des violences faites aux enfants répand le concept du "Syndrome d’aliénation Parentale " (SAP) dont l'association parrainée par Simone Veil, dont il est ici question, fait l'éloge.


Dans la ligne de Ralph Underwager, ce "syndrôme d'aliénation parentale" fut inventé de toute pièce en 1985 par un autre masculiniste américain, Gardner, qui défendait aussi la pédophilie...


Son SAP, "Syndrome d'Aliénation Parentale", n'a aucune validité médicale et ne repose sur aucun symptôme médical défini ni sur aucune diagnostic précis. Il a systématiquement été rejeté par la communauté scientifique, médicale et psychiatrique aux Etats-Unis et n'a donc jamais été référencé dans le DSM (manuel diagnostic des psychiatres américains).


Et voilà qu'il fait un tabac en Belgique et en France, au point de justifier la création de cette association qui le défend. Leur représentants sont reçus longuement sur TF1, France 2, France 3, France 5 (l'excellente émission "les maternelles" leur a largement ouvert les portes) etc


Dans "True and False Allegations of Child Sex Abuse", Gardner affirme, sans se référer à la moindre étude empirique, que la pédophilie, le viol, la nécrophilie, la zoophilie sont des mécanismes d'adaptation naturels qui stimulent la procréation et augmentent donc les chances de survie de l'espèce...


Gardner affirmait que les femmes seraient naturellement passives et que le viol résulterait de cette passivité: la passivité sexuelle des femmes les conduisait à devenir des victimes masochistes de viol ressentant du plaisir à être soumises à des mauvais traitements.


Gardner déclarait que les activités sexuelles entre les adultes et les enfants feraient partie du répertoire naturel de l'activité sexuelle humaine et que la sexualité entre adultes et enfants serait une pratique constructive du point de vue de la procréation, la pédophilie permettant selon lui de rendre l'enfant hyper-sexualisé et ainsi plus enclin à rechercher des expériences sexuelles qui stimuleront la procréation.


Gardner affirmait que le mal causé par ces paraphilies sexuelles ne provenait pas d'elles à proprement parler mais uniquement de la stigmatisation sociale dont elles sont l'objet.


Le "psychologue" québécois, Yvon Dallaire, qui parle dans mon film (d'aller sur Mars), écrit pas mal de choses qui évoquent cette doxa. Selon lui, une relation sexuelle entre adulte et enfant pourrait être sans conséquence physique ou affective pour l'enfant... En revanche, en faire état serait très préjudiciable à la psychologie des victimes.


Il se réfère à une "étude allemande" où plus de "8.000 enfants ont été impliqués dans des rapports sexuels avec un adulte". En langage clair, "un viol". (Remarquez le choix du verbe "impliquer" à connotation très active.) La plupart d'entre eux ne se porteraient pas plus mal après avoir été sexuellement abusés.


Aujourd'hui, ce concept de "syndrôme d'aliénation parentale" se répand comme une trainée de poudre chez les avocats, juges, travailleurs sociaux, souvent ignorants de l'origine de cette idée et croyant bien faire en en faisant la promotion.


Depuis quelques années, en France, le Collectif contre le viol suit de près le phénomène et publie des études accumulant les preuves de déni de justice basés sur le "sydrôme d'aliénéation parentale" justement. On y lit des témoignages à propos d'enfants souffrant de lésions annales, séropositifs comme leur père mais néanmoins confiés régulièrement à leur agresseur sans aucun contrôle. Le tout au nom du SAP.


Pire, des mères tentant de protéger leurs enfants en dénonçant leur conjoint ou ex-conjoint agresseur se voient condamnées en diffamation au nom de l'argument des "fausses allégations" si cher aux masculinistes.


En novembre 2002, M. Juan Miguel Petit, rapporteur auprès de la commission des droits humains de l’ONU visite la France (1) dans un contexte pénible : depuis plusieurs mois des mères françaises fuient le pays afin d’offrir à leurs enfants la protection que la justice ne leur a pas assurée (2).

Deux rapports ont fait suite à cette visite, l’un, préliminaire (3) rendu public à la fin de l’année 2002, suivi d’un rapport complémentaire (4) en octobre 2003. Le rapporteur de l'ONU y dresse un triste constat : « Les personnes qui soupçonnent et dénoncent des cas d’agressions sexuelles sur enfants encourent le risque d’être accusées de mentir ou de manipuler les enfants concernés, et sont menacées de poursuites judiciaires ou de sanctions administratives pour diffamation, si leurs accusations ne conduisent pas à la condamnation de l’agresseur présumé » (5). M. Petit poursuit : « Dans un nombre croissant de cas, des parents séparés (...) choisissent d’emmener leur enfant hors de France, plutôt que de se plier à une décision de justice qui (...) exposerait la victime à de nouvelles atteintes sexuelles » (6). (lire à ce propos l'article de Hélène Palma, et Léo Thiers-Vidal)


Aujourd'hui, après beaucoup d'autres personnes de qualité, Simone Veil est tombée dans ce panneau. On ne peut imaginer une seule seconde qu'elle ait la moindre connaissance de l'origine des idées auxquelles elle prête son nom.

Il faut dire que les défenseurs du SAP ont déployé un argumentaire très rassurant et fort bien tourné. Il faut être bien documenté pour comprendre que chez certains, ces théories ont pour but d’empêcher des poursuites contre des pères abusifs voire de légitimer des agressions sexuelles contre leurs enfants. On mélange tout et fait témoigner à la télévision des personnes de bonne foi racontant comment un divorce qui a mal tourné les a écartés de leurs enfants ou petits enfants. Leur souffrance réelle touche le public qui retient l'expression "syndrôme d'aliénation parentale" qui n'a malheureusement rien à voir avec les situations décrites par les témoins.

Philippe D. Jaffé, professeur de psychologie à l’université de Genève et président de la Société Suisse de Psychologie légale (SSPL), déclare (cité par Vidal)" l’aliénation parentale est un concept qui est souvent récupéré par des avocats et des parents peu scrupuleux et même brandi par plusieurs milieux associatifs actifs dans la promotion des droits du père ".


Pour mieux comprendre les dégâts commis par les auteurs et promoteurs de cette idéologie, il faut relire Vidal critiquant les particularités méthodologiques du belgo-canadien Van Gijseghem agissant en tant que "expert" devant des tribunaux.


« Dans un procès, un homme accusé d’avoir sexuellement agressé une fille de 10 ans (attouchements et tentative de viol) avait été expertisé par Van Gijseghem : celui-ci lui avait donné quatre tests évidemment " scientifiques et objectifs, donc non projectifs " pour que celui-ci les remplisse... tranquillement chez lui.

Lors du procès Van Gijseghem avait déclaré : " Il n’est pas très probable que M. S. ait posé les gestes qui lui sont imputés. Mon flair clinique ne m’a pas fait voir de danger ".

Ni son " flair " clinique, ni ses tests " objectifs " semblent très opérationnels, puisque l’homme accusé se révèlera plus tard être récidiviste (il avait été condamné à 6 mois de prison pour le viol d’une fille de 15 ans et il avait reconnu un autre viol aux Pays Bas). Cet homme, M. S., reconnaîtra plus tard non seulement l’agression sexuelle contre cette fille de 10 ans, mais également deux autres viols. »

Evidemment, les cas sont nombreux où les parents se déchirent pour obtenir la garde des enfants, poussés par le désir de jouer un rôle éducateur dans le meilleur des cas, de celui de punir l'autre parent dans le pire. Evidemment, des grands-parents sont aussi parfois privés de contacts avec leurs petits-enfants dans le même contexte. Ces souffrances sont bien réelles.

Mais le concept du "syndrome d'aliénation parentale" n'a rien à voir avec cela.


La stratégie des masculinistes (hommes souvent, femmes parfois) telle qu'il me l'ont souvent décrite en privé consiste à entretenir des confusions pour que les expressions fassent leur chemin dans le grand public: SAP, fausses allégations, misandrie...

Impossible de savoir si l'association contre l'aliénation parentale en est victime ou complice. Imaginerait-on une association de défense des droits humains s'appeler KKK ?

Si ces quelques lignes tombaient sous les yeux de madame Veil pour qui j'ai évidemment plus grand respect, je ne pourrais lui donner qu'un seul conseil: lire les travaux de Gardner sur le "Syndrôme d'aliénation parentale" auquel on associe son image. Et se faire une idée...


1. M. Petit a sollicité cette visite après avoir eu connaissance de dossiers préoccupants en France (ONUG-HCDH CH-1211 Genève).
2. « Ces mères qui fuient à l’étranger avec leurs enfants », Marie-Claire, juillet 2002 ; « Les Fugitives », Zone Interdite, avril 2003.
3. Pré-rapport.
4. Rapport complémentaire : Rapport complémentaire.
5. Pré-rapport.
6. ibid.
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MessageSujet: Doute - De John Patrick Shanley   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeSam 23 Jan - 6:27

Thierry Frémont : Doute, de la scène à l'écran

Par Laurent Djian (Studio Ciné Live), publié le 22/01/2009 à 12:36 - mis à jour le 22/01/2010 à 12:45



Pourquoi inviter Thierry Frémont à la projection de Doute, un drame avec Meryl Streep et Philip Seymour Hoffman ? Parce qu'il a tenu lui-même le rôle du père Flynn au théâtre, à Paris, en 2006, sous la direction de Roman Polanski. Et qu'il a des remarques passionnantes.

Quelles sont les différences entre la pièce et son adaptation cinématographique ?

Thierry Frémont : Au théâtre, l'intrigue se déroulait exclusivement dans le bureau de soeur Aloysius et comptait deux scènes dans le jardin. Passage sur grand écran oblige, John Patrick Shanley a aéré la pièce, dont il est d'ailleurs l'auteur. Il a utilisé davantage de lieux, comme le réfectoire, les couloirs de l'école et même la rue. Il a également ajouté des petits détails, comme une ampoule qui claque pour rythmer l'affrontement entre le père Flynn et les soeurs. Son film ne sent jamais le théâtre, c'est l'une de ses grandes qualités, même si je pense que, du coup, il perd un peu de son aspect oppressant.

Dans quel sens ?

La pièce ne durait que 1 h 20 contre 1 h 45 ici. À partir du moment où soeur Aloysius soupçonnait le père Flynn de pédophilie, le sentiment d'étouffement grandissait. Il n'y avait ni temps mort, ni respiration.

Pour quel type de mise en scène avait opté Roman Polanski ?

Minimaliste, austère. Les acteurs ne se déplaçaient que très peu. Chaque mouvement avait une signification précise. Shanley, qui avait assisté à notre première, avait d'ailleurs félicité Roman. Ce qui ne l'a pas empêché de vouloir une réalisation moins radicale pour son film. Je comprends parfaitement son choix, l'essentiel étant que le fond reste aussi dense et complexe.

Considérez-vous qu'il s'agit d'un texte anticlérical ?

En aucun cas. Je me souviens d'ailleurs que La Croixs'était fendu d'une très bonne critique. La pièce, qui a été écrite en 2000, se déroule à New York, juste après l'assassinat de JFK. Elle cherche avant tout à montrer deux façons d'envisager la foi. Soeur Aloysius représente l'église d'avant-Kennedy, plus archaïque, rugueuse, moins tolérante. Le père Flynn, lui, incarne l'après-Kennedy, il est moderne, rêve d'une église plus accueillante, veut introduire des chants profanes - les Beatles - au spectacle de Noël. Le texte évoque également une multitude d'autres thèmes, comme l'homosexualité, l'exclusion, la difficulté d'être noir dans les années 60. Sans oublier la rumeur. La manière dont un metteur en scène arpente la vie influe directement sur son travail. Compte tenu de l'histoire personnelle de Roman Polanski [en 1973, il a fui les États-Unis où on l'accusait d'avoir violé une adolescente de 13 ans, NDLR],il semble évident que le sujet du ragot et de la calomnie l'a particulièrement intéressé.

Comme son titre l'indique, le sujet central du texte ne reste-t-il pas le doute ?

Absolument. «Si tu veux être heureux, crois ; si tu veux savoir, cherche et souffre», disait un philosophe. Il a raison. Le doute ouvre au débat, permet de se remettre en question, même si, au quotidien, il est bien plus douloureux et inconfortable de vivre avec ça en soi. Cette pièce m'a plu parce qu'elle privilégie la réflexion à l'affirmation et qu'elle se termine sur un énorme point d'interrogation quant à la culpabilité du prêtre.

Malgré ce point d'interrogation final, Philip Seymour Hoffman affirme qu'il est arrivé à ses propres conclusions, même s'il a refusé de les partager avec les comédiennes. De votre côté, pensez-vous que le père Flynn est coupable ?

Je l'ai joué la plupart du temps en me disant qu'il était coupable, mais pas d'attouchements envers un gamin. Flynn avoue avoir déjà été renvoyé d'autres paroisses, il a donc certainement des choses à se reprocher. Je m'étais alors raconté qu'il avait péché par la chair. Il est tactile, Flynn, il aime séduire. Outre un prêtre, c'est un prof de basket. Pour lui, le corps existe et il doit donc exulter.

Avant de l'incarner, aviez-vous, comme Philip Seymour Hoffman, passé du temps dans une église catholique afin d'apprendre les devoirs d'un curé ?

Je m'étais contenté d'assister à plusieurs messes à l'église de Saint-Germain-des-Prés, afin de trouver le ton juste, limite chantant, d'un prêtre lors de son sermon. C'est un rôle tellement bien écrit qu'il ne nécessite pas d'effectuer de nombreuses recherches. Je précise que Shanley a reçu le prix Pulitzer pour sa pièce.

Pour finir, un mot sur la prestation de Meryl Streep...

Dominique Labourier incarnait une soeur Aloysius bien plus revêche, monomaniaque, psycho-(f)rigide. Meryl Streep, elle, lui apporte un peu plus d'humanité. J'avoue que ça m'a surpris. Sa prestation n'en reste pas moins formidable, elle n'a pas été nommée aux Golden Globes par hasard.
Doute - De John Patrick Shanley - Avec Philip Seymour Hoffman, Meryl Streep, Amy Adams... - Sortie : 11 février - Thierry Frémont sera prochainement à l'affiche d'Une affaire d'état d'éric Valette.
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MessageSujet: Les ballets écarlates de Mocky censurés ? par qui ?   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeMer 3 Fév - 7:11

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MessageSujet: Outreau prochain sujet d'un film   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeJeu 4 Fév - 6:07

L'affaire d'Outreau, fiasco judiciaire retentissant à l'issue duquel 13 personnes, accusées à tort de pédophilie en 2001-2002 dans le nord de la France, ont été reconnues innocentes, va faire l'objet d'un film dont le tournage débutera en avril, a-t-on appris mercredi.

Le film, intitulé "Présumé coupable" et interprété notamment par l'acteur Philippe Torreton, sera réalisé par Vincent Garenq, a précisé à l'AFP la société de production Nord-Ouest Films.

Il s'agira d'une adaptation du livre "Chronique de mon erreur judiciaire" d'Alain Marécaux, un huissier de justice mis en cause à tort dans l'affaire, a précisé Nord-Ouest Films.

Le dossier de pédophilie d'Outreau, une petite ville du Nord, avait défrayé la chronique avant de virer au fiasco après deux procès en assises en 2004 et 2005, où treize des dix-sept accusés ont été acquittés, après parfois trente mois de détention provisoire.

Le jeune juge Fabrice Burgaud, qui avait instruit l'affaire, a été sanctionné par l'instance disciplinaire des magistrats.
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MessageSujet: Dernières nouvelles de Tony Duvert   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeSam 6 Fév - 7:21

Dernières nouvelles de Tony Duvert

Mathieu lecteur généreux du blog vient de me prévenir de la parution du livre sur Tony Duvert dont il est question à la fin du billet, qu'il en soit grandement remercié. En allant voir sur la toile de quoi il retourne je suis tombé sur ce témoignage dans un site , osons le mot GENIAL (http://michel.longuet.free.fr/index.html), c'est là, texte qui me semble de très bon augure pour le livre dont je vais guetter la sortie pour le lire et vous en parler au plus vite, vers la fin avril après une douzaine de jours de vacances lointaine...




La mort par le journal

J’étais au Portugal, j’ai lu dans Le Monde un petit entrefilet disant que Tony Duvert avait été retrouvé décédé chez lui. Ce qui m’a frappé c’est qu’il était mort depuis un mois. Ça m’a renvoyé à beaucoup de choses, notamment à toute cette période où on était proches, entre 1970 et 1985. Quand je suis revenu à Paris, j’ai demandé à Irène Lindon si elle savait quand et où serait son enterrement mais elle n’avait aucune information. Tony s’était retiré du monde, même si ça ne s’est pas fait du jour au lendemain. En 82, après la publication d’Un anneau d’argent à l’oreille dont j’avais fait la couverture, il a commencé à se retirer. Il était un peu déçu de l’accueil que le livre avait eu, à tort me semble-t-il. Il pensait que son éditeur Jérôme Lindon n’aimait pas son roman, ce qui était faux, Lindon n’était pas du tout homme à publier ce qu’il n’aimait pas. A partir de ce moment-là les relations ont commencé à se distendre. On convenait qu’on allait se voir, il annulait. Jean-Pierre Tison dont il était très proche m’avait dit qu’il avait les mêmes problèmes avec Tony. Il y a eu un retrait du monde. Un retrait progressif. A partir de 85, il a habité à Tours et ensuite dans ce petit village, Thoré-la-Rochette. Je suis allé le voir à Tours, il n’était plus là, dans l’appartement. Je lui ai écrit à Thoré mais il n’a jamais répondu. Il était allé dans ce village parce qu’il n’arrivait plus à payer le loyer de son petit appartement mais aussi pour se rapprocher de sa mère, ce qui pourrait paraître étonnant, vu ce qu’il a écrit sur la détestation des mères. Mais j’ai toujours en mémoire cette phrase de L’Enfant au masculin : « On me reproche à moi, pédophile, d’être jaloux de l’utérus des dames ». On le sait, la jalousie n’est jamais sans amour.

Ce retrait, ce silence

Après Un anneau d’argent à l’oreille il s’était mis à un roman, il m’en parlait souvent mais ce roman c’était visiblement la tapisserie de Pénélope, il détruisait systématiquement ce qu’il faisait. Il y avait là déjà une crispation, une difficulté d’écrire. Si on replace les choses dans l’époque, il y a eu un basculement en 68, une sorte de libéralisation des homosexuels qui pour la première fois n’avaient plus à raser les murs, n’avaient plus à faire des rencontres dans des jardins publics ou des toilettes avec 100% de chances de se faire agresser. C’est vrai que 68 avec la naissance du FHAR a donné une ouverture, une liberté totalement inconnues jusque-là. Ça peut paraître désuet aujourd’hui mais c’était une libéralisation des mœurs. La pédophilie avait eu l’illusion qu’elle allait avoir sa place, une certaine reconnaissance, le droit d’exister. Et puis après, le château de cartes s’est écroulé, ça a été la chasse aux sorcières. J’imagine que Tony avait une grande foi dans son écriture, il pensait que ça pouvait changer les choses. Il était très militant. D’ailleurs à partir du moment où il a affirmé plus clairement sa pédophilie dans ses livres, son écriture est devenue plus classique. Il disait qu’il avait l’ambition d’écrire comme Guy des Cars – non pas qu’il admirait l’œuvre de cet écrivain – mais parce que pour lui Guy des Cars savait se faire comprendre, c’est ce à quoi il voulait arriver avec une écriture classique : se faire comprendre. On a cette écriture très française à partir de Journal d’un innocent et dans L’île Atlantique qui était sans doute son livre préféré. Tony voulait que son écriture ait une action sur la société. Je le compare un peu au peintre allemand Georges Grosz qui était un dessinateur de presse et qui a eu une action très militante au moment de la montée du nazisme et puis il a immigré aux Etats-Unis et là il a fait une œuvre honorable, mais c’était fini, terminé, il n’avait rien à faire là-bas. Je pense que Tony a eu ça, après une période où il a cru que son écriture pouvait avoir une action sur le monde, il s’est senti bâillonné, il n’avait plus rien à dire à la société. Tony était quelqu’un d’entier, il ne faisait pas dans la demi-mesure. A partir du moment où il n’était plus satisfait de ce qu’il disait, qu’il n’en éprouvait plus la nécessité, il a préféré le silence. C’est plus qu’honorable.

Période Minuit

Quand je suis entré aux Editions de Minuit – je venais de publier Chassés-Croisés – j’ai luInterdit de séjour que j’ai beaucoup aimé et Jérôme Lindon nous a présentés. Effectivement le courant est passé tout de suite. Tony a écrit un long texte sur mon livre, un très beau texte que j’ai toujours et qui n’a finalement pas été publié. Et puis il y a eu la revue Minuit, on y a travaillé tous les deux. Le premier texte de lui que j’ai illustré, c’étaitLa Lecture introuvable dans le numéro 1 de la revue. La deuxième couverture, c’était celle du Bon sexe illustré qui ne plaisait pas trop à Tony ni aux libraires qui avaient peur que ça choque. Et puis la troisième par contre qui lui plaisait beaucoup c’était celle d’Un anneau d’argent à l’oreille. Je me souviens d’une photo prise par un journaliste duNouvel Observateur : Lindon, Tony et moi devant l’entrée des Editions de Minuit, Tony fumant une cigarette. Ca faisait référence à la photo mythique de Nouveau Roman. Je me moquais de Tony, je lui disais regarde la photo de Beckett comme elle est belle, tu te rends compte que Jérôme a fait venir Cartier-Bresson et pour toi il fait venir un photographe inconnu, et évidemment Tony marchait et grimpait au rideau. J’habitais à cette époque rue du Dragon et lui à un pâté de maisons et on se voyait très souvent. A vrai dire, on parlait de toutes sortes de choses, mais pas forcément d’écriture. Je n’étais pas considéré comme un écrivain, il aimait mon côté enfantin, mes dessins. L’écriture, c’était pour les grands garçons. Je me souviens très bien de la rédaction du Bon sexe illustré. Jérôme le titillait parce qu’il voulait que le livre paraisse en même temps qu’un livre de Robbe-Grillet, ce qui exaspérait Tony qui lui disait : mais non, écrire un livre ce n’est pas comme repeindre une pièce, on ne peut pas minuter. Je me souviens qu’une fois il était grippé. Je lui avais fait des courses, des yaourts, des fruits, des choses qu’on mange quand on n’a pas faim, et j’étais arrivé dans son appartement : il avait une barbe de trois jours, un jean tout pourri, un T-shirt, il était dans un état de nervosité incroyable. Il y avait dans la cheminée une énorme quantité de papiers froissés. Il m’a dit : j’ai travaillé mais je n’ai rien fait de bon. Quand il écrivait, je crois qu’il y avait en lui une tension très forte. Je me souviens aussi de l’écriture de Journal d’un innocent dont le titre d’ailleurs a été trouvé par Jérôme Lindon. Le livre s’appelait d’abord Journal d’un pornographe. Tony était à Marrakech, il y est resté plus d’une année, il a écrit le livre sur place, il l’a envoyé manuscrit par lettres aux Editions de Minuit, au fur et à mesure, comme un véritable journal. On était loin de l’écriture nouveau roman du début. Avec ce livre, Tony était persuadé qu’il allait avoir un prix. Il y croyait dur comme fer. Ses livres d’ailleurs étaient très bien accueillis à ce moment-là. Il faut se souvenir qu’avec Paysage de fantaisie, en 1973, il a eu le prix Médicis.

Tony Portrait

Nous avions très exactement le même âge, nés en 1945. D’ailleurs son nom – qui n’est pas un pseudonyme comme on le croit souvent – en témoigne. Son prénom américain, c’est un hommage de sa famille aux libérateurs juste après la guerre. C’était quelqu’un de brillant. Il a écrit très tôt. Jeune, il était déjà très mélomane, et il a hésité entre une carrière de pianiste et l’écriture. Je sais qu’à Tours il prenait encore plaisir à aller jouer chez son frère. Son premier livre, Récidive, paru quand il avait vingt-deux ans, il a commencé à l’écrire chez lui, dans la maison familiale. Je ne sais plus où ils habitaient, Tony parlait peu de sa famille mais je me souviens qu’il avait perdu son père assez jeune. Il a donc écrit ce premier texte très tôt, à la fin de l’adolescence. Au physique, Tony était quelqu’un de très mobile. J’ai essayé plusieurs fois de faire son portrait, c’était impossible. Il avait des yeux qui n’arrêtaient pas de bouger, il était sans cesse en mouvement, sa démarche était très saccadée, il était tout sauf calme. Tony avait un charme un peu bourru. Il faisait un peu campagne. Je me souviens d’un déjeuner chez Jérôme où ce dernier lui avait dit : souvenez-vous au début quand vous êtes arrivé aux Editions de Minuit, vous aviez l’air d’un apprenti boucher. Et effectivement c’était quelqu’un d’un peu rustaud, ce n’était pas un homosexuel raffiné qui levait son petit doigt en buvant son café. Il n’était pas habillé de façon recherchée, détestait les mondanités, n’aimait pas faire de photos et ne faisait jamais de séances de dédicaces. Très rapidement, après son prix, il a quitté Paris. Mais vraiment c’était quelqu’un qui aimait bien rire. Quand il venait chez moi, c’était la récréation. Je me souviens que je ne voulais pas qu’il regarde mes dessins en cours, je les cachais, il s’évertuait à les regarder quand même, c’était un jeu entre nous. Je n’ai pas du tout le souvenir de quelqu’un de replié sur lui-même. Je l’ai connu pendant quinze ans et je peux dire qu’il était tout sauf déconstruit. On est loin de l’image de cet homme solitaire qui ne parle à personne dans ce village de Thoré. Sexuellement parlant, il avait une vie très très active. On ne retient aujourd’hui que la pédophilie de Tony, mais cela intervenait dans un ensemble, je lui ai connu beaucoup de relations avec des garçons de son âge. J’ai lu Jules Vernes quand j’étais gamin, je ne me suis jamais préoccupé de savoir s’il était allé au pôle nord ou pas. Je pense que la pédophilie dont parle Tony dans ses livres est une pédophilie totalement sublimée. Lewis Carroll, dont il parle dans L'Enfant au masculin, pouvait sublimer totalement sa pédophilie. Paradoxalement, Lewis Carroll était protégé par le puritanisme. Il n’y avait pas la possibilité d’avoir une relation avec un enfant à cette époque-là. On s’imagine que Lewis Carroll roulait les mères mais pas du tout, il était lui-même pétri de puritanisme, il avait un amour fou pour ces petites filles, passer à l’acte lui paraissait impensable. Tony, lui, a vécu la libéralisation des mœurs, il y a vu une ouverture, une sorte d’espoir de voir le désir pour les enfants accepté. Et puis avec le retour d’un certain ordre, tout ça s’est écroulé. Moi je donne cette explication, il y a sans doute d’autres raisons de son retrait. Les difficultés matérielles vraisemblablement, et puis peut-être quelque chose dont nous n’avons pas du tout idée.

Oublier Tony

Il y a donc eu une rupture, il y a eu un écroulement chez Tony. Tout à coup, une sorte de suicide social. Et tout à coup, l’écriture ne jouait plus son rôle, ça ne correspondait plus à rien. Tony était un écrivain, et son écriture s’est écroulée et il s’est écroulé avec. Sans aucun doute, avant qu’il ne parte au Maroc, il y avait chez lui une sorte de rejet de la vie occidentale, il n’y trouvait pas sa place. Et là il était très remonté, un peu Gauguin partant pour les îles Marquises. Il avait l’espoir de pouvoir trouver au Maroc enfin une vraie vie, il a eu je pense là-bas des plaisirs et des déceptions. Il n’a pas voyagé ailleurs, il est revenu. Après Marrakech, il a souhaité partir vivre à la campagne. Il aimait beaucoup la campagne, il avait une vision un peu bucolique de tout ça, qu’on retrouve dans ses livres. Il évoquait souvent Rousseau, c’était un écrivain auquel il faisait volontiers référence. Il est allé à Tours et ce n’était donc pas d’abord un repli. Il y avait quelque chose de voulu dans ce départ. Tours c’était une proximité avec sa mère, mais c’était aussi aller vers un lieu où la langue est simple et "pure" en quelque sorte, c’est une idée qu’il avait. Il y a donc d’abord eu le départ à la campagne, et ensuite l’effondrement. Il a cessé de répondre aux lettres, y compris de son éditeur. Il a fait silence, évidemment on ne peut s’empêcher de penser à Rimbaud. Il ne faut pas oublier que Tony a été refusé par beaucoup de maisons d’édition. Il a été refusé pour pornographie. Personne ne voulait de son œuvre. Il était traîné dans la boue par les professionnels. Et pas seulement pour son premier livre. Minuit a été le seul éditeur à vouloir publier son œuvre. Jérôme Lindon aimait beaucoup son travail et l’a toujours soutenu. Et puis la société l’a congédié. Maintenant est-ce que son œuvre passera à la postérité, je n’en sais rien. Je crois qu’il y a une sorte de mythe autour de Tony qui est en train de se faire. On trouve de nouveau ses textes en librairie. Les livres de Tony sont là et il n’y a qu’à les ouvrir.

> A paraître
> Tony Duvert, l'enfant silencieux
> par Gilles Sebhan
> (Éditions Denoël) en avril 2010
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MessageSujet: Michel Foucault, Guy Hocquenghem et la pédophilie (un dialogue de 1979)   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeDim 7 Fév - 7:21

Michel Foucault, Guy Hocquenghem et la pédophilie (un dialogue de 1979)

Les grands émancipés du gland et les prosélytes de la cuisse légère tourneboulés par l’épiphanie partouzarde vous diront toujours que le désir, à défaut d’être révolutionnaire, est de toute façon innocent, une manière de dire que tous se valent. Ce grand récit a commencé à germer non pas en 1968 mais dans ces lisières, entre la redécouverte de Reich, de la personnalité autoritaire et d’une analyse permanente de ce qui avait bien pu conduire de braves gens au fascisme.

A mesure que la spirale du temps se déroulait, les protagonistes de l’épopée « foutons mes frères, foutons », se sont conçus comme une avant-garde et ont commencé à regarder le menu peuple comme un conglomérat de petits fumiers apeurés toujours partant pour la grande boucherie. Insatisfaits, les couilles pleines, le cerveau brumeux c’est ainsi que fut conçu le beauf.

Dans les contre-allées de la révolution sexuelle on découvrit bientôt le pédophile et cette fois-ci, on ne pouvait plus boucler les issues, il fallut bien se dire que le désir pouvait être malade, qu’il n’était pas toujours le jeu gentil « échange mon cul contre chevauchée » mais, quelques fois une figure pulvérulente, un marcassin descendant l’escalier avec corde, scie et face de groin.

Ce tournant est récent, il suffit de plonger dans les écrits des années héroïques pour savoir que le grand lâchez tout post-68 n’atteignit pas que la pellicule du délire sympathique mais la membrane où la simple morale n’est plus possible.

Prenons les Dits et Ecrits de Foucault, Tome 2 de l’édition Quarto. L’article a pour titre la loi de la pudeur, il date d’avril 1979, c’est un dialogue à 4 entre le philosophe, Guy Hocquenghem, Jean Danet (avocat) et Pierre Hahn journaliste à Gai Pied.

Guy Hocquenghem attaque bille en tête, il rappelle la pétition qui réclame la « décriminalisation des rapports entre majeurs et mineurs en dessous de 15 ans ». Il semble que la mamie Nova de l’enfance, l’impayable miss Dolto l’ait signée. Le même s’en prend à cette opinion populaire qui manifeste une « horreur spontanée pour tout ce qui a trait au sexe quand c’est lié à l’enfant », puis il vise le Nouvel Observateur qui aurait eu le tort de qualifier la pornographie enfantine aux Etats-Unis de « cauchemar » alors que les braves noirs sont sans cesses réprimés et plongés dans le drame.

Jean Danet, lui, en veut aux psychiatres qui ont l’impudeur de considérer les « rapports » entre enfants et adultes comme traumatisants alors que ces petits mioches ne sont que des « soit-disantes victimes » bienheureuses de se faire enfiler. Car la seule manipulation qui soit possible envers les chères têtes, encore blondes, c’est celle de leur parole par un psychiatre, en aucun cas de leur corps par un malade qui prétend leur faire du bien.

Michel Foucault très docte intervient en explorateur et réduit la thèse des pénalistes et des psychiatres à l’assertion suivante : « cette sexualité de l’enfant est une terre qui a sa géographie propre où l’adulte ne doit pas pénétrer (sic). Terre vierge, terre sexuelle certainement, mais terre qui doit garder sa virginité. ». Le philosophe en Livingstone de la carte du tendre des moins de 15 ans.

Hocquenghem pousse un cri aigu, s’échauffe, on veut criminaliser un goût particulier comme si on envoyait au ballon l’amateur d’oranges, c’est dégueulasse. Et puis on veut lyncher les pédophiles, la population aide la gendarmerie, c’est Vichy je vous dis laissez-nous ramoner en paix.

Foucault-Livingstone résume, avant on s’attaquait aux actes, maintenant aux « individus dangereux » et ce n’est plus le pédophile qui se présente mais la « sexualité ». Ce tour de passe-passe permet de présenter le goût particulier en question comme une simple variante des rapports entre hommes et femmes, ou des « adultes entre eux ». Foucault veut rallier tous les jouisseurs, entre le pédophile et vous ce n’est qu’une question d’échelle, le condamner lui c’est prendre un sécateur pour vous castrer. Ce qui est certain c’est qu’au bout de la nuit, il y a encore la nuit, cette fois-ci c’est la lanterne rouge de la morale dans son bordel saint sulpicien qui sombre car Foucault a subverti la morale chrétienne pour lui substituer celle de l’Antiquité, ne vous souciez pas de l’objet de vos désirs, soyez actif.

Guy Hocquenghem, à la fin de l’entretien, le dit dans ses propres termes de faune frétillant « quand nous disons que les enfants sont consentants dans ces cas-là, nous voulons simplement dire ceci : en tout cas, il n’y a pas eu de violences ou de manœuvres organisées pour leur arracher les rapports affectifs ou érotiques ».

Je passe sur l’usage du verbe arracher, comme on parle d’extorsion, mais on voit bien cette morale du sang-gêne, si j’ai du fric, si je séduis, si tu dis oui, qui que tu sois tu consens et je continue la série ininterrompue de mes fornications car je suis méga-actif.

Publié dans Uncategorized | Mots-clefs : guy hocquenghem, michel foucault, pédophilie
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MessageSujet: Vancouver : cité de la pédophilie,Misère, barbarie : ce qu'on oublie de Vancouver   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeJeu 11 Fév - 5:19

Misère, barbarie : ce qu'on oublie de Vancouver


Elise Fontenaille n'en est pas à son premier roman choc. Dans Unica (grand prix de la science-fiction française 2008), elle explorait le sujet la pédophilie en ligne. L'écrivain, qui aime "gratter là où ça fait mal", publie cette fois Les Disparues de Vancouver, récit-enquête sur un crime barbare qui bouleversa la ville canadienne il y a dix ans. Alors que Vancouver accueille fastueusement les J.O. d'hiver 2010, Fontenaille pointe ainsi du doigt la misère insoutenable, le racisme et les traumatismes qui se cachent derrière "l'image rêvée que Vancouver veut donner au monde".
Le quartier que Vancouver préfère cacher
« Vancouver, une ville jeune aux multiples visages ». « Downtown Eastside: le quartier que Vancouver préfère cacher ». « Sous la neige, les polémiques affleurent ». Quelques titres qu'on pouvait lire dans la presse, à quelques jours de l'inauguration des J.O. d'hiver 2010 dans la ville canadienne. Les militants anti-olympiques, qui ont organisé le 6 février les « J.O. de la pauvreté », dénoncent l'organisation fastueuse de l'événement dans la ville qui abrite le quartier le plus pauvre du Canada. Situé en plein centre de Vancouver, le Downtown Eastside, qui affichent des taux démesurément élevés de toxicomanie et de séropositivité, est une réalité que les autorités préfèrent ignorer, plus encore au moment où elles accueillent les petits champions et caméras du monde entier.
Cette réalité, Elise Fontenaille, écrivain et journaliste qui a vécu pour un temps au Canada, entend quant à elle la divulguer en faisant le récit à peine romancé d'une histoire horrible qui ébranla la (supposée) tranquillité canadienne de la fin des années 90 aux années 2000 : celle des Les Disparues de Vancouver. « J'ai horreur du sport, et de l'hypocrisie. J'aime gâcher la fête en général », dit Elise Fontenaille quand on l'interroge sur les J.O.

Les disparues en question sont des prostituées du Downtown Eastside (DTES), « dix blocs qui ressemblent à l'enfer », au milieu desquels elles louent leur corps pour « se payer des doses de crack et d'héroïne ». Indiennes, pour la plupart d'entre elles, putes et junkies : pas de quoi s'affoler quand quelques-unes d'entre elles disparaissent. Avec la vie qu'elles mènent, elles ont après tout bien pu tomber sur des bad dates, ces types qui viennent « surtout pour cogner », pensent la majorité des flics. Ecriture lapidaire, Elise Fontenaille souligne dans son livre la passivité de la vieille hiérarchie policière : « les Indiens, faut pas leur en parler, les Indiennes encore moins : on n'en sera donc jamais débarrassé, de cette sale race qui survit grâce au Wellfare ! » L'écrivain dénonce un racisme prononcé, et même, ajoute-t-elle, « un apartheid ».

Boucherie, racisme, barbarie. Le récit de l'insoutenable.
Parmi les victimes, Sarah de Vries, « métisse de Black et d'Indienne, adoptée tout bébé par une famille libérale », dont l'existence, malgré une enfance heureuse en apparence, se trouvera « pulvérisée en plein vol ». C'est par son cas notamment que les disparitions du DTES deviendront publiques. Car Wayne Leng, son ami, met un point d'honneur à retrouver son corps (il n'a plus trop d'espoir) et à lui offrir de dignes funérailles : il monte un site, alerte les médias et réunit les proches des autres disparues. Wayne Leng, dépeint en amoureux dévoué, est l'un des personnages sur lequel Elise de Fontenaille a accompli un travail littéraire, en lui donnant une voix, des pensées, et des sentiments : « sans cette histoire d'amour étrange » explique-t-elle, « l'affaire des Disparues eut été insupportable, je n'aurais pas eu le cœur de la raconter. (...) on trouve toujours de la douceur, inattendue au sein de l'horreur... Dieu soit loué ! sans ça on n'aurait plus qu'à se flinguer... ».

Se flinguer. Des termes à peine exagérés, au vu de la barbarie de l'affaire qui ne sera révélée que des années après son avènement : William Pickton est un éleveur de porc qui tue qui des prostitués et en fait de la viande, avec laquelle il achète tranquillement le silence de son entourage - racistes pour beaucoup d'entre eux (il est proche des Hell's Angels). Derniers degrés de l'horreur, les détails concernant les 69 meurtres de femmes dont il est l'auteur, exposés avec neutralité dans le livre. La vérité est d'autant plus difficile à accepter pour ceux qui n'avaient rien entendu de cette affaire au moment du procès de Pickton : on ne veut pas croire, notamment, à cette histoire de cannibalisme passif par les voisins du fermier. « Je n'ai rien inventé ! » précise l'écrivain. « Simplement, c'est trop tabou, on préfère ne pas voir cet aspect là de l'horreur... Il a fallu que je cherche pour trouver ».
Mais la barbarie a ses origines. Elise Fontenaille, suivant dans une certaine mesure une démarche toute anthropologique (elle cite d'ailleurs Le cru et le cuit de Lévi-Strauss), suggère que le crime résolument raciste de Pickton, et le silence qui l'a entouré, sont à percevoir comme des prolongements du génocide des Indiens perpétrés par les Blancs canadiens au XIXe siècle. Un épisode tragique remontant à cette époque fait l'objet d'un chapitre dans le livre : depuis les années 1860 et jusqu'en 1970, les autorités canadiennes ont mis en place des orphelinats (les residential schools), « qui ressemblaient plutôt à des camps de concentration pour enfants », destinés à assimiler les jeunes Indiens arrachés à leur tribu. « On mit même au point une chaise électrique en modèle réduit pour les récalcitrants, ceux qui s'obstinaient à parler leur langue ». Et comme une invitation à en apprendre plus sur ce pan de l'histoire que l'on connaît peu en France, Elise Fontenaille cite ensuite Unrepentant, documentaire réalisé par Kevin Annett, le prêtre qui dénonça ce scandale.

La partie émergente d'un iceberg sanglant.
L'un des objectifs de Fontenaille - « gratter là où ça fait mal », dit-elle - est ainsi atteint, au prix d'un récit violent et accusateur. Elle l'avait déjà prouvé avec Unica (roman de science fiction qui se penchait sur le sujet de la pédophilie en ligne), elle sait transformer les histoires monstrueuses pour, en quelques pages choc, écrite avec style de surcroît, faire naître un nœud utile dans l'estomac.
Dans les Disparues de Vancouver, Fontenaille évoque un livre de photos réalisées par Lincoln Clarkes, fasciné par les filles du Downtown Eastside, et qui les a traité « comme si elles devaient faire la Une de Vogue, comme si chacune était Sharon Stone ». Comme le photographe, l'écrivain dit se sentir « plus proche des putains que des actrices ou des mannequins ». Car ce sont les larmes, le sang, l'horreur qui lui ont souvent donné sa matière. Si elle devait de nouveau contribuer à la collection « Ceci n'est pas un fait divers », qui accueille Les Disparues de Vancouver, une autre affaire pourrait d'ailleurs l'intéresser : « L'histoire de Pippa Bacca : une jeune artiste italienne partie en stop il y a quelques années, en robe de mariée, porter un message de paix en Palestine, qui fut violée et assasssinée au sortir d'Istanbul... une histoire pour moi ». Viol, racisme, meurtre. L'horreur tient une place illimitée dans l'histoire et le quotidien des hommes. Et les affaires qui éclatent au grand jour, celle dont les journalistes et les écrivains nous font le rapport ou le récit, rappelle Fontenaille, ne sont que des parties émergentes, infimes, d'icebergs immenses et sanglants.

Elise Fontenaille, Les Disparues de Vancouver, Grasset, 2010.
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MessageSujet: Paedophilia d'Anne Leclerc   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeLun 22 Fév - 9:51

Pædophilia est d’abord l’histoire d’un texte, narrée par Nancy Huston dans sa superbe préface au court essai d’Annie Leclerc.

Pædophilia, le « livre-cauchemar » porté par Annie Leclerc depuis les années 70, les notes, réflexions accumulées, le texte sans cesse ajourné, reporté, attendu. Sans doute parce que le sujet lui parle de trop près (victime elle-même d’un acte pédophile, évoqué dans son œuvre), sans doute parce que le champ philosophique balisé est trop large.

Puis Annie Leclerc meurt, à l’automne 2006. Nancy Huston, en 2009, compulse les archives de son amie et tombe sur le « fameux livre » dans un dossier bleu. Elle le lit, comprend la parole si longtemps retenue, ce geste pédophile qui plonge dans « l’infans, le non-langage », prive du dire et elle décide de publier ce texte, dans son inachèvement signifiant. « Pædophilia est donc un livre en construction, en chantier… un libre enfant, en quelque sorte ».



Il n’existe pas de mot pour dire ce dont parle Annie Leclerc : pédophilie désigne le rapport sexuel à l’enfant. Elle forge donc Pædophilia pour dire « la démone », la passion portée aux enfants, de la tendresse d’une mère ou d’un père à l’amateur de chair fraîche rodant à la sortie des écoles. Pædophilia, sentiment le mieux partagé du monde, sentiment labile et contradictoire, qui porte le bien (quand il donne « la vie, le lait, la confiance, et les mots ») comme le mal absolu (lorsqu’il « se retourne contre la vie, semant la terreur, le silence et la mort »), sentiment peu ou mal pensé alors qu’il mène le monde, alors que l’enfant s’affiche partout : publicités, écrans, magazines.



C’est à cet indicible, à ce paradoxe que s’attache Annie Leclerc, elle ausculte notre époque qui porte l’enfance aux nues tout en stigmatisant les pédophiles. Une époque qui « prostitue partout l’enfance », jusque dans la féminité de ces femmes-enfants mannequins, 15 ans maximum, ou celle de ces femmes plus mûres, liftings, crèmes, rester jeunes à tout prix. Faire coïncider désir trouble et enfance.



Annie Leclerc redonne voix à l’enfant, celui qui, étymologiquement est privé du droit à la parole (in, préfixe privatif, fari, parler), interroge son statut particulier :



« On n’est jamais enfant puisqu’être enfant c’est travailler à ne plus l’être, apprendre à parler, à dire ʺjeʺ ce que ʺjeʺ veux, pense, affirme, à prendre ses distances par rapport à la bulle originelle, tout en s’associant au monde des autres ».



Elle dit le scandale, la violence, la douleur, la manière dont sa propre expérience a pu nourrir sa pensée et paradoxalement la tenir éloignée de toute parole sur cet acte. Elle interroge le langage, la passion des mots, le silence étourdissant autour de ce dont elle devait parler. Commente Le petit chaperon rouge, le passage de la confusion (ruine, défaite) à l’aphonie, du désastre au dire. Un texte fort, dense, bouleversant.



CM



Annie Leclerc, Pædophilia ou l’amour des enfants, Préface de Nancy Huston, Actes Sud, 128 p. 15 €.
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MessageSujet: La robe du soir   Ceux qui "osent" ...parler du sujet - Page 3 Icon_minitimeMer 24 Fév - 6:46

On reste en France pour un peu plus de sérieux et de gravité avec La robe du soir ou quand Lio se prend pour une institutrice. L'occasion de découvrir la jeune et talentueuse Alba Gaia Bellugi dans le rôle d'une élève amoureuse et jalouse au point d'accuser sa maîtresse de pédophilie..